Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juin 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

 

Instruction ou Éducation? 

A propos de l'enseignement secondaire

 

Premier article 

À l'origine de nos échecs

(1931)

 

[Cet article a été rédigé par Esdras Minville en 1931. Pour la référence bibliographique précise, voir la fin du document.]

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QU'UNE réforme s'impose quelque part chez nous, rien ne semble plus certain au moins sagace des observateurs. Il suffit pour s'en rendre compte de jeter les yeux et de prêter l'oreille autour de soi et, ayant constaté le délabrement de notre situation, de réfléchir durant cinq minutes. Que cette réforme doive englober l'enseignement et tout l'enseignement: primaire, secondaire (classique ou moderne), universitaire, rien non plus ne semble moins douteux. Mais que cette réforme tronquée, raccourcie, doive consister uniquement en une refonte des programmes d'une certaine catégorie d'école, se limiter à un remaniement des matières enseignées, voilà qui est beaucoup plus discutable.

 

C'est une illusion, en effet, une erreur apparemment commune à tous les peuples civilisés ou qui s'éveillent à la civilisation, que de rejeter sur l'école toute la respon­sabilité des faillites et des échecs nationaux. L'avancement intellectuel et scientifique ne progresse-t-il pas au rythme général; la prospérité matérielle surtout fléchit-elle ou souffre-t-elle de la comparaison avec celle des peuples environnants? Aussitôt on se retourne vers l'école: les programmes scolaires, l'instituteur, le profes­seur, voilà les grands, voilà les seuls coupables! C'est, nous le répétons, une erreur doublée d'une injustice. L'école, sans le moindre doute, est un des principaux éléments du progrès sous toutes ses formes. Mais en toute loyauté il faut l'admettre: c'est un élément entre plusieurs autres. Divers facteurs concourent au progrès d'une col­lectivité, notamment à sa prospérité matérielle: la richesse du territoire, l'abondance et la multiplicité des ressources naturelles, dont l'exploitation pour être fructueuse demande, selon les pays et les époques, un effort intellectuel plus ou moins vigoureux; la position géographique et le milieu avec leurs exigences particulières; les aptitudes au travail, diverses et souvent dissemblables d'un peuple à l'autre; la politique dont c'est une des fins premières « de promouvoir la prospérité commune de la cité ». L'école, l'enseignement: facteur puissant, non pas facteur unique. On ferait bien de ne pas l'oublier en certains milieux.

 

D'ailleurs, pour nous en tenir aux collèges classiques — puisque ce sont eux qui sont actuellement en cause — les collèges de la région de Montréal ne s'emploient-ils pas, depuis six ans surtout, à effectuer la réforme que l'on réclame aujourd'hui avec tant de vigueur et même d'âpreté ? Tous les collèges, sauf deux ou trois, momen­tanément empêchés pour des raisons qui échappent à leur volonté, n'ont-ils pas, conformément à un voeu depuis longtemps exprimé, créé chez eux des laboratoires de physique, de chimie (et de sciences naturelles ?) et re­manié leur programme de façon à faire la place plus gé­néreuse aux sciences et à la langue anglaise ? Sur douze de ces collèges (dont les revenus n'ont rien d'extravagant, sauf peut-être par en bas), huit ne se sont-ils pas imposé le sacrifice d'envoyer de jeunes professeurs se spécialiser et se perfectionner dans les Universités canadiennes et étrangères ? Et la Faculté des Sciences de l'Université de Montréal, il y a quatre ou cinq mois, ne se déclarait-elle pas officiellement satisfaite, à tous égards, des réformes effectuées ou projetées, de même que des excel­lentes dispositions et de l'évidente bonne volonté des éducateurs chargés de la direction de ces maisons d'en­seignement ?

 

Qu'il reste encore beaucoup à accomplir dans ce do­maine c'est certain, et les supérieurs de collèges seraient, nous en sommes sûrs, les derniers à le contester. Les besoins grandissent et à des problèmes nouveaux, il faut des solutions nouvelles. Mais ce sont là des questions d'une trop vaste portée, d'une trop haute importance, d'une trop réelle complexité pour en faire l'objet d'une discussion hargneuse, toute proche, en certains cas, de la petite polémique. Ceux qui ont fondé nos collèges clas­siques, à un moment où personne autre n'aurait pu ni voulu assumer semblable tâche; qui les ont maintenus et développés au prix d'un labeur surhumain et de sacrifices dont nous ignorerons toujours et le nombre et l'étendue; ceux qui aujourd'hui encore dirigent et soutiennent ces institutions, ont accompli et continuent d'accomplir une oeuvre, non pas certes, sans défauts, mais qui, à notre avis, mérite d'être discutée sur un ton autre que celui du persiflage et de la facile raillerie (1).

