Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juillet 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Guerre de Pontiac

 

PONTIAC (Guerre de) ou insurrection des tribus indigènes contre les Anglais, dans la région des lacs intérieurs. — Pontignacq, commune de l'arrondissement de Pau dans les Basses-Pyrénées.

 

Né vers 1720, Pontiac reçut son nom d'un soldat ou officier français, originaire du Béarn. Il devint, grâce à son audace et à son éloquence, le chef des Algonquins de l'Ottawa; puis, roi et maître des pays de l'Ouest, presque adoré des autres tribus; esprit délié, fécond en stratagèmes, homme de moeurs intègres, il était très attaché aux Français. En 1746, il prêta son concours armé au commandant du Détroit, assailli par des indigènes en révolte; en 1755, il se signale à la bataille de la Monongahéla; et quatre ans après, il est témoin de la ruine de la Nouvelle-France.

 

Dès lors, d'une part, plus d'alliance avec les Français, plus de missionnaires catholiques, plus de garnisons accueillant les Sauvages malades ou affamés, plus de présents des chefs de postes, plus de conseils ni d'amicales relations; d'autre part, bientôt (1760-63) s'impose le régime arrogant et insolent des Anglais; puis viennent le mépris, les mauvais traitements infligés aux délinquants métis ou sauvages, la diffusion du rhum à foison pour soustraire les fourrures : telles furent les causes de l'insurrection, qui poussèrent Pontiac à dépêcher aux tribus des émissaires secrets; lui-même souffle partout la haine, conviant les aborigènes à s'armer pour exterminer le vainqueur.

 

En 1760, Robert Rogers le rencontre au Détroit avec 700 guerriers, témoins du départ de la garnison du sieur de Belestre; en 1761-62, tous les forts, celui de Chartres excepté, ont amené le drapeau fleurdelisé et ne comptent que peu d'hommes. En 1763, Pontiac a réuni près de 56.000 guerriers, les Iroquois restant neutres.

 

Les médiocres garnisons anglaises sont la plupart sans défiance, ignorant le complot. Le major Henry Gladwin écrit de Détroit que « les Sauvages avouent qu'on est venu les réduire en esclavage »; il a dans son fort palissadé 8 officiers, 120 soldats, 45 marchands réfugiés, quelques canons, deux goélettes avec leurs équipages. Le 1er mai, il a une entrevue au fort avec Pontiac; puis, second entretien d'espionnage; le 9, entrée refusée à 300 Indiens : signal des hostilités par un assaut de six heures; le 11 mai, 600 Sauvages sont repoussés, et ainsi six semaines durant. A cette époque, environ 500 Canadiens occupent les deux rives de la rivière. Le 28, un détachement est descendu ravitailler sur des chaloupes la garnison cernée : sur 120 hommes de secours 60 sont tués ou pris et mis à la torture. En juin, l'une des goélettes réus­sit à amener des renforts et provisions. Le 8 juillet, Gladwin écrit dans son Journal qu'il doit sa résistance aux Canadiens, Navarre, les deux Baby, Saint-Martin, etc., et les Jésuites Pothier et Jonois.

 

Les autres Sauvages répandus partout s'emparent en six semaines (mai-juin) de huit anciens forts français sur douze : le flot des colons anglais se porte sur le Maryland et la Virginie. Le 29 juillet, le capitaine Dalziel, sur 22 barges, conduit 120 hommes, provisions, canons, munitions; deux jours après, il sort de Détroit avec 250 soldats, tombe dans une embuscade, où il est tué avec 20 des siens et 39 blessés : engagement appelé Bloody Run. Affolé, Amherst envoie le colonel Bouquet avec l'ordre de répandre dans les camps indiens des couvertes, contaminées des germes de la vérole. Le 5 août, il dégage le fort Ligonier, est cerné par l'ennemi qui lui a tué 50 réguliers et blessé 60 environ. Le 11 septembre, les Sauvages surprennent un détachement qui se porte au secours d'un parti de 24 soldats, escortant un convoi de ravitaillement : tués : 5 officiers et 76 hommes, 8 blessés. Le 7 novembre, le major Wilkins va à Détroit sur une flottille : la tempête la jette à la côte où périssent 70 soldats. C'est alors que Pontiac se retire à Miamis. Le chevalier Payan de Noyan lui conseille, au fort de Chartres, de déposer les armes.

 

Successeur de Amherst, le général Gage confie, en juin 1764, au colonel Bradstreet, 1.200 hommes qui rejoignent à Niagara les 2.000 indigènes racolés par Sir W. Johnson. Le colonel signe les traités de paix avec huit tribus, que le gouverneur Gage désavoue comme des conventions très bénignes. Les hostilités continuè­rent de la part des Indiens de l'Ohio et des Illinois. Mais en automne, Bouquet se porte sur Pittsburg avec des masses de guerriers; il dicte la paix aux derniers partisans de Pontiac, découragés par le désistement général; le 10 octobre 1765, reddition à l'amiable du fort de Chartres par le commandant de Saintonge.

 

Au mois d'août, G. Crogham, sous-intendant des Indiens, les convoque à Détroit et leur fait des propositions de paix. Pontiac s'exprime ainsi : « Je donne mon calumet à W. Johnson en réconciliation, ayant pris le roi d'Angleterre pour mon père en présence des tribus réunies. » En 1768, le traité de Stanwix délimita les frontières indiennes de l'ouest. Désormais Pontiac est réduit à errer de tribu en tribu, bien accueilli des Français de la rive droite du Mississipi, sans cesse dévoré de haine contre ses vainqueurs. En 1769, il périt assassiné par un sicaire illinois, soudoyé par un négociant anglais des environs de Saint-Louis (Missouri).

 

Les résultats du soulèvement sont : meurtre de 200 marchands, perte de 7 à 800 réguliers; exode des colons anglais; ruine des forts et habitations, retard forcé de la colo­nisation; nouvelle politique envers les In­diens, désormais fidèles alliés, en 1775 et 1812.

[On consultera avec profit la biographie de Pontiac au Dictionnaire biographique du Canada.]

Retour à la page sur La Guerre de Sept Ans [en français]

Consult the Seven Years' War Homepage [in English]

 

Source : Louis LE JEUNE, «Guerre de Pontiac», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. II, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931,  829p., pp. 450-451.

 
© 2006 Claude Bélanger, Marianopolis College