Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Septembre 2005

Documents of Quebec History / Documents de l'histoire du Québec

 

Women's Right to Vote in Quebec

Le droit de vote des femmes du Québec

Neuvième article

 

[Série de 10 articles du Montreal Herald sur le droit de vote des femmes (17 février 1930 au 27 février 1930). Ces articles furent publiés par le journal en anglais et en français.]

[English version of the article]

Pourquoi les femmes de Québec sont-elles privées du droit de vote?

 

Quand avec une froide raison on essaie de trouver un peu de logique et de bon sens dans ce refus du suffrage on est de plus en plus embrouillé.

 

Les adversaires ne présentent aucun argument pour expliquer leur attitude. Ils ne peuvent probablement trouver d’argument pour s’excuser parce qu’il n’y en a pas.

 

M. Taschereau dit que les femmes du Québec ne veulent pas du droit de vote; qu’elles l’auront quand il sera convaincu qu’elles le demandent.

 

M. Perron dit avec un air martial que lorsque les femmes entreront dans la politique il en sortira.

 

Ceci, est peut-être dans l’esprit de M. Perron une raison pour refuser le suffrage aux femmes. Mais on a lieu de se demander si dans l’esprit de l’électorat masculin cela constitue une raison.

 

Si l’on analyse la question il devient évident que les avocats du suffrage sont les seuls logiques.

 

Voici l’opinion du Herald concernant les deux côtés de la question.

 

Dans Québec les femmes votent pour les élections du Dominion. Les femmes de toutes les autres provinces votent au fédéral et au provincial. Ainsi, la femme du Québec a un mot à dire dans le choix du premier ministre du Canada, mais elle n’a rien à dire dans le choix du premier ministre de Québec. Cela a-t-il du bon sens?

 

Dans Québec comme dans les autres provinces du Dominion, les femmes payent des taxes, ont des enfants, obéissent aux lois, ou sont punies pour toutes violations; mais dans Québec elles n’ont aucun droit sur leurs propriétés, si elles sont mariées. Le mari contrôle tout ce qu’elles possèdent même leur salaire, si elles travaillent; leur autorité sur leurs enfants est subordonnée à celle de leur mari; et les lois auxquelles elles sont tenues d’obéir sont faites exclusivement par les hommes; les femmes n’ont rien à voir dans l’adoption ni dans l’amendement des lois parce qu’elles ne peuvent voter. Est-ce que cela a du bon sens?

 

Les femmes du Québec sont privées du suffrage provincial. Les femmes