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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Lord Durham
DURHAM (John George Lambton, comte et lord) (1792-1840), officier dans l'armée, homme d'Etat, ambassadeur, grand-croix du Bain et gouverneur du Canada.
Fils de William-Henry de Lambton Castle, comte de Durham, et d'Anne Barbe Françoise, fille de George Bussey Villiers, quatrième comte de Jersey, il naquit le 12 avril 1792 et succéda à son père en 1797. Ayant terminé ses études à Eton (1803-09), il s'enrôla au régiment des dragons (1809-11) et fut élu député du. comté (1813-28). Le 29 janvier de cette année, créé baron de la ville de Durham et du château Lambton, il fut promu au Conseil privé le 22 novembre 1830, lord de la chancellerie (1830-33). De juillet à septembre 1832, on le choisit comme plénipotentiaire en Russie, en Prusse, en Autriche. De 1835 à 1837, il est ambassadeur à Pétersbourg et, le 27 juin il est élevé à la dignité de grand-croix de l'Ordre du Bain.
Le 30 mars 1838, on lui octroya la commission de gouverneur général du Canada jusqu'au 3 novembre suivant. Ayant appareillé le 24 avril, le Hastings, vaisseau de guerre, le débarqua le 27 mai en rade de Québec : le 29, il reçut un enthousiaste accueil, ainsi que la comtesse et sa famille. Ayant prêté serment au Château, il lança une proclamation aux Provinces, n'épargna rien pour se rendre populaire. Le 1er juin, ayant remercié de ses services le Conseil exécutif, il renvoya le Conseil Spécial et, à la fin du mois, en forma un autre, pris dans son entourage, étranger aux choses du pays. Le gouverneur, convaincu que la clémence envers les prisonniers politiques était de meilleur aloi, rechercha la voie de l'exercer. Il obtint un aveu de culpabilité de haute trahison de la part de 8 détenus principaux internés à Montréal : il fit décréter leur exil aux Bermudes; en même temps l'ordonnance du Conseil fermait la frontière à M. Papineau et à 14 fugitifs : à tous les autres prévenus amnistie complète, à la seule condition de fournir des cautions.
Ces sentences reçurent bon accueil au Canada; mais à Londres, l'on commenta les déportations, les menaces de peine de mort contre exilés et fugitifs revenant au Canada : lord Durham avait des ennemis en haut lieu. Dans l'intervalle, il visita les Provinces, nomma une Commission chargée d'étudier les concessions agraires, une seconde ayant pour objet l'instruction publique, une troisième pour les institutions municipales. Au mois d'août, les autorités des Provinces maritimes vinrent lui présenter leurs hommages et soumettre le projet d'une Confédération générale. Et, le mois suivant vit se réunir des délégués prêts à discuter cet important projet.
Soudain parvenait au gouverneur un écho du désaveu officiel de son ordonnance. Humilié et indigné, lord Durham résolut sur-le-champ de résigner ses fonctions : ce fut de toutes parts une explosion de regrets. Puis, sans avoir demandé ni attendu son rappel, il s'embarqua le 3 novembre pour Londres. L'on s'y étonna d'abord, mais il fallait en venir à une entente. Le 8 février 1839, The Times publia le remarquable Mémoire du gouverneur, qui l'avait divisé en cinq titres : Remarques préliminaires; Bas-Canada; Haut-Canada; Provinces de l'Est et Terre-Neuve; Mode des concessions et émigration (V. Chapais, t. IV).
Le 1er janvier 1812, lord Durham avait épousé à Malpas, comté de Chester, Harriet (Henrietta) Cholmondeley, fille naturelle de George, premier marquis du nom et décédée en juillet 1815; en secondes noces, il se maria, le 9 décembre 1816, à Louisa Elizabeth, fille aînée de Charles, deuxième comte Grey et d'Elizabeth Brabançon. Il mourut le 28 juillet 1840, à Cowes, île de Wight, et sa femme le 28 décembre 1841.
Bibl. — Rapp. des Arch., Ottawa, 1912; S. J. Reid, Life and Lett. of the Earl of Durham, London, 1906; Can. and Prov., Index, 1917; Th. Chapais, Cours d'Hist., t. IV, Québec, 1923; Bull. des Rech. hist., tabl. gén., 1925; II. Garneau, Hist. du Can., t. II, Paris, 1920.
[Pour compléter les informations sur Durham, on consultera notre fichier intitulé Études et documents sur Lord Durham.]
Source: Louis LEJEUNE, Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. I, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931, 862p., pp. 564-565.
Le lecteur est invité à lire le texte d’introduction et la mise-en-garde de l’éditeur de l’encyclopédie de l’histoire du Québec.
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Claude Bélanger, Marianopolis College |