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Document de l’histoire du Québec / Document of Quebec HistoryÉcrits des Jeune-Canada
Nos raisons d'être fierspar
Paul Dumas
Si elle était fière, la nation canadienne-française pourrait se targuer de détenir un record unique dans l'histoire: elle est la seule nation â manquer de fierté. En effet, mise au monde par une poignée d'héroïques gaillards et de femmes fortes, placée par la Providence dans un immense pays, pays coiffé de forêts touffues, déchiré dans son flanc par le plus beau fleuve de la Terre et constellé de lacs innombrables et pareils à des gouttes de ciel, dans un pays qui possède en ses voûtes des amas incalculables de métaux précieux et en son terroir le germe d'opulentes moissons, la nation canadienne-française consent avec le sourire à être dépossédée de son foyer; elle accepte d'être dans sa maison la domestique mal rétribuée d'Anglo-Canadiens issus pour la plupart des faubourgs de Londres et Liverpool ou de métèques nés personne ne sait où en Europe centrale, tous gens sans idéal autre que le lucre, tous gens qu'elle nourrit de son propre pain, de son propre travail, à même ce sol-là que ses pères ont conquis à la forêt et à la savane, à coup d'énergie et de sacrifice. Son commerce glisse aux mains de l'étranger, des politiciens sans scrupule trafiquent avec le même étranger ses rivières, son domaine forestier, ses chutes d'eaux, ses filons miniers, elle n'en a cure. Elle n'a pas confiance en elle-même, se complaît dans la médiocrité, travaille sans ambition, mesquine son effort, n'a point souci du travail ouvré, achevé: elle est d'une paresse intellectuelle déplorable.
Le Canadien français n'est pas fier mais il est fort vaniteux. Un comédien de Paris se hasarde-t-il à soutenir que les Canadiens français ne parlent pas la langue du grand siècle, voilà mon Canadien qui houspille le « môdit França » à grand renfort de « torrieux » et de fautes de grammaire.
Un Irlandais un peu gris exhale-t-il au stade son mépris des athlètes "pea-soup", illico les poings de mon Canadien entrent en danse sur la trogne du dit Irlandais gris; et pourtant, à la fin du match, lorsqu'une boîte-à-musique entame l'O Canada, -- ou encore à la fin des spectacles, ou encore dans les concerts-boucane, ou encore dans les conventums d'amicale, enfin dans toutes ces réunions où, sans trop savoir pourquoi, l'on multiplie les occasions de manquer de respect à notre hymne national, -- le brave Canadien fait la sourde oreille et se hâte vers la sortie avec un entrain vraiment pénible à voir.
Le Canadien français, qui est verbeux par hérédité, affectionne aussi particulièrement les passes d'armes oratoires -- et rarement académiques -- des campagnes électorales. Lui, si moche quand ses vrais intérêts, ses intérêts nationaux sont en danger, il peut hurler jusqu'à tarir ses glandes salivaires, il est prêt à se faire casser la figure pour sauvegarder le prestige d'un candidat fantoche ou numismate, pour venger l'honneur d'un parti qui ne représente plus rien d'autre qu'une des couleurs du spectre solaire ou pour défendre les principes inexistants d'une politique caméléonienne et prostituée aux gros messieurs de la Phynance. Et puis, ces beaux élans passés, mon Canadien rentre dans son patelin, continue de laisser faire, de laisser grignoter ses droits par une majorité dominatrice, sous l'oeil béat de ses ministres; il continue d'aller porter son argent chez le marchand anglais ou juif, sans jamais penser que ce marchand anglais ou juif n'encouragera jamais le détaillant ou l'artisan canadien-français -- si ce n'est pour l'exploiter, -- et sera peut-être heureux un jour de vider un flacon sur le tombeau de la nation canadienne-française en chantant: « Hail ! Hail ! the gang is all here" !
Non moins triste, l'attitude de certain Canadien français parvenu au sommet de l'échelle sociale, grâce à un parchemin universitaire, ou encore par quelques solos de danse du ventre dans les coulisses de la politique et, plus rarement, par un labeur tenace dans les affaires. Ce Canadien français, venu en contact avec les Anglais, en a conservé une admiration timorée, irraisonnée. A peine acclimaté à sa réussite, mon Canadien songe vivement à jeter aux orties, telle une défroque crasseuse, sa nationalité de Français du Canada. Il s'ingénie à singer la démarche dégingandée et le flegme morose de son modèle britannique, il s'habille chez Smith, dîne chez Black, exige les armoiries d'un lord d'Angleterre sur les étiquettes de ses caleçons ou ses pots de cornichons et il tient à honneur d'apprendre à ses rejetons de l'anglais, beaucoup d'anglais. Plus rarement, -- et ceci est moins mal, -- il renie ses "cabochons" de compatriotes pour poser, au petit déraciné, au petit Parisien fringant, émaillant sa conversation de propos sottement salaces ou de brocards guère intelligents à l'adresse des curés. Tout cela, sans jamais bien se rendre compte, le pauvre, qu'il ne sufit pas pour être un Anglais de qualité, de communiquer à son faciès cette « usual English expression of subdued agony and intense gloom » dont parle Thackeray, ou de mastiquer un langage succulent comme de la glace sèche; sans se rendre compte qu'un vrai Français de France, c'est bien autre chose qu'un insupportable petit maître qui se dandine sur ses ergots et zézaye des calembours aux dames!
