Date Published: |
L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Claude-Pierre PécaudySeigneur de Contrecoeur
CONTRECŒUR (Claude-Pierre Pécaudy, seigneur de) (1706-75), fils de François-Antoine Pécaudy, seigneur de Contrecoeur, écuyer, enseigne en second et en pied, lieutenant, capitaine, chevalier de Saint-Louis.
Il naquit à Contrecoeur, le 26 janvier 1706, et il entra jeune dans la carrière des armes. En 1729, il était enseigne en second et enseigne en pied en 1734, lieutenant en 1742, capitaine en 1748. En 1752, il commandait au fort Niagara. Le 25 décembre 1753, M. Duquesne le transféra au même titre à la Rivière-aux-Boeufs et dépendances. Le 27 janvier 1754, le gouverneur lui ordonna d'aller avec 600 hommes prendre possession de la vallée de l'Ohio ou Belle-Rivière. « Quoique, lui disait-il, je n'aie pas lieu de présumer que les Anglais, ni les Sauvages, aient nulle envie de s'opposer à force ouverte à la prise de possession d'un terrain qui nous appartient, il est de la prudence et de la sage précaution que, dès l'instant que vous serez au bas de la Rivière-aux-Boeufs avec le dernier convoi des effets, vous pressiez vos mouvements pour aller construire le fort Duquesne à Chinangué ou aux environs. » Simultanément, M. Duquesne le nommait commandant du nouveau fort et de toute la Belle-Rivière. M. de Contrecoeur apprit bientôt que les Anglais travaillaient à la construction d'un fort, à la jonction de la rivière Monongahéla avec l'Ohio. Il crut qu'il devait aussitôt communiquer au gouverneur de la Virginie les ordres qu'il avait reçus de son gouverneur, à savoir que la vallée de la Belle-Rivière était et resterait territoire de la Couronne de France : il confia cette mission au chevalier Le Mercier, le 16 avril 1754. La démarche, qui était une sommation, eut, un plein succès : les Anglais abandonnèrent l'entreprise et s'enfuirent. Il n'y eut aucun désordre; et M. Duquesne écrivit le 11 mai : « Il est à souhait que dans votre conduite il ne se soit rien passé qui approche de l'acte d'hostilité. »
Le colonel Washington, informé de cette sommation et de ses résultats, partit de Will's Creek, le 1er mai, se rendit aux Grandes-Prairies et y éleva le fort Necessity. Dans l'intervalle, M. de Contrecoeur, voulant s'assurer l'expulsion des Anglais du domaine royal, détacha M. de Jumonville du fort Duquesne — aujourd'hui Pittsburg — avec 34 hommes en éclaireurs. Il confia à l'officier une sommation qu'il devait lire aux Anglais à toute éventualité, et qui était conçue en ces termes :
Sur le revers de la copie, conservée aux archives du Séminaire de Québec, il écrivit : « Seconde sommation aux Anglais, si M. de Jumonville les trouve dans sa découverte, du 23 mai.» Puis, à la suite, mais plus tard, il ajoute : « Il les a trouvés et l'ont tué en leur faisant lire.»
M. de Contrecoeur s'empressa d'informer M. Duquesne des circonstances de cette affaire. Le gouverneur lui répond « qu'il ne s'attendait point que les Anglais aient la cruauté jusqu'à l'assassinat d'un officier chargé de ses ordres; que ce meurtre est unique et ne peut se laver que par une effusion de sang, si l'Anglais ne se presse de lui envoyer les meurtriers pour preuve de son désaveu, démarche qu'il devrait faire sur le lieu où l'assassinat a été commis; que, en attendant qu'il donne satisfaction, il lui ordonne de faire main basse sur tout ce que l'on trouvera de cette nation ». Le commandant, ayant reçu en juin vivres, munitions et renforts, confia le commandement d'un parti de 600 guerriers à Louis Coulon de Villiers avec cet ordre : « Nous, capitaine d'un détachement de la marine, commandant en chef les parties de la Belle-Rivière, des forts Duquesne, Presqu'île et Rivière-au-Boeuf, etc.»
M. de Contrecoeur se retira du service le 1er janvier 1759 avec 540 liv. de demi-solde sur les Invalides, devint conseiller législatif le 17 août et mourut le 13 décembre 1775. Il avait d'abord épousé en 1720 Madeleine Boucher de La Perrière et en eut entre autres enfants: Claude (1731), René (1732), Charlotte (1742), Catherine (1744), Ignace (1745), Gilles (1746); puis, en 1763, Marguerite Puygibault, veuve de La Morandière.
Source : Louis LE JEUNE, «Claude-Pierre Pécaudy, seigneur de Contrecoeur», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. I, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931, 862p., pp. 430-431.
|
© 2006
Claude Bélanger, Marianopolis College |