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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
George-Étienne Cartier et les Minorités
[Ce texte a été publié en 1914 par Aegidius Fauteux. Pour la source exacte, voir la fin du texte. L'auteur donne incorrectement la forme française au nom de Cartier.]
« UN livre, a écrit je ne sais plus quel grand critique, Sainte-Beuve peut-être, n'est jamais un chef-d'oeuvre ; il le devient. » N'en doit-on pas dire autant des hommes eux-mêmes ? Les législateurs, les politiques, voire les conquérants et les princes, ne sont jamais grands ; ils le deviennent. Dans le domaine de l'action, comme dans celui de la pensée, c'est la postérité seule qui apporte aux oeuvres leur consécration définitive. Il ne nous est pas facile d'apprécier nos contemporains à leur véritable valeur, parce que nous en sommes trop rapprochés, et bien souvent les jugements que nous formons sur eux risquent de ressemer au tamis de l'Ecriture dont les mailles laissent passer un chameau et retiennent un ciron. Grâce au recul dont elle jouit, la postérité n'est pas exposée à de semblables mécomptes; c'est d'une main sûre qu'elle fait le triage des renommées, aplanissant les unes et exaltant les autres. Mais quand peuton savoir précisément que c'est la postérité qui parle ? Voilà la question.
Lorsqu'on a lancé pour la première fois, il y a une couple d'années, le projet de commémorer par une grande fête nationale le centenaire de Sir Georges-Etienne Cartier, quelquesuns ont discrètement demandé si cette apothéose n'était pas un peu hâtive. « Le héros que l'on veut honorer, disaient-ils, fut incontestablement une haute figure, mais il n'y a pas encore un demi-siècle qu'il est entré dans la mort et l'on sait qu'il faut d'ordinaire à une mémoire une épreuve plus longue avant d'avoir conquis un titre indiscutable à la reconnaissance officielle des peuples. » C'était un scrupule assurément honnête, mais il a peu duré et nous n'en voyons plus trace aujourd'hui il a rapidement fondu devant l'unanimité qui a accueilli dans toutes les parties du pays l'idée du centenaire, unanimité qui est un assez sûr présage du jugement de la postérité. Il y a en effet des gloires qui mûrissent plus vite que d'autres, et celle de Sir Georges-Etienne Cartier est de celles-là. L'illustre auteur de la Confédération canadienne est un de ces rares sommets qui arrêtent et retiennent du premier coup le regard de l'histoire.
Cartier a contribué autant que personne à faire le Canada plus grand, plus fort et plus prospère. Peu d'hommes d'Etat ont eu une vision plus lointaine des besoins de notre pays et ont conçu autant des grands projets qui ont préparé et assuré son avenir. Nous ne citerons que quelques-unes des oeuvres de première grandeur auxquelles il a attaché son nom abolition des droits féodaux, décentralisation judiciaire, codification de nos lois, établissement des chemins de fer, fédération des provinces.
Mais Cartier ne s'est pas contenta de travailler de toute son énergie au progrès matériel du Canada. L'on peut même dire que ce ne fut pas là son ambition principale. Il y avait quelque chose qu'il prisait encore plus haut que la richesse économique ou industrielle, et c'était la liberté, sans laquelle il savait qu'un peuple ne peut être ni grand, ni fort, ni prospère. Faire du Canada un pays libre où les races les plus diverses vivraient dans la paix et l'harmonie, où les consciences ne connaîtraient pas d'entraves, où les droits de tous seraient respectés, telle a été la préoccupation constante, tel a été le souci premier de Sir Georges-Etienne Cartier. Que l'on étudie avec soin sa vie publique, et l'on n'aura pas de peine à découvrir que presque tous ses actes tendent en définitive vers ce but suprême, idéal magnifique qui domine toute sa politique et qui en fait véritablement l'unité ! Cet idéal, Cartier l'a nourri sans défaillance pendant près de quarante ans et, par un prodige de volonté qui n'a peut-être pas d'exemple, il est parvenu à l'atteindre au moins dans une large mesure, dans la mesure où le permet la faiblesse de toutes les institutions humaines. Voilà, il nous semble, son titre le plus glorieux et le plus sûr à notre reconnaissance et à notre admiration.