L'anglomanie sévit, hélas! beaucoup plus que la « parigomanie » dans notre classe bien née, ou bien arrivée. L'Anglais représente pour une certaine catégorie de notre bourgeoisie le summum du chic, le type parfait du gentilhomme. Je ne veux pas reprendre ici la distinction judicieuse du R. P. Louis Lalande,S.J., sur la supériorité d'une race qui réside beaucoup plus dans le « perfectionnement spirituel de l'homme tendant à sa fin » que dans le perfectionnement de la matière, dans la domination industrielle et financière ou dans le plus grand nombre de paquebots traversant chaque année le canal de Suez! Je consens même à ce que mes bourgeois de compatriotes copient à qui mieux mieux l'Anglais de leurs rêves. Mais copier l'Anglais, qu'est-ce que ça veut dire ?
Eh bien! la vraie et la seule façon d'imiter fidèlement l'Anglais, elle consiste à parler sa propre langue (pour nous, c'est la française), à la parler fièrement et à observer dans tous ses actes une solidarité nationale quasi maçonnique. Quant à renier honteusement sa nationalité et son parler, c'est le propre d'un esprit abâtardi et mûr pour toutes les compromissions!
-- Mon lecteur trouvera peut-être que je suis un piètre photographe, que j'ai criblé de rides et de comédons la figure du Canadien français. Je voudrais avoir été injuste. Voici pourtant ce qu'écrit l'abbé Groulx de nos insuffisances: « Faciles à cataloguer, on sait hélas! de quels noms s'appellent ces défauts: absence d'ambition, folle prodigalité, résignation aux tâches subalternes, mépris de la tâche bien faite, goût de l'à-peu-près, de la besogne bâclée, indolence à l'indienne, absence totale de ponctualité ».
Pour tout dire, absence de confiance en soi, manque de fierté.
Pourquoi ce manque de fierté chez « une petite nationalité condamnée à vivre aussi périlleusement que le peuple canadien-français, sentant peser sur son âme et sur son avenir d'aussi formidables pressions » que celles du colosse américain et de la majorité anglo-canadienne protestante ? Mystère.
Complexe d'infériorité, mentalité de vaincus ? Peut-être. Mais il n'importe: cette monnaie n'a plus cours, ces préjugés n'ont plus leur raison d'être. Ils constituent même un grave danger pour notre avenir.
Et d'ailleurs, pourquoi manquerions-nous de fierté ? N'avons-nous pas au contraire de multiples et communes raisons de nous enorgueillir et de marcher le front haut dans l'univers ?
-- C'est ce que je veux prouver dans les lignes qui vont suivre.
LA FIERTÉ
L'orgueil figure en tête des vices cardinaux énumérés dans le petit catéchisme: « L'orgueil est une estime déréglée de soi-même qui fait qu'on se préfère aux autres et qu'on veut s'élever au-dessus d'eux »
La fierté est bien autre chose. Elle est, non pas un sentiment excessif de soi mais une connaissance raisonnée de sa propre valeur et de ses propres possibilités. Mobile d'action, la fierté représente un devoir collectif pour les individus groupés en nations. Certes les solitaires des déserts, les moines isolés du monde peuvent se passer de fierté, ils peuvent s'humilier devant leur Dieu et baiser la poussière, berceau et tombe de leurs corps.
Les hommes des sociétés ont par contre des obligations les uns pour les autres, des oeuvres communes à accomplir, et pourvu que cette fierté ne les pousse pas à écraser leurs voisins ou à s'entre-tuer, la fierté demeure pour eux un puissant stimulus d'action et une source d'union: elle est pour une nation une vertu vitale.
Dieu, il est vrai, a fustigé les superbes de ce monde. « Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur a-t-il dit, en nous invitant à L'imiter. Il exige encore que la recherche de son royaume et de sa gloire passe avant tout. D'accord. Mais Dieu ne réprouve aucunement un patriotisme qui se subordonne et ne s'oppose pas à une foi sincère, il ne condamne pas non plus le légitime nationalisme d'un peuple qui veut redevenir maître chez lui. Les psychologues les plus obtus savent fort bien que les hommes sans fierté sont des hommes qui ne savent se tenir debout, des hommes incapables d'aucun sentiment élevé. C'est pourquoi notre religion nous commande d'avoir la fierté de notre Christ, nous permet d'avoir la fierté de notre sang et de nos traditions. L'on sait, -- et on l'a dit bien souvent -- que ceux-là demeurent la plus saine sauvegarde de notre catholicisme.
