Quebec History Marianopolis College


Date Published:
2004

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

PRÉFACE

 

Sir George-Etienne Cartier, dont on fête en ce moment le centenaire, a déjà eu les biographes qu'il méritait. Une étude aussi savamment fouillée que celle que nous a donnée John Boyd, une enquête de psychologie politique résumée en de grands et justes traits, comme celle que nous devons à M. A.-D. DeCelles, ont permis à la génération présente de se familiariser avec la physionomie morale du principal artisan du pacte fédératif de 1867, avec l'étendue et les conséquences de ses oeuvres.

 

Mais on ne saurait trop bien connaître l'existence de ce patriote dont les vues, les aspirations et les accomplissements sont comme marqués du sceau du génie. Placé au seuil d'un nouvel ordre de choses dans notre vie nationale, Cartier corrige et redresse ce qui le précède, en même temps qu'il trace une large voie à ses successeurs.

 

Les rapports de M. Benjamin Sulte avec le grand homme d'Etat remontent à 1866, alors que l'auteur de ce mémoire était rédacteur au "Canada" d'Ottawa. Cartier s'apprêtait alors à faire adopter son bill de la milice. La presse du con­tinent était remplie d'articles à ce sujet. Tout chaud de ses trois courses à la frontière, pour y repousser le Fenian, M. Suite se jeta résolument dans l'arène, en défendant avec autant d'énergie que de savoir-faire, la mesure prônée par Cartier. Celui-ci en fut impressionné; ayant trouvé l'homme sincère, désintéressé, aux vues très amples, sans attache de parti, il voulut le connaître. De leur rencontre, il s'ensuivit une franche amitié qui devait durer toujours. On observera que l'auteur de ces pages ne dut pas à Cartier le poste de sous ministre de la milice qu'il devait remplir sous plusieurs ministères, vingt années durant. Mais comme M. Sulte de­meura en rapports constants avec Cartier, jusqu'au départ de ce dernier pour l'Europe, il a pu l'étudier à loisir.

 

Cette esquisse a, croyons-nous, l'avantage de nous faire voir Cartier dégagé de la personnification de chef de parti politique. Nous estimons aussi que le lecteur trouvera dans ces pages la saveur particulière des mémoires. M. Suite a eu l'inestimable avantage d'évoluer en quelque sorte dans le sillage de Cartier, d'assister de très près, de collaborer même à la préparation des si importantes mesures législatives que nous lui devons, ce qui fait de notre auteur un témoin mer­veilleusement renseigné, connaissant les sentiments intimes, les idées de derrière la tête du grand homme. De plus, M. Sulte, docte et vénérable survivant de l'époque de la Confédération, est le témoin des fruits qu'ont portés les oeuvres de Cartier.

 

A lire cette esquisse de vie, remémorée par un contemporain, on comprend mieux que Cartier fut vraiment un homme extraordinaire. Car, à l'encontre de tant d'autres, pour être vu de très près, loin de diminuer, il grandit toujours dans l'admiration réfléchie de ses compatriotes.

 

Gérard MALCHELOSSE.

1er septembre, 1919.

 

GEORGE-ÉTIENNE CARTIER

A Mlle Hortense Cartier.

La simplicité qui marque toute grande âme,

Se reflète sur ton monument, ô Cartier

Que fait revivre l'art, ce divin ouvrier

Burinant les héros sous l'immortelle flamme.

 

Ton geste, ton maintien sont ta seule oriflamme,

Le seul message que nous semble déplier

Ton bras ferme et tendu, c'est le message altier

Du plus noble idéal dont un peuple s'enflamme.

 

Le respect du droit fut ton seul commandement;

Au pied du Mont-Royal, tu nous parles encore,

Aux grands jours de fête et de ralliement sonore;

 

Parfois je crois entendre en un pieux moment,

Nouveau Moïse au bas de la Montagne fière,

Tomber l'austère loi de tes lèvres de pierre.

 

W.-A. BAKER.

In Memoriam

Not through the statue which his country's love

Hath to his honour raised, but through the deeds

And qualities which won that love, shall he,

The patriot whom we mourn, forever live

In true Canadian hearts of every race.

And chiefly through his strong steadfast will

That difference of race, or creed, or tongue,

Should not divide Canadians, but that all

Should be one people striving for one end,

The common good of all. His country stretched

From Louisbourg to far Vancouver's Isle,

And claimed and had his patriot love and care.

And thus he won a high and honoured place

Among the worthiest of his name and race.

G.W. WICKSTEED.

 

Le Monument Cartier

C'est par ses actions, ses rares qualités

        Qu'il a grandi dans notre estime,

Et de tous les honneurs qu'il avait mérités

        Ce bronze est le plus légitime.

 

Depuis qu'il est parti, nos coeurs reconnaissants

        Ont formé ce concert de races

Qu'il invoquait avec de si nobles accents

        Pour nous qui marchons sur ses traces.

 

Il a vu sa Patrie étendre son pouvoir

      De l'Atlantique au Pacifique;

Et dans ce Canada, s'il pouvait le revoir,

         Il lirait son nom historique.

Benjamin SULTE.

 

Source: Benjamin SULTE, "Préface", dans Mélanges historiques , Volume 4, Sir George-Etienne Cartier , Montréal, G.Ducharme, 1919, p.5-9. Les erreurs typographiques du texte ont été corrigées. Article transcrit   par Azadeh Tamjeedi. Révision par Claude Bélanger.

 

 

 

 
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