Ainsi qu'il l'a chanté lui-même, en des vers qui ne sont peut-être pas d'un poète, mais qui sont assurément d'un patriote, Cartier appartenait à « une race fière » ; et c'est pourquoi il aimait passionnément la liberté.
Pendant des années, ses adversaires l'ont dénoncé avec la pire violence au nom même de la liberté qu'on l'accusait de contraindre et d'étouffer. Mais ce n'étaient là que les cris d'une passion égarée. Entre le rêveur radical qui leurrait le peuple et se leurrait lui-même avec des viandes peintes, comme Héliogabale, et le pratique Cartier qui se nourrissait méthodiquement de la substance vraie, il y a déjà longtemps que l'opinion a choisi ! Personne n'en est plus à se demander lequel des deux possédait la juste notion d'un peuple libre.
Dans son immortel discours sur le Sonderbund, prononcé devant la Chambre des Pairs, le 14 janvier 1848, Montalembert a défini avec une rare éloquence la vraie liberté et, du même coup, il a arraché au radicalisme qui la singe son masque trompeur.
Ces nobles paroles de Montalembert trouvaient leur application au Canada aussi bien qu'en France, et à la même époque presque. Il est impossible d'opposer plus exactement le sage et tolérant libéralisme d'un Lafontaine ou d'un Cartier au radicalisme intransigeant d'un Papineau ou au fanatisme despotique d'un George Brown .
A l'âge où Cartier revêtait la robe prétexte et se découvrait citoyen, le peuple du Bas-Canada gémissait sous la tyrannie d'un vainqueur outrecuidant qui prétendait substituer le droit de la force au droit de la justice. Profondément humilié dans sa dignité d'homme, douloureusement blessé dans son patriotisme, celui qui devait être ministre de la Reine ne sut pas se plier à la condition d'esclave et, dans la bouillante ardeur de sa jeunesse, il n'hésita pas à se ranger derrière l'étendard de la révolte. Ce fut une erreur inconsidérée peut-être, mais une erreur que nous n'avons pas de peine à pardonner. Même plus tard, lorsque, assagi par l'expérience et le temps, il se fut avisé, à la suite de Lafontaine, que le terrain constitutionnel est encore plus propice à la défense de nos droits que le terrain des armes, Cartier ne parvint jamais à se repentir tout à fait d'avoir été un rebelle. Très souvent, dans le cours des débats parlementaires à l'Assemblée Législative, ses adversaires tentèrent de le désarçonner au milieu d'un discours en lui rappelant par une maligne interruption sa participation aux événements de 1837-38. Pas une seule fois il ne laissa passer le trait sans le relever avec la franche rudesse qui le caractérisait, en homme qui n'a rien à renier de son passé. Lorsque les Métis de la Rivière-Rouge se soulevèrent à leur tour, en 1870, contre ce qu'ils croyaient être urge violation de leurs droits, Cartier, quoique membre du gouvernement et représentant de l'ordre, ne craignit pas de les couvrir en toute occasion du manteau de sa miséricordieuse sympathie. C'est ainsi qu'en pleine Chambre des Communes il fit un jour à l'honorable William McDougall cette impatiente réplique : « Je n'approuve pas ce qu'ont fait les habitants du Nord-Ouest, mais je n'aime pas non plus à les entendre qualifier sans cesse de rebelles et d'insurgés ». Celui qui avait vécu les jours sombres de 1837 savait trop combien le joug de l'oppression est lourd aux épaules des hommes de coeur, et partout où il voyait des opprimés, il prenait sans hésiter leur défense, faisant sienne la parole sublime mise par Virgile dans la bouche de la reine de Carthage :
Haud ignara mali, miseris succurrere disco.
* * *
Dans quelques semaines la statue de Cartier se dressera sur le versant de ce même Mont-Royal où ses cendres reposent (1). L'auteur de ces lignes ignore encore quelle inscription l'on a décidé de graver sur le piédestal de ce monument grandiose, pour en rappeler la raison d'être aux générations à venir ; mais il lui semble qu'on n'en aura trouvé aucune qui, mieux que la suivante, honore notre héros et justifie sa glorification par l'airain : « A Cartier, le défenseur des minorités ».
