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Last
revised: 23 August 2000 | Les
Québécois, le clergé catholique et l'affaire des écoles du Manitoba / Quebecers,
the Catholic Clergy and the Manitoba School Question, 1890-1916
Détail
des plaintes des Libéraux contre l'ingérence cléricale au Québec au cours des
élections de 1896 [Note de l'éditeur:
À son retour de Rome, Gustave Drolet donna au journal La Presse une
longue entrevue, publiée dans l'édition du 27 février 1897, où il discutait du
succès de sa mission à Rome. Lors de cet entretien, il confirma qu'il avait été
chargé « par un groupe considérable d'hommes politiques » de porter leurs plaintes
contre l'intervention cléricale dans le processus électoral de 1896. L'une des
questions qu'on lui posa fut sur le détail des plaintes des hommes politiques.
À la fin de l'entrevue, Drolet exprima l'espoir que Rome allait nommer un légat
papal pour enquêter sur la situation, et il déclara que «l'heure de la rétribution
est proche et sous peu, les sujets catholiques de Sa Majesté n'auront plus à redouter
l'état d'infériorité dans lequel on paraît vouloir les retenir, dans les provinces
de Québec et du Manitoba, à cause de leur foi religieuse. » On
jugera de façon critique le document qui suit. Malgré les faits précis qui sont
donnés ici, on se souviendra que toutes ces informations proviennent de sources
politiques partisanes. Elles ont été acceptées trop facilement par l'historiographie
traditionnelle sans un examen critique attentif.] «
Q. - Pouvez-vous nous dire en quoi consistent les plaintes que vous avez portées
et contre qui elles sont dirigées ? R.
- Le groupe d'hommes publics que je représentais se plaint particulièrement de
l'ingérence indue de six Evêques, des violences, de l'intimidation religieuse,
des menaces de châtiments futurs de plus de deux cents curés, qui non seulement
déclarent que c'était péché mortel de voter pour un candidat appartenant au parti
libéral, mais refusèrent l'absolution à leurs paroissiens qui déclaraient ne pouvoir
en conscience « regretter » leurs votes et refusaient de s'engager à voter pour
un candidat conservateur aux élections futures. Les curés des diocèses de Chicoutimi,
de Québec, des Trois-Rivières, de Nicolet et de Rimouski, se sont particulièrement
distingués par leur violence. Les uns refusant l'absolution à leurs paroissiens,
refusant ensuite la sainte Communion à ces paroissiens absous par des prêtres
habitant les paroisses voisines, en déclarant, par exemple, comme Mgr Bossé, curé
de Caplan, que l'absolution donnée par un prêtre partisan de la politique de M.
Laurier était nulle et qu'il fallait recommencer sa confession : d'autres abolissant
les confréries du Tiers-Ordre de Saint-François dans leurs paroisses, afin de
punir leurs paroissiens libéraux; d'autres refusant de célébrer les messes demandées
par les libéraux; d'autres, comme le curé de Saint-Lazare (Bellechasse), menaçant
d'arracher les extraits de baptême des registres de l'Etat civil des libéraux
renégats qui avaient voté pour cet infâme Laurier (sic); d'autres, comme le curé
des Eboulements, déclarant que leurs paroissiens, partisans de M. Chs. Angers,
qui s'approcheraient de la Sainte Table sans regretter leurs votes en faveur de
ce cribleur d'évêques, commettraient des sacrilèges; d'autres, comme le curé de
Saint-Pierre de l'lle d'Orléans, invoquant les châtiments de Dieu sur sa paroisse;
d'autres disant que Monsieur Laurier était protestant, vendu aux Juifs; d'autres,
comme le Curé Dufresne, de Saint-Joseph de l'Alma, accusant M. Laurier de ne pas
faire baptiser ses enfants, etc. » Source
: Arthur Savaète, Voix canadiennes. Vers L'abîme. Tome VII, Les écoles
du Nord-Ouest canadien, Paris, Arthur Savaète Éditeur, [s.d.], 516p., p. 443.
L'entrevue à La Presse, est publiée in extenso, aux pages 437-450. ©
2000 Claude Bélanger, Marianopolis College |