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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Le Très Honorable Louis-S. Saint-LaurentPremier Ministre du Canada
Depuis longtemps représentant proéminent du Barreau canadien, dont la réputation de juriste a largement dépassé les frontières du pays natal, le Très Honorable Louis Saint-Laurent offre le rare exemple d'un homme politique que ses talents et ses mérites personnels ont porté presque à contre-coeur, dans l'espace de quelques années à peine, au pinacle du pouvoir exécutif et de la confiance nationale ainsi qu'à un rôle de grande influence dans la vie internationale.
Né à Compton, P.Q., le 1er février 1882; fils d'un père canadien français, Jean-Baptiste-Moïse Saint-Laurent, marchand, et d'une mère canadienne irlandaise. Mary Broderick, fille de Stephen Broderick.
Etudes primaires à Compton; secondaires au Séminaire St-Charles Borromée de Sherbrooke; supérieures à l'Université Laval de Québec, où il a obtenu ses grades de bachelier ès Arts (B.A.). de licencié en droit (LL.L.) et en 1915 de docteur en droit (LL.D.). Au cours de sa vie politique sept universités canadiennes lui ont conféré des doctorats en droit à titre honorifique, à savoir: l'Université Queens de Kingston, Ont., en 1930; l'Université du Manitoba en 1935; l'Université de Montréal en 1943; le Bishop's College de Lennoxville, P.Q., en 1943; l'Université Dalhousie de Halifax N.-E. en 1947; l'Université d'Ottawa en 1947; et l'Université McGill de Montréal en 1949. Nommé en juin 1914 professeur de droit à l'Université Laval de Québec.
Admis au Barreau en 1905; créé conseil du Roi en 1915, Me Saint-Laurent a été élu bâtonnier du Barreau de la ville de Québec en mai 1929, bâtonnier général de la province de Québec en juin 1929, et président de l'Association du Barreau canadien en septembre 1930. Il a débuté dans l'exercice de sa profession en 1905, en association avec l'honorable L.-P. Pelletier, plus tard ministre des postes, puis juge à la Cour d'appel. En 1909, il a fondé une étude légale avec l'honorable Antonin Galipeault, plus tard juge à la Cour d'appel, et en 1923, il s'est associé à Québec avec Mes J.-A. Gagné, Bernard Devlin et André Taschereau. Au cours de sa longue carrière d'avocat Me Saint-Laurent a plaidé un certain nombre de causes importantes devant la Cour suprême du Canada et devant le comité judiciaire du Conseil privé à Londres. Il a représenté la commission du port de Québec devant la commission des chemins de fer du Canada lors de l'enquête sur les taux de fret du papier à journal. Il a été conseiller juridique de la commission Rowell-Sirois qui, à la veille de la guerre, a enquêté sur les relations fédérales-provinciales. Il a également été l'avocat-conseil de l'Association des détenteurs de domaines forestiers dans la province de Québec, et a été intéressé dans 1a Société d'Administration Générale et dans les Prévoyants du Canada.
Libéral en politique, le Très Honorable Louis Saint-Laurent a débuté dans la carrière politique le 10 décembre 1941 lorsqu'il a été appelé par M. King, premier ministre, à succéder à feu M. Ernest Lapointe comme ministre de la justice et procureur général du Canada, poste qu'il a conservé jusqu'au 10 décembre 1946. Elu dans une élection complémentaire en 1942 député de Québec-Est à la Chambre des communes, il y a été réélu depuis en 1945 et 1949 [1953 et 1957].
Le 4 septembre 1946, M. King a annoncé la nomination de M. Saint-Laurent au poste de Secrétaire d'état aux affaires extérieures. Il avait déjà été chef adioint de la délégation canadienne en 1945 à la conférence des Nations Unies à San-Francisco, et président de la délégation canadienne à la première session de l'Assemblée générale des Nations Unies tenue à Londres au début de 1946. En 1945, il avait assumé l'intérim au ministère des affaires extérieures pendant le voyage du premier ministre au Royaume Uni, et, au cours de l'été 1946 ainsi qu'au début de 1947, il avait fait fonction de premier ministre à titre intérimaire durant l'absence de M. King. En sa qualité de secrétaire d'état aux affaires extérieures, il a présidé la délégation canadienne à la deuxième session de l'Assemblée des Nations Unies à New-York en 1946 ainsi qu'à celle de 1947.
