Newfoundland History |
Une soeur récalcitrante
[Pour la source de ce document, voir la fin de l'article.]
La confédération du Canada compte une dixième province. Depuis samedi Terre-Neuve est devenue la sour légitime de ses neuf cadettes, qui lui font fête. Cette adoption est tout à l'avantage d'une population insulaire, qui n'en est pas encore convaincue. Découverte longtemps avant toute autre terre canadienne, cette île a été exploitée à outrance par ses anciens maîtres et leurs intendants. Dorénavant son sort deviendra enviable, à condition que son peuple sache profiter des avantages que les circonstances lui offrent. En dépit de son climat rigoureux et de sa position stratégique, quelques années de paix relative suffiraient à démontrer aux derniers venus de la société canadienne qu'ils y ont gagné à changer de statut sinon d'allégeance. Terre-Neuve recouvre ainsi son autonomie, sans autre servitude que celle dont elle a profité pendant la guerre, grâce à un pacte de défense conjointe entre la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et le Canada. Avec les alliances défensives en préparation, cette protection lui est assurée à jamais par ses associés et ses amis d'Amérique. En plus, la nouvelle province peut compter sur des subsides et allocations du gouvernement fédéral, qui représentent au total plus qu'elle n'aurait su prélever sous tout autre régime politique. Cette condition heureuse pour elle provient d'une législation sociale plus libérale et moins précaire que celles qu'on tente d'appliquer dans d'autres pays démocratiques. Quant aux obligations souscrites par Terre-Neuve, elles ont pour objet de protéger les droits de ses minorités religieuses, partant de nature à prévenir de vaines querelles. Il convient de féliciter le premier ministre du Canada, M. Louis St-Laurent, qui a mené à bien une entreprise de libération coloniale et d'intégrité nationale.
Source: Anonyme , ''Une sour récalcitrante'', Le Soleil, 13 décembre, 1948. p. 4. Article transcrit par Emmanuelle Amar.
Retour à la page des documents sur
l'opinion canadienne sur l'entrée de Terre-Neuve dans la Confédération
© 2004 Claude Bélanger, Marianopolis College |