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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
L'abbé Lionel GroulxHistorienProfesseur à l'Université de Montréal
M. l'abbé Lionel Groulx, historien, professeur à l'Université de Montréal est né le 13 janvier 1878 à Vaudreuil, au rang des Chenaux, au bord de la rivière Outaouais. Son père, Léon Groulx, était agriculteur. Sa mère, Philomène Pilon est née aussi, à Vaudreuil, d'une famille paysanne. Notons ici que son ancêtre paternel, Jean Grou, venu de France au Canada, subit le supplice du feu, de la main des Indiens, après un combat héroïque, en juillet 1690. Il fit ses études primaires à l'Académie de Vaudreuil, dirigée par les Clercs de St-Viateur. Entré en 1891 au petit Séminaire de Ste-Thérèse, il y poursuivit tout son cours classique. Il reçut sa formation théologique au grand Séminaire de Valleyfield et au grand Séminaire de Montréal. Il était ordonné prêtre le 28 juin 1903 à Valleyfield. Professeur au Collège de Valleyfield de 1901 à 1906, il enseigne pendant deux années, les belles-lettres et la rhétorique. Puis, en séjour d'études en Europe, il passe deux années à Rome où il conquiert le doctorat en philosophie et en théologie et une autre à l'Université de Fribourg (Suisse) où il étudia les lettres et la philosophie. De retour au pays, en 1909, il reprend à Valleyfield sa classe de rhétorique qu'il garde jusqu'en 1915. A Montréal, depuis lors, la faculté des lettres de l'Université Laval de Montréal lui confie en 1915 la chaire d'histoire du Canada dont il aura été le premier titulaire et qu'il a sans cesse occupée depuis. Pendant quelques années, il enseigne aussi l'histoire à l'École des Hautes Études. En octobre 1920, il devenait directeur de la revue L'Action française (dont il avait été l'un des collaborateurs de la première heure), organe de pensée et d'action religieuse et nationale et qui groupa bientôt l'élite de la pensée canadienne- française. L'abbé Groulx remplit cet office jusqu'au printemps de 1928. En 1931, il fut le délégué en France de l'Université de Montréal et de l'Institut scientifique franco-canadien et il a donné un cours d'histoire du Canada sur l'enseignement français au Canada, à la Sorbonne, à l'Institut Catholique de Paris et en quelques universités de province. Ces conférences de France ont été éditées chez Delagrave sous le titre : Le Français au Canada . L'abbé Groulx est membre de la Société Royale du Canada, de la Société Historique de Montréal, de la Société Historique du Canada et président de la Semaine d'Histoire du Canada. Homme d'étude doublé d'un homme d'action. Outre son rôle actif de directeur d'une revue d'actualité, pendant près de dix ans, comme conférencier, l'abbé Groulx a porté la parole aux quatre points cardinaux de l'Amérique française, dans tout le vieux Québec, l'Ontario, l'ancienne Acadie, la Nouvelle-Angleterre, le Nord-ouest canadien, la Louisiane et, avant que d'être délégué officiel, jusqu'en France. Mais sa principale oeuvre outre ses cours réguliers, est encore son oeuvre écrite, qui est considérable, et dont la partie capitale est assurément constituée par ses ouvrages proprement historiques qui sont, par ordre de publication : Nos luttes constitutionnelles (1916), histoire de nos droits politiques fondamentaux; La Confédération canadienne (1918), origines de l'état politique actuel canadien; La Naissance d'une race (1919), formation de notre premier état social; Lendemain de Conquête (1920), qui y fait suite; Vers l'Emancipation (1921), histoires des dix premières années du régime civil anglais. L'abbé Groulx a dans ses cartons, la matière d'environ six autres volumes qui seront édités sous ce dernier titre. C'est là la matière des cours qu'il a donnés ces dernières années, et qui couvre tout le cycle qui s'étend de notre première constitution (1774) à la Confédération. En plus de l'ouvrage précité : L'Enseignement du français au Canada , édité cette année en France, il a signé : Les Rapaillages (1916) essai de littérature régionaliste; Chez nos ancêtres (1920), tableau des moeurs et coutumes d'autrefois; Notre Maître, le passé (1924); Dix ans d'action française (1926) exposé de doctrines; Une croisade d'adolescents (1912), son premier ouvrage de longue haleine. Petite histoire de Valleyfield (1913). La France d'Outre-Mer (1922), et divers opuscules destinés à la formation de la jeunesse. On prête aussi à l'abbé Groulx, un roman : L'appel de la race, publié (1923) sous le pseudonyme d'Alonié de Lestres et qui fut, lors de sa publication, l'objet de vives discussions. L'oeuvre historique de l'abbé Groulx a été couronnée par l'Académie française. De l'histoire, l'abbé Groulx a une très haute conception. Elle doit s'entendre, selon qu'il s'en est expliqué quelque part, comme un magistère suprême qui conserve, transmet la vie et multiplie les forces... l'instrument transcendant qui maintient vivante la personnalité d'un peuple, détermine les fidélités, rallie les âmes . . .
Penseur fécond, remueur d'idées, historien-sociologue, essayiste parfois audacieux, l'abbé Groulx et son oeuvre n'ont pas été sans susciter une grande diversité d'appréciations, depuis quelque vingt années qu'il occupe le devant de la scène de la pensée canadienne... Sur l'art de l'historien et l'influence de l'homme d'action, terminons par l'opinion exprimée par M. Olivar Asselin (qu'à coup sûr l'on ne peut taxer d'enthousiasme de commande) dans sa magistrale étude intitulée : L Oeuvre de l'abbé Groulx (1923) :
Source : Raphaël OUIMET, ed., Biographies canadiennes françaises, treizième édition, Montréal, 1937, 461p., p. 455. Le texte a été reformaté et les erreurs typographiques ont été corrigées.
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© 2004
Claude Bélanger, Marianopolis College |