 

Ce n'est pas en spécialiste, encore moins en partisan d'une méthode ou d'une autre que nous abordons ce brû­lant sujet, mais en simple individu, soucieux autant que n'importe qui des intérêts du petit peuple auquel il ap­partient, et désireux de contribuer pour sa très humble part à la solution d'un des problèmes les plus délicats que ce petit peuple ait actuellement à résoudre. Des études, nous en avons fait, dont nous ne saurions dire, en vérité, si elles furent plus modernes que classiques, plus littéraires que scientifiques. Elles furent ce qu'elles furent, les pauvres, menées le plus souvent à tâtons et à bâtons-rompus. Nous ne voulons donc pas, avouant, sans honte d'ailleurs, notre incompétence, entrer dans une discussion technique et entasser à notre tour les savants distinguo, mais regardant le problème dans toute son ampleur, tâcher plutôt de le placer sur son plan véritable, dans le cadre qui lui convient.

 

 

*     *     *

 

Qu'est-ce qu'un programme scolaire ? Un assemblage de matières plus ou moins rigoureusement agencées et ajustées. On y met en somme ce que l'on veut. Aussi bien, quels splendides programmes affichent parfois de piètres écoles! C'est que, par delà le programme, il y a, d'une part, l'élève, de l'autre, le maître. Quelle est la fonction de celui-ci par rapport à celui-là ? Lui révéler et lui faire comprendre les matières inscrites au programme et ainsi éveiller et former son intelligence — en d'autres termes l'instruire. Mais depuis quand l'instruc­tion, même poussée à son plus haut degré de raffinement, est-elle l'unique moyen de former un homme digne de ce nom, la seule cause du progrès collectif et des succès individuels ? Depuis quand une éducation qui prétend au titre de « nationale » ne doit-elle plus se conformer au sujet spécial qui lui est confié pour en développer toutes les virtualités, mais en corriger aussi toutes les déficiences ? Par delà l'intelligence, pour l'entraîner et la guider, n'y a-t-il pas le caractère, le jugement et la volonté, sans lesquels on peut très bien n'être qu'une brute intelligente ou un imbécile cultivé ? La formation du caractère, le dressage de la volonté, affaire d'éducation et affaire dépassant de cent coudées la simple formation de l'intelligence. Qui le contestera ? Catholiques, com­prenons-nous si peu la doctrine dont nous nous réclamons que nous puissions nous permettre de bouleverser en toute circonstance la hiérarchie des valeurs ? Pourquoi tou­jours regarder à côté de la question ?

 

Si nous jetons les yeux autour de nous, à l'origine de nos faillites et de nos échecs individuels ou collectifs, ne trouverons-nous toujours que des insuffisances intellec­tuelles ? Voyons si dans les trois-quarts et demi des cas, nous ne rencontrerons pas plutôt des déficiences de ca­ractère. Sommes-nous moins instruits généralement que nos grands-pères et nos arrière-grands-pères ? Comptons-nous moins d'hommes cultivés que les trois ou quatre générations précédentes ? Nos institutions d'enseignement sont-elles moins nombreuses et moins bien outillées, comparativement, qu'au temps où une classe entière devait se contenter d'un unique manuel ? D'où vient alors, qu'en tant que groupement ethnique distinct, notre situation actuelle, apparemment plus solide et plus sûre, soit, en fait, si on y regarde de près, en interro­geant non pas ses sentiments, non pas son optimisme naturel et ses espoirs, mais la réalité brutale et ins­tructive — soit, en fait, plus précaire peut-être qu'elle ne l'a été à aucun moment de notre histoire ? Plus nombreux, plus riches et plus instruits, pourquoi ne parvenons-nous pas à sortir de la stagnation et, comme les générations précédentes, à vaincre les difficultés qui se dressent sur notre route ? C'est que nous sommes faibles par là même où nos ancêtres étaient forts: par le caractère. Le Canada, le Canada français en particulier a été bâti non pas tant par des hommes cultivés, des dis­ciples de Pythagore ou des admirateurs de Virgile, de Cicéron, de Lavoisier, de Gay-Lussac, que par des hommes de caractère. Chaque page de notre histoire nous en fournit un éclatant témoignage. Une seule force a permis à nos pères — à quelque degré de la hiérarchie sociale qu'ils appartinssent — de refouler les hordes sauvages, de vaincre la misère, de triompher dans la défaite et de progresser en s'enracinant au sol. Et cette force, sans laquelle toutes les autres se seraient liguées en vain, ce n'est ni le nombre, ni la richesse, ni même la haute culture intellectuelle, c'est la volonté; une volonté trempée comme un ressort, éclairée par une intelligence vive de leur si­tuation, de leurs besoins, de leurs droits, de leurs devoirs, de l'oeuvre à accomplir et des sacrifices à consentir, soutenue par une fierté inaccessible à l'idée même d'abdi­cation ou de marchandage. Ils ont jeté les assises d'un grand pays et balafré tout un continent de randonnées épiques, d'abord et surtout parce qu'ils l'ont voulu, sachant ce qu'ils voulaient. Ils n'ont pas étiqueté tous les arbres de nos forêts, catalogué toutes les herbes de nos prairies, — choses certes fort estimables en soi, — mais ils ont défriché la terre, l'ont ensemencée, et, sou à sou, ils ont accumulé la petite fortune qui constitue encore la part la plus nette de notre avoir. Ils n'ont pas ergoté à l'infini sur le doute métaphysique et le régionalisme en littérature, mais ils ont défini nos droits et sauvegardé le patrimoine moral dont nous vivons encore (2).

