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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Jean-Daniel Dumas
DUMAS (Jean-Daniel) (1721-92), avocat, lieutenant, capitaine, aide-major général, inspecteur des troupes, colonel, commandant, brigadier, maréchal de camp, chevalier de Saint-Louis.
Né à Montauban le 24 février 1721, « s'étant dégoûté de la profession d'avocat dans laquelle il avait obtenu déjà quelque succès, il prit le parti des armes en 1742 ». Il s'enrôla dans le régiment d'Agenais en qualité de lieutenant en second des grenadiers et obtint, le 4 avril 1743, le brevet de lieutenant. Fait capitaine le 18 octobre 1747, il prit part aux campagnes d'Allemagne, de Corse, de Bavière, de Savoie. Son régiment étant démembré, on l'incorpora, le 10 février 1749, partie dans celui des grenadiers, partie dans celui de la marine. Le 20 avril 1750, le capitaine est versé dans les troupes destinées à servir au Canada. II s'embarqua à Bordeaux pour Louisbourg. De là, on le dirigea sur le fort des Gaspareaux, où il séjourna un an; relevé alors par le chevalier Poilvillain de La Houssaye.
En 1753, le gouverneur Du Quesne eut ordre de fortifier la vallée de l'Ohio le capitaine fut appelé à y assurer ses services. M. Dumas réclama son droit d'ancienneté sur les sieurs de Contrecoeur et de Beaujeu; mais le gouverneur accorda ses préférences aux deux officiers canadiens. Le 9 juillet 1755, eurent lieu la marche et la sanglante rencontre de la Monongahéla. L'ennemi faisait sa troisième décharge de mousqueterie, quand M. de Beaujeu fut tué. M. Dumas, ranimant les hommes qui restaient, se porta hardiment de l'avant. Ses réguliers ouvrirent un feu si vif et si meurtrier, que l'ennemi étonné hésita. Les Sauvages revinrent alors sur les rangs et eurent l'ordre de prendre en flanc l'ennemi. Celui-ci est bientôt taillé en pièces et mis en déroute complète. Le héros de la victoire, c'était le capitaine Dumas.
Après ce triomphe de la Monongahéla, le capitaine français remplaça M. de Contrecoeur au commandement du fort Duquesne. Aussitôt il organisa des partis sur les frontières ennemies. « Je n'ai pas été, dit-il, huit jours de temps, depuis le départ de M. de Contrecoeur, sans avoir sept ou huit campagnes dans lesquelles j'ai toujours mêlé des Français. Jusques ici, il nous en a coûté deux officiers et peu de soldats; mais les villages sont pleins de prisonniers de tout âge et de tout sexe : l'ennemi a beaucoup plus perdu, depuis la bataille, qu'il ne fit le jour de sa défaite.» Le 2 août 1756, M. de Villiers, envoyé par le commandant, incendia le fort Granville, situé sur la rivière Juanita, à 60 milles de Philadelphie. Le 13 décembre suivant, ayant demandé à être déchargé de son commandement, le sieur Dumas se trouvait à Montréal.
Le 23 février 1757, le détachement de M. de Rigaud, accompagné du capitaine Dumas, se dirigea du fort Saint-Jean contre William-Henry. Le 18 mars, l'officier français fut chargé de reconnaître la place : la garnison étant sur ses gardes, on se contenta de brûler 350 bateaux, 4 brigantins de 10 à 14 canons, les moulins, magasins, maisons autour du fort. Le 1er mai, M. Dumas fut promu major de Québec. Il s'appliqua à discipliner les milices qu'il mit sur un pied effectif, à l'image des troupes régulières. Le 9 juillet, il est adjoint à M. de Rigaud qui organisait au Portage du lac George le bataillon de la marine, formé de huit compagnies de 60 hommes chacune, des 300 guerriers de M. de Villiers, de 450 de la milice. Le 10 octobre, le chevalier de Lévis recommandait chaudement le major à M. de Moras. En 1758, M. Dumas ne prit aucune part à la campagne, étant retenu à Québec.
