Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juin 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Charles Saunders

 

SAUNDERS (Charles) (1713-75), lieutenant de vaisseau, député, commodore, commandant en chef, contrôleur, contre-amiral, vice-ami­ral, chevalier du Bain, amiral.

 

Il naquit en Ecosse en 1713. En 1727, il en­tra au service à bord du Sea Horse. Dix années après, il fut fait lieutenant sur l'Exeter et, les deux années suivantes, il monta suc­cessivement le Norfolk, l'Oxford, le Suther­land et le Centurion. C'est sur ce dernier voilier qu'il suivit l'amiral Anson à l'Océan Pacifique, promu en route au grade de capi­taine et de commandant. A son retour de Chine, en qualité de courrier maritime, le roi voulut le confirmer dans son grade, au prin­temps de 1743. En 1747, mis à la tête du Yar­mouth, il se distingua avec éclat dans la ba­taille navale du cap Finisterre et du cap Ortegal, où l'amiral Hawke défit la flotte du marquis de La Jonquière.

 

En 1750, les électeurs de Plymouth lui confiaient un mandat aux Communes. Deux ans après, les eaux de Terre-Neuve étaient en­vahies par (les multitudes de barques de pê­cheurs : il reçut la mission d'aller protéger les parages appartenant aux Anglais. En 1754, on le nomma Trésorier de l'Hôpital maritime de Greenwich. Puis, grâce au crédit de l'ami­ral Anson, son protecteur, il fut élu repré­sentant de Hendon (Corkshire) au Parlement, mandat qu'il garda jusqu'à son décès. En 1755, on le nomma contrôleur de la Marine et Premier Frère de la Maison de la Trinité. En juin 1756, élevé au rang de contre-amiral des Bleus, il se rendit en Méditerranée comme commandant en second de l'amiral Hawke.

 

En 1759, William Pitt le nomma vice-amiral et commandant en chef des troupes de mer dans l'expédition de M. Wolfe au Saint-Lau­rent. Ayant reçu ses instructions, il mil à la voile de Portsmouth le 17 février, à bord du Neptune, de 90 canons, portant le général Wolfe. Le grand ministre n'avait rien négligé pour que les opérations fussent décisives; il voulut faire grand. La flotte qui devait fou­droyer Québec comprenait 49 navires de guerre, 76 transports et 152 bateaux de dé­barquement. Elle portait près de 2.000 bouches à feu. Parmi les vaisseaux de guerre, les uns avaient 90 canons, 80, 74; les autres, 74, 64, 60; et d'autres, au nombre de 59 voiliers, de 50 à 4 canons. Ils étaient montés de 13.000 hommes d'équipage et les transports d'envi­ron 5.000. Québec était donc menacé par un formidable armement de 125 vaisseaux, sans compter la flottille de 152 embarcations légères et de près de 25.000 soldats et marins: détails souvent oubliés, omis dans l'histoire.

 

La flotte de l'amiral Saunders ne parvint à Louisbourg qu'à la fin d'avril, et les glaces qui bloquaient le port le forcèrent de continuer jusqu'à Halifax. La division de l'amiral Holmes alla embarquer les Américains à New-York, tandis que la division du commodore Durell bloquait l'embouchure du Saint-Laurent. Le 4 juin, la flotte sortait de Louisbourg, entrait dans le fleuve le 13, jetait l'ancre au Bic le 18, à l'Île-aux-Coudres le 23, près de l'Île d'Orléans le 26.

 

Durant les deux mois et demi de siège, l'amiral Saunders resta à bord de son vaisseau, secondant toutefois les diverses tenta­tives de Wolfe au camp de Montmorency. Les deux chefs échangèrent quelquefois leurs divergences de vues avec une certaine vivacité. Avant de lever le camp du Saut, l'amiral vou­lut diriger lui-même les opérations navales de ce jour, à bord du Centurion : il fit mettre le feu, en se retirant, à deux transports an­glais échoués. Il assista, le 10 septembre, à l'inspection que fit Wolfe du point exact de la descente sur la rive nord; mais le général ne communiqua à personne sa décision finale. Après la capitulation convenue, l'amiral en signa les articles avec le brigadier Townshend. Le même jour, après avoir salué la garnison de 21 coups de canon, il leva l'ancre pour se rendre à l'Ile-aux-Coudres et de là en Angleterre.

 

A son retour, il fut promu lieutenant-géné­ral de la Marine. Le 28 janvier 1760, lorsqu'il parut sur les bancs du Parlement, le président et les députés lui votèrent d'unanimes remer­ciements. Au mois d'avril, le ministre lui décerna le titre et la charge de commandant en chef dans les eaux de la Méditerranée. En mai 1761, il fut créé chevalier du Bain et, en octobre de l'année suivante, vice-amiral des Blancs. Au mois d'août 1765, il devint l'un des lords de l'Amirauté, conseiller privé en 1766, et le premier lord de l'Amirauté, position qu'il n'occupa que l'espace de trois mois. Le 18 octobre 1770, on l'éleva au rang d'amiral des Blancs.

 

Il mourut le 7 décembre 1775, dans son manoir de Spring Gardens et fut inhumé à l'abbaye de Westminster.

 

Source : Louis LE JEUNE, «Charles Saunders», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. II, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931,  829p., pp. 619-620.

 
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