Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juin 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Edward Cornwallis

 

CORNWALLIS (Edward) (1713-76), baron, colonel, député, gentilhomme de la Chambre du roi, gouverneur en chef, capitaine général et vice-amiral de la Nouvelle-Ecosse, major-général et gouverneur de Gibraltar.

 

Le sixième des enfants de Charles, quatrième baron de Cornwallis, il naquit à Londres, le 22 février 1713; son frère jumeau, nommé Frédéric, devint archevêque anglican de Cantorbéry en 1768. Gentilhomme de la Chambre du roi, colonel en 1749, député du comté d'Eyre aux Communes, il fut nommé (mars 1749) par le ministre du Commerce, lord Halifax, « le père des colonies », gouver­neur en chef, capitaine général et vice-amiral de la Nouvelle-Ecosse.

 

Parti le 14 mai d'Angleterre avec 14 navi­res portant un groupe d'émigrants (2.576 en tout), dont un tiers Irlandais, un quart Alle­mands et environ « 1.000 femmes et enfants », il aborda à Chibouctou, le 2 juillet suivant. Ses instructions étaient très étendues. Elles révèlent la politique d'occu­pation militaire préconisée par Mascarène et les principes de dénationalisation et d'apostasie chers à Shirley. La même influence se retrouve dans la proclamation que Cornwal­lis adresse, le même jour, aux « Français ha­bitués dans cette Province». Elle condamne les Acadiens à végéter sur leurs propriétés devenues trop étroites, à ne commercer qu'avec les Anglais, à prêter dans un délai de trois mois un nouveau serment, sans au­cune réserve, malgré les objections du con­seiller, Paul Mascarène. Trois délégués Aca­diens vinrent offrir au gouverneur leurs hom­mages de fidélité; ils furent reçus au Conseil réuni à bord du transport, le Beaufort, et eurent l'ordre immédiat de communiquer la formule de prestation du serment. Le 29 juil­let, ils revinrent avec dix autres délégués : on leur refusa au Conseil l'exemption de por­ter les armes, sous peine de perdre, le 15 oc­tobre, la possession de leurs immeubles. Le gouverneur convoqua aussitôt les abbés Desenclaves, Chauvreulx et Girard, qu'il char­gea de ramener leurs ouailles à l'acceptation définitive de l'allégeance absolue. Tous les Acadiens optèrent pour leur exode en terre française : ce qui étonna et irrita fort Corn­wallis, qui en écrivit à Londres.

 

Sur les entrefaites survint un prêtre cana­dien, M. Brassard, envoyé en mission par l'évêque de Québec : il reçut du Conseil l'or­dre de quitter la Province incontinent. Pour mieux intimider les habitants, le gouverneur envoie le capitaine Goreham et ses Rangers (métis indiens) occuper Piziguit et faire ex­pédier d'Annapolis une centaine d'hommes aux Mines (11 octobre 1749). Enfin pour les mieux contenir, il les emploie à faire une route militaire de 18 pieds de large entre les Mines et Halifax. Les nouveaux députés, élus le 11 octobre selon la coutume, ne furent reconnus que le 22 du mois « parce qu'ils pouvaient dans l'état actuel être utiles ». Et l'hiver approchant, Cornwallis se tint calme, sans avoir jusque là rien obtenu de ses projets draconiens. « Tout irait bien, prétend-il, sans la bande scélérate des prêtres français. » Le 27 novem­bre, en effet, les [Indiens] de l'abbé Le Lou­tre surprirent les troupes et firent prisonniers 18 hommes et un officier : en guise de repré­sailles, M. Girard, curé de Cobequid, et qua­tre paroissiens sont emmenés captifs à Hali­fax et la tête de l'abbé Le Loutre est mise à prix, pour 50 livres sterling. Le 13 janvier 1750, la somme est portée à 100 livres : mais le missionnaire se retire avec ses Indiens dans l'Acadie française.

 

Au printemps de 1750, Cornwallis écrit qu'il suivra les instructions concernant le serment, mais qu'il est d'avis que l'on n'exerce de pression sur les habitants, que lorsqu'on saura ce qui peut se faire à Chi­gnectou et quels colons arriveront d'Angleterre et avec quels renforts; qu'il espère éri­ger un bon fort à Piziguit et qu'alors il exi­gera une réponse péremptoire ». Le 1er mars, il envoie le capitaine John Goreham s'y éta­blir avec ses Rangers pour bâtir le fort avec la corvée des habitants. Le 19 avril, les délé­gués acadiens lui notifient leur départ « avec tous leurs effets » : il s'y oppose sur l'injonc­tion du Bureau Colonial. Le 25 mai, nouvelle tentative et nouveau refus. Les mobiles du gouverneur ne sont pas difficiles à trouver; car la présence des Acadiens est encore un avantage matériel pour la Province : tel est l'avis du Révérend W. O. Raymond (V. Mém.

Soc. Roy. Can., 1910). Le 4 septembre 1751, Cornwallis rassure le Bureau du Commerce en avouant un progrès dans l'attitude des Acadiens, surtout aux Mines et à Piziguit; qu'il ne serait pas avantageux d'y envoyer des colons protestants, mais opportun de leur signer « un congé général ». Il s'était plaint auparavant à l'évêque de Québec des agisse­ments du clergé français et il demanda aussi des explications à M. de La Jonquière, qui lui fit de fermes réponses. Il résolut alors de bâtir le fort Lawrence, pendant que le che­valier de La Corne érige celui de Beauséjour. L'exode des Acadiens prit un grand essor sur les instances de M. Le Lou­tre qui présageait le dernier conflit: plus de 1.500 réfugiés furent entretenus par les fonds du Trésor royal.

 

Edward Howe, commissaire des troupes et conseiller, fut chargé par le gouverneur de négocier au fort Lawrence le retour des fu­gitifs, de conclure un traité avec les Sauva­ges pour la libération de leurs prisonniers : en octobre 1751, il fut blessé à mort par les balles d'un parti indigène. Mais le traité fut signé à Halifax en 1752. Cornwallis fut rappelé en octobre.

 

En janvier 1753, élu député de Westmins­ter aux Communes, il fut réélu l'année suivante. Nommé major-général, il fut promu gouverneur de Gibraltar en 1762-65, puis en 1771, jusqu'à sa mort, le 23 janvier 1776. II avait épousé Mary, fille du vicomte Town­shend, qui décéda sans postérité, en 1755.

 

Source : Louis LE JEUNE, «Edward Cornwallis», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. I, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931,  862p., pp. 433-434.

 

 
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