Date Published:
Juin 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

Daniel-Hyacinthe-Marie

Sieur de Beaujeu

BEAUJEU (Daniel-Hyacinthe-Marie, sieur de) (1711-55), frère de Louis-Joseph Liénard de Beaujeu, capitaine des troupes de la marine et chevalier de Saint-Louis.

Il naquit à Montréal, le 19 août 1711, et entra tout jeune dans les troupes de la ma­rine. Le 4 mars 1737, il épousa, à Québec, Michelle-Elisabeth Foucault, fille de Fran­çois, originaire de Bayonne (Gascogne) et de Catherine Sabourin, et née à Québec (16 avril 1719); elle devint mère de neuf enfants, dont plusieurs moururent au berceau, tandis que les survivants passèrent en France, après la Cession. En 1743, il aurait obtenu une concession de deux lieues de front sur trois de profondeur sur la rivière Chambly, qui fut adjointe à celle de son père, laquelle aurait fait retour à la Couronne.

Le capitaine de Beaujeu a passé, jusqu'en 1920, pour le héros de la victoire de la Monongahéla. M. Francis Audet, archiviste d'Ottawa, a fait justice de cette légende universellement accréditée... Le général Braddock, secondé par le colonel Washington, s'avance à la tête de 2.200 soldats contre le fort Duquesne. M. de Contrecoeur, commandant du poste, apprend par ses éclaireurs que l'ennemi n'est plus qu'à une faible distance du fort. Le 7 juillet 1755, il réunit en conseil ses officiers pour délibérer. Devant l'impossibilité de défendre le fort, qui n'a que peu de canons, contre un ennemi qui en possède plusieurs, et dont la force numérique est bien supérieure à la sienne; constatant qu'il vaut mieux payer d'audace, il est décidé, sur la proposition de M. Dumas appuyé par M. de Courtemanche, et à laquelle les autres offi­ciers se rallient, de se porter au-devant de l'ennemi et de se mettre en embuscade sur la route par où il approche. Le lendemain soir, M. de Contrecoeur va lui-même examiner le terrain. Le 9, il envoie un détachement sous les ordres de MM. de Beaujeu, Dumas et de Ligneris. Ce détachement, composé de cent soldats, de cent Canadiens et d'environ 600 Sauvages, ne peut atteindre l'endroit choisi, mais se trouve inopinément en face de l'ennemi, à trois lieues du fort.

Les Anglais s'avancent dans un ordre parfait. M. de Beaujeu commence le feu immédiatement, «  avec beaucoup d'audace, écrit le capitaine Dumas, mais sans nulle disposition; notre première décharge fut faite hors de portée; l'ennemi fit la sienne de plus près; et, dans ce premier instant de combat, cent miliciens, qui faisaient la moitié de nos Français, lâchèrent honteusement le pied en criant Sauve qui peut ! Ce mouvement en arrière ayant encouragé l'ennemi, il fit retentir ses cris de Vive le Roi ! et avança sur nous à grands pas. Son artillerie s'étant préparée, pendant ce temps-là, commença à faire feu : ce qui épouvanta tellement les Sauvages que tous prirent la fuite. L'ennemi faisait sa troisième décharge de mousqueterie, quand M. de Beaujeu fut tué ».

La bataille était à peine engagée, loin d'être gagnée. Les choses allaient fort mal, lorsque M. Dumas, du geste et de la voix, ranimant le courage des hommes qui lui restaient, se porta hardiment de l'avant : le triomphe couronna sa vaillance.

L'on rapporta au fort les restes du capi­taine, qui furent inhumés, trois jours après. Il avait eu neuf enfants entre autres :

Marie-Charlotte (1742), mariée (1764) à Hippolyte Saint-Georges Lecompte-Dupré, inspecteur de police, lieutenant- colonel de milice, commissaire des transports, député de Huntingdon, décédé le 26 novembre 1797;

Marie-Louise, née en 1743, mariée (1764) à J.-B.-François Charly Saint-Ange, officier de la marine, chevalier de Saint-Louis, major de l'île de Gorée ou Sénégal, où il décéda, le 8 janvier 1768. Sa veuve se remaria en France, après 1772, à Denis-Nicolas Fou­cault, son oncle maternel et mourut à Tours en 1823.

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Source : Louis LE JEUNE, «Daniel-Hyacinthe-Marie, sieur de Beaujeu», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. I, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931,  862p., pp. 137-138.