 

Nos petits-fils pourront-ils nous rendre le même té­moignage ? Où sont nos La Fontaine ? Où sont même nos Papineau ? Nous apercevons bien, dans nos parcs publics, la statue de quelques-uns des magnifiques bâtis­seurs de pays et sauveurs de peuples dont notre histoire raconte l'action. Combien peu souvent nous pouvons saluer leurs répliques dans notre élite! Ce qui fléchit chez nous, ce sont les forces spirituelles; la volonté, jadis notre seule force; l'intelligence de notre situation et de nos besoins, l'attachement à nos devoirs et le sens de nos responsabilités. C'est à ce point, qu'en tant que collec­tivité, nous manquons même de la simple formation na­turelle, celle qui trouve son expression la plus rudimen­taire dans l'instinct de conservation. Nos insuffisances intellectuelles ? Elles sont une cause, certes, mais dans une série étroitement liée, et dont le terme initial est la faiblesse de caractère. L'avons-nous assez chanté que tous nos problèmes se ramènent à une question d'éduca­tion ? Par quoi nos rivaux des autres races sont-ils nos vainqueurs en ce pays ? Par les forces de l'esprit ou par celles de la volonté ? La race française est-elle moins intelligente que la race saxonne ou la race juive ? Nos écoles sont-elles vraiment si inférieures aux écoles anglaises et aux écoles juives ? La première réforme, celle qui s'impose, que nous devons réclamer et entreprendre, sans retard avec la plus rude énergie, c'est donc celle qui nous rendra, en même temps que l'intelligence de notre situation dont nous parlerons plus loin, la vigueur de caractère que nous sommes en train de perdre sans retour, — perte qui fait de nous d'éternels vaincus (3). Or, nous le demandons à ceux que préoccupent l'avancement intellectuel et le salut de notre collectivité nationale, en particulier, à ceux, réformistes ou non-réformistes, qui, à l'heure actuelle, s'agitent autour de la question de l'en­seignement classique: l'introduction dans les programmes d'un peu plus de chimie, d'un peu plus de physique et de mathématiques, d'un peu plus de sciences naturelles — si opportune ou nécessaire qu'elle soit — nous donnera-t-elle, et donnera-t-elle à la génération qui poursuit pré­sentement ses études ce qui fait peut-être toute la diffé­rence entre nous et nos rivaux: 1° l'amour du travail, notamment du travail intellectuel; 2° le goût de l'éco­nomie; 3° le sens de la discipline et de l'ordre; 4° la per­sévérance; 5° le culte du devoir et le sens des responsa­bilités ?

 

La cause première de nos retards, de la dangereuse lenteur de nos progrès, nous la mettrions tout d'abord au compte de la paresse intellectuelle. Quel gaspillage d'énergie ne pouvons-nous pas attribuer à ce défaut commun aux trois ou quatre dernières générations ? Combien d'entre nous, doués d'aptitudes aussi fortes que variées, n'ont jamais dépassé le niveau de la mé­diocrité parce qu'ils n'ont pas voulu travailler ? Nos études universitaires se limitent à la stricte formation professionnelle. Lire, se cultiver, se préparer à jouer un rôle dans la société? Foutaise! Heureux encore si, son diplôme en poche, on ne renie pas à jamais ses ma­nuels et ses bouquins, si l'on comprend assez ses res­ponsabilités pour se tenir au courant des progrès de sa profession. Sauf de très rares et partant très louables exceptions, nous avons peur des livres, peur de l'effort, peur de la fatigue, surtout de la fatigue du cerveau. Faites le tour des bibliothèques, des musées, de tous les endroits où l'on peut s'instruire autrement qu'en s'amu­sant et se récréant, et comptez ceux que vous rencon­trerez là. Quelques rares individus (peut-être des étu­diants dont le carnet mondain ou sportif est ce jour-là resté en blanc) travaillent ou se donnent l'air de travailler sérieusement. Quelques autres tuent le temps en bâillant dans un journal ou en feuilletant du bout du doigt un roman, ou la dernière livraison d'une revue à la mode. Et c'est tout ! Directeurs d'oeuvres sociales, de cercles d'études, de revues obligés de compter sur la collaboration bénévole et même rémunérée, savent d'avance la réponse qui les attend aux portes où ils frappent: « Cela m'intéresserait, mais je n'ai pas le temps! Trop pris, trop de besogne. » Tout le monde chez nous est trop pris, trop occupé! Il n'y a que ceux qui travaillent à trouver toujours du temps pour travailler davantage: articles de revues, causeries, conférences, etc., ce sont toujours les mêmes qui signent, toujours les mêmes qui figurent. Or, comptez-les et réfléchissez. Personne n'a le temps de travailler, d'étudier, de se cultiver ? Allez dans les cinémas, les théâtres, les salles de billards et de quilles, les clubs, et depuis quelque temps, sur les terrains de « golf-miniature »; assistez à quelques joutes de gouret, de lutte ou de boxe. Salles débordantes, foules, cohue! Tout le monde a du temps pour cela. Qu'est-ce à dire ? Affaire d'intelligence ou affaire de volonté ?