Ces simples mots, qui constituent le plus bel éloge qu'aucun homme d'Etat ait jamais mérité, résument admirablement toute la vie de Sir Georges-Etienne Cartier, qui ne fut qu'incidemment l'instigateur de la Confédération, l'introducteur de nos chemins de fer et le codificateur de nos lois, mais qui fut partout et toujours le défenseur des minorités, de toutes les minorités, protestantes comme catholiques, anglaises comme françaises.
Naturellement, la plus large part de la sollicitude de Cartier est toujours allée à la minorité canadienne-française à laquelle il appartenait et qui, dans les circonstances particulières où elle était placée, avait plus besoin que d'autres d'être défendue. Pendant plus d'un quart de siècle, il a été le plus solide rempart de notre nationalité canadienne-française, tant dans les parlements que dans les conseils ministériels. Mais, pour comprendre tout ce que cette tâche impliquait de volonté persévérante et d'énergie inlassable, il faudrait revivre toute l'histoire du Canada sous l'Union.
On sait comment, pour donner suite au fameux rapport de lord Durham après la rébellion, les autorités impériales décrétèrent l'union des deux Canadas en 1840, avec l'intention à peine dissimulée de placer la population française du Québec sous la domination des Anglais d'Ontario lorsqu'ils deviendraient plus nombreux. Pendant les premières années la lutte fut presque toute entre la Couronne elle-même et les représentants du peuple, lutte héroïque et patiente qui se termina par la victoire des représentants du peuple, par la conquête définitive du gouvernement responsable, grâce aux efforts unis de Lafontaine et de Baldwin . Mais il arriva ensuite ce qui devait fatalement arriver. C'est vers 1849 que la question de la représentation d'après le nombre apparut à l'horizon politique, comme un nuage gros de tempêtes et toujours plus menaçant. L'ère des conflits entre les deux provinces se rouvrait. L'orage fut finalement déchaîné par la main de George Brown et ce fut Cartier qui, monté au pouvoir en 1855, dut y faire face.
L'Acte d'Union de 1840 avait décrété l'égalité de représentation entre les deux sections des provinces-unies, chacune ayant 42 députés. L'on pouvait difficilement faire moins alors, le Bas-Canada ayant une population plus considérable que le Haut. Mais la situation ne tarda pas à être changée et, vers 1850, grâce à l'appoint d'une immigration anglaise habilement dirigée, la population du Haut-Canada dépassait déjà de 200,000 âmes celle du Bas-Canada laissée à ses seules ressources. Les députés ontariens commencèrent aussitôt l'agitation en faveur de la représentation numérique. L'égalité de représentation, qui était une chose très juste tant que la population du HautCanada était inférieure, devenait une criante injustice dès que la population du même Haut-Canada se trouvait être la plus nombreuse. Singulière logique commune à tous les intolérants !
Après avoir chauffé à blanc les passions de ses concitoyens pendant quelques années, le leader des clear grits, George Brown, réussit à soulever la question en parlement et à en faire l'objet d'un grand débat, à la session qui s'ouvrait à Toronto, le 25 février 1858. Ce débat, qui atteignit une violence inouïe, fut le véritable point de départ d'une lutte formidable qui ne devait cesser qu'à la Confédération.
