Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juin 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Louis-Luc

Chevalier de La Corne

 

LA CORNE (Louis-Luc, chevalier de) (1703-61), frère Louis La Corne, sieur de Chaptes, enseigne, lieutenant, capitaine, chevalier de Saint-Louis.

 

Né au fort Frontenac le 6 juin 1703, il y fut ondoyé le même jour par le Père Michel Bruslé, Récollet; ce ne fut que le 21 juin 1704 que les cérémonies du baptême furent suppléées sur lui à Montréal et il reçut alors les prénoms de Louis-Luc. Entré, lui aussi, dans les troupes du détachement de la ma­rine, il fut fait enseigne le 5 mai 1722, en­seigne en pied le 12 avril 1727, lieutenant le 12 avril 1728, capitaine en 1744.

 

En 1747, il commandait en second un déta­chement de 250 Canadiens, accompagnés de 60 Sauvages alliés dont la plupart finirent par déserter. Le 11 février, après une pénible marche à la raquette à travers les bois et à une distance de 60 lieues, ayant attaqué une troupe anglaise d'environ 600 hommes, retranchés dans les maisons des Mines (La Grand-Pré), dont l'une en pierre était munie de canons, la petite armée tua 140 Anglais et le colonel Noble, leur commandant, en blessa 38 et fit 54 prisonniers. M. de Ramezay, commandant en chef des forces françaises, auxquelles 25 habitants se joignirent en route, fut blessé au début de l'engagement et remplacé par son second. Celui-ci força l'ennemi à se rendre et mérita ainsi la croix de Saint-Louis en 1749. Dans l'automne de cette dernière année, M. de La Corne fut chargé de défendre l'isthme aca­dien contre les Anglais qui prétendaient y avoir droit. A cet effet, il érigea des postes militaires à Chipoudy, Petcodiac et Memram­couic. Une flotte anglaise de 17 voiles ayant pénétré dans les eaux de Beaubassin, le 13 septembre 1750, sa présence à Beauséjour empêcha Lawrence de débarquer. Le 8 octo­bre, il repartit pour Québec.

 

En juin 1753, selon les notes de l'abbé FailIon il existe un acte qui le qualifie de « commandant pour le roi des postes de l'Ouest » (V. Bull. des Rech. hist., 1920). « Il se rendit, écrit le Père Morice, au fort Pos­toyac sur la Saskatchewan. L'ayant restauré et agrandi, il lui donna son nom; puis il explora la vallée de la rivière Carotte et y ensemença quelques arpents, méritant ainsi d'être appelé le premier agriculteur de l'Ouest (1754). Son séjour fut pourtant de courte durée. Il reprit le chemin de l'est vers 1755. »

 

Durant l'été de 1755, on le trouve à la tête de troupes irrégulières, d'abord au Sud du Saint-Laurent. Le 16 juillet, il tient tête aux Anglais et les harcèle avec 500 hommes au portage de la rivière Lachute, par où les eaux du lac George se déchargent dans le lac Champlain. En mars 1757, il est campé juste au sud du Saint-Laurent. Le 30 octobre sui­vant, M. de Vaudreuil le propose comme chef de bataillon des troupes de la marine, avec le même rang et les mêmes appointements que les commandants de bataillons de troupes de terre en France. Mais, deux mois après, M. de Montcalm se plaint que les troupes coloniales aient occasionné quelques désor­dres par suite d'excès de boisson, ajoutant que le chevalier « en a été témoin et qu'il se plait assez dans le désordre pour s'en être amusé ».

 

Le 29 juin 1759, M. de La Corne, à la pointe au Baril, commandait 1.191 hommes : 21 officiers, 240 soldats, 820 miliciens, 71 Iro­quois, 17 Loups, 15 Mississagues et 5 Hurons. Le 11 août il est campé sur la rivière Choua­guen (Oswégo). Quatre jours après, M. Bigot écrit qu'il se trouve avec 1.100 hommes près des Rapides, sur le haut Saint-Laurent. Le 23, le capitaine est à l’île aux Galops, vis-à-vis de Beauharnois actuel. Le 25 octobre, M. de Vaudreuil en parle comme étant retourné vers Chouaguen contre les Anglais.

 

Au mois d'août 1760, M. de La Corne se porte sur Montréal pour contribuer à la défense du fort Lévis, qui fut forcé de capitu­ler en trois jours. Cet échec paraît les avoir démoralisés; car, en se retirant aux Cèdres, le chevalier fut abandonné de 400 soldats, tous des habitants de l'île Perrot et de Montréal. Toutefois, le gouverneur détacha M. de La Corne avec 400 miliciens aux rapides des Cèdres, à dix lieues au-dessus de Montréal, pour harceler l'armée du lac Ontario, si elle entreprenait de descendre, et donner le temps de rassembler un corps de troupes plus considérable.

 

Le chevalier possédait une ferme à Repentigny. Après la capitulation de Québec et de Montréal, il se refusa à l'idée de servir les Anglais vainqueurs et se décida à passer en France. Mais il allait périr, avec l'un de ses neveux du même nom, dans le naufrage de l'Auguste. Le 21 janvier 1728, il avait épousé à Montréal Marie-Anne Hubert-Lacroix, veuve de Charles de Couagne, qui ne lui donna aucune postérité et qui mourut en 1768 à Repentigny.

 

Source : Louis LE JEUNE, «Louis-Luc, chevalier de La Corne», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. II, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931,  829p., pp. 19-20.

 

 

 
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