 

Et les quelques centaines d'étudiants qui fréquentent les cours spéciaux et les cours du soir ? Ils ont du mé­rite, assurément. La Faculté de Philosophie reçoit bon an mal an 275 élèves; l'École des Sciences sociales, une centaine (plus le groupe des gardes-malades); la Faculté des Lettres, à peu près autant. Mais Montréal ne se vante-t-elle pas de son million d'âmes ? Au surplus, com­bien (si l'on excepte les religieux et religieuses), vont jusqu'au bout ? Quant aux cours du soir de l'École des Hautes Études, environ 500 élèves les fréquentent. A quelles matières s'inscrivent les quatre-cinquièmes d'entre eux ? Aux matières dont la connaissance, espèrent-ils, leur vaudra de l'avancement et une augmentation de salaire: mathématiques, anglais, tenue des livres, etc. Motif louable, sans doute! Apprendre le français, acquérir des idées, se cultiver l'esprit ? Combien parmi eux ne jugent pas cette préoccupation indigne d'eux, indigne même de notre époque ? Oh! nous le savons, il y a bien les prétentions littéraires et artistiques de certains cercles et les pâmoisons de commande devant la dernière tartine au beurre de Paul Morand ou d'André Maurois. « Ah! dé-li-cieux! Il faut avoir lu cela! » Eh! oui, afin d'en parler de travers et d'avoir l'air d'être à la page!

 

Que dire de l'esprit d'économie, cette demi-vertu de toute société bien ordonnée, cette vertu salvatrice des peuples pauvres ? Serait-ce dans les homélies de S. Jean Chrysostome que nos jeunes gens apprennent à dissiper leurs sous et le bien de leur famille ? Au fond des ballons qu'on propose de leur mettre entre les mains, découvriront-ils la règle de bon sens qu'ont appliquée tous ceux qui, depuis les temps immémoriaux, ont acquis de la fortune: vivre selon ses moyens ? Si oui, bannissons S. Chrysos­tome et intronisons Berthelot. Que d'hommes d'affaires parmi nous roulent à la faillite sur des pneus-ballons ? Combien d'ouvriers, de petits et moyens bourgeois laissent souffrir les comptes du boulanger et de l'épicier, afin de se procurer un luxueux ameublement, surtout de s'assurer l'enchantement quotidien d'un concert de jazz irradié de Chicago... ou de Saint-Hyacinthe ? Même par ces temps de crise générale, de chômage et de misère, évaluez si vous le pouvez la foule qui ne cesse de s'engouffrer dans tous les endroits où l'on s'amuse, où l'on dépense. Avec les sommes que nous versons, en trois mois, aux cinémas de Montréal, nous aurions de quoi nous rendre maîtres du Tramway. En cette prodigalité folle, qu'importent demain et sa gêne possible ? « On y verra alors. A chaque jour suffit sa peine. » Règle excellente, mais que l'homme du monde qui a quatre ou cinq enfants sur les bras ferait bien d'entendre intelligemment. « A notre époque, on ne peut vivre aussi simplement qu'autrefois. » Peut-être bien, mais comme autrefois, il faut acquitter ses comptes. « C'est si facile aujourd'hui de se procurer des choses — le crédit à la consommation, les offres alléchantes, irrésistibles. » En vérité! Tout le monde éco­nomiserait si cela n'exigeait aucun effort. On multiplie les dépenses à une époque qui n'en finit plus de multiplier les besoins. Nos pères, parait-il, n'avaient peur de rien tant que des dettes. Le plus pauvre d'entre nous a surtout peur de ne pas paraître riche. Et la génération présente, élevée dans un luxe excessif à une époque de prospérité facile, comment réagira-t-elle devant l'adver­sité, si demain les conditions changent ? Quelle attitude adoptera-t-elle devant le sacrifice rigoureux, mais néces­saire ? Prodigalité généralisée et ruineuse — indice d'un fléchissement également généralisé du caractère. Il faut de la volonté pour restreindre ses dépenses à la mesure de ses moyens. Toujours la volonté!

