Newfoundland History |
Minorités terre-neuviennes
[Pour la source de cet article, voir la fin du texte.]
L'entrée de Terre-Neuve comme dixième province dans la Confédération pose un vaste problème. A l'égard des Canadiens français, comment se présente-t-il ?
Sous son angle le plus connu, il a trait au Labrador et aux limites de ce vaste territoire concédé à Terre-Neuve par le fameux jugement du Conseil Privé de 1927. Bien que cette question ne puisse pas nous laisser indifférents, elle n'est peut-être pas la plus grave. En effet, il est peut-être tout aussi important de se demander comment l'évènement affectera notre représentation à Ottawa, comment le bilinguisme y sera appliqué, que de chercher à voir si Québec pourra exploiter les immenses ressources naturelles des bords de l'Atlantique.
D'après les propositions canadiennes, Terre-Neuve aurait sept députés aux Communes. Ces sept députés s'ajouteront-ils aux 255 que prévoit la redistribution ? C'est probable. Le Canada aura donc à l'avenir 262 députés et 102 sénateurs puisque les mêmes propositions ajoutent six sénateurs terre-neuviens aux 96 que nous comptons déjà.
Que devient la représentation de Québec dans tout cela ? D'après la nouvelle redistribution, Québec doit compter 73 députés au lieu de 65. Avec 65 sur 245, nous avions 26.53 p.c. de la députation. Avec 73 sur 255, nous aurions eu 28.62 p.c.. Mais, avec 73 sur 262, nous n'obtenons plus que 27.63 p.c. de la députation canadienne.
L'entrée de Terre-Neuve dans la Confédération, modifie donc la proportion de notre représentation. Et si ce changement est plutôt faible, cela tient à ce que la population de l'île n'était que de 312,899 âmes en 1945, d'après l'Encyclopaedia Britannica (Year Book 1947).
Mais comment s'appliquera, à Terre-Neuve, le respect des droits des minorités, car il y en a !
En acceptant l'île, le Canada rend service à Londres. Ce motif a certainement poussé Ottawa à faire des offres à Terre-Neuve. Et l'aspect économique et financier du problème doit être approfondi, de même que la question de la souveraineté, compromise par les empiètements américains.
Mais, cela ne change rien au fait que le tiers de la population de l'île est catholique, soit 93,925 âmes. Au dire de l'Encyclopaedia Brittannica, de tous les groupements religieux, à Terre-Neuve, c'est le plus considérable.
En outre, il s'y trouve une minorité française. A partir de 1830 en effet, selon une communication parue dans Vie française d'août-septembre, des familles acadiennes émigrèrent de l'Ile du Prince-Edouard et de la Nouvelle-Ecosse à Terre-Neuve. Elles sont plus ou moins dispersées, probablement au nombre de quelques centaines.
Il semble également que Terre-Neuve compte plusieurs familles originaires des îles St-Pierre et Miquelon, des îles de la Manche et de France même.
Personne ne préconise que le Canada verse des millions dans le seul but de rattacher les îlots français de Terre-Neuve à un pays en partie de langue française comme le nôtre. Mais dans l'étude du problème, ce point de vue ne doit pas être négligé.
Source: Georges-Henri DAGNEAU, "Minorités terre-neuviennes", L'Action Catholique, 8 novembre, 1947, p. 4. Article transcrit par Daniel Basile.
Retour à la page des documents sur
l'opinion canadienne sur l'entrée de Terre-Neuve dans la Confédération
© 2004 Claude Bélanger, Marianopolis College |