Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Avril 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Salluste Lavery

 

Salluste Lavery, conseil de la reine, avocat plus de cinquante années au barreau de Montréal, est décédé à Boucherville, après une longue maladie, le 14 septembre 1967. Il était en sa 80e année.

 

Né à Saint-Prosper de Dorchester le 7 mai 1888 du mariage de Salluste Lavery, plus tard huissier de la Cour supérieure, et d'Amélia Benny, il avait fait ses humanités au vieux Collège de Montréal et ses classes de philosophie au Séminaire des Sulpiciens.

 

Inscrit en droit, il fit sa cléricature sous E.-G. Place (avocat en 1901) et il suivit les cours des facultés de l'Université McGill et de l'Université Laval de Montréal.

 

Admis au barreau en janvier 1913, il fit ses débuts en société avec William Patterson (+1932), plus tard le juge Patterson de la Cour supérieure.

 

Comme tant d'autres, pendant la première grande guerre, il servit sous les drapeaux. Officier de la Force expéditionnaire canadienne outre-mer, il avait été, depuis, major du 83e régiment de Joliette.

 

Revenu au pays, il se remit à l'exercice de la profession et compta plusieurs associés, dont Edward Andrew D. Morgan (1861-1936, +Cowansville), natif de Sorel, d'abord avocat à Sorel puis à Montréal, Théodule Rhéaume, (1) ancien député de Jacques-Cartier, puis juge à la Cour supérieure, Me Maurice Demers, Me Irénée Lagarde (M. le juge Lagarde, de la Cour des sessions, le savant éditeur du Code pénal), Robert Calder, (2) et, autour de 1945, Me Horace Guay.

 

Finalement, il prit à son bureau ses deux fils, Me Pierre Lavery, nommé récemment juge à la Cour de bien-être social, et Me Claude Lavery, c.r.

 

 Créé conseil du roi en décembre 1926, il avait reçu en 1963 du Conseil du Barreau les félicitations d'usage à l'occasion du cinquantenaire de son admission à la profession.

 

A l'époque de la naissance du syndicalisme au premier tiers du siècle, Salluste Lavery avait été le conseil de l'Association des débardeurs de Montréal, de l'Union des employés de tramways. Il fut encore le conseil de l'Association des bouchers de Montréal et de la Fédération canadienne des navigateurs, de l'Association des anciens combattants de la première grande guerre, et direc­teur de la Société canadienne d'opérette.

 

Il représenta, en 1925, l'Association des citoyens de la paroisse Saint-Edouard de Montréal et autres corps publics à l'enquête royale sur la Police de Montréal.

 

Il avait été président de la Compagnie J.-A. Paré [à resp. l'tée]. De même il avait longtemps fait partie d'une association nationale, les Canadiens de naissance [Native Sons of Canada] qui vit le jour, sauf erreur, dans les provinces de l'ouest cana­dien et avait pour devise : « Le Canada d'abord et partout aux Canadiens ». Organisateur de cette association pour la province, président de l'Assemblée La Fontaine, il en avait été également président général pour la province de Québec. Il avait rencontré en ces activités l'ancien député de la Chambre des communes, Oscar L[efebvre-] Boulanger, plus tard juge à la Cour supérieure. (3) C'était au temps de l'interminable crise économique des années 1930. L'individu, impuissant dans la lutte, s'agrégeait à des associations ou groupes de pression qui, souvent, ne pouvaient guère faire davantage. Comme toujours, de sérieux conflits d'intérêt surgissaient entre les groupements qui sollicitaient les interventions des pouvoirs publics ou des cham­bres législatives. Salluste Lavery ne fut pas sans s'attirer des répliques virulentes pour les attitudes prises publiquement par cette association, qu'il présida.

 

Il eut, un temps, bureau à Longueuil, où il fut président de l'Association Saint-Charles, trésorier du club nautique, secrétaire, puis président du club Lemoyne.

 

Il avait été encore vice-président de la section Duvernay, un temps très active, de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal ; enfin il avait fait partie de la Chambre de commerce de Montréal et de celle de la rive sud, de l'Ordre des Forestiers canadiens, de l'Ordre des Chevaliers de Colomb, des clubs de Réforme, Canadien et Press Club de Montréal.

 

Le 20 août 1918, il épousait à Longueuil Emélie Lasnier, fille de Jules-Ladislas Lasnier (1854-1921) originaire d'Iberville, industriel, de Longueuil, et de Cédulie Bernard (1859-1929) ci-devant institutrice de Chambly, où ces derniers avaient célébré leur mariage en 1879.

Sa femme est décédée en 1961. Ils avaient perdu leur fils aîné, Yves (1919-1925) à six ans, et un autre, Jean (1925-1928) à trois. (4)

 

Il laisse dans le deuil ses trois filles, Claire (épouse du docteur Pierre Labelle), Marcelle (madame Marcel Théoret), Suzanne (épouse de Me Charles Munn, notaire) ; ses deux fils, précités, M. le juge Pierre Lavery [marié à Mireille Leroux], Me Claude Lavery [marié à Simone Guilbeault], de Montréal ; seize petits-enfants; sa soeur, Marguerite; ses frères, Ernest et Jacques Lavery.

Obsèques à la vieille église paroissiale de Longueuil. Inhu­mation au même lieu.

 

Le premier Lavery admis au barreau du Québec, — fils d'Isaac Lavery et de Agnès Bélanger — Isaac Lavery (1849-1914) né à Saint-Jean-Port-Joli, reçu avocat en 1879, mourut à Québec en octobre 1914. (5)

 

Le plus ancien Lavery à contracter mariage à Montréal fut Henry Lavery, agriculteur d'Hinchinbrook, [Huntingdonl qui y épousa en novembre 1827 Ellen Coleman, originaire de Tipperary.

 

[Note additionnelle de Claude Bélanger: Salluste Lavery a eu trois expériences électorales, toutes sans succès. Il se fit d'abord connaître lors de l'élection municipale de Montréal d'avril 1934. Selon Le Devoir, les 12,967 votes qu'il obtint   résultat qui lui mérita la troisième place, derrière Camilien Houde et Anatole Plante furent attirés « par l'antisémitisme violent » du candidat. Au cours de sa campagne, Lavery reçut l'appui d'Adrien Arcand et du Parti national social chrétien. Un des articles de son programme réclamait la fermeture le dimanche des établissements de commerce juifs. Ses assemblées furent souvent houleuses et violentes. En 1935, il se présenta dans la circonscription de Montréal-Cartier circonscription à forte population juive comme candidat du Parti de la Reconstruction dirigé par H. H. Stevens. Il n'obtint que 1,362 votes, se plaçant au quatrième rang, loin derrière les meneurs Sam Jacobs (13,574 voix) et Fred Rose, candidat communiste (3,385 votes). Sa dernière expérience fut encore plus malheureuse. Il fut candidat indépendant à l'élection fédérale de 1945 dans le district de Montréal Sainte-Anne. Il ne reçut que 751 votes.]

(1). [1955] R. du B. 456.

 

(2). [1944] R. du B. 240.

 

(3). [1958] R. du B. 460.

 

(4). Biographies canadiennes-françaises, pub. Par R. Ouimet, Montréal, 1931, p. 309.

 

(5). P. G. ROY, Les avocats de … Québec, 1936, p. 258.

 

Source : Jean-Jacques LEFEBVRE, « Nos disparus – Saluste Lavery », dans Revue du Barreau, Vol. 27, No 9 (novembre 1967) : 646-648.

 
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