Le 1er janvier 1759, le roi le décorait de la croix de Saint-Louis et le nommait major général, inspecteur des troupes au Canada : ce qui lui conférait le rang, sinon le titre, de colonel. Il prit une part très active à la défense de Québec. Le 28 juin, le marquis de Montcalm lui ordonna d'organiser en compagnies tous les miliciens en état de porter les armes sous le commandement des officiers. M. de Vaudreuil, en vue de détruire les batteries anglaises à la Pointe-Lévy, mit sous ses ordres 150 réguliers, des miliciens, un groupe de 30 élèves du Séminaire. La nuit du 12 au 13 juillet, M. Dumas traversa avec eux le fleuve au Cap-Rouge, afin de surprendre l'ennemi, le matin. Ayant formé deux colonnes, la première prit les devants, s'égara dans un bois, revint sur ses pas par erreur et, dans la demi-obscurité, rencontra la seconde : celle-ci se croyant en face de l'ennemi fit feu sur elle, qui riposta sur-le-champ. La méprise produisit une panique, qui ramena les troupes aux chaloupes, en dépit de l'énergie du chef. Puis, il fut mis à la tête d'un camp volant, destiné à entraver tout atterrissement ennemi au-dessus de la ville. La nuit du 18, des vaisseaux ayant franchi la passe, M. Dumas avec 600 hommes, fantassins et cavaliers, fut envoyé à Sillery pour les observer. « Malgré son activité, il ne put empêcher à temps le débarquement à la Pointe-aux-Trembles, où l'Anglais enleva 200 femmes, filles ou enfants qu'il renvoya le lendemain, 22 du mois.» Le 3 août, le major conduisit ses combattants à Montmorency, revint à Québec. Le 13 septembre, il commandait aux Plaines la retraite de l'aile droite.
Le lendemain, il fit partie du conseil de guerre, tenu par Vaudreuil. Un fort érigé à l'embouchure de la rivière Jacques-Cartier, à 10 lieues en haut de Québec, fut confié à la bravoure du major, afin d'arrêter toute invasion et de préparer le siège de Québec, au printemps suivant. A la bataille de Sainte-Foy, il fut légèrement blessé, le 28 avril 1.760. Néanmoins, il conduisit la retraite, sur la rive nord, mois par mois, depuis la Pointe-aux-Trembles, où il se trouvait encore au mois de juillet et il arriva à Montréal le 28 août. Après la capitulation du 8 septembre, il s'embarqua sur les premiers vaisseaux pour la France.
Invité par les autorités à exposer ses vues sur les limites du Canada : le 5 avril 1761, il présenta à ce sujet son Mémoire. Il fut alors promu colonel d'infanterie dans l'armée de terre. Dans la suite, le ministre le consulta à diverses reprises. Le 1er avril 1765, il le nommait commandant en second à Saint-Domingue. Le colonel habitait alors chez la comtesse de Saint-Jean, à Paris. Le 17 juillet 1766, le ministre le promut gouverneur général de l'île de France ou Maurice, de l’Île Bourbon et de leurs dépendances. Il n'y séjourna qu'une année. Le 29 février 1768, on l'éleva au rang de brigadier-général.
Après 1774, M. Dumas publia le Précis de la défense des Colonies, qu'il dédia à « Monsieur, frère du Roy» — le comte de Provence, futur Louis XVIII. Le 21 juin 1771, le roi lui accordait une gratification extraordinaire de 3.000 liv. qu'il ne perçut que le 9 octobre 1772 jusqu'en 1779. Promu maréchal de camp le 1er mars 1780, sa pension monta à la totalité de 10.200 liv. Un ouvrage posthume parut à Montauban, le 25 prairial an XI, par A. Gautier-Sauzin, neveu de M. Dumas et héritier de ses papiers, avec une dédicace «au Premier Consul et Président » (20 pages), où l'auteur a relaté la vie militaire de Dumas écrite par lui-même en 1781 et une préface de 8 pages; le corps de l'ouvrage comprend une Introduction (1-6), une 1ere partie (7-138) en 23 chap.; une 2e partie (139-215) en 4 chap.; une conclusion (216-23).
Source : Louis LE JEUNE, «Jean-Daniel Dumas», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. I, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931, 862p., pp. 551-553. |
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Claude Bélanger, Marianopolis College |