La fierté est donc un devoir pour nous.
-- La fierté est à base de charité, elle est le prolongement social de l'amour fraternel : elle est l'amour du prochain national. Elle est tout simplement la mise en action du vieil adage « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Elle n'implique donc pas l'humiliation ou l'anéantissement de l'étranger; elle ne nous conseille pas à nous Canadiens français de maudire les Anglais ou de jeter des bombes puantes dans les synagogues. Point du tout. Elle nous engage à estimer nos concitoyens de nationalité étrangère et à les imiter dans ce qu'ils ont de bon; elle nous incite à résister à leurs dangereux empiétements par des moyens loyaux, toujours, par la solidarité nationale et le travail, en cherchant aussi à développer nos talents latents que nous tenons inactifs ou improductifs; -- quittes à nous défendre par la manière forte, si les empiétements devenaient un jour de l'usurpation et n'étaient plus uniquement la résultante de notre propre indolence.
La fierté nous impose des obligations, solidarité, (1) travail, respect de notre foi, de notre langue, de notre culture et de notre patrimoine ancestral. (M. l'abbé Groulx et l'équipe de l'Action nationale ont consacré à ce sujet des articles substantiels et très cohérents dont nous recommandons instamment l'étude à nos lecteurs).
Nos raisons d'être fiers sont nombreuses. De prime abord, elles n'éclatent pas. Et pourtant, elles existent.
Elles ressortissent à notre histoire, à nos valeurs spirituelles présentes, aux vertus de la grande race dont nous sommes un rameau détaché.
NOTRE HISTOIRE
Nous avons appris l'histoire du Canada à l'école. Mécaniquement, de mémoire. Trop souvent, gavage de dates, de batailles, de traités, de mots historiques jamais prononcés. L'on nous a fait connaître nos héros, les d'Iberville, les Dollard, les Madeleine de Verchères, les Montcalm, qu'on nous a présentés comme des personnages impossibles, inhumains. L'on nous a fait sécher sur les constitutions successives nées sous la domination anglaise. L'on nous a souvent enseigné notre histoire sans enthousiasme; l'on ne nous a pas toujours appris à l'aimer. Au point, -- et c'est triste à dire -- que nos gens se moquent parfois et font les gorges-chaudes, lorsqu'aux fêtes nationales, des orateurs pas toujours irrésistibles rappellent le souvenir de nos gloires passées.
Pour nombre d'entre nous, l'histoire du Canada apparaît comme un recueil de fastes inouïs, légendaires, irréalisables par des hommes ordinaires, il semble qu il y ait discontinuité entre notre vie et celle des Canadiens d'antan. Et pourtant, nos pères étaient des gens comme nous, c'étaient de bons vivants qui savaient accepter de l'existence et les joies et les misères, et surtout des hommes qui avaient de l'énergie et du coeur.
II ne tient qu'à nous de les imiter en cela et de parachever en beauté l'oeuvre qu'ils n'ont fait qu'ébaucher. Pour cela, il ne nous manque, il ne nous faut qu'une chose : la fierté.
-- Ouvrons notre histoire. N'insistons pas sur les faits d'armes de Champlain, Dollard, Closse, Frontenac, Beaujeu, Montcalm ou de nos soldats dans les Flandres; n'insistons pas non plus sur les vertus des Jeanne Mance, des Marguerite Bourgeoys, de toutes ces saintes, sur l'héroïque renoncement de nos martyrs. Nous trouvons quand même dans notre histoire de très légitimes raisons de nous enorgueillir d'être des Canadiens français.
Notre pays a bel et bien été découvert par un homme de notre sang, le Malouin Jacques Cartier. M. l'abbé Groulx écrit après un examen circonspect de tous les documents: « Indéniablement, la découverte du Canada reste en un sens une oeuvre collective. Elle fut préparée par l'exploration de la façade atlantique de l'Amérique du Nord. Et à cette exploration ont collaboré marins anglais, espagnols et français. Mais la découverte de l'intérieur d'un pays tout autre que le pays des côtes du Labrador et de Terre-Neuve, la révélation d'un continent de largeur aussi vaste que celui qu'avait circumnavigué Magellan, et la trouvaille de l'immense réseau fluvial, de ces voies désormais ouvertes vers le fabuleux hinterland américain, tout l'ensemble de cet effort et de ces gains, réalités considérables, on peut dire que c'est une oeuvre, une gloire exclusivement françaises ».
-- Nous constituons un « groupe ethnique qui a une identité distincte », nous sommes, « dans toutes les acceptions du mot, et même si nous agréons la définition sévère de Lavisse, un peuple historique » (Bovey). Nous avons des racines profondes en ce pays de Canada, et nous en sommes les premiers citoyens. Nos pères à tous sont venus au pays entre I608 et 1750: ces quelques 200-300 ans de vie canadienne nous confèrent un inaliénable droit de premiers occupants.