 

La prodigalité n'est d'ailleurs qu'un aspect d'un autre défaut bien caractéristique de notre race: le manque d'ordre et de discipline. Circulez dans nos villes, allez dans les campagnes même réputées prospères: le manque d'ordre et de discipline s'affiche à toutes les devantures: bâtiments délabrés, noircis, cours encombrées, clôtures branlantes, instruments aratoires éparpillés dans les champs, même enfouis sous la neige. Comment mettrions-nous d'ailleurs dans les choses un ordre que nous n'avons pas dans l'esprit ? Le même défaut se traduit par le débraillé de la tenue — chez soi et en public, même à l'église, — par le débraillé du langage — de grâce, n'in­sistons pas ! — par le débraillé des conversations—prêtez l'oreille autour de vous, dans la rue, le tramway, les réu­nions publiques et même dans les salons — par le débraillé des consciences — nous en reparlerons.

 

C'est le même défaut, conjugué avec l'inintelligence de nos devoirs envers la société et de nos intérêts, que nous retrouvons à l'origine de notre individualisme forcené — éternelle pierre d'achoppement de nos plus belles oeuvres, de nos entreprises les plus nécessaires. Quelles difficultés n'éprouvons-nous pas à implanter chez nous la coopération agricole ? Quelles sont les oeuvres sociales qui peuvent compter sur l'appui unanime, non seulement du public, mais même de ceux que le succès de cette oeuvre intéresse le plus ? Coopérer, c'est se soumettre à une discipline, se plier à une règle, c'est se fondre dans un tout, accepter un certain effacement de sa personna­lité, c'est attendre son bien du bien collectif. Et nous sommes réfractaires à tout cela.

Si notre manque d'ordre et de discipline ne se ma­nifeste pas plus dans les affaires qu'ailleurs, c'est pourtant bien dans ce domaine qu'il nous suscite le plus d'ennuis. Entrez dans une échoppe: saucissons, carottes et gâteaux voisinent dans une scandaleuse promiscuité. C'est un indice. On vous promet une livraison pour telle heure, vous la recevrez trois heures en retard. On fixe un rendez-vous; on s'y rend, si l'on y pense, une demi-heure après l'heure dite. La ponctualité est la politesse des rois, mais c'est aussi une qualité rudement appréciable chez les sujets — et qui peut se monnayer. Un client entre dans un magasin — on le laisse attendre, parce qu'il faut tout de même finir l'histoire égrillarde qu'on est en train de raconter à son voisin! Le client s'impatiente, s'en va ? Tant pis. Il se fâche ? On le rabroue. Il exige une promesse formelle ? On promet tout, et l'on tient... si l'on ne peut faire autrement! Comme si la manière dont on traite un client ne contribuait pas à conserver sa clientèle tout autant que la qualité des marchandises qu'on lui vend. On se plaint que nos gens préfèrent acheter chez les étrangers. Faut-il aller chercher si loin l'explication ?

 

C'est entendu ! Nous sommes une race de fondateurs. Dieu sait si nous en avons fondé des entreprises et des oeuvres de tout genre! S'il nous en reste si peu à la fin, c'est peut-être qu'ayant beaucoup fondé, nous avons rarement persévéré. Le cas des journaux et revues d'idées est typique. Que de revues mortes à la deuxième, à la dixième livraison! Notre histoire économique, depuis une quarantaine d'années surtout, est un perpétuel recommen­cement. Il existe chez d'autres peuples de véritables dynasties économiques — entreprises fondées il y a plusieurs vingtaines d'années et transmises de père en fils, les enrichissant tous, chaque génération y apportant sa part de développement et d'amélioration. Elles jouissent aujourd'hui d'un grand prestige. Nous nous pressons à leur comptoir. « Merveilleux ! Superbe ! cela vient de chez B ou de chez M ». Nous avons eu jadis de magni­fiques exemples de persévérance tenace. Des hommes de notre sang, pénétrés de l'idée qu'une fortune ne s'acquiert pas en un jour, mais qu'elle résulte d'un travail persévé­rant et méthodique, ont créé des entreprises qui les ont enrichis, et ont longtemps été comme les piliers de notre organisme économique. Mais leur génération semble éteinte. Dans la plupart des cas, les entreprises ont été cédées à des étrangers sous prétexte que, paraît-il, la si­tuation n'était plus tenable. Pourquoi, n'était-elle plus tenable, la situation? De deux choses l'une: ou bien la concurrence commerciale se fait chez nous, comme ailleurs, entre les maisons d'affaires, ou bien elle se fait entre les races, et nos concurrents n'auront naturellement de cesse que lorsqu'ils nous auront chassés du domaine des affaires. Si elle se fait entre les races, que vient-on alors nous prêcher sans cesse la conciliation, la tolérance, la coopé­ration ? Ces mots n'ont aucun sens, à moins que nous ne soyons disposés à nous laisser tondre de plus près et au plus vite. Mais si elle se fait entre maisons d'affaires, elle ne peut se faire que par les prix et la qualité. Pour tenir le coup, ne pas se laisser dépasser, toutes les maisons — les nôtres et celles des autres — doivent chercher à améliorer la qualité et à abaisser les prix. Et cela demande du travail, de la méthode, de l'étude. Tant et

tant, en vérité, qu'on a pu écrire que le métier des affaires exige de nos jours plus d'études et de formation intellec­tuelle que toute autre profession. Or, nous le savons, nous n'aimons guère cela, l'étude, la méthode, le travail !

