Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Août 2013

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Féniens

 

 

FENIENS (Société des) ou Confrérie d'Ir­landais, liés par serment en vue de libérer leur pays de l'Angleterre. — Finn ou Fionn, nom d'un Héros légendaire d'Irlande.

La Confrérie (Brotherhood) se forma, croit-on, vers 1858 en Irlande. Elle se pro­pagea dans les colonies anglaises et aux É.-U. Son dessein avoué, bien que d'abord se­cret, était d'établir le Home Rule ou la Ré­publique nationale, ayant recours à tous les moyens pour réaliser son idéal; même les moyens extrêmes entraient dans ses plans, comme légitimés par la haine du despotisme britannique séculaire, par la rancune des in­justices passées, la vengeance des douleurs physiques et des souffrances morales, infligées à des Catholiques par les Protestants.

Vers la fin de 1861, la Confrérie s'était ré­gulièrement instituée en Amérique, munie d'un Conseil suprême ou Centre principal et de cinq autres membres, ayant leur siège à New-York et des ramifications dans chaque État de l'Union. Au lendemain de la Guerre de Sécession, bon nombre d'Irlandais se sen­tirent rompus au métier des armes; la So­ciété trouva l'heure propice pour exercer un coup de main contre l'Angleterre, et en Ir­lande, et en Amérique. En mars et avril 1866, un millier de Féniens voulurent envahir le Nouveau-Brunswick à Campobello et furent repoussés. Le 1er  juin, environ 1.500 autres, réunis au fort Érie, franchirent la frontière sans artillerie, ni cavalerie, ni vivres d'au­cune sorte : l'armée canadienne comptait 16.500 combattants et 45 canons. La défaite était certaine, presque sans en venir aux mains. Le colonel O'Neil fit reculer les Onta­riens à Bridgway, mais il fut arrêté par les autorités américaines.

En mai 1870, quelques centaines de Féniens se réunirent à Saint-Albans, au Vermont, en vue de franchir la frontière. Ils furent repous­sés par un corps volontaire de fermiers. Il en fut de même à Malone, État de New-York, où ils furent arrêtés sans coup férir.

En 1871, leurs représentants au fort Garry avaient offert à Riel de fortes sommes d'ar­gent qu'il refusa sans hésitation. Une fois le soulèvement des Métis apaisé, ils se flattèrent d'obtenir si aisément leur concours que, sans attendre l'arrivée des recrues américaines, ils traversèrent la frontière pour se rallier aux Métis. Mais, non seulement ceux-ci ne voulu­rent point coopérer à la rébellion contre l'au­torité légitime, ils formèrent même, sous la direction de Riel, sept compagnies de volon­taires contre les envahisseurs. Cette loyauté inattendue causa une déception à William O'Donoghue et aux autres chefs anti-anglais. Ce dernier et quatre officiers furent capturés le 5 octobre 1871; ainsi l'Ouest fut conservé à la Couronne.

[Il existe peu d’informations en français sur les invasions féniennes, bien que l’une d’entre elles ait touché la province de Québec. Par ailleurs, la question fénienne a donné aux forces pro-confédératives un argument de choix pour justifier le mouvement d’union des provinces dans la période de 1864 à 1867. Pour compléter les informations données par le père Le Jeune, on pourra consulter les études suivantes :

DAFOE, John W., "The Fenian Invasion of Quebec, 1866'", dans Canadian Magazine, Vol. X, no. 4 (Feb., 1898): 339-347.

 

JENKINS, Brian, "The British Government, Sir John A. Macdonald, and the Fenian Claims", dans Canadian Historical Review, vol. XLIX, no. 1 (June, 1968): 142-159.

 

MASTERS, D. C. Fenian Raids, Encyclopedia of Canada.

 

McQUILLAN, Aidan, «Des chemins divergents : les Irlandais et les Canadiens français au XIXe siècle », dans Culture française d’Amérique, 1999, pp. 133-166.

 

SENIOR, Hereward, « Quebec and the Fenians », dans Canadian Historical Review, Vol. 48, No 1, 1967, pp. 26-44.

 

SENIOR, Hereward, The Fenians and Canada, Toronto, Macmillan, 1978, 176p.

 

SENIOR, Hereward, The Last Invasion of Canada. The Fenian Raids, 1866-1870, Toronto & Oxford, Dundurn Press, 1991, 226p.

 

STACEY, C. P., « Fenianism and the Rise of National Feeling in Canada at the Time of Confederation », dans Canadian Historical Review, Vol. 12, 1931, pp. 238-261.

 

STACEY, C. P., « The Fenian Troubles and Canadian Military Development, 1865-1871 », dans Canadian Historical Association Report, Vol.14, 1935, pp. 26-35.

STANLEY, George F. G., « L’invasion fénienne au Manitoba : un journal contemporain », dans Revue d’histoire de l’Amérique française, Vol. 17, No 3, 1963, pp. 258-268.

WALKER, Mabel Gregory, The Fenian Movement, Colorado Springs, Ralph Myles Publisher inc., 1969, 215p.

WILSON, David A., The Fenians in Canada, Library and Archives Canada.

WILSON, David A., La sécurité de l’État, la liberté civile et le mouvement fénien au Canada, Symposium d’études irlandaises, 2008.]

Bibl. - Can. and Prov., Index, Toronto, 1917; The Makers of Can., Index, 1911; Mém. Soc. Roy. Can., années 1913 et 1920; R. P. Morice, Hist. de l'Egl. cath. dans l'Ouest, t. II, Montréal, 1922; H. Garneau, Hist. du Can., t. II, Paris, 1920.

Source: Louis LEJEUNE, Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. I, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931, 862p., p. 620. 

Le lecteur est invité à lire le texte d’introduction et la mise-en-garde de l’éditeur de l’encyclopédie de l’histoire du Québec.

 

 
© 2004 Claude Bélanger, Marianopolis College