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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Edward Braddock
BRADDOCK (Edward) (1695-1755), cadet, enseigne, capitaine, major, lieutenant-colonel, major-général, commandant en chef.
Il naquit vers 1695 au comté Perth, en Ecosse. Grâce à son père, lieutenant et major-général dans les Gardes Coldstream, un corps d'élite commandé par le duc de Cumberland, il y entra en qualité de cadet, puis d'enseigne en 1710. Promu capitaine en 1736, il par-vint au grade de lieutenant-colonel en raison de ses services sur le continent (1742-1745), se distinguant avec son régiment à la bataille de Fontenoy. En 1754, il était fait major-général d'infanterie, après avoir conquis le grade de colonel à Gibraltar, l'année précédente. La défaite de Washington au fort Nécessité détermina le Cabinet à renforcer les troupes en Amérique et à renverser la domination des Français : le 24 septembre 1754, Braddock est choisi comme général en chef des forces britanniques. Il débarque avec deux régiments à Hampton Roads en Virginie le 20 février 1755 et s'empressa d'inviter George Washington, alors âgé de 22 ans, à se joindre comme volontaire à ses officiers d'état-major. D'autre part, il passe plusieurs mois à se procurer des provisions et à assurer un matériel de campagne, contrecarré dans ses desseins par les factions de la colonie. Il ne réussit qu'à engager sous les drapeaux une cinquantaine de Sauvages. Finalement, l'expédition part du fort Cumberland — auj. Cumberland en Maryland — la première semaine de juin : elle était composée de 2.150 guerriers, dont la marche devint fort pénible à travers monts, vallées, rivières, marais. Le 18, arrivés aux Petites Prairies (Little Meadows), 1.200 hommes d'élite prennent le devant. Le 4 juillet, le commandant ordonna de faire halte à environ 25 milles du but convoité pour attendre les provisions et les éclaireurs indiens restés en arrière avec le colonel Dunbar. Ayant ensuite atteint Turtle Creek — auj. Rush — , le chemin aboutit à un précipice, qui arrêta son train d'artillerie et de fourgons : il le contourna pour se porter sur le coude de la rivière Monongahela.
Simultanément, les troupes françaises, environ 200 réguliers et un fort contingent de Sauvages alliés, sortaient du fort Duquesne sous les ordres de M. de Beaujeu. La fatale erreur de Braddock au moment de leur apparition à environ 200 verges de distance fut de n'avoir pas couvert ses deux flancs par une marche avancée, comme le lui avait conseillé la veille le colonel sir Peter Halket : il alla ainsi droit dans l'embuscade des alliés sauvages cachés dans les bois et la broussaille, tandis que les réguliers lui barrent au front le passage. Sous une décharge à bout portant, l'avant-garde se sentit surprise et recula vers le centre; sous un second feu de peloton, elle répondit par une vigoureuse salve de mousqueterie, qui tua M. de Beaujeu et une douzaine à ses côtés : le capitaine Dumas, le remplaça et rallia les troupes ébranlées. Aussitôt les alliés sauvages reprennent leur feu avec des cris de guerre et forcent l'avant-garde ennemie à un second recul, laquelle dans la gorge étroite de la rivière se mêla à l'arrière, sans que le général pût réussir à rétablir l'ordre. Mis en désordre ainsi dans un chemin escarpé de douze pieds, enfermés dans un bois résonnant de cris féroces d'un adversaire invisible, les réguliers anglais perdent l'esprit et deux fois tirent sur leurs compagnons, prenant la fumée pour celle des fusils ennemis : 50 Virginiens sont tués dans le désarroi. Les réguliers refusent alors de charger, bien que leur général, qui eut quatre chevaux tués sous lui, et ses officiers s'efforçassent de les encourager et d'avancer dans la forêt; les Provinciaux se mettent à se battre à la façon indienne derrière arbres et souches, quand le violent Braddock par menaces et coups les rappelle en ligne, où ils tombent par vingtaines : Washington et Halket supplient de les faire sortir du rang, mais sans succès auprès du général obstiné. Les munitions diminuaient; les bagages étaient attaqués. Tous les seconds du général, excepté Washington, étaient couchés à terre : les trois-quarts des officiers et les trois-cinquièmes de l'armée entière. Ce n'est qu'alors que le maladroit mais héroïque général ordonna la retraite. Peu après, il recevait une balle dans les poumons : pas un seul soldat anglais ne s'arrêta pour l'enlever, mais deux officiers américains le transportèrent avec un fantassin britannique à un demi-mille sur l'autre rive. Là, le blessé ordonna d'établir un camp de ralliement et d'ambulance des blessés en attendant le retour de Washington d'auprès Dunbar. Mais bien que les troupes françaises et indigènes n'eussent pas poussé les fuyards jusque-là, la centaine de soldats anglais qu'il avait décidés à y rester se dérobèrent de nouveau par la fuite. Alors les officiers, emmenant leur commandant, marchèrent jusqu'à 10 heures du soir, le 10 juillet, au point de rencontre avec un convoi envoyé par Dunbar et à son camp le lendemain, le général intimant toujours ses volontés avec calme et sûreté. Ici, la nouvelle de la déroute causa une sorte de désertion en masse. Renonçant à confier l'expédition à d'autres mains, Braddock fit détruire les provisions et les hangars pour les soustraire à l'ennemi et retraita avec le reste des troupes vers les Grandes Prairies (Great Meadows) en Pennsylvanie, où il expira le 13 du mois. Il légua à Washington son cheval favori et lui attacha son fidèle domestique. De 1.460 hommes, 456 avaient péri et 421 étaient blessés, contre 60 Français tués ou blessés. Telle est la version anglaise de la bataille de la Monongahéla.
Retour à la page sur La Guerre de Sept Ans [en français] Consult the Seven Years' War Homepage [in English] Source : Louis LE JEUNE, «Edward Braddock», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. I, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931, 862p., pp. 239-240. |
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Claude Bélanger, Marianopolis College |