La nation canadienne-française est de race pure et exempte de tout métissage. Le Canada français n'a pas été peuplé par des aventuriers, des émigrants de qualité douteuse ou des forçats, comme l'Australie, les États-Unis, voire même le Canada anglais. Le noyau de la nation canadienne-française était constitué dès 1673. Nos pères étaient issus de la bourgeoisie, de l'artisanat, de la classe agricole et de la petite noblesse du Perche, de la Normandie, de l'Anjou, de l'Aunis, de l'Angoumois, de la Saintonge, de la Picardie, etc.; ils étaient tous de bonne constitution physique et de saine moralité. Tous les peuples de l'Amérique ne pourraient en dire autant ! (2)
-- La cession du Canada à l'Angleterre a laissé dans bien des coeurs des séquelles d'amertume et d'humiliation. Mais pourquoi ? « Je rappelle », a dit Henri d'Arles, « que le Canada a été cédé et non conquis. Ce n'est pas là une distinction de raison, mais à fondement réel ». C'est la lettre même du traité de Paris. Le Canada a été cédé et non conquis . Que nos défaitistes s'en souviennent !
-- Rien n'a pu se faire au Canada sans le concours des Français. Ce sont les Français, les Hébert, les Giffard, les Boucher, les Talon, etc. qui ont civilisé et colonisé notre pays; les La Tour et les Acadiens ont fondé et développé les provinces maritimes, les missionnaires et les coureurs de bois ont ouvert l'Ontario à la civilisation, nos cousins les Métis ont été les premiers colons du Manitoba. D'autres Français ont identifié la figure et les frontières du vaste Canada : Champlain, Hennepin, Etienne Brulé, Daumont, Dollier, Galinée, Nicolet, Perrot ont découvert l'Ontario et les Grands Lacs; les La Vérendrye et la Jemmeraie ont découvert les plaines du Canada central les lacs du Manitoba, les Rocheuses, ont entrevu l'océan Pacifique; le chemin de fer du Pacifique Canadien, aorte du grand ouest, n'aurait pu se construire sans l'obstination de Georges-Etienne Cartier, sans l'intervention du père Lacombe auprès des Indiens; les possessions arctiques du Canada lui ont été acquises par les inlassables expéditions d'un des nôtres, le capitaine Bernier.
A deux reprises, en 1775 et 1812, alors que les loyalistes flanchaient, les bataillons canadiens-français ont sauvé le Canada de l'invasion américaine. De même, au milieu de la présente crise, les provinces des prairies, où le communisme menace, se tournent anxieusement vers Québec, la province de l'ordre, en criant: "Salvation from Québec!"
-- Nous appartenons donc à une race pure et à une nation qui a fait ses preuves.
« Elle est, sur quelque rivage où elle vive, dans ce territoire immense, civilisé, peuplé, fécondé par elle, non pas la race supérieure -- nous n'avons hérité de personne ces vantardises chauvines, -- mais elle est dans ce Dominion du Canada, sa patrie, une race inférieure à nulle autre » (R. P. Lalande).
Et il n'existe pas une ombre de raison pour que nous n'en soyons pas profondément fiers!
NOS VALEURS ACTUELLES
Un inventaire sommaire de nos richesses actuelles ne laisse pas d'être décevant. A y regarder de plus près, nous pouvons cependant y découvrir bien des aliments à notre fierté.
Politiquement. Nous représentons un tiers de la population du Canada et nous avons des attaches très solides à la patrie canadienne. Les Anglo-Canadiens reconnaissent -- surtout depuis 1929 -- que notre présence au Canada constitue un élément d'ordre et de mesure indispensable pour l'équilibre du pays. L'existence du groupe ethnique canadien-français n'est-elle pas la caractéristique historique qui empêche le Canada d'être, comme les États-Unis, une mosaïque de colonies d'immigrants sans idéal ni aspirations communes ?
Je n'insiste pas sur les défections de certains de nos hommes publics, sur la gabegie de certains autres: il n'y a pas là matière à fierté...
Ai-je besoin de souligner la santé morale de notre société familiale, la fécondité de nos familles ? Nos célibataires ont accoutumé d'en rire. N'y aurait-il pas lieu au contraire d'en être fiers ? Le cas exceptionnel des petites jumelles Dionne n'a-t-il pas pétrifié d'admiration les malthusiens d'Ontario et des États-Unis ?
Economiquement. Nous avons des financiers dignes de ce nom.
Quoi qu'en pensent les pessimistes et les Camillien Houde, nous ne sommes pas inaptes aux affaires. M. Pierre-Georges Roy a apporté à ces gens le catégorique démenti de l'histoire; et ce n'est que par discrétion que je résiste à la tentation de publier toute une liste de noms qui suffiraient à prouver nos aptitudes à la finance.