 

Y a-t-il travers plus caractéristique des deux ou trois dernières générations, surtout de la génération qui s'ap­prête à monter aux affaires, que l'arrivisme ? Et qu'est-ce que l'arrivisme, sinon l'aboutissement logique et pitoyable des défauts de caractères énumérés ci-dessus, — l'arri­visme, par définition, s'opposant à persévérance et même à discipline morale. C'est l'ambition démesurée, plus que cela, la frénésie du succès, mais du succès qui vous met des tas de gros sous dans les poches. Les autres succès, littéraires, artistiques, scientifiques, n'importent pas. Hanté par l'idée de gagner le plus d'argent le plus vite possible, on néglige tout le reste, y compris ses devoirs et ses responsabilités. Et nous en arrivons ainsi à parler d'un des indices les plus alarmants de notre situation actuelle, d'une de nos faiblesses les plus périlleuses. Nous l'avons mentionnée plus haut: le débraillé des consciences.

 

Nous l'écrivons cependant avec plaisir: notre popu­lation rurale est à ce point de vue, beaucoup plus saine que la population des villes. Elle n'est pas indemne, certes, et elle est rudement menacée de contagion — car, selon la juste observation de Lucien Romier, si la cam­pagne résiste aux influences politiques de la ville, elle n'a que trop tendance à modeler sur elle sa physionomie morale, empruntant sans distinction ni discrétion aux citadins leurs coutumes, leurs modes, leurs moeurs, etc. Notre campagne n'échappe pas à cette règle. Mais elle demeure, encore, en dépit de certaines atteintes, la grande, la féconde réserve de nos forces physiques et morales, la magnifique espérance de la nation.

 

Nous n'en dirions pas autant, hélas! de la population urbaine, beaucoup plus exposée aux influences les plus dissolvantes, directement et profondément ravagée par elles. Chez cette partie de notre population, — malheu­reusement aujourd'hui plus nombreuse que l'autre — le débraillé des consciences se reconnaît à des indices non équivoques, et cela, à tous les degrés de la hiérarchie sociale et dans toutes les sphères d'activité.

 

Le sens du devoir, de toute la gamme du devoir, semble obscurci, voilé, faussé. Qu'est devenue, par exemple, l'éducation familiale, l'éducation des enfants, le premier devoir de l'immense majorité des hommes et des femmes ? Disparue ou à peu près. Les instituteurs vous diront qu'une fraction effarante des enfants inscrits chaque année dans les écoles n'ont aucune espèce de formation — sorte de pauvres petits costauds qui ont poussé jusque-là à la façon d'une plante en pleine forêt, avec toutes leurs malformations de caractère — bien plus, qu'ils perdent au fur et à mesure, dans leurs familles mêmes, le peu de formation qu'on tâche de leur donner. Le père, retenu à l'atelier ou au bureau, se décharge de ses devoirs sur la maman, et celle-ci sur une « bonne » ou sur la voisine — car vous savez, Madame doit sortir fré­quemment! Le cinéma à 25 sous dans l'avant-midi (c'est important, la vie coûte si cher!), la tournée des magasins dans l'après-midi (une bonne ménagère doit être au courant de tous les bargains), les visites le soir et les euchres de charité (il faut tout de même se délasser — les enfants, c'est si fatigant !) Tous ces impé­rieux « devoirs » envers soi-même ne sauraient, en vérité, être négligés ou subordonnés aux devoirs envers sa famille ! Passez dans les quartiers populeux et prêtez l'oreille aux gamins et aux gamines qui s'ébrouent dans la rue. Et vous connaîtrez une des raisons pour lesquelles l'école primaire obtient chez nous de si tristes résultats.

 

Les Anglo-Saxons, hommes d'affaires avant tout, ont un précepte dont ils se trouvent, paraît-il, admirablement: It pays to be honest. S'il faut en croire certaines rumeurs trop persistantes pour ne pas devenir alarmantes, nos hommes d'affaires et même nos hommes de profession ne le comprennent pas toujours ainsi. Plusieurs d'entre eux semblent croire que la rouerie, la ruse, la fraude plus ou moins légale sont beaucoup plus rémunératrices.