Dès 1849, Lafontaine avait déjà fait cette déclaration catégorique en réponse à Papineau qui venait de préconiser, dans le débat sur l'adresse, le système de la représentation d'après le nombre : « Jamais je ne consentirai, quelle que soit la population respective des deux provinces, à ce que le Haut-Canada ait une représentation plus forte que la nôtre, de même que je n'en désirerai jamais une plus forte pour le Bas-Canada. » Ce fut aussi l'attitude prise par Cartier. Voici ce qu'il répondait à George Brown en 1858 : « Le Haut-Canada a-t-il conquis le Bas-Canada ? Si non, en vertu de quel droit peut-il demander la représentation basée sur la population dans le but de nous gouverner ? Chacun sait que l'union des deux provinces a été imposée au Bas-Canada qui n'en voulait à aucun prix. Mais le Bas-Canada a fait fonctionner l'Union loyalement et sincèrement, avec la détermination de la maintenir sur la base actuelle. » Tandis qu'il s'efforçait d'établir, au cours du même débat, que la population du Haut-Canada n'était pas aussi nombreuse qu'on le prétendait, un député ontarien lui jeta cette interruption : « Si vous êtes la majorité, acceptez alors la représentation basée sur la population. » - « Je n'en veux pas, répliqua-t-il aussitôt avec la plus grande énergie, le Bas-Canada se conforme à l'Acte d'Union tel qu'adopté. »
L'adoption de la représentation numérique eût eu pour conséquence inévitable de mettre la minorité canadienne-française à la merci complète du Haut-Canada anglais et protestant. C'était le rêve caressé par lord Durham pour l'anéantissement de la race française. Cartier le comprenait fort bien et c'est pourquoi il combattait avec tant de vigueur cette mesure aussi inique que dangereuse.
Mais si à chaque assaut, en 1858, en 1861, en 1862, Cartier pouvait opposer victorieusement aux réclamations ontariennes la barrière infranchissable de sa majorité compacte, il se rendait cependant compte que cette situation ne pouvait pas toujours durer. Dès 1858, ainsi qu'il nous l'apprend dans son grand discours sur la Confédération en 1865, il avait compris qu'il était devenu nécessaire, sous peine des pires conséquences, de modifier les relations du Haut et du Bas-Canada. Les passions dans l'Ontario se faisaient plus violentes tous les jours, les protestations contre la french domination se déchaînaient avec une fureur grandissante et le jour devait fatalement venir où il serait impossible de résister au torrent. Puisqu'il fallait une solution, Cartier crut trouver la meilleure dans l'idée de la Confédération. Sans doute il concédait l'Ontario le principe de la représentation d'après la population; mais ce principe, qui était inacceptable dans le cas de deux provinces aux aspirations et aux intérêts totalement opposés, ne lui paraissait pas présenter le même inconvénient dans le cas de trois ou quatre provinces fédérées, dont chacune, à tour de rôle, peut avoir besoin d'une minorité pour servir de contrepoids à l'influence prépondérante des autres. De plus - ce qui lui importait surtout - Cartier, au moyen de la Confédération, garantissait à son cher Bas-Canada une autonomie complète en toutes les questions vitales. Grâce à l'autonomie provinciale, dont il a toujours fait la condition sine qua non de la Confédération, il mettait à l'abri de toute entreprise extérieure et notre religion, et nos écoles, et notre langue, et nos lois, les quatre biens de la race canadienne-française qui étaient les plus menacés et qui étaient l'occasion de tous les conflits.
Il a fallu près de dix ans pour mener à bonne fin le projet de la Confédération, du jour où Cartier l'inscrivait pour la première fois au programme de son gouvernement en 1858. Grande spatium !... Qui dira jamais ce qu'a coûté d'efforts et de travaux au grand homme d'Etat la lente préparation pendant cette longue période d'une oeuvre aussi délicate et aussi complexe ! Il eut d'abord à apaiser les craintes de ses propres compatriotes dont beaucoup redoutaient l'aventure où il les voulait lancer, mais il eut à lutter surtout contre l'intolérance des fanatiques extérieurs qui refusaient obstinément de se prêter à aucune concession. Plus encore qu'au navigateur dont parle Horace, il lui fallait un coeur bardé d'un triple airain pour oser s'atteler à cette tâche géante. Notre race devra se féliciter éternellement d'avoir eu pour l'incarner à cette heure critique ce Breton têtu dont la volonté ne subissait pas de frein et dont le coeur ne connaissait pas de défaillance. La Confédération se fera avec doute la garantie des droits des minorités, ou elle ne se fera pas : telle est la position franche et nette derrière laquelle n'a cessé de se retrancher Cartier, et cet ultimatum, jeté dans la balance, a fini par l'emporter.
