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Documents in Quebec History

 

Last revised:
27 August 2000


Les Québécois, le clergé catholique et l'affaire des écoles du Manitoba / Quebecers, the Catholic Clergy and the Manitoba School Question, 1890-1916

Réaction de Mgr Emard au projet de Lettre Pastorale de Mgr Langevin sur « Le devoir électoral » / Mgr Émard’s Reaction to the Pastoral Letter project of Mgr Langevin on « Electoral Duty ». (23.04.1896)

Note de l’éditeur : Au printemps de 1896, alors que la loi remédiatrice était introduite à la Chambre des Communes, l’épiscopat québécois discuta fermement de l’attitude qu’il devait prendre. Mgr Langevin, appuyé par Mgr Laflèche, était d’avis que les évêques devaient prendre une position ferme et claire, appuyant la loi remédiatrice et le Parti conservateur, ou moindre mal, faisant une obligation aux députés catholiques de voter pour une telle loi. De façon générale, les évêques du Canada anglais, sauf exception comme Mgr Cameron de la Nouvelle-Écosse, étaient plus réticents à se mouiller les pieds et à prendre une position si ouvertement partisane. Cette vision était partagée par Mgr Émard, évêque de Valleyfield, et par Mgr Fabre, archevêque de Montréal. Dans le document cité ci-dessous, Mgr Émard exprime ses réticences à Mgr Bégin dans une lettre datée du 23 avril 1896. Selon Crunican, p. 261, les initiales L. L. G. P. et M. réfèrent à Wilfrid Laurier, Charles Langelier, Alphonse Geoffrion, Charles Pouliot ou Joseph R.-F. Préfontaine, et Dominique Monet.

« Il est uniquement propre à jeter, une fois de plus, le discrédit sur la personne des évêques, dont la parole, malheureusement réputée partisane, sera discutée, servant d’appui pour les uns et de prétexte aux insultes des autres. Il n’y a moyen de faire croire qu’un tel document serait indépendant des partis; et je ne puis faire acte de foi dans aucun d’eux. Il faut nous ménager une position tenable et honorable, pour le cas très possible, ou nous devrons nous présenter, comme pétitionnaires, devant un gouvernement composé des adversaires d’aujourd’hui. Les parlements changeront; notre droit, mème dans l’honorabilité des revendications, doit demeurer intact et indéfini, jusqu’à victoire complète. Je ne suis pas convaincu, comme évêque, que la passation d’une loi rémédiatrice par le Parlement d’Ottawa, soit le moyen unique, sur et prompt de rendre justice à la minorité Manitobaine; avec une majorité de 40, le parlement actuel n’a pas pu réussir. S’il avait réussi, il restait à appliquer la loi au milieu des difficultés encore plus grandes, sous un gouvernement hostile; et si elle était mise en pratique, on gardait les moyens de la rendre passablement illusoire (...) Dès lors, faut-il par un langage absolu, fermer toute issue à d’autres modes de règlement possibles, peut-être même plus faciles dans des circonstances données? Le mandement projeté rencontrera une opposition formelle chez un grand nombre, non seulement de protestants, mais même de catholiques, qui n’y verront qu’une tyrannie électorale; il est connu que des politiciens travaillent à obtenir ce document. Est-il de bonne conduite administrative de mettre les fidèles dans le cas certain de nous désobéir, de désobéir à l’Église sans l’espoir fondé d’un bien général plus considérable que le mal? Car, et ceci est sérieux, supposons que le mandement produise tout son effet chez les catholiques, croyez-vous qu’il empêchera l’élection de L.L.G.P. et M.? Non; or il ne reste que trois ou quatre candidats qui hésiteront à faire une promesse qu’ils trouveront bien dure et bien compromettante pour la dignité d’un député. Tout le mandement collectif qui met en jeu, d’une manière presque décisive, l’autorité et le prestige temporel des évêques, n’aurait d’application que pour trois ou quatre. C’est trop peu, en prévision des conséquences trop graves. »

Note from the editor: In the spring of 1896, as the Remedial Bill was being introduced in the House of Commons, the Quebec episcopate sharply discussed the stand it should take. Mgr Langevin, supported by Mgr Laflèche, was of the opinion that the bishops should take a firm and clear position, supporting both the Remedial Bill and the Conservative Party, or, at the very least, making it a duty for Catholic members to support the law. In general, the bishops of the anglophone provinces, barring exceptions such as Mgr Cameron from Nova Scotia, were more reticent to commit themselves so openly and to take such a partisan stand. This view was shared by Mgr Émard, bishop of Valleyfield, and by Mgr Fabre, archbishop of Montreal. In the document translated below, Mgr Émard expressed his reticence to Mgr Bégin in a letter dated April 23, 1896. According to Crunican (p. 261) the initials L. L. G. P. and M. stood for Wilfrid Laurier, Charles Langelier, Alphonse Geoffrion, Charles Pouliot or Joseph R.-F. Préfontaine and Dominique Monet.

(English translation)

« This would only result, once again, in discrediting the bishops whose word, unfortunately held to be partisan in nature, will be discussed, used by some for support and by others as a pretext for insults. There is no way to make such a document appear independent from political parties and I have not faith in any of them. We must secure for ourselves a tenable and an honourable position for the very possible case where we might have to present ourselves, as petionners, before a government made-up of the opponents of today. Parliaments change; our rights, even considering honourable demands, must remain intact and indefinite until the victory is complete. As a bishop, I am not convinced that the adoption of a remedial bill by the parliament in Ottawa, is the only mean, sure and fast, to gain justice for the Manitoban minority; the current parliament, with a majority of 40, did not manage that. If it had succeeded, there still would remain to apply the law, with even greater difficulties under a hostile government; and if it was applied in practice, there would still be ways to make it only an illusion (...) Thus, must we, by using absolute language, close all doors to other possible ways of settlement, means that might be easier under certain circumstances? The proposed pastoral letter will face formal opposition among the many, not only among Protestants but even Catholics, who will only see in it electoral tyranny; it is well-known that politicians are working to obtain such a document. Is it good management to put the faithfull in the position to disobey us, to disobey the Church without the certain hope of a solution that would be better than the present evil? For, and this is serious, let us suppose that the pastoral letter produces all its results among Catholics, do you suppose that it will prevent the election of L. L. G. P. and M.? No; now there remains only three or four candidates who will hesitate to make a commitment that they will find very hard and compromising for the dignity of a Member of Parliament. Any collective pastoral letter that commits the temporal authority and the prestige of the bishops in the most decisive of manners would have effect on only three or four. It is too little when measured up against consequences that are so serious. »

Source: Paul Crunican, Priests and Politicians: Manitoba Schools and the Election of 1896, Toronto, University of Toronto Press, 1974, 369p., pp. 260-261.

© 2000 for the translation Claude Bélanger, Marianopolis College