Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Novembre 2004

Documents de l’histoire du Québec / Quebec History Documents

 

Écrits sur les Jeune-Canada

 L'abbé Groulx et l'assemblée des Jeune-Canada

sur les Politiciens et Juifs

[1933]

 

On nous demande ce que nous pensons d'une manifestation des Jeune-Canada qui a quelque peu fait parler d'elle. Bien que l'événement date déjà, nous n'avons nulle objection à nous expliquer franchement, s'il n'est jamais trop tard pour aider l'opinion saine à se former.

 

Les Jeune-Canada ont protesté contre ce qui leur a paru de la courtisannerie [sic] électorale. Ont-ils eu tort ? Il serait intéressant de soulever quelques masques, de voir ce qui s'est agité en réalité, au fond des esprits, chaque fois qu'en ce pays, des politiciens, bleus ou rouges, ont élevé la voix contre des persécutions juives. Que de bonnes âmes et voire quelques nobles esprits aient cédé à de la pitié de bonne compagnie pour des persécutions de l'autre bout du monde et plus ou moins authentiques, possible. Mais les autres ? Mais le grand nombre ? On nous permettra d'entretenir quelques doutes. Déchirons toute hypocrisie. Nos politiciens auront beau, la main sur le cour, protester de leur sincérité, rappeler aussi, s'ils y tiennent, qu'ils ont remué le petit doigt et voire l'index en faveur des persécutés du Mexique, il y a une vérité que l'homme du coin de la rue sait au Canada et qu'une histoire proche de nous nous jette inexorablement au visage : et c'est que faire marcher nos grands hommes de la politique en faveur des Juifs persécutés, fût-ce à 4,000 milles du Canada, est une chose, et que faire se remuer les mêmes hommes en faveur de minorités catholiques et même de minorités de leur sang strangulées à leur porte, est une autre chose. Ceux qui, dans le passé, ont dû organiser les luttes en faveur de nos minorités catholiques et françaises sont particulièrement édifiés sur ce point. Pourquoi en est-il ainsi ? .. Que nous parle-t-on de noble pitié, de noble humanitarisme, lorsque, pour ne pas employer un mot plus désobligeant, nous n'avons affaire qu'à la générosité la plus fausse ? Chacun sait pareillement que le moindre attentat à quelque droit d'une minorité anglaise ou protestante n'eût jamais été chose possible en ce pays. Mais si l'on nous permet de supposer l'impossible pour un moment, quelle eût été, en pareille occurrence, la conduite des Canadiens français ? Impuissants à se mettre d'accord quand il s'agissait des pires dénis de justice infligés à leurs coreligionnaires et à leurs propres compatriotes, n'est-il pas vrai qu'ils eussent retrouvé, pour l'occasion et pour venger le droit opprimé, la plus touchante unanimité ? Pourquoi toujours cette différence d'attitude ? Générosité ou autre chose ? C'est contre ce déplorable état d'esprit, contre ce tempérament de chevaliers à faux nez, plus prompts à défendre les frontières du voisin que leurs propres frontières, que les Jeune-Canada ont voulu protester. Ils ont bien fait. C'est faire oeuvre de salubrité publique que de dénoncer ces caricatures de la pitié, ces déformations du sens catholique et national.

 

La caste intolérable

 

Les Jeune-Canada ont dénoncé un autre abus, et qui est plus grave. Ces jeunes gens ne croient point tolérable l'élévation au rang de caste privilégiée, d'une minorité ethnique que rien ne recommande spécialement à cette extraordinaire dignité. Or telle est bien la condition que l'on est en train de faire au Canada, et dans la Province de Québec plus que partout ailleurs, au groupe juif. On lui a taillé, dans Montréal, des fiefs électoraux de tout repos : véritables chasses-gardées où les fils d'Israël peuvent user et abuser à loisir du droit de suffrage, voter, s'il leur plaît, à cent-dix pour cent, sans le moindre risque d'être inquiétés, sans même s'exposer, nous assure-t-on, à la gênante prestation du serment, rigueur ou frein réservé aux seuls « télégraphes » des autres races. Pour la minorité juive encore, nous avons forgé dans le Québec une loi spéciale du repos dominical; nous lui permettons d'assujettir l'employé catholique et canadien-français au travail les sept jours de la semaine; sous prétexte de dédommager le juif d'un sabbat qui en réalité ne le gêne point, nous l'autorisons à tenir boutique ouverte le dimanche et à faire, du même coup, au commerce canadien-français, la concurrence la plus déloyale. Pour la minorité juive toujours, nous sommes venus à deux doigts de saboter toute l'économie de notre régime scolaire; à cette minorité dénuée de tout droit constitutionnel, il s'en est fallu d'un cheveu que nous accordions, dans l'administration et la direction de ses écoles, une autorité et une autonomie que la majorité catholique se refuse à soi-même. Et l'on s'étonne après cela que l'antisémitisme ait de plus en plus tendance à exploser en notre province. Qui donc ici est le responsable ?

 

La dictature juive

 

Puis, à quoi tend cette accumulation de privilèges absolument injustifiables, sinon à favoriser, dans la province de Québec, et tout d'abord dans Montréal, l'établissement d'une véritable dictature commerciale juive, dictature que l'internationalisme d'Israël rend de création singulièrement facile et redoutable ? « Le monde sans âme » où nous vivons est payé pour savoir que toute dictature de caractère économique constitue un danger et un mal social. Que les juifs ne soient pas seuls à constituer de ces sortes de dictatures ne change rien à l'affaire. Nous ne voyons point qu'en un pays comme le nôtre, une dictature économique juive soit de nature, plus que toute autre, à servir le bien commun, non plus que les intérêts de notre collectivité catholique et française. Les Juifs ne sont pas seuls assurément à cultiver en serre-chaude la graine du communisme. Ils ont en tout cas la réputation, auprès d'esprits graves, - et c'est assez pour que nous ayons le droit de nous méfier - d'en cultiver plus que les autres. Un homme qui n'a pas coutume de parler à la légère, le chroniqueur politique de la Revue des deux-Mondes, M. René Pinon, après avoir blâmé sévèrement, l'autre jour, (No du 15 avril 1933) l'antisémitisme hitlérien, n'hésitait pourtant pas écrire : Les incidents d'Allemagne comportent aussi une leçon d'un autre ordre, c'est que « Israël chez les nations aurait intérêt à se montrer plus discret dans son ardeur à embrasser les idées révolutionnaires et à s'en faire le propagateur... » A l'assemblée des Jeune-Canada l'on a cité aussi ce témoignage d'un éminent évêque catholique d'Autriche qui, il y a quelques mois à peine, dénonçait l'internationalisme juif comme un des plus dangereux agents de dissolution morale et sociale à travers le monde. Mais, alors, se faire les artisans de la puissance juive, quand les Juifs sont déjà assez actifs et assez habiles à bâtir eux-mêmes leur fortune, n'est-ce pas de la plus folle, de la dernière insanité ? Et voilà, pour conclure, qui n'autorise assurément aucune forme d'antisémitisme, mais qui justifie une jeunesse clairvoyante et fière d'exhorter nos dirigeants à plus de dignité et de prudence, et peut-être aussi à moins de naïvité.

 

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Source : Jacques BRASSIER [pseudonyme de Lionel GROULX], « Pour qu'on vive . Politiciens et Juifs », dans L'Action nationale, Vol. 1, No 6 (juin 1933) : 361-366. Une erreur typographique mineure a été corrigée. Le texte a aussi été reformaté pour l'édition du web.

 

 

 

 

 

 

 
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