Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juin 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Bataille de la Monongahéla

 

MONONGAHELA (Rivière, Bataille, Ville), cours d'eau qui prend sa source dans les monts Alléghanys non loin de la source même du Potomac, dans la région nord-ouest de la Virginie; elle court vers la Pennsylvanie, où elle conflue à Pittsburg avec la rivière Allegheney pour former l'Ohio. — Malengueulée est le nom déformé par les soldats français de Monongahéla, dans leur correspondance.

 

Le 9 juillet 1755, détaché du fort Du Quesne par M. de Contrecoeur, le capitaine de Beaujeu se mit à la tête de 100 réguliers, 100 miliciens et 600 Sauvages alliés, et rencontra l'armée du commandant Braddock, venant du fort Cumberland. Les guerriers anglais, dénombrant 1.459 officiers et soldats, sans compter les femmes de miliciens, les hommes du train d'artillerie et 400 chevaux de trait, subit une marche lente et difficile, franchissant avec effort collines, vallées, cours d'eau, laissant en arrière, à Great Meadows (Grandes Prairies) le colonel Dunbar à la garde des bagages et de l'artillerie lourde. Ayant atteint la Monongahéla, l'expédition la traverse et ne fait que quelques pas dans la route, ouverte et large de 12 pieds à travers les bois, quand elle se voit assaillie par les Franco-Canadiens.

 

D'après le récit du capitaine Dumas, la troupe attaqua les Anglais avec beaucoup d'audace, mais sans nulle disposition, faisant la première décharge hors de portée, tandis que l'ennemi fait la sienne de plus près. Dans ce premier instant de combat, les miliciens lâchent pied, criant « Sauve qui peut! », l'ennemi avançant à grands pas et son artillerie de campagne épouvantant les Sauvages, les mettant en fuite. A la troisième décharge de l'ennemi, M. de Beaujeu fut tué. Alors le capitaine Dumas, ranimant une poignée d'hommes, se porta de l'avant avec furie : ses réguliers ayant ouvert un feu vif et meurtrier, l'ennemi étonné hésita. Aussitôt les Sauvages s'étant ressaisis reviennent sur les rangs et ont ordre de prendre en flanc les Anglais. En peu de temps, ceux-ci sont taillés en pièces et mis en déroute.

 

George Washington, colonel et âgé de 23 ans, a consigné des notes sur cette campagne. Il assure qu'il rejoignit, le 8 mars, dans une voiture couverte la division avancée de l'armée de Braddock; que, le 9 juillet, sortant de la maladie qui l'avait alité huit jours, il l'accompagna à cheval, bien qu'il fût encore très faible; que, ce jour, le général fut attaqué, défait, tué par une troupe de Français et d'Indiens; que, tout espoir de rallier les troupes en désordre et de recouvrer le terrain étant épuisé, les provisions et les magasins une fois livrés, il reçut ordre de se rendre au camp de Dunbar, situé à sept milles der­rière les Grandes Prairies. Le 18 du même mois, il écrivait à Mme Mary Washington :

 

« Nos hommes se sont conduits avec plus de lâcheté qu'il n'est possible de le concevoir... Les officiers se sont comportés vaillamment pour encourager leurs hommes : ce pour quoi ils ont souffert lourdement... Les troupes de Virginie ont fait montre de beaucoup de bra­voure, car je crois que, sur 3 compagnies engagées dans l'action, il ne reste guère que 30 hommes vivants... En résumé, la conduite des réguliers a exposé à une mort quasi cer­taine tous les autres, prêts à faire leur devoir; et, à la fin, en dépit de tous les efforts des officiers pour les en empêcher, ils ont fui comme des moutons poursuivis par des chiens. »

 

II est avéré, en effet, que de 86 officiers anglais 63 furent tués ou blessés; sur les 1.373 sous-officiers et soldats, il n'en revint que 459 indemnes. Aussi bien, au gouverneur Dinwiddie Washington apprenait que « les soldats ont abandonné l'artillerie, les provisions, les bagages, tout en proie à l'ennemi... Il est estimé que les deux tiers de blessés et tués anglais l'ont été par nos propres lâches réguliers qui, contrairement aux ordres, par rangées de dix ou de douze de profondeur, abaissaient leurs armes et tiraient sur ce qui était devant eux. » Et encore, le 2 août, le colonel avouait dans sa lettre à Robert Jackson : « Il est vrai que nous avons été battus, honteusement battus par une poignée d'hommes qui ne se proposaient rien que de molester et de troubler notre marche... Cependant, con­trairement à toute attente et à toute probabilité humaine, et même au cours ordinaire des choses, nous fûmes totalement défaits et subîmes la perte de tout. »

 

La ville actuelle est sise au comté Washington en Pennsylvanie, sur la rivière Monon­gahéla, et située à environ 32 milles de la cité de Pittsburg, ancien fort Du Quesne. Elle a été fondée, en 1792, par Joseph Parkison, incorporée comme bourg le 3 avril 1833, munie d'une charte comme ville le 24 mars 1873: elle dénombre une population de plus de 16.000 âmes, avec un fort groupe d'Italiens et de Slaves.

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Source: Louis LE JEUNE, « Bataille de la Monongahéla », dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. II, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931,  829p., pp. 288-289.

 

 
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