Ne serait-il pas plus judicieux de rechercher les causes de l'insuccès de tels commerçants canadiens-français dans leur manque de constance ou la carence de solidarité économique chez leurs compatriotes, plutôt que dans leur incapacité congénitale aux affaires ?
Par contre, il est consolant de constater que nos courtiers ont beaucoup mieux tenu le coup de la crise que leurs collègues anglais. Le colonel Bovey écrit lui-même: « Le Canada français fut la seule région du monde à ne pas souffrir de façon appréciable de la dépression financière de 1931 . »
Et puis, ne sommes-nous pas fils de cette France dont la saine et prudente économie commande aujourd'hui dans l'univers et force l'admiration de tous les peuples civilisés ?
Intellectuellement. Nous avons bien des déficiences de ce côté. On les a soulignées assez souvent pour que je ne m'y attarde pas.
Malgré des conditions matérielles précaires nous avons tout de même atteint à des résultats satisfaisants.
Nous avons des théologiens et des philosophes de marque. Un Mgr Louis-Adolphe Pâquet a écrit des commentaires sur S. Thomas très prisés des spécialistes. Le grand public connaît et apprécie un R. P. M.-A. Lamarche, un abbé Ph. Perrier, un R. P. Lachance, O.P., etc. Le R. P. Longpré, O.F.M. est un scotiste universellement connu, le R. P. Chagnon, S.J. enseigne à Rome, à l'université grégorienne. L'académie canadienne de Saint-Thomas témoigne d'une activité philosophique intense chez nos clercs, tandis que les récentes conférences de MM. Étienne Gilson et Jacques Maritain ont suscité parmi notre public profane un intérêt de bon aloi.
Nous avons également des sociologues et des économistes avertis. Tout d'abord, le cardinal Villeneuve, dont les avis très pertinents sont religieusement écoutés jusque dans les milieux protestants. M. Henri Bourassa, à qui l'on a tenu un compte sévère de quelques vétilles, a publié toute une bibliothèque sur les problèmes sociaux ou politiques les plus divers. Un sociologue de France a avoué connaître très peu d'hommes dans l'univers aussi versés que lui en science économique, en philosophie sociale, en philosophie tout court, en histoire, en théologie, etc. Ajoutons que M. Henri Bourassa est incontestablement le meilleur orateur de la Chambre des Communes, en anglais aussi bien qu'en français. Les introuvables travaux du trop modeste Léon
Gérin sur la famille canadienne font autorité jusqu'à Paris. M. Edouard Montpetit, économiste artiste et homme diversement apprécié, est un excellent vulgarisateur de la science économique; sa conférence à la délégation française venue à Gaspé fut toute une révélation pour nos visiteurs. Citons encore MM. Beaudry-Leman, Léon Lorrain, Georges Pelletier, Esdras Minville, le R. P. J.-P. Archambault, S.J., l'infatigable directeur des Semaines sociales et de l'École Sociale Populaire, etc. M. le juge L. D. Migneault est incontestablement la plus sûre autorité en droit civil canadien.
Nous avons quelques savants, le R. F. Marie-Victorin, dont la renommée est internationale, Léo Pariseau, encyclopédie barbue et pétulante, un Louis Bourgoin, un Adrien Pouliot, etc., et les deux récents congrès de l'ACFAS (Association canadienne-française pour l'avancement des sciences), nous ont révélé l'existence de toute une jeunesse orientée vers la recherche scientifique. Nos avocats dominent au Palais et nos médecins formés à la clinique française, sont nettement supérieurs en diagnostic à leurs confrères anglais. (3)
Nous avons des historiens de valeur. M. l'abbé Lionel Groulx est sans contredit le meilleur historien que nous ayons eu et un éveilleur d'énergie de premier ordre: toute son oeuvre est à lire. Le R. P. Lejeune a compilé un dictionnaire historique d'une grande richesse documentaire. M. Thomas Chapais, malheureusement teinté de partisannerie politique, a publié des ouvrages définitifs sur Talon et Montcalm. M. Marias Barbeau a écrit sur l'ethnologie, le folklore, la petite histoire et les beaux-arts au Canada des articles très appréciés des Anglais et des Étatsuniens. Citons encore M. Pierre-Georges Roy, notre grand spécialiste de la petite histoire, etc.
Nous avons aussi des écrivains de qualité. Emile Nelligan, Paul Morin. Alfred Desrochers pourraient figurer dignement dans une anthologie de poètes français. Louis Dantin, C.-H. Grignon, J.-C. Harvey, Louis Francoeur, E. Montpetit, A. Pelletier, le. R. F. Marie-Victorin, l'abbé Groulx, Marcel Dugas, Fadette, Annette Lasalle, etc. manient avec élégance des plumes très françaises. Olivar Asselin, polémiste souvent injuste, et Léon Lorrain, excellents stylistes tous deux, se sont érigés en corrégidors de notre langue. Mgr Camille Roy, bénédictin de nos lettres, est un orateur sacré nullement inférieur à ceux qui nous viennent de France.