 

Et les devoirs envers la collectivité nationale ? Com­bien parmi nous ont la préoccupation du problème na­tional ? Combien cherchent à savoir comment se pose ce problème ? Combien soupçonnent que le fait d'être nés Canadiens français leur impose certains devoirs ? Et com­bien parmi ceux qui savent ces devoirs sont disposés à les accepter jusqu'au bout ? Aucun ordre de responsa­bilités peut-être ne donne lieu à plus de lâchetés. Pas nécessairement de ces grandes lâchetés qui vous déca­pitent leur homme — car, en cet ordre d'idées, il faut une certaine dose d'un certain courage pour être com­plètement lâche, lâche comme le sont ceux qui, ayant tout reçu de leur race, la renient et la méprisent, comme le sont certains de nos millionnaires qui, enrichis parfois même à force de battage de patriotisme, profitent de la première occasion pour nous vendre en bloc à la foire aux esclaves. Mais de ces petites lâchetés de rien du tout, de ces bonnes petites lâchetés de tous les jours, qui sau­vegardent votre prestige et votre bon renom, mais qui, généralisées de bas en haut de la hiérarchie sociale — plutôt en haut, car il faut être intelligent pour doser ses turpitudes — saccagent jusqu'à la destruction la cons­cience collective.

 

Ce fut, avouons-le en toute candeur, un des effare­ments de notre initiation à nos moeurs publiques, que de constater jusqu'à quel point plusieurs d'entre nous ne semblent même pas, à ce point de vue, se douter des responsabilités attachées à leurs fonctions ou à leur pres­tige; que la sorte de désinvolture avec laquelle chacun trouve moyen, en toute circonstance, de s'exonérer et de faire porter sur le voisin (pourvu que ce ne soit pas un homme en place) le poids de toutes les fautes, de toutes les erreurs, de toutes les faiblesses collectives. « C'est la faute à Papineau! » avaient coutume de dire nos grands-pères. « C'est leur faute », disons-nous, sans avoir le courage de nommer personne (sauf peut-être si les portes sont hermétiquement closes). Nous avons peur d'expri­mer notre pensée, peur d'afficher nos convictions, peur de prendre une attitude et donc, peur de nos responsa­bilités et de nos devoirs. On salue à gauche, on salue à droite, on se tient en équilibre sur toutes les clôtures pos­sibles et impossibles. « Si je dis ceci, on me répondra, » « Que deviendra ma situation si j'affirme cela, si je fais ou ne fais pas telle chose ? » Eh! oui. Que deviendra le fromage que je gruge déjà, et celui que je voudrais bien gruger demain? Et l'on parle ensuite de « carence de la jeunesse » ? On voudrait que les jeunes fussent ar­dents, combatifs, enthousiastes, entreprenants, studieux, patriotes, au courant de tous les problèmes nationaux ? On reproche à la foule son ignorance, son apathie, sa veulerie ? Allons donc! Est-on de l'élite pour trembler de tous ses membres au faîte de sa tour d'ivoire ? Est-on chef pour voiler sa pensée ? A quoi sert de pleurnicher sur le dépérissement de notre langue, si on refuse de pro­noncer les mots qui sauveraient la langue en sauvant la race ? Est-ce à la foule de donner des directives ? Est-ce à la jeunesse de prendre les devants et d'indiquer la voie ? Qu'on descende sur le terrain des faits, qu'on s'approche de la réalité où la vie palpite, et la jeunesse, qui aime la crânerie et les situations nettes, suivra... Instructions ou éducation... ?

 

Nous sommes catholiques, n'est-ce pas ? « Notre langue et notre foi », comme cela vous trousse une péro­raison. Au fait, ne serait-ce pas plutôt notre langue qui aurait besoin d'être troussée, émondée — notre pauvre langue anémiée, chargée de scories que des esprits biscornus, incapables de distinguer entre corruption et évo­lution, s'efforcent de justifier? Quant à notre foi... oh! rien à dire! Dieu sait si nous en dépensons de l'eau bénite et des rameaux. Nous est avis pourtant que de moins fréquentes et de moins régulières génuflexions, et un peu plus de fermeté et de raisonnement dans la croyance modifieraient sensiblement notre sens du devoir, et donc le sens même de notre vie. Est-il chose plus lamentable que la sorte de dédoublement qu'on remarque dans la personnalité morale d'un trop grand nombre de nos ca­tholiques ? Les indulgences de la Portioncule, certes, mais la duplicité en affaires! Les coups de chapeau à la croix des églises, et les coups de couteau dans ses engage­ments les plus solennels! De la foi, il en est parmi nous qui en ont... plein la bouche. Mais vivre sa foi, en nourrir sa pensée, en éclairer sa conduite; se faire des prescrip­tions de la morale un code que l'on consulte et que l'on respecte, c'est une autre affaire.

