Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juillet 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Louis-Joseph de Beaussier de l'Isle

 

BEAUSSIER DE L'ISLE (Louis-Joseph de) (1700-65), enseigne, lieutenant, capitaine de vaisseau, chef d'escadre, commandant de port, chevalier de Saint-Louis.

 

Fils du feu capitaine de port, il naquit à Toulon en 1700. Entré dans la marine à qua­torze ans, il fit quatre campagnes avant d'être nommé enseigne de port en 1732, se trouva au bombardement de Tripoli en 1728, fut promu lieutenant de port en 1739, commandant de frégate en 1744, puis de vaisseau et capitaine de port en 1749, décoré de la croix de Saint-Louis en 1750. En 1755, il était versé dans l'escadre de l'amiral Du Bois de La Motte pour ravitailler la Nouvelle-France.

 

En 1756, il fut désigné pour le commandement de l'escadre qui portait à Québec le marquis de Montcalm, ses officiers et ses troupes. Le 14 mars, commandant le Héros et la Sirène, ainsi que quatre transports, il partit de Brest, ayant à bord des sommes considérables en numéraire, expédiées pour que les troupes n'eussent point à souffrir de la dépréciation du papier monnaie au Canada. Le commandant accomplit le trajet sans encombres et jeta l'ancre en rade de Québec au mois de mai.

 

Au retour, le capitaine Beaussier dépose à Louisbourg les sommes d'argent qu'on lui avait confiées. Mais, le 26 juillet, son navire le Héros, qui devançait deux autres de l'escorte, se vit attaquer par deux vaisseaux anglais, le Grafton et le Nottingham. Seul il tint tête avec tant de vigueur que, au bout de six heures de combat, les assaillants se retiraient impuissants. Rentré de force à Louisbourg, le commandant comptait 48 hommes tués et 48 blessés : il avait lui-même reçu une blessure à la jambe. Le 13 août, il remit à la voile, aborda à Port-Louis, le 6 septembre, avec huit prises en mer et 400 prisonniers. En récompense de ses exploits, le roi le gratifia d'une pension de 1.000 livres. En 1757, il croisa d'abord dans la Manche et, l'année suivante, il devait commander l'expédition de Louisbourg, mais la maladie l'en empêcha et on lui substitua un autre officier supérieur. Toutefois au mois de mars 1758, la situation de cette ville étant devenue très critique, et M. Beaussier ayant suffisamment rétabli sa santé, la section de la flotte qu'il commandait fut désignée pour voler au secours de la place contre toute attaque des escadres britanniques. Des vents contraires retardèrent son départ de Brest jusque vers le 10 avril. Quand il put mettre à la voile, il embarqua sur ses quatre vaisseaux, accompagnés d'une frégate, un bataillon de troupes mercenaires, le contingent suisse, qui dans la suite fut cause de quelques ennuis. Après une traversée de quatorze jours seulement, « il atteignit sa destination, ayant échappé à la flotte anglaise qui lui barrait la route. Mais il ne tarda point à se voir embouteiller dans le port par les Anglais. Se rendant aussitôt compte que la situation était désespérée, M. Beaussier et les autres officiers de marine proposèrent, vers le 8 juin, que la flotte tentât de sortir, alors que la chose leur semblait encore possible. Le Conseil de Louisbourg leur refusa son assentiment. Le résultat fut que les vaisseaux furent incendiés ou pris, et les officiers furent faits prisonniers avec la garnison.

 

Remis en liberté en 1762, on lui confia le commandement du port de Brest. Bientôt le ministre de la marine le donna comme second au comte d'Estaing dans la romanesque expédition pour la conquête du Brésil, la plus importante colonie que le Portugal, allié de l'Angleterre, possédait en Amérique. Dans ses instructions le ministre demandait que Rio-de-Janeiro fut attaqué à tout hasard, que les risques Ies plus grands fussent courus, sans s'occuper des conséquences, pourvu que les pertes que l'on infligerait à l'ennemi fussent équivalentes à celles des Français, le principal but de l'expédition était de rendre à la nation sa confiance dans la marine royale. M. Beaussier fut aussi nommé com­mandant aux Iles-sous-le-Vent et à Saint-Domingue. En 1764, M. de Choiseul lui conféra le titre de chef d'escadre en reconnaisance de ses services : mais le grand marin mourut le 4 juin 1765. En 1757, il avait épousé Louise Jouenne de Losriesse.

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Source : Louis LE JEUNE, «Louis-Joseph de Beaussier de l’Isle», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. I, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931,  862p., pp. 142-143.

 

 
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