1. Les Français ont abandonné la Pointe de Lévis. Pourtant, Montcalm avait recommandé son occupation. Le 30 juin 1759, le Journal de Montcalm note (p. 559) : « M. le marquis de Montcalm est allé en ville pour engager M. le marquis de Vaudreuil de faire un gros détachement pour la pointe de Lévis, avant que les Anglois y soient établis. » Montcalm aurait aussi soumis un Mémoire à cet effet le 2 juillet. Cependant, la proposition fut rejetée par Vaudreuil. Cela permettra aux Britanniques de l'occuper quelques jours plus tard, d'y installer des batteries, de bombarder impunément, et de dévaster complètement la ville de Québec.
2. Wolfe a établi trois camps différents : l'un, face à Montmorency, que Wolfe commande lui-même; un deuxième, sur la pointe ouest de l'Île d'Orléans, dirigé par Hardy, et le dernier, sur la rive sud, face à Québec, sous les ordres de Monkton. Cette division des troupes permettait à Wolfe de garder les troupes françaises sur le qui-vive. Cependant, Wolfe s'est aussi mis en position d'être attaqué, à l'un ou l'autre de ces camps, sans que les autres puissent facilement lui prêter secours. Sauf une tentative faite par nuit par un corps de troupes français, composé en partie par les élèves du Collège de Québec, contre le camp de Monkton, Montcalm n'a pas su capitaliser sur cette faiblesse de l'adversaire. Génie de la défense, ce dernier hésite à se porter à l'attaque, d'autant plus qu'il n'a aucune confiance dans les troupes coloniales et les milices canadiennes.
3. À l'ouest de Québec, sur une distance de 22 milles (36 kilometres), Montcalm compte surtout sur les défenses naturelles pour contrer l'armée anglaise. Sur toute la distance, les berges sont très escarpées et très difficiles à escalader. Montcalm y a placé Bougainville avec un corps d'armée. Son rôle est de suivre les mouvements des navires anglais dans cette zone, empêcher un débarquement, et protéger les lignes de communication avec le reste de la colonie. Or, Québec dépend entièrement des fournitures et des victuailles qui viennent de Trois-Rivières et de Montréal. Il n'y a jamais plus que deux semaines de vivres dans la capitale durant le siège de la ville. C'est donc là le point faible du système de défense français. On s'explique mal que Wolfe n'ait pas identifié cette faiblesse dans les défenses françaises, dès le mois de juin, et qu'il n'ait pas immédiatement ordonné un débarquement à la Pointe-aux-Trembles pour bloquer les communications et affamer la ville de Québec.
4. On trouve les retranchements français les plus importants à l'est de Québec. Encastrés entre les rivières St. Charles et Montmorency, avec des retranchements et des batteries solides, avec une plage bourbeuse donnant peu de couvert à l'adversaire, les trois camps français semblent bien imprenables par une attaque de front. Or, c'est là, en juillet, que Wolfe lancera, sans succès, ses troupes. C'est encore là qu'il projetait d'attaquer Montcalm en septembre 1759. C'est à l'insistence de ses brigadiers
– Holmes, Monkton, Townshend et Carleton – qu'il dirigera son attention du côté ouest de la forteresse.
5. Wolfe a la maîtrise complète du fleuve Saint Laurent. Bien sûr, des batteries françaises rendent la vie dure aux navires de Saunders. Néanmoins, Wolfe a fait peu de cas de sa supériorité maritime, sauf en septembre lorsqu'il utilisa la flotte anglaise pour mener ses troupes à l'Anse-au-Foulon et semer de la confusion du côté français.
6. Wolfe a lancé un coup de dé téméraire par sa descente à l'Anse-au-Foulon. D'autres lieux, plus à l'ouest, auraient été moins dangereux. Sans artillerie importante, sans possibilité de faire rapidement des retranchements, ou de battre en retraite, il risquait de voir anéantir l'armée anglaise. N'eut été de la précipitation de Montcalm (il n'a pas attendu les troupes de Montmorency et celles de Bougainville, convaincu qu'il était que d'attendre serait désastreux), et du refus de Ramesay de fournir les canons de la capitale, l'issue de la bataille des Plaines d'Abraham aurait pu être tout autre...