-- Notre contribution aux arts n'est pas moins consolante.
Je n'insiste pas sur les horreurs architecturales que notre indolence et notre pénurie ont trop longtemps tolérées...
Suzor Coté est, avec le regretté Napoléon Bourassa, le plus grand artiste qu'ait produit le Canada: ses oeuvres sont recherchées des collectionneurs de toute l'Amérique. D'aucuns lui préféreront le maître coloriste Clarence Gagnon dont les illustrations pour Maria Chabdelaine sont une merveille. Citons encore les peintres Adrien Hébert, Georges Delfosse, Henri Beau, etc., chez les sculpteurs, Henri Hébert et Alfred Laliberté; parmi les architectes, MM. Ernest Cormier, D'Aoust, Beaugrand-Champagne, Tourville, Marchand et Emile Venne qui nous ont donné quelques beaux monuments et de qui nous en attendons beaucoup d'autres.
Nos écoles des Beaux-Arts ont déjà formé dans la jeunesse toute une pléiade de décorateurs, d'ensembliers, de relieurs d'art. Un jeune ébéniste de talent, M. Jean-Marie Gauvreau, tient école à l'École Technique de Montréal. Nos arts domestiques, qui communiquent un charme particulier aux vieilles églises et aux intérieurs rustiques de l'île d'Orléans et du "bas du fleuve", sont en pleine résurrection. Les sculpteurs Bourgault, les fileuses de Kamouraska et de la baie Saint-Paul, etc. continuent la tradition des Baillargé, des Quévillon, des Jobin et des anciennes tisseuses de "catalognes" et de ceintures fléchées et, à travers une facture parfois naïve, atteignent souvent au grand art; leur oeuvre fait l'envie des connaisseurs, elle est unique en Amérique.
-- Je n'oublie pas nos musiciens. Ce serait vraiment injuste car certains d'entre eux, tels Albani, Guillaume Couture, Plamondon, nous ont acquis une belle réputation à l'étranger. Léo-Pol Morin, Germaine Malépart, etc. exécutants de premier ordre nous ont conservé ce bon renom. Wilfrid Pelletier, Rosario Bourdon, J.-J. Gagnier sont des chefs d'orchestre réputés dans toute l'Amérique.
Parmi les compositeurs, Achille Fortier, Claude Champagne, Rodolphe Mathieu. Arthur Letondal, Georges-E. Tanguay, Benoît-F. Poirier ont écrit des pages que nous pourrions exhiber sans crainte à des critiques européens; notre folklore est un des plus riches du monde. La réputation de nos chanteurs n'est plus à faire: l'Orphéon de Montréal, choeur d'hommes dirigé par M. Arthur Laurendeau a mérité d'être comparé aux fameux Cosaques du Don, tandis que nos programmes musicaux à Radio-Canada sont les plus goûtés de tout le pays. Enfin, les regrettés frères Casavant, dont l'oeuvre vit toujours furent des facteurs d'orgues de réputation mondiale.
-- Ce ne sont là que des noms, que des individus. Cités au hasard; de mémoire. La liste en est forcément injuste, parce que incomplète. Tous ces gens, -- et il y en a bien d'autres, -- nous représentent avec honneur aux yeux de l'étranger et nous avons le droit d'en être fiers. Et je n'ai pas parlé des morts...
Mais la masse reste inculte, dira-t-on, elle n'a qu'une culture superficielle, elle n'est pas vraiment curieuse de la vie de l'esprit.
Cela est vrai, en partie. Il faut rappeler aussi qu'après la cession du Canada, nous avons dû tout recommencer au point mort, dans tous les domaines, et que nous avons dû ferrailler pendant cent ans avant de nous affirmer politiquement et de nous évader de notre pauvreté et de notre ignorance. Cela explique -- et excuse un peu -- bien des choses. Malgré tout, notre peuple semble s'éveiller. Nous avons des journaux d'idées et très bien rédigés qui parviennent à vivre et à intéresser tout un public (je ne parle pas des feuilles obèses chavirées dans le jaunisme et la réclame); notre jeunesse s'agite et se cultive, nos revues se multiplient (de l'avis du colonel Bovey, elles sont supérieures aux magazines anglo-canadiens), les échanges d'idées se font plus nombreux, le film français nous aiguillonne à décrasser et purger notre langue, etc.
