Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juin 2013

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Louis-Philippe Hébert

1850-1917

 

HEBERT (Louis-Philippe) ( 1850-1917 ), commis, zouave pontifical, sculpteur, professeur, chevalier de la Légion d'Honneur et de Saint-Grégoire, Compagnon de Saint-Michel et Saint-George.

Les ancêtres étaient au nombre des premiers colons acadiens. Ils habitaient Port-Royal, au recensement de 1671, ordonné par M. de Grandfontaine. Victime du Grand Dérangement en 1755, le trisaïeul fut déporté à Boston, où il entra au service d'un officier de l'armée américaine. Après quelque temps, de concert avec un certain Thibaudeau, il déserta et vint au Canada, rejoignant un groupe de compatriotes, exilés et établis à Saint-Grégoire de Nicolet.

Plus tard, l'un de ses descendants alla se fixer comme colon dans les Cantons de l'Est. Théophile Hébert, marié à Julie Bourgeois, nom également acadien, s'établit à Sainte-Sophie d'Halifax, au comté de Mégantic. C'est dans cette paroisse que naquit Louis-Philippe, le 27 janvier 1850. A quatorze ans, l'adolescent laissa les rudiments de l'école primaire pour s'engager comme commis de magasin à la campagne. En 1869, il s'enrôlait dans les rangs des Zouaves volontaires et partait pour Rome. Âme née artiste, il y contempla les plus beaux chefs-d'oeuvre des maîtres anciens et modernes, soit pour la peinture, soit pour la sculpture.

De retour en 1871, le zouave franchit la frontière des Etats-Unis. Il réussit à devenir l'agent d'une maison de commerce de fruits : mais simultanément il se plaisait à travailler le bois. M. Édouard Richard, Acadien et ancien député de Mégantic, lui conseilla d'envoyer un buste qu'il avait sculpté à l'exposition de Montréal, en 1873 : l'artiste ignoré remporta le premier prix. Aussitôt il se fit admettre dans l'atelier de M. N. Bourassa et suivit ses leçons durant six années. Puis il va étudier, une autre année, à Paris. Au retour, il se signala au public par la statue du vainqueur de Châteauguay, le colonel de Salaberry, laquelle se dresse encore à Chambly (1881).

En 1882, après son temps d'études à Paris, il obtient le premier prix du concours, institué par le gouvernement fédéral, pour la meilleure statue en pied de sir G.-E. Cartier, que l'on admire près du Parlement. Puis il burina celle de sir John Macdonald, ayant à ses pieds une jeune femme qui représente la Gloire. En 1886, le gouvernement de Québec le chargea de décorer les niches et les abords du palais législatif : ce qui lui fournit l'occasion d'une nouvelle traversée à Paris pour examiner les groupes de personnages. Ces décors comprennent : La Halte dans la forêt d'un groupe indien, 1890; la Pêche à la nigogue ou le Harponneur indien, 1890; la statue de Frontenac, façade du palais, 1890; celle de lord Elgin, façade du palais, 1890; le Monument Short-Wallick, 1891; la statue de Salaberry, façade du palais, 1894; celle de Montcalm, façade du palais, 1894; celle de Wolfe, façade du palais, 1894; celle de Lévis, façade du palais, 1896. En 1908, le Monument Laval, place du Bureau de poste.

A Montréal, le Monument Maisonneuve, place d'Armes, 1895; la statue de Mgr Bourget, place de la cathédrale, 1903; le buste de Crémazie, square Saint-Louis,. 1906; la statue de Jeanne Mance, parterre de l'Hôtel-Dieu, 1909; celle de John Young, place Royale, 1911; celle du roi Edouard VII, place Philipps, 1914; celle de la Reine Victoria, Ottawa.

 

A Chambly, statue de l'abbé Pierre-Marie Mignault, 1909. A Lévis, Mgr Joseph-David Déziel, 1885. A Marieville, le grand vicaire Crevier, 1888. A Mascouche, Pierre Le Gardeur de Repentigny, 1910. A Verchères, Madeleine de Verchères, 1913.

En dehors de la Province de Québec et de l'Ontario, il a travaillé pour Halifax et Lowell (Mass. E.-U.).

M. Hébert est décédé le 13 juin 1917, ayant contracté alliance en 1879, avec Marie, fille de Thomas Roy, de Montréal. ll y avait professé le modelage à l'Association des Arts et Manufactures, dont il devint le vice-président en 1898; on le nomma, en 1883, membre de l'Académie Royale et il fut décoré, en 1894, par le gouvernement canadien de la médaille de la Confédération; en 1901, chevalier de la Légion d'Honneur et de Saint-Grégoire-le-Grand; en 1908, Compagnon de Saint-Michel et Saint-George.

De son mariage sont issus deux fils et deux filles, dont l'une décédée en 1912, avait épousé Armand Martin, de la maison Révillon et Frères;

Henri Hébert a suivi la carrière de son père et s'est déjà distingué par des oeuvres de grand mérite : statue de sir L.-H. Lafontaine, façade du palais à Québec, 1921; le Monument d'Abraham Martin, basse ville, 1922; la Fontaine Leigh Gregor, parc Jeanne Mance à Montréal, 1913; le Monument de sir W. E. Logan à Percé, 1913; le buste de sir R. Forget à Saint-Irénée-les-Bains, 1923, etc.

Adrien Hébert [son deuxième fils] a choisi la peinture, exposant à Paris (1931) ses chefs-d'oeuvre.

BIBL. — L'Opinion Publique, Montréal, 1881 et 1883; J.-B. Lagacé, L. Ph. Hébert et son oeuvre, Rev. can., 1901; L.-O. David, Souv. et Biogr., Montréal, 1911; les Journaux, 14 juin 1917; Can. and Provinces, Index, Toronto, 1917.

 

Source : Louis LEJEUNE, Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Tome I, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931, 862p., pp. 746-747.

 

 
© 2013 Claude Bélanger, Marianopolis College