Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juillet 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Jacques Prévost

 

PREVOST (Jacques), chevalier, conseiller du roi, commissaire-ordonnateur, commissaire général, chevalier de Saint-Louis.

 

La famille était originaire de Paris et de Bretagne. Jacques naquit à Brest, le 16 mai 1715. Entré dans la marine comme élève, le 1er janvier 1729, il passa successivement par tous les grades jusqu'en 1735. Nommé com­mis à Rochefort en 1732 et commis en chef en 1735, il fit alors un voyage au Canada. Au retour, M. de Maurepas lui accorda la commission de commissaire adjoint à l'Ile-Royale, sous les ordres de M. Le Normant de Mézy.

 

En 1737, les administrateurs le déléguèrent auprès du ministre pour lui faire connaître les pressants besoins de la colonie. En octobre, il revint avec les secours nécessaires. Tombé malade, il repasse en France, l'année suivante. En 1739, le ministre le charge du détail des magasins du roi, des troupes, de l'artillerie et lui confère un siège au Conseil supérieur. En 1745, blessé et fait prisonnier au siège de Louisbourg, il perdit la plupart de ses effets domestiques. Le 1er avril 1746, il fut nommé commissaire-ordonnateur dans les régions que pourrait reconquérir le duc d'Anville; on lui ordonna d'embarquer ses effets sur la Diligente, qui suivait la flotte et de s'embarquer lui-même sur le Borée. Le 13 septembre, la Diligente périt sur l'Ile de Sable, et en décembre le Borée fit naufrage en entrant à Port-Louis.

 

Chargé par le ministre d'une mission confidentielle au Canada, il s'embarque en 1747, sur le Rubis, vaisseau attaché à l'escadre de M. de La Jonquière. Celui-ci, le 14 mai, lutta avec cinq vaisseaux de ligne contre dix-sept navires anglais au cap Finisterre et les équi­pages furent capturés.

 

Rendu à la liberté, M. Prévost, en novem­bre 1748, fut choisi comme ordonnateur et président du Conseil à Louisbourg, où il dé­barqua en 1749. Il conserva ses fonctions jusqu'en 1758.

 

En 1755, il est honoré de la charge de commissaire de la guerre et, deux ans après, de commissaire-général de la marine. En 1756, il percevait sur le Trésor royal une gratification de 3.000 livres, qui fut transfor­mée en pension annuelle en 1762. En 1760; il fut transféré comme commissaire général, de La Rochelle à Rochefort. Le 16 août 1768, il passa en Corse en qualité d'ordonnateur de la marine, lorsque le roi y envoya les troupes sous le commandement du marquis de Chau­velin. Nommé chevalier de Saint-Louis, il alla à Lorient comme ordonnateur. Le 9 no­vembre 1776, le roi l'appela à l'intendance de la marine en Provence et en Languedoc, au bureau de Toulon. On ignore la date de sa mort.

 

Le 14 février 1745, il avait épousé Margue­rite-Térèse de Carrerot, fille de Pierre-André, conseiller à Louisbourg, et de Marie Chéron: elle lui donna six enfants, entre autres :

 

Jacques-Marie-André, né le 28 janvier 1749, enseigne d'infanterie, passé au régiment de Champagne, où il fut officier major;

 

Louis, chevalier de Langristin, né le 14 mai 1750, d'abord officier dans les troupes colo­niales, ensuite commissaire de la marine;

 

Charles-Auguste, chevalier de La Croix, né le 19 avril 1751, enseigne de vaisseau et du port de Rochefort;

 

Marguerite, née le 19 mars 1752, dame de choeur à l'abbaye des Bernardines du Pont-­aux-Dames (Seine-et-Marne) ;

 

Renée-Victoire, née le 30 décembre 1753, mariée A. M. Archin, commissaire de la ma­rine.

 

La vérité historique accable son administration et sa mémoire. M. Prévost ne comptait aux îles Royale et Saint-Jean qu'un petit groupe d'amis qu'il avait su gagner à sa cause par ses largesses. M. de Drucour était le seul à lui accorder estime et attachement. Avec hauteur, il se montrait indépendant, vindicatif, indélicat, et il passait pour dila­pider le Trésor à l'égal du sieur Bigot. Le chevalier Johnstone va jusqu'à le qualifier, dans ses Mémoires, de monstre inhumain, quand il osa affirmer à l'amiral Du Bois de La Motte que « les ma­gasins du roi étaient vides, et que l'amiral le força le lendemain à donner la preuve du contraire ».

 

En 1763, le sieur de la Borde, trésorier à Louisbourg, est arrêté, enfermé à la Bastille. Durant son interrogatoire, il accuse l'ordonnateur « de lui avoir ordonné de prendre dans la caisse l'argent qui manque ». Le 18 avril, M. Prévost est écroué et ses papiers sont confisqués à La Rochelle; mais on le relâcha, dès le 13 juin, à condition de séjourner à Paris. Son procès instruit, on le déclara innocent le 10 avril 1764; le 20 janvier, le roi le nomma adjoint aux Archives de la ma­rine à Rochefort.

 

Source : Louis LE JEUNE, «Jacques Prévost», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. II, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931,  829p., pp. 466-467.

 
© 2006 Claude Bélanger, Marianopolis College