L'on objectera encore que vingt matelots ne font pas une marine, que vingt auteurs ne constituent pas une littérature, que nous n'avons pas de littérature. Sans doute. Mais les Anglo-Canadiens n'en ont pas plus que nous (M. W.-H. Moore l'avoue lui-même) et leurs meilleurs artistes et écrivains ne sont pas nés au Canada. Il est vrai qu'en regard de notre Fr. Marie Victorin, de notre Léo Pariseau, ils possèdent un Banting, un Collip, un Best et tout un groupe de savants plus imposant que le nôtre. Mais ne pourrions-nous pas opposer à tous ces brillants esprits, tous les coeurs ardents de nos missionnaires qui sont allés consumer leur vie dans l'Afrique équatoriale, aux Indes, en Chine, au Pôle? Nos esprits terre à terre et frivoles méconnaissent trop la haute valeur spirituelle de toutes ces vies sacrifiées; et pourtant, à examiner froidement les choses, est-il découverte de laboratoire qui vaille l'entraînement d'une seule âme à la souveraine Vérité ? En attendant de décrocher des prix Nobel de chimie, consolons-nous parce que nous restons la première nation missionnaire de l'univers.
Notre situation présente n'est pas telle que nous la voudrions ? Dans tous les domaines, nous voyons d'urgentes réformes â opérer. Mais dans aucun de ces domaines nous ne trouvons de raisons de désespérer; dans tous, au contraire, nous découvrons de légitimes prétextes à la fierté.
Il n'y a pas de race supérieure au Canada. II y a deux nationalités de race différente, voilà tout. Le groupe ethnique anglais est porté au progrès matériel, nos affinités naturelles nous orientent vers la vie de l'esprit.
L'Anglais n'est pas dépourvu pour cela d'aptitudes intellectuelles, pas plus que nous sommes inaptes aux affaires. Nous devons donc nous efforcer de nous développer dans le sens de la culture, conformément à notre tempérament et, sachant reconnaître nos réussites (nous en avons, n'est-ce pas ?) et ne jamais nous décourager de nos défaites, nous devons, fiers de notre catholicisme et de notre sang, viser à la suprématie par l'esprit, au Canada. (4)
NOTRE AME FRANÇAISE
Détachés de la France par les hasards de la guerre, grandis sous un ciel lointain et dans un milieu hostile, nous sommes demeurés français quand même.
Catholiques d'abord, et français: tels nous entendons rester. II ne s'agit nullement pour nous d'ériger le Canada en colonie politique de la France. Nous voulons simplement garder une âme française dans un coeur canadien. Spirituellement, nous ne saurions nous dissocier de la France. La culture française, toute pétrie d'hellénisme et de latinité, à la double lumière du christianisme et du ciel méditerranéen, toute faite de mesure de logique et de grâce, la culture française qui place haut l'intelligence et vise au complet développement de la personne, âme et chair, est la seule qui nous convienne et qui puisse nous inculquer l'esprit de finesse et le culte de l'idéal dont nous avons besoin.
Le climat, le contact avec la rude nature ne nous ont pas changés, notre race s'est conservée pure, notre âme est toujours française. Nous vivons sous une allégeance politique étrangère, des intérêts différents nous sollicitent; il n'importe, nous ne pouvons suivre sans émotion les malheurs ou les gloires de notre vieille mère la France. Instinctivement, nous nous redressons d'orgueil lorsque nous la voyons sortir victorieuse de la guerre mondiale, édifier un empire colonial magnifique ou résister mieux qu'aucun autre à la crise; pareillement nous avons le coeur serré quand les barricades se dressent dans Paris, quand les grandes puissances font autour de la France le blocus de la haine et de la jalousie. Nous sommes fiers de la France impératrice de la civilisation, nous sommes fiers de la France normande qui il y a mille ans, a civilisé et policé l'Angleterre! -- Communier dans la fierté et la douleur avec la France, c'est pour nous un droit, et un devoir.
Des esprits maussades en veulent à la France de l'inoffensive boutade de "Candide", des prétendues malversations de la Pompadour, de la loi des Congrégations. Cessons ces bouderies, sachons voir plus haut et sachons dissocier la vraie France, la France catholique et artiste, des gouvernements brouillons ou indignes d'elle que trop souvent elle s'est donnés. Demeurons profondément attachés à notre patrie canadienne, gardons notre âme française: conservons jalousement la flamme de la culture et du génie français dont nous avons la grandiose et terrible mission de perpétuer le feu en Amérique.
Nous devons « apporter sur ce continent le sens de la mesure » (Flandin) et assurer le triomphe des valeurs spirituelles (catholiques et intellectuelles); « ce que la France d'Europe a été pour l'ancien monde, la France d'Amérique doit l'être pour le monde nouveau » (Mgr Pâquet).
Efforçons-nous donc de rendre notre patrie pareille à cette France d'Europe, à cette France dont parle René Bazin: « Ce que j'appelle la France, ce que j'ai dans le coeur comme un rêve, c'est un pays où il y a une grande facilité de penser, de dire, de rire, où les âmes ont des nuances infinies, un pays qui a le charme d'une femme qu'on aime... ! » (cité par H. d'Arles).
« Existez, contentez-vous d'exister », nous a dit Jacques Maritain: exister oui, fièrement, en catholiques, et à la française!