Au début du mois d'août 1948, le congrès national du parti libéral, convoqué par )a Fédération libérale nationale en vue de choisir un successeur au chef démissionnaire, M. Mackenzie King, a élu M. Saint-Laurent à la direction du parti. Le 10 septembre 1948, il a repris le portefeuille de la justice et est redevenu premier ministre suppléant tandis que M. King assistait à Paris à la troisième session de l'Assemblée générale des Nations Unies. La maladie ayant empêché M. King de prendre part aux délibérations des premiers ministres du Commonwealth qui s'étaient ouvertes à Londres le 11 octobre 1948, M. Saint-Laurent l'a remplacé durant la dernière partie des entretiens.
Le 15 novembre 1948, M. Saint-Laurent est devenu premier ministre du Canada. Précédé par une intense campagne électorale qui lui a fait parcourir tout le pays, les élections fédérales du 27 ,juin 1949 ont apporté au parti libéral une victoire sans précédent dans les annales parlementaires canadiennes et ont consacré l'immense popularité personnelle et politique que M. Saint-Laurent a su gagner au Canada au cours des brèves années de sa carrière gouvernementale.
[M. Saint-Laurent fut Premier Ministre du Canada jusqu'au 21 juin 1957 ; défait aux élections générales de 1957 par John Diefenbaker, il fut chef de l'opposition jusqu'au 5 septembre 1957 et continua comme chef du Parti libéral jusqu'au 16 janvier 1958. Retraité du monde politique à partir de 1958. On doit à M. Saint-Laurent une politique internationale imaginative et de grande envergure qui fit du Canada l'un des acteurs les plus respectés dans le monde de l'après-guerre. Sous sa gouverne, le Canada fut l'un des pays fondateurs de l'OTAN, participa à la guerre de Corée, et amena une résolution pacifique à la Crise de Suez en 1956. La même année, suite à l'écrasement de la Révolution hongroise, le Canada accueillit des dizaines de milliers de réfugiés hongrois. Le pays mettait ainsi fin, brusquement, à plus d'une génération de tergiversation sur la question des réfugiés. Sa politique intérieure fut marquée par la prudence et centrée sur le développement, la prospérité et le maintien de l'unité nationale. On lui doit l'abolition des appels au Conseil Privé (1949), la nomination du premier Gouverneur Général né au Canada (Vincent Massey en 1952), le développement d'une télévision publique, en anglais et en français, la création du Conseil des Arts du Canada et d'Énergie Atomique du Canada, la nomination de la Commission Massey, l'établissement d'un régime de pension de vieillesse universel (1951), la création d'une loi-cadre qui mênera à l'Assurance-hospitalisation, le début du régime de péréquation pour soutenir les provinces pauvres et la libéralisation de l'Assurance chômage. Des projets de grande envergure furent aussi mis en oeuvre: la route trans-canadienne, la canalisation du Saint-Laurent, le pipeline de gaz naturel. Au cours de son mandat, Terre-Neuve fut aussi incorporée dans le Canada. Le caractère intègre et le manque de partisannerie politique de M. Saint-Laurent inspirèrent la confiance aux Canadiens qui lui firent l'honneur de l'appeler, affectueusement, « Oncle Louis » - « Uncle Louis ».]
Membre des Chevaliers de Colomb, 4ème degré, de l'ordre des Forestiers canadiens, du Cercle Universitaire de Montréal, du Club de la Garnison de Québec, du Quebec Winter Club, du Quebec Golf Club, etc.
A épousé le 18 mai 1908 .Jeanne Renault, fille de P: F. Renault, de Beauceville, P. Q.; cinq enfants: Marthe (Mme Dr Mathieu Samson), Renault (marié à Louise Badeaux), Jean-Paul (marié à Madeleine Hamel), Thérèse (Mme G.-F. Lafferty) et Madeleine (Mme Hugh 0'Donnell). [M. Saint-Laurent est décédé en 1973. Au moment de sa mort, il jouissait toujours de l'estime générale des Canadiens.]
Résidence: 239, Grande Allée, Québec, P.Q. Source : "Le Très Honorable Louis-S Saint-Laurent", dans Les Biographies françaises d'Amérique , Éditeur: Les journalistes Associés, Sherbrooke, 1950, 913p., pp. 8-10. Texte entre [.] par Claude Bélanger. |
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Claude Bélanger, Marianopolis College |