Quebec History Marianopolis College


Date Published:
22 August 2003

Biographies of Prominent Quebec Historical Figures

Gouin, Paul

(1898-1976)

 

Damien-Claude Bélanger,
Département d’histoire,
McGill University

Homme politique et poète né à Montréal, le 29 mai 1898, fils de Lomer Gouin, premier ministre et lieutenant-gouverneur de la province de Québec, et d’Élisa Mercier, fille d’Honoré Mercier, premier ministre de la province de Québec. Après des études classiques au Séminaire de Québec et des études de droit à l’Université Laval et à l’Université de Montréal, il est admis au barreau en 1920. Durant la Première Guerre mondiale, il est lieutenant d’un régiment de chars d’assaut en Grande Bretagne. Après la guerre, il exerce sa profession pendant quelques années dans le cabinet Beaulieu et Gouin avant de devenir président et directeur-général de la maison d’édition Louis Carrier en 1930. Nationaliste inspiré par le célèbre Programme de restauration sociale de 1933, il quitte le Parti libéral de Louis-Alexandre Taschereau avec fracas en 1934 pour fonder son propre parti, l’Action libérale nationale (ALN), avec un groupe de jeunes libéraux dissidents. En avril 1935, Gouin fonde le journal hebdomadaire La Province, qui sera l’organe du nouveau parti. L’ALN conteste l’élection provinciale de novembre 1935 et, grâce une alliance stratégique avec le Parti conservateur de Maurice Duplessis contractée deux semaines avant le scrutin, réussit à élire vingt-six députés, dont Gouin, élu par une faible majorité dans le comté de l’Assomption. Toutefois, la faiblesse du leadership de Gouin et le manque de fonds de l’ALN permettent à Maurice Duplessis de récupérer le parti et la plupart de ses militants puis de le fusionner au Parti conservateur. Le nouveau parti, l’Union nationale, sera sous la férule de Duplessis. Trahi, Gouin retire son appui à Duplessis peu avant l’élection de 1936, et ne se représente pas comme candidat dans le comté de l’Assomption. Pendant les trois prochaines années, il travaille à la renaissance de l’Action libérale nationale, qui conteste l’élection d’octobre 1939 avec un programme anticonscriptionniste et une cinquantaine de candidats, mais avec peu de moyens financiers et sans La Province, qui fait faillite en 1938, après avoir englouti des sommes considérables. Au jour du scrutin, Gouin sera défait dans le comté de Montréal-Mercier et son parti sera rayé de la carte électorale. En 1942, il participe à la fondation du Bloc populaire, mais quitte le parti à la suite d’une querelle intestine. Candidat nationaliste indépendant défait à l’élection provinciale de 1944, Gouin est nommé conseiller technique aux affaires culturelles du Conseil exécutif de la province de Québec en 1946, où il travaille, entre autres, à la francisation du vocabulaire des affaires, notamment dans l’industrie du tourisme. Il est membre du Conseil de la vie française en Amérique de 1951 à 1975 et président de 1955 à 1961. Gouin est également président de la Commission des monuments historiques de la province de Québec de 1955 à 1965. Récipiendaire d’un doctorat honoris causa en lettres de l’Université Laval en 1951 et officier de l’ordre académique « Honneur et mérite » de la Société du bon parler français en 1953, Paul Gouin est décédé à Montréal le 4 décembre 1976. Inhumé à Montréal, dans le cimetière Notre-Dame-des-Neiges, le 8 décembre 1976. Le 12 octobre 1922, Paul Gouin épouse Gabrielle Garneau à Princeville, Québec. Son frère, Léon Mercier-Gouin, fut sénateur de la division de Salaberry de 1940 à 1976.

Pour sortir le Québec de la crise économique des années trente, Paul Gouin prône principalement le retour à la terre, le corporatisme, l’accès au crédit rural, l’électrification rurale, la lutte aux trusts, le coopératisme, la nationalisation de l’électricité et le développement de la petite et moyenne industrie. Nationaliste, sa pensée s’inscrit dans la mouvance ruraliste et corporatiste de l’École sociale populaire et de son Programme de restauration sociale et subit l’influence de l’abbé Lionel Groulx. En ce sens, Gouin n’est pas un intellectuel original. D’ailleurs, le Programme de restauration sociale sera le programme électoral de l’ALN. Toutefois, Gouin sera un important diffuseur des idées de la droite traditionaliste canadienne-française auprès du peuple. Pour favoriser la renaissance de l’ALN, il publie Servir. I : La cause nationale en 1938 (le deuxième volume n’est jamais paru), un recueil de discours prononcés entre 1932 et 1938. À l’Action libérale nationale comme au Bloc populaire, Gouin sera partisan de l’autonomie provinciale.

En 1927, Paul Gouin publie un recueil de poésies, Médailles anciennes, dont les vers sont largement inspirés des grandes épopées du Régime français. Engagés et nationalistes, les poèmes des Médailles anciennes exhortent le lecteur à poursuivre l’héroïque combat de ses ancêtres pour la survivance française et catholique en Amérique. Propriétaire et collaborateur de La Province, la carrière journalistique de Gouin sera brève et coûteuse. Dirigé par Séraphin Marion de 1935 à 1937, La Province accueille de nombreux collaborateurs, dont Arthur Laurendeau, Roger Duhamel, Robert Élie et Berthelot Brunet. À partir de 1937, son caractère politique s’atténue et le journal s’intéresse davantage au culturel et au national. De septembre à novembre 1937, Gouin y publie une synthèse de sa pensée politique avant de lancer une campagne de souscription qui se soldera par un échec. Déficitaire, La Province cesse de paraître le 5 février 1938.

Bibliographie

DIRKS, Patricia. The Failure of l’Action libérale nationale. Montréal, McGill-Queen’s, 1991. xii-199 p.

FERLAND, Philippe. Paul Gouin. Montréal, Guérin, 1991. 604 p.

REID, Patricia. Action libérale nationale, 1934-1939. Thèse de M.A. (Histoire), Queen’s University, 1966. iv-298 p.

RUMILLY, Robert. Histoire de la province de Québec. Tome XXXIV : L’Action libérale nationale. Montréal, Fides, 1963. 238 p.

________. Histoire de la province de Québec. Tome XXXV : Chute de Taschereau. Montréal, Fides, 1966. 252 p.

VAN der DONCKT, Pierre. L’Action libérale nationale, 1934-1936. Thèse de M.A. (Histoire), Université de Montréal, 1966. 121 p.

 

 
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