Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juillet 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Jean-Babtiste-Nicolas-Roch de Ramezay

 

RAMEZAY (Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de) (1708-77), enseigne, lieutenant, capitaine, commandant, chevalier de Saint-Louis, major, lieutenant de roi.

 

Né le 4 septembre 1708, il fut fait enseigne dans les troupes de la colonie en 1720 et servit dans la garnison de Montréal. En 1726, il était promu lieutenant et fut détaché à Niagara avec d'autres officiers afin d'y éta­blir un fort. En 1728, il prit part à la campagne conduite par M. de Ligneris contre les Renards. En 1731, le gouverneur lui confia la mission de maintenir dans l'intimité des Fran­çais les Sauvages de Chagouamigon : elle eut un plein succès. En 1734, M. de Ramezay fut élevé au grade de capitaine et, en 1742, reçut le titre de commandant du poste de Nipigon au fort La Tourette.

 

En 1746, il fut envoyé en Acadie à la tête de 1.800 Canadiens et Sauvages pour y attendre l'escadre française commandée par le duc d'Anville. Par le travers de Gaspé, il apprit que les Anglais s'étaient emparés du fort Lajoie (Ile Saint-Jean) avec une frégate et deux voiliers. M. de Ramezay se rendit avec ses six ou sept bâtiments à la baie Verte, où il fit un détachement qu'il envoya sous les ordres de M. de Montesson contre les Anglais embusqués : leur garde qui était à terre fut capturée et le reste tué. Il se dirigea aussitôt vers les Mines, où il trouva deux vaisseaux du roi commandés par Duvigneau. Celui-ci, étant sans nouvelles de l'escadre, chargea M. de Ramezay de plus de 60 prisonniers et fit voile vers la France. Le capitaine dépêcha un cour­rier à Québec en donner avis au gouverneur, qui lui transmit l'ordre, au cas de défaut de nouvelles de l'escadre, de rentrer à la capi­tale et de ne laisser en Acadie qu'un faible détachement. Survint un courrier qui lui apprenait l'arrivée des débris de l'escadre, dispersée par la tempête : il alla à Chibouctou recevoir les ordres de M. de La Jonquière, qui lui commanda d'aller bloquer Port-Royal pour faciliter le débarquement. A la tête de 350 hommes, il soutint le choc de 1.700 Anglais, durant 22 jours. Mais M. de La Jonquière ayant relâché, il dut se replier sur Beaubassin.

 

En 1747, un détachement de 400 Anglais s'étant rendu maître du village des Mines, les officiers songeaient à prendre d'assaut celui de Beaubassin. M. de Ramezay sut les prévenir. Incommodé des suites d'une chute, il confia le commandement de sa poignée d'hommes à M. Coulon de Villiers, en lui traçant la marche et l'ordre de la bataille. L'officier réussit, à la dérobée, à cerner l'ennemi et l'attaqua si vivement à l'improviste qu'il le tailla en pièces et le força à capituler dans les maisons de refuge. Au mois de juin, M. de Ramezay retournait glo­rieux à Québec, où l'attendait la décoration de chevalier de Saint-Louis. En 1749, il devenait major de la capitale et, durant neuf années, il en remplit les fonctions avec hon­neur et distinction. Aussi bien, en 1758, il fut élevé au grade de lieutenant de roi.

 

C'est à ce titre que, le 18 septembre 1759, il remit à l'amiral Saunders et au général Townshend les articles de la capitulation de Québec, sur les plus pressantes instances des notables québecois.

 

Le premier article se lisait ainsi : « La gar­nison de la ville composée des troupes de terre, de marine et de matelots, sortira de la ville avec armes, bagages, tambour battant, mèche allumée, deux pièces de canon de France et 12 coups à tirer par chaque pièce, et sera embarquée, le plus commodément qu'il sera possible, pour être mise en France au premier port ». En conséquence, le 20 sep­tembre, M. de Ramezay, ses officiers et 700 soldats s'embarquaient sur des navires britan­niques.

 

Au mois de novembre, le ministre lui versait un acompte de 600 livres sur ses appoin­tements. M. de Ramezay alla fixer sa rési­dence à La Rochelle et passa une partie de l'année 1761 à Blaye (Gironde) et à Bor­deaux. En 1765, à l'arrivée de sa femme, de sa fille et de son gendre, il s'établit définiti­vement à Blaye, où il mourut le 7 mai 1777, et son épouse le 16 juillet 1791.

 

Le 6 décembre 1728, il avait épousé Louise Godefroy de Tonnancour, qui perdit six en­fants en bas âge. L'ainée, seule survivante, Charlotte-Marguerite, née en 1729, se maria en 1758 à Antoine-Joseph, fils de François de Bellot, écuyer et seigneur de Segonzac en Charente, et de Marguerite Charpentier de Chanterenne : il était capitaine au régiment de Guyenne et chevalier de Saint-Louis et fut père de Jean-Baptiste en 1762 et de Roch-François en 1763.

 

Descendant du cadet, M. Xavier du Pavillon qui habite Le Puy-Mesnil, en Haute-Vienne, est détenteur des documents relatifs à ses ancêtres canadiens, hospitalisés en France. L'on y constate que, le 1er juillet 1759, M. de Vaudreuil recommande à M. de Ramezay de ne pas compromettre ses canonniers et de « ménager poudres et boulets ». Le 20 août, il espère que « le parti que pren­nent les Anglais de brûler les habitations annonce leur prochain départ ». Mais le 13 septembre, tant en son Mémoire que dans sa lettre de « six heures du soir », il annonce au même « l'absolue nécessité de faire sa retraite et de ne pas attendre que l'ennemi l'emporte d'assaut pour proposer sa capitulation », dont il rédige les onze articles. Le 15, M. de Ramezay, ayant fait dresser l'état des vivres, conclut qu'il n'en a plus que pour huit jours, à raison de 15 à 16.000 rations, réduites à moitié ou au quart pour plus de 6.000 bouches. Aussi le même jour, se produit la Requête des négociants et bourgeois (V. Rapp. de l'Archiv. de Québec, 1922-23) :

« le peu de troupes n'étant pas suffisant pour garder l'enceinte, le temps presse d'obtenir une capitulation honorable ». Sous cette pres­sion, le Conseil de guerre délibère et, à part la voix du capitaine d'artillerie, Jacau de Friedmont, l'unanimité vote la reddition, « vues les instructions reçues du marquis de Vaudreuil et la disette des vivres ». Le 16, ce dernier recommande « d'employer ressour­ces et moyens pour prolonger les subsistan­ces ». Trop tard ! Le 18, M. de Ramezay signe la capitulation dont M. Townshend s'empresse d'accepter les articles à peu près en entier : honneurs de la guerre, protection des habi­tants et de leurs biens, libre exercice de la religion. Le lendemain, le gouverneur escompte l'intervention de M. de Lévis et blâme le commandant de la place en ces termes : « Comme j'avais pourvu à secourir Québec en toute hâte, une capitulation aussi prompte m'a très surpris et elle a fait le même effet sur le reste de l'armée. » Ainsi en raison de la versatilité du marquis, qui fut si prompt à blâmer en haut lieu M. de Montcalm disparu, le sort de la capitale fut scellé devant l'his­toire.

 

M. de Ramezay fut doté par le roi de la médiocre pension de 800 livres viagères. Retiré en France, il eût mérité une gratification honorable, en vertu de ses longues années de service.

 

Source : Louis LE JEUNE, « Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de Ramezay », dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. II, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931,  829p., pp. 499-500.

 

 
© 2006 Claude Bélanger, Marianopolis College