Si Cartier combattit avec tant de vaillance pour la sauvegarde des droits des siens, il tint également à honneur de protéger les droits des minorités d'autre race où qu'elles fussent. Il haïssait l'oppression sous toutes ses formes. Il lui répugnait autant de l'imposer que de la subir. S'il refusait d'être esclave, il ne lui plaisait pas davantage d'être tyran. « Ma politique, c'est le respect des droits de tous », déclarait-il, dans un discours à Montréal, le 18 novembre 1865. Et il a fourni maintes preuves de la sincérité de cette affirmation.
Ayant créé une minorité anglaise protestante dans la province de Québec par le fait même de l'autonomie de cette province en majorité française, Cartier n'hésita pas un instant à lui accorder toutes les garanties qu'elle réclamait en matière religieuse et en matière scolaire. Il ne négligea rien pour tranquilliser les susceptibilités ombrageuses des Anglais protestants du Bas-Canada, leur assurant même le droit d'appel au parlement fédéral dans le cas problématique d'une injustice commise à leur détriment par la législature provinciale.
Le représentant du Canada français souscrivait de plein coeur et sans arrière-pensée à toutes ces garanties. Mais, puisque l'on en avait exigé l'inscription en blanc et en noir dans la lettre de la constitution, il ne crut pas moins prudent d'en faire autant dans l'intérêt d'une autre minorité catholique ou française, celle du Haut-Canada. Et plus tard, lorsque la nouvelle province du Manitoba se joignit à la Confédération, il n'eut garde d'oublier la même précaution.
Malheureusement, par rapport à la province du Nouveau-Brunswick, sa prudence a été prise en défaut. On sait comment, en 1872 [Note de l'éditeur : la loi des écoles communes du Nouveau Brunswick a plutôt été adoptée en 1871], la législature de cette province, abusant de la force du nombre, abolit les écoles confessionnelles ou séparées. Il y eut des protestations de toutes parts, mais le gouvernement fédéral que l'on pressait de désavouer la loi nouvelle se déclara impuissant. La loi écrite de 1867 ne garantissait le droit aux écoles séparées que dans les provinces où ces écoles étaient déjà sanctionnées par une loi et non pas seulement tolérées par la coutume. La demande d'un désaveu persistant, Cartier soutint à ses compatriotes que le remède serait cent fois pire que le mal. En créant ce précédent, disait-il, l'on ne faisait rien de moins que remettre les droits des catholiques du Canada entre les mains d'une majorité protestante, celle du parlement fédéral.
Quoiqu'il en soit, il serait injuste d'imputer à Cartier toute la responsabilité de cet événement malheureux. Il avait une tâche presque surhumaine à accomplir et l'on pourra chercher longtemps qui y aurait mieux réussi. Ce n'est pas à lui non plus qu'il faut s'en prendre si quelques-unes des pages de notre constitution, qu'il avait eu tant de peine à écrire pour la sauvegarde des minorités, ont été cyniquement déchirées, comme en 1890 au Manitoba, comme aujourd'hui en Ontario. La honte en est toute à ceux qui ont trahi la foi jurée. Quant à lui, il peut reposer en paix dans sa tombe du Mont-Royal et ses mânes peuvent être fières ! Les Canadiens français, ses frères, n'ont jamais manqué à l'engagement qu'il avait pris pour eux ; ils sont restés comme lui « d'une race fière », ni esclaves ni oppresseurs, et, dans l'exécution du pacte de 1867, ils ont été comme lui « francs et sans dol ».
(1) L'on sait que la date de l'érection du monument Cartier a été remise à cause de la guerre d'Europe. La publication de cette livraison devait coïncider avec « les fêtes de Cartier ». De là, des allusions qui s'expliquent. - La Rédaction .
Source : Aegidius FAUTEUX, « Cartier et les Minorités », Revue Canadienne , Vol. XIV, No 3 (septembre 1914) : pp. 245- 255. Des erreurs typographiques mineures ont été corrigées dans le texte. Le formatage du texte a également été modifié. Article transcrit par Christophe Huynh. Révision par Claude Bélanger.
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© 2004
Claude Bélanger, Marianopolis College |