Newfoundland History |
La tuberculose à Terre-Neuve
[Pour la source de cet article, voir la fin du texte.]
Relatant à sa manière l'entrée de Terre-Neuve dans la Confédération canadienne, le caricaturiste d'un tableau assez suggestif: Une maman (la Confédération), entourée de ses neuf enfants, accueillait la nouvelle venue en des termes que l'on peut résumer comme suit: "Vous êtes désormais de la famille. Inutile d'ajouter qu'à présent, vous pourrez utiliser la lingerie que voici". Et la mère d'indiquer du doigt toute une série de vêtements suspendus à divers crochets. Il y avait là: les allocations familiales, les pensions de vieillesse, etc., etc.
Evidemment, le dessin ne décrivait pas l'état d'âme du nouveau et dixième membre de la famille canadienne; mais on peut présumer que, somme toute, la nouvelle venue ne se sentait pas tellement mal à l'aise en présence d'une garde-robes aussi bien garnie.
L'entrée de Terre-Neuve dans la Confédération soulève, comme on l'a dit, bien des problèmes. Il en est un, en particulier, que signalait le numéro de novembre-décembre du "BULLETIN" de l'Association canadienne antituberculeuse. L'article en question, intitulé: "Le problème de Terre-Neuve sera aussi le nôtre" s'inspirait d'un mémoire compilé il y a quelque temps par l'Association terre-neuvienne du même nom.
Il en ressort notamment qu'au chapitre de la tuberculose, l'acceptation de Terre-Neuve comme province du Canada ne devra pas manquer de s'accompagner de déboursés assez substantiels sur le plan de la santé publique. Lisons plutôt quelques passages de cet article du "BULLETIN":
" La situation de la tuberculose dans la grande île est beaucoup plus grave qu'au Canada. Si l'on se reporte à la statistique, on voit que le taux de la mortalité par la tuberculose y est de 122 par 100,000 de population, c'est-à-dire qu'il est près de trois fois supérieur au taux pour l'ensemble du Canada (43.3 en 1947), et qu'il est pratiquement le double de celui de n'importe quelle province. On estime que l'incidence de la tuberculose dans l'île est de 4.p. 100 de la population générale. C'est dire que de 10,000 à 12,000 des habitants sont atteints de tuberculose. Or, puisqu'il n'y a là-bas que 380 lits de traitement, la gravité de la situation est manifeste. En 1947, il y a eu 401 décès par tuberculose. Le nombre des lits par rapport au nombre des décès est donc bien inférieur à la norme reconnue pour le Canada, qui est de 2 lits et demi par décès"-
L'article ajoute que
"une fois supprimées les restrictions à l'immigration, comme elles le seront inévitablement lorsque l'île constituera notre dixième province,
les Terre-Neuviens pourront pénétrer au Canada sans subir d'examen radiographique. La situation de la tuberculose chez nous en sera donc probablement aggravée".
Et le document termine en invitant tous et chacun à s'
"appliquer immédiatement et sérieusement à collaborer à l'enrayement de la tuberculose dans ce nouveau territoire provincial".
Où l'on voit que la nouvelle venue, si elle agrandit notre territoire national, apporte, avec elle, de quoi préoccuper nos autorités et, du même coup, fournir de la distraction aux deniers du contribuable.
Source: Odilon ARTEAU, "La tuberculose à Terre-Neuve", L'Action Catholique , 15 janvier, 1949, p. 4. Article transcrit par Daniel Basile. Révision par Claude Bélanger.
Retour à la page des documents sur
l'opinion canadienne sur l'entrée de Terre-Neuve dans la Confédération
© 2004 Claude Bélanger, Marianopolis College |