 

Il est pourtant quelque chose de plus lamentable encore si possible que cette poussiéreuse routine dans laquelle s'enlise la foi religieuse d'un trop grand nombre, et c'est la rapidité avec laquelle jeunes gens et jeunes filles y tombent dès la sortie des écoles et des couvents, quand ils ne dégringolent pas jusqu'à l'indifférence totale. Au pensionnat, durant ses années d'études, sous l'oeil in­quisiteur du cher Frère, de Monsieur l'abbé ou de Mère, on est confit de, piété, tintinnabulant de médailles pieuses et de chapelets. On ne se retournerait pas à la chapelle pour tous les trésors de la Golconde; le monde et son impiété vous mettent le rouge au front. Six mois, trois mois, trois semaines après sa sortie de l'école, du couvent ou du collège, hélas! on ne vit déjà plus, sauf de rares exceptions, que « du parfum d'un vase vide ». Quelques-uns — et ce ne sont pas toujours les plus estimables — conservent toutes leurs pratiques, dégénérées en sima­grées stériles, simulacres de religion; d'autres n'en re­tiennent que ce qu'il faut pour ne pas attirer l'attention. — Cela paraît si mal de manquer la messe le dimanche! D'autres enfin se dépouillent de tout, croyance et pra­tiques, dès qu'échappés à nos milieux, ils surprennent à leur adresse un sourire railleur. Ils nous reviennent, pour la plupart, ceux-là, marchant sur la tête et, ce qui est pis, voulant à tout prix nous faire croire que c'est ainsi qu'un homme doit marcher. Et remarquez bien que nous parlons ici de la classe instruite, de tous ces hommes et de toutes ces femmes de qui les petits et les humbles sont censés recevoir lumière et direction. Encore une fois, regardons autour de nous. Où sont nos grands croyants dont la foi rayonnante inspire le respect et entraîne toute une génération ? Où sont, par exemple, nos Pierre Termier ? — magnifique poète de la terre, dont les plus belles pages scientifiques s'achèvent dans un émou­vant acte de foi ?

 

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Paresse intellectuelle, prodigalité généralisée, manque d'ordre et de discipline, défaut de persévérance, sens amoindri du devoir et des responsabilités; qui niera que toutes ces déficiences de caractère, trop réelles chez nous, ne sont, pour une part immense, une part plus considé­rable que l'intelligence, à l'origine de nos difficultés de tous ordres ? Qui niera qu'elles sont même à l'origine de nos insuffisances intellectuelles ? Et c'est par un re­maniement des programmes d'une certaine catégorie d'écoles qu'on prétendrait remédier à semblable état de choses ? Et rien que par cela ? Nous voulons croire, mais nous n'avons pas la foi inflexible du Centurion.

 

D'ailleurs, serons-nous donc d'éternels traînards ? Nous avons été romantiques cinquante ans après la mort du romantisme, et certain de nos poètes embrasse encore au­jourd'hui la nature avec une émotion et des effusions depuis longtemps passées de mode. Voilà maintenant que de savants maîtres se demandent s'il ne serait pas opportun de mettre à l'étude chez nous la question de savoir si les sciences n'ont pas autant de valeur éduca­tive que les lettres — question débattue en France et réglée depuis au moins vingt-cinq ans, et au surplus, que depuis six ans, sans bruit ni tapage, on s'efforce de régler chez nous même à la satisfaction de tout le monde.

 

(1). Tout en reconnaissant qu'elles sont fondées d'une certaine façon, on nous a néanmoins reproché les remarques un peu dures de ce paragraphe. « Si quelques-uns ont persiflé, nous a-t-on dit, ils ne l'ont pas fait par plaisir, mais pour démontrer qu'il n'est plus permis de parler à des laïcs de bonne foi sur le ton impertinent. » C'est un point de vue. Nous le signalons volontiers à nos lecteurs.

 

(2). Disons d'une façon plus explicite et une fois pour toutes que nous ne sommes pas opposé à l'enseignement des sciences au collège classique, que nous n'ignorons pas tout le bien qu'accomplissent au milieu de nous les Marie-Victorin, les Baril, les Pouliot, les Parizeau, les Préfontaine et tous ceux qui se livrent à la recherche scientifique; que nous savons très bien aussi qu'il est nécessaire aujourd'hui d'étiqueter les arbres et de classifier les herbes de notre territoire, etc. Nous ne nous opposons donc pas à la réforme demandée par les partisans du plus de science au collège classique, nous croyons seulement que ces réformes ne donneront de fruits que si l'on effectue d'abord l'autre — celle que nous réclamons plus loin

 

(3). « Nos pères ont eu leurs problèmes, nous avons les nôtres, nous a-t-on fait re­marquer. Vivant à une autre époque, nous ne pouvons être exactement ce que nos ancêtres furent! » Et pourquoi pas? Le milieu s'est transformé, les problèmes sont différents, une adaptation est nécessaire. Rien de plus certain. Mais quels que soient les problèmes, le milieu et le moment, la force qui permet à l'homme de vaincre, reste la même, la volonté, le caractère.

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Source : Esdras MINVILLE, « Instruction ou Education ? À propos de réforme de l’enseignement secondaire », dans École sociale populaire, Nos 204-205 (janvier-février 1931) : 1-20.

 
© 2006 Claude Bélanger, Marianopolis College