-- Jeune Canadien français, mon frère, tu entres dans la vie. Le monde où tu es né a été bouleversé; il va bientôt renaître. Ta petite patrie a souffert comme toutes les patries. Ta petite patrie est une des plus belles du monde et moi je te dis que c'est la plus belle! Tes pères n'ont pas cru à ses destinées et dans leur désespérance, ils l'ont parcellement aliénée à l'étranger. Mais, tu le sais, trop du sang des tiens a été versé sur ce sol pour le triomphe de Dieu, pour que Dieu n'ait pas des vues très hautes sur les tiens. Tu as la mission de faire régner le Christ et de défendre l'intelligence en cette Amérique où la matière exerce toutes ses séductions. Ta petite patrie va bientôt renaître. Fais-la renaître tienne, redeviens maître chez toi si tu veux devenir intégralement toi-même, catholique et Canadien français.
A côté de toi, vit l'Anglais, glorieux, superbe, hautain. L'Anglais respecte les hommes qui savent se tenir. Fais-toi respecter de lui : comme lui, tiens-toi droit, fier d'être toi-même, catholique et Canadien français. Tu veux oeuvrer puissamment et durablement pour les tiens: aie l'énergique et fier maintien des hommes d'action.
Ta langue est la plus douce du monde: sois-en fier, parle-la, parle-la bien. (5)
Ton histoire... sois-en fier, donne-lui un prolongement digne d'elle.
Ta culture française, c'est la plus fine, la plus élevée de toutes: sois-en fier, qu'elle soit à tous les instants l'aliment de ton esprit.
Ta foi est la Vraie Foi: sois-en fier, -- vis-la!
-- Il faut que je gagne ma vie, me dis-tu. C'est bien, mais il faut aussi que tu gagnes la vie de ta nation. Comme un monument a besoin pour se tenir de toutes ses pierres, ta nation a besoin de toutes les énergies et de tous les renoncements. Que chacun de tes actes serve à la gloire de ton Christ, au progrès de ta communauté nationale. N'exprime pas ton nationalisme par de la haine, mais par de l'amour, l'amour intégral des tiens. Ne te perds pas en stériles chicanes, en parlotes oiseuses: travaille.
Jeune Canadien français, mon frère, un universitaire pessimiste a prédit que dans cinquante ans ta nation n'existerait plus. Jeune Canadien français, ce prophète en toge, tu as l'impérieux devoir de le faire mentir!
(1) Et surtout, elle réprouve ce sempiternel dénigrement qui remplace chez tant de Canadiens-français, l'amour fraternel.
(2) Murray a dit de nos soldats qu'ils étaient les plus valeureux du monde (les Alboches l'ont appris à leurs dépens à Courcelettes et à Vimy), et Dufferin a qualifié nos « habitants » de « peuple de gentilshommes ».
(3) Sait-on qu'aux examens annuels du Canadian Medical Council (pour le droit de pratique dans tout le Canada), nos jeunes médecins se classent invariablement les premiers ?
(4) « D'autres nations distancent le peuple français et le distanceront probablement toujours, sur le terrain du commerce et de l'industrie, voire dans le domaine des sciences appliquées; mais la France, aussi longtemps qu'elle restera fidèle à ses traditions et consciente de ses vertus, gardera la primauté intellectuelle. Si donc elle consentait â ce déséquilibre intérieur que provoquerait chez elle l'effacement de l'esprit derrière l'activité purement économique, elle se condamnerait â une déchéance. » (F. Veuillot, cité par H. d'Arles). Ces paroles contiennent une profonde leçon pour nous.
(5) Une langue bien parlée et bien écrite, est pour un peuple un signe de santé (Groulx). Retour à la page sur les Jeune-Canada
PETITE BIBLIOGRAPHIE
H. D'Arles, La culture française, 1920.
O. Asselin, Du rôle de la France dans la formation d'une élite canadienne-française , 1919.
H. Bourassa, Le patriotisme canadien-français, 1902. Religion, langues, nationalités , 1910. Patriotisme, nationalisme, impérialisme, 1923
W.Bovey, Canadien, 1933.
Abbé Lionel Groulx, Si Dollard revenait, 1919. Dix ans d'action française, 1926. Nos responsabilités intellectuelles, 1928. Quelques causes de nos insuffisances, 1930. L'éducation nationale (2 art. dans l'Action nationale), 1934, etc.
Louis Lalande,s.j., La race supérieure, 1919.
W. H. Moore - The Clash, 1918.
Mgr L.-A. Pâquet, Le bréviaire du patriote canadien-français, 1902.
Mgr C. Roy - Nos raisons canadiennes de rester français, 1933.
Source : Paul Dumas, Nos raisons d'être fiers, Tract no. 1 des Jeune Canada, Montréal, Le Devoir, Novembre 1934, 30p. Certaines erreurs typographiques de l'édition originale ont été corrigées.
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Claude Bélanger, Marianopolis College |