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M. Drew et Terre-Neuve

 

[Pour la source de ce document, voir la fin du texte.]

Au début du débat sur l'entrée de Terre-Neuve dans la Confédération, le chef du parti conservateur-progressiste n'a guère formulé de critique. Et tout à coup à la dernière minute, lundi, il découvrait qu'il fallait consulter les provinces.

 

Il se trouve que précisément les provinces ont été consultées, qu'elles le furent encore hier.

 

Elles le furent en 1867, si bien que l'annexion de Terre-Neuve au Canada est prévue en toutes lettres par l'article 147 de la Constitution du Canada, l' Acte de l'Amérique britannique du Nord.

 

Elles l'étaient encore hier, par l'entremise de leurs députés. La province de Québec, pour sa part, est représentée aux communes par 65 députés qui, avec leurs collègues, ont rejeté l'amendement Drew.

Que veut-on de plus?

 

Au cours du débat, M. Louis Saint-Laurent a insisté sur la nécessité pour le Canada de se donner le droit de modifier sa propre constitution suivant une formule qui garantira les droits des minorités. Il paraît assez évident que le premier ministre veut graduellement libérer le Canada de tous les liens coloniaux qui subsistent. Et en plaidant pour l'annexion de Terre-Neuve à notre pays, il a travaillé pour l'émancipation d'une colonie anglaise, - ce qu'est à présent et à toutes fins pratiques la grande île de l'Atlantique.

 

Cette addition au territoire du Canada nous imposera sans doute quelque fardeau. Il n'est pas prouvé cependant qu'à la longue nous ne trouverons pas d'abondantes compensations. En attendant, l'unité géographique du Canada sera consommée et sa défense en sera facilitée.

 

Pourquoi M. Drew a-t-il présenté son amendement? Pour des raisons politiques, évidemment, et peut-être aussi pour des raisons plus troubles. Il est permis de penser qu'en plus d'éprouver quelque plaisir et de chercher à se faire, comme on dit, du capital politique, le chef des conservateurs-progressistes était mû par un réflexe d'impérialiste.  

 

En effet, pour un homme qui a déjà tenu certains propos et accompli certains gestes qui l'ont fait passer pour plus anglais que les Anglais, l'émancipation politique et économique de Terre-Neuve, son union à un grand pays de plus en plus libre, est en effet un bien mauvais exemple aux autres colonies d'Amérique. Ne serait-ce pas le mobile secret de l'amendement inattendu de M. Drew?

 

Source: Anonyme, ''M. Drew et Terre-Neuve'', Le Soleil, 16 février, 1949. p. 4.   Article transcrit par Emmanuelle Amar. Révision par Claude Bélanger.

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© 2004 Claude Bélanger, Marianopolis College