Quebec History Marianopolis College


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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Collège de L'Assomption

L'Assomption, Québec

 

[Cet article a été rédigé en 1952. La source est indiquée à la fin du texte.]

 

Le Collège de l'Assomption fut fondé en 1832 par monsieur François Labelle, curé de l'Assomption, le docteur Jean-Baptiste Meilleur, qui devait devenir le premier surintendant de l'instruction publique, et le docteur Ls-Joseph-Charles Cazeneuve. Le collège ouvrit ses portes le 4 novembre 1833.

 

Il fut d'abord administré par un corps de syndics, légalement composé des trois fondateurs et de deux autres citoyens de l'Assomption. Le 18 septembre 1841, la Chambre constitua le Collège de l'Assomption en un corps politique et légal dont le conseil se composerait de neuf membres. Cet acte d'incorporation fut amendé en 1858. En 1933, le collège obtint une nouvelle charte civile mieux adaptée aux besoins actuels.

 

Affilié d'abord à l'Université Laval le 22 mars 1880, le collège le fut ensuite à l'Université de Montréal, le 22 janvier 1922, peu après que celle-ci fut érigée.

 

De 1844 à 1921, la maison connut huit agrandissements. En 1930, on démolit le berceau de la maison et une des ailes de 1844 pour les remplacer par une construction moderne et plus spacieuse. L'autre aile de 1844 avait été démolie et refaite à neuf en 1869. La partie la plus ancienne du collège actuellement est l'aile de 1852, où se trouve la chapelle.

 

En 1883, à l'occasion du cinquantenaire, une salle académique avait été construite en dehors des murs du collège, grâce à une souscription des anciens élèves. Cette salle a été complètement rénovée en 1950. En cette même année, on a construit un vaste aréna contigu à la cour du collège.

 

Alors que la plupart des collèges de la province se réclament d'un fondateur unique, qui est un prêtre, à l'Assomption, trois hommes, un prêtre et deux laïcs, se trouvèrent unis par des circonstances manifestement providentielles pour créer cette institution que chacun d'eux, laissé à lui-même, n'aurait pas pu entreprendre. Quelle part de mérites revient à chacun d'eux ? Monseigneur Anastase Forget, dans son Histoire du Collège , publiée en 1933, écrit que « la postérité paraît avoir judicieusement répondu à la question en disant que le Dr Meilleur fournit l'idée, M. le curé Labelle, les fonds, et le Dr Cazeneuve, les conseils ».

 

Durant les deux premières années, les trois fondateurs assumèrent la tâche de mettre en oeuvre l'organisme nouveau. Monsieur le curé Labelle veilla au bon ordre moral et réglementaire de la petite communauté. Le docteur Meilleur, assisté du docteur Cazeneuve, organisa les études et soutint monsieur Labelle de sa parole et de ses exemples.

 

En 1835, monsieur l'abbé Édouard Labelle, qui avait abandonné la cure de Ste-Rose pour venir prendre sa retraite chez son frère, à l'Assomption, accepta l'invitation que lui firent les syndics d'assumer la direction du collège. Comme les professeurs et les élèves logeaient tous en dehors du collège, Monsieur Édouard continua à résider au presbytère

 

En 1838, monseigneur Lartigue, ayant nommé monsieur Édouard Labelle à la cure de Pointe-aux-Trembles, envoya l'abbé Étienne Normandin au collège avec le titre et les pouvoirs de directeur. C'était la première approbation publique que donnait l'évêque de Montréal à l'oeuvre fondée six ans plus tôt. Le nouveau directeur vint résider au collège où il resta jusqu'à l'été de 1846.

 

Monseigneur Bourget lui désigna comme successeur l'abbé Jean-Baptiste Dupuy qui avait été directeur du Collège de Chambly. Au départ de celui-ci en 1852, c'est l'abbé Alfred Dupuis qui fut appelé à prendre la direction du collège. Il abandonnait la cure de l'Assomption pour revenir au collège où il avait été professeur quelques années. Élève du 5 e cours, c'est le premier directeur qui soit sorti des rangs mêmes des anciens élèves.

 

Cette année 1852 marque pour le collège une ère nouvelle. Jusqu'à cette date, tout relevait du directeur : piété, études, discipline, administration. Monsieur Dupuis nomma un préfet des études, qui fut monsieur Norbert Barret, du 4 ème cours, et un préfet de discipline qui fut monsieur Médard Caisse du 12 e cours.

 

En 1860, monseigneur Bourget, donnant à cette institution des constitutions plus précises et à chacun des membres dirigeants des attributions bien délimitées, décida que la responsabilité de l'administration et de la direction générale irait désormais à un supérieur, et que le soin immédiat des élèves serait confié à un directeur. C'est monsieur Norbert Barret qui fut désigné au nouveau poste de supérieur. Il ne voulut pas y rester plus que 6 ans.

 

Il eut comme successeur le chanoine Pierre-Ferréol Dorval, élève du premier cours, qui était curé de l'Assomption depuis 14 ans. Il avait été procureur pendant 20 anis, tout en étant professeur de philosophie d'abord, puis curé. Nommé supérieur, il resta curé et garda les deux charges durant 27 ans, jusqu'en 1893, alors qu'il se retira à l'hospice de la Providence, maison qu'il avait fondée.

 

Furent ensuite supérieurs : monsieur Magloire Légaré (1893-99), le chanoine Vitalien Villeneuve (l899-1911), qui était procureur depuis 27 ans et qui le resta encore 15 ans; le chanoine Victor Pauzé (1911-21) qui avait été directeur des élèves 22 ans; le chanoine Élizée Hébert (1921-30), monsieur Anastase Forget (1930-33), qui le lendemain des fêtes du centenaire qu'il avait présidées avec tant de distinction, dut nommé vicaire-général du diocèse de Montréal, puis, quelques mois plus tard, premier évêque de Saint-Jean; monsieur Pierre Gauthier (1933-40), qui mourut curé de l'Assomption le 42 juin 1952; le chanoine Hervé Lussier (1940-50), présentement curé de Saint-Jean-de-Dieu, à Gamelin.

 

Des 14 prêtres qui ont été directeurs des élèves depuis 1860, il y en a deux qui ont rempli cette charge successivement 22 ans chacun : monsieur Trefflé Gaudet, de 1867 à 1889, et monsieur Victor Pauzé, de 1889 à 1911.

 

En 1862, monseigneur Bourget pria les autorités du Collège de l'Assomption de prendre la direction du Collège de Varennes qui donnait un enseignement commercial. Le collège ne garda que 6 ans cette succursale dont il avait accepté la charge.

 

Le 15 octobre 1866, le Collège de l'Assomption, qui exploitait déjà une ferme-modèle, fonda une école d'agriculture à la requête des sociétés d'agriculture des comtés de l'Assomption et de Montcalm. Il put maintenir cet établissement, qui devint bientôt prospère, grâce à des subsides du gouvernement de la province. Mais un ministère nouveau ayant révoqué en 1898 le contrat passé l'année précédente entre le Collège et le gouvernement, l'École d'Agriculture dut fermer ses portes en 1900.

 

Cette institution était sous la direction d'un prêtre désigné par le Collège, mais elle eut comme directeur technique un laïc, ancien élève du collage, monsieur Amédée Marsan, qui durant 30 ans fut l'âme de l'école. Il devint plus tard directeur des études à l'Institut Agricole d'Oka et reçut de l'Université Laval le premier doctorat donné en sciences agronomiques. Ses élèves d'Oka lui ont élevé un monument à l'Assomption, sur le site même de l'école, qui avait été transportée en 19'15 derrière les bâtisses du collège pour devenir le couvent des Soeurs de la Sainte-Famille en charge de la cuisine.

 

Depuis la fondation du collège jusqu'en septembre 1952 inclusivement, 8,253 élèves ont été inscrits, dont 6499 pour le cours classique et 1754 pour les classes françaises seulement. Sont comptés comme vivants, 3,526 du cours classique et 991 des classes françaises. Le plus vieux des anciens est du 39 e cours et est âgé de 98 ans : c'est le Père Joseph-Richard Richard, jésuite, qui a passé sa vie dans les missions indiennes de l'Ontario. Il est le doyen des missionnaires de l'Église entière. En cette année 1952, le 4 janvier, mourait à l'âge de 96 ans, Me Jos.-Édouard Faribault, du 35 e cours.

 

C'est en 1843 que furent ordonnés les premiers anciens élèves prêtres. Depuis cette année-là, 840 anciens élèves ont été élevés à la prêtrise, dont 640 pour le clergé séculier et 117 religieux. On compte environ 450 médecins, 300 notaires, 200 avocats, 110 pharmaciens, 100 ingénieurs, 65 dentistes, 50 professeurs, 30 agronomes, 25 journalistes, 25 diplômés de l'école des Hautes Études, 15 architectes, et 15 qui sont exclusivement militaires.

 

Le collège de l'Assomption se glorifie d'avoir donné sept évêques à l'Église. Ce sont Leurs Excellences Mgr Alfred Archambault, premier évêque de Joliette (1904-13); Mgr Ovide Charlebois, O.M.I. vicaire apostolique du Keewatin (1910-33), dont la cause de béatification a été introduite au Vatican; Mgr John March, évêque de Hâvre-de-Grâce, à Terre-Neuve, décédé en 1939; Mgr Charles Lamarche, évêque de Chicoutimi (192$-40); Mgr Martin Lajeunesse qui a succédé à son once comme vicaire apostolique du Keewatin en 1933; Mgr Anastase Forget, premier évêque de Saint-Jean en 1934, à qui le Saint-Siège a donné comme coadjuteur, en 1951, Mgr Gérard-Marie Coderre. Aux noms de ces évêques ajoutons celui de Mgr Ambroise Leblanc, o.f.m., qui a été préfet apostolique au Japon avant la guerre de 1940.

 

Trois Pères Oblats de Marie-Immaculée furent de grands missionnaires: le Père Albert Lacombe, l'apôtre de l'Ouest, qui fut une journée président du Pacifique Canadien; le Père Zacharie Lacasse, resté célèbre par ses saillies et ses polémiques; le Père Adélard Fafard, martyr de la charité : il fut mis à mort par les Métis lors de l'insurrection de Riel.

 

Parmi les laïcs qui ont joué un rôle important dans la Société mentionnons en particulier Sir Wilfrid Laurier, qui fut premier ministre du Canada, Sir Louis-Amable Jetté, qui fut lieutenant-gouverneur de la Province de Québec et juge en chef de la Cour du Banc du Roi; Sir Horace Archambault, frère de l'évêque de Joliette, qui fut président du Conseil législatif et procureur général puis juge en chef de la Cour d'Appel; l'honorable Israël Tarte, ministre des travaux publics dans le cabinet Laurier, qui eut une activité politique débordante comme journaliste et député; monsieur Arthur Dansereau, journaliste réputé, que l'on a appelé l'éminence grise du premier ministre Chapleau; monsieur Élie Vézina, chevalier de St-Grégoire, qui fut longtemps secrétaire général de l'Union St-Jean-Baptiste d'Amérique.

 

A l'automne de 1921, fut fondée l'Association des Anciens de l'Assomption, dont le premier président fut le chanoine Morin, curé de Saint-Édouard de Montréal et grand bienfaiteur du collège.

 

En septembre 1952 le conseil du collège se composait de MM. Marcel Beaudry, L.Th., D.Ph; L.L., supérieur; Émilien Bérard, L.sc; vice-supérieur; René Pesant, dipl. Math., secrétaire; Georges-Étienne Foisy, L.L. conseiller; Joseph Coderre, L.Th., L.L.; directeur spirituel; Henri Langlois, L.Th., L.L. préfet des études; Louis-Marie Lanthier, procureur; Ludger Lahaise, directeur des élèves.

 

Trente autres prêtres se consacrent à l'oeuvre de l'éducation. Pour l'année 1952-53, le collège a reçu 394 élèves.

 

Supérieur: M. le chanoine Marcel Beaudry, Collège de l'Assomption, L'Assomption, Qué.

 

Source : Vedettes, 1952. Le fait français au Canada . Première édition, Montréal, 1953, Société nouvelle de publicité, 717p., pp. 551-553. Quelques fautes typographiques ont été corrigées.

 

 

 

 

 
© 2004 Claude Bélanger, Marianopolis College