Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Décembre 2004

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Samuel de Champlain

Sixième voyage au Canada, 1611

Compagnie des Marchands, 1613-1620

 

 

[Ce texte a été rédigé par Louis-Marie Le Jeune, o.m.i.; il fut publié dans son Dictionnaire en 1931. Pour la citation exacte, voir la fin du texte. Pour une courte biographie du Père Le Jeune et une discussion de la valeur de son Dictionnaire, voir ce texte.]

 

VIII. Sixième voyage: Honfleur au Saut (Saint-Louis) (1611). - Le 1er mars, le vaisseau appareillé sous le commandement de­Dupont-Gravé : la traversée se prolonge durant 74 jours, à cause des grandes glaces ou banquises. « C'était, écrit-il, des bancs de glace de 30 à 40 brasses de haut; dans la nuit, dans la brume si obscure que l'on voyait à peine la longueur du vaisseau. » Le récit descriptif du marin est d'un poignant intérêt. Le 27 avril, on fait la rencontre du vaisseau de M. de Biencourt dans les parages du Cap-Breton; et, le 13 mai seulement « nous fûmes à Tadoussac, où l'on tire du canon pour avertir les Sauvages » . Le 19, on aborde à Québec dont la garnison se trouve en parfait état.

 

Champlain se hâte d'apprêter les barques; il remonte le fleuve et atterrit, le 28 mai, à un emplacement qu'il nomme la Place-Royale (Pointe-à-Callières et Saint-Charles) - sur le ruisseau Saint-Pierre. Ce terrain, jadis labouré par les Iroquois, « a très bonne terre pour faire des briques ». Il construit une muraille sur dix toises de long, « pour éprouver sa résistance en hiver ». A l'île qui est située en, face il applique l'appellation de Sainte-Hélène, en souvenir de son épousé. Puis, il ensemence deux jardins. « où tout pousse à souhait ». Mais les Algonquins n'ont point paru encore. Savignon part en éclaireur jusqu'au lac de Soissons - des Deux-Montagnes - le 5 juin, tandis que Champlain va reconnaître deux rivières tributaires du fleuve - rivières Saint-Lambert et de Montréal - « par où on atteint la Rivière-des-Iroquois ». Le 10 juin, Louis, « jeune homme qui était au sieur de Monts, fort amateur de la chasse, prie Savignon, de retour, de le conduire au Saut, où l'île a quantité de hérons; un sauvage Montagnais, Outetoucos, les accompagne. Ils prirent quantité de héronneaux et se rembarquèrent. Le canot était trop chargé. Ils se laissèrent dériver dans le courant. Mais la vitesse de l'eau les maîtrisait, et le canot chavira. Louis ne savait point nager; il lâcha le canot, et ils ne le revirent plus. Le Montagnais fatigué se noya aussi. Je vis ce cours d'eau, le lendemain, et les cheveux me dressèrent à la tête». En mémoire du serviteur Louis, on nomma le Saut Saint-Louis et du même nom le lac qui est au-dessus. Le 13 juin, 200 Hurons se présentent; le 12 juillet, 300 Algonquins, avec Marsolet « en costume sauvage, ayant bien appris leur langue ». Champlain se voit gratifier de 200 peaux de castor, de divers colliers et autres présents, gages du rendez-vous au printemps suivant. La troque finie, le 18 juillet, les Hurons -Algonquins emmènent Etienne Brûlé (V. ce nom) et Nicolas Du Vigneau comme élèves interprètes. Descendu à Québec, le fondateur « dispose chacun à y demeurer, fait quelques réparations, plante des rosiers et charge du chêne pour en faire l'épreuve en France». Le 11 août, il s'embarque à Tadoussac sur bâtiment du capitaine Thibaut de La Rochelle, où l'on mouille l'ancre le 10 septembre.

 

IX. Compagnie des Marchands (1613-20). En se rendant à Paris, Champlain fait une chute de cheval qui faillit lui coûter la vie. L'entrevue avec le sieur de Monts est encourageante : la traite, bien que libre, a bien rémunéré et mérite continuation. Toutefois survint un obstacle : les Associés, Collier et Legendre, refusèrent de s'engager plus avant, faute de commission. Sur-le-champ, M. de Monts convint avec eux de ce qui leur restait à Québec. « Survinrent alors, dit Champlain, quelques affaires dont il me chargea d'en rechercher les moyens. » En effet, devant la concurrence effrénée des trafiquants, devant les fortes dépenses de l'hivernage à. Québec, devant l'isolement de M. de Monts appauvri, mais courageux, il songe « à se jeu ter dans les bras de quelque grand personnage». Il s'empresse de se garantir à la fois un protecteur à la Cour et un sauveur de la colonie au berceau, en s'adressant au comte de Soissons. Par malheur, celui-ci meurt au début même des négociations. Le prince de Condé le remplace à titre de vice-roi de la Nouvelle-France : il nomme Champlain son lieutenant.

 

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[On pourra consulter l'abondante biographie de Champlain au site du Dictionnaire biographique du Canada pour compléter et mettre à jour la biographie du père Le Jeune. On trouvera aussi des informations pertinentes au site de l'Encyclopédie du Canada. Les lecteurs ayant une bonne connaissance de l'anglais pourront aussi consulter la biographie rédigée par Daughty à la Catholic Encyclopedia. Les lecteurs sérieux pourront consulter le texte intégral des Oeuvres de Champlain au site de la Société Champlain.]

Source  : LE JEUNE, L., « Champlain (Samuel de) », dans Dictionnaire Général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mours, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. 1, Ottawa, Université d'Ottawa, 1931, 862p., pp. 350-351.

 
© 2004 Claude Bélanger, Marianopolis College