Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juin 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Edward Boscawen

 

BOSCAWEN (Edward) (1711-61), vicomte de Falmouth, enseigne, lieutenant, capitaine de vaisseau, chef d'escadre, vice-amiral, amiral.

 

Le troisième fils de Hugh, premier vicomte de Falmouth, il naquit le 19 août 1711. En 1726, entré dans la marine comme enseigne à bord du Superbe, il devint, en 1732, lieute­nant à bord du Hector, puis du Namur. Fait capitaine de vaisseau en 1738, il comman­dait le Shoreham de 20 canons et fit la campagne des Indes occidentales. En 1740, il se signale à Porto-Bello et, l'année suivante, au siège de Carthagène, où il surprenait et dé­truisait une batterie durant la nuit. En 1744, il commande le Royal Sovereign et le Namur en 1745. L'année suivante, on lui confia le commandement suprême aux Indes occiden­tales. En 1751, il devint membre du Bureau des commissaires de l'amirauté. Elevé au rang de vice-amiral, en 1755, il reçut la charge de chef d'escadre de toute l'Amérique du Nord. En 1757, à titre de commandant en chef de Portsmouth, il signa l'ordre de l'exécution capitale de l'amiral Byng.

 

En 1758, créé amiral des Bleus, on le mit à la tête des flottes dirigées contre Louisbourg. En 1759, il est commandant en chef des forces navales dans la Méditerranée; en 1760, de la flotte anglaise dans la baie de Quiberon. Il mourut le 10 janvier 1761.

 

Le 8 juin 1755, en pleine paix entre les Couronnes, le vice-amiral, à la tête d'une escadre de 12 vaisseaux de ligne, enveloppa en mer trois unités de la flotte de l'amiral Dubois de la Motte, l'Alcide, le Lys et le Dauphin. Le capitaine commandant du premier, prenant son porte-voix, cria à celui du Dunkirk : « Sommes-nous en paix ou en guerre? — En paix, est-il répondu. — Quel est le nom de votre amiral ? Boscawen. — Je le connais, comme l'un de mes amis. — Et vous, commandant, votre nom? — Hocquart. » Aussitôt, le Dunkirk s'enveloppa de flammes et un ouragan de fer s'abattit sur les ponts de I'Alcide couverts de marins et de soldats. Le Dauphin, grâce au brouillard, parvint à s'échapper. «Tous les prisonniers des deux navires français, du capitaine au mousse, furent dépouillés de façon humiliante et fouillés par les capitaines anglais eux-mêmes.» Le 26 juin, Boscawen écrit à sa femme : « Commencer ainsi la guerre entre deux nations sans ordre absolu, ni déclaration, me donne parfois fort à réfléchir. D'aucuns me blâmeront; mais, comme il s'agit d'agression, un plus grand nombre me louera. Je sais que ce que j'ai fait est conforme à l'esprit de mes ordres, agréable au roi, au ministre et à la majorité du peuple.» (V. Mac Lennan.) Aussi bien, du 8 juin au 1er septembre 1755, son escadre prit deux vaisseaux de 64 canons, cinq goélettes, trois lougres, un brigantin, neuf senauts et six flûtes. Le 7 avril, à son départ de Plymouth, le vice-amiral avait reçu, « outre des ins­tructions secrètes portant la signature du Souverain », une lettre du secrétaire d'Etat Robinson, datée de la veille, laquelle a disparu, et une circulaire adressée à tous les gouverneurs britanniques leur enjoignant de s'aboucher avec Boscawen en vue de la dé­fense de leur Province respective. Le 8 juil­let, le vice-amiral entrait en rade de Halifax avec ses prises; et, le 14, il réunit le Conseil, en présence aussi du contre-amiral Mostyn, arrivé le 11 du mois. Le 28, le Conseil, après avoir pris connaissance du Mémoire juridique de Jonathan Belcher, décida l'exportation du peuple acadien. Le 11 octo­bre, on annonce la fin de la tragédie : Bos­cawen fait appareiller, le 19, et arrive à Plymouth le 26 novembre, porteur des dépêches de Lawrence.

 

De concert avec l'amiral Hawkes, il s'ap­prête à participer à la rafle, en temps de paix, de centaines de vaisseaux français, prises illégales, sur lesquelles il prélève sa part comme dans celles de l'Alcide et du Lys,comme des concessions de terres enlevées aux Acadiens. Le 9 mai 1758, arrive à Hali­fax la flotte de Boscawen qui ajoute ses 23 unités de ligne à l'escadre de Hardy, lequel bloquait Louisbourg depuis le 5 avril, avec 8 navires et deux frégates. L'escadre du comte Des Gouttes avait pénétré dans la rade avec cinq navires, quatre flûtes armées et une frégate. « Tant mieux, s'écrie Boscawen; plus il y aura de vaisseaux français, plus j'en prendrai. » M. de Drucour fit demander une place réservée, à l'abri des bombes, pour blessés et malades : Amherst et Boscawen refusèrent net. « Leur dessein, dit Drucour, est donc de tuer du monde et d'incendier la ville. » D'autre part, l'enseigne William Gordon écrit que « pendant l'incendie des casernes, le feu des batteries redoubla d'intensité; les An­glais tiraient sur les victimes qui brûlaient sur les ponts des navires et sur les sauveteurs qui ramaient des quais aux sabords: ce fut une scène choquante, car ces ennemis n'en étaient pas moins des hommes ». Et l'officier Hamilton ajoute : «  Ce spectacle réjouit fort notre chapelain anglican, qui maudissait tous les Français. » Après 48 jours de siège, Amherst et Boscawen allaient de concert attaquer la place par terre et par mer. Le 26 juillet, le gouverneur français offrait de capituler : nouveau refus, surtout sur les injonctions de l'amiral. Celui-ci, le 1er août, dirige vers l'Angleterre le gros de sa flotte. Mais avant de prendre la mer, il a soin d'or­ganiser tant bien que mal la déportation en masse des Acadiens des îles Cap-Breton et Saint-Jean, dans de mauvais bâtiments : les uns coulèrent à fond; les autres débarquèrent les exilés dans n'importe quel port d'Angleterre et de France. Ce « Coeur-de-Chêne » n'usa d'aucune humanité pour les Français.

 

En 1759, il viola la neutralité du Portugal en coulant bas dans la baie de Lagos sept navires français avec son escadre de 14 vaisseaux. Son épitaphe porte cette sentence : « Mourut de la fièvre en l'an 1761, à l'âge de 50 ans, à Hatchlands, en Surrey, résidence qu'il venait de finir aux frais de ses ennemis. »

 

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Source : Louis LE JEUNE, «Edward Boscawen», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. I, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931,  862p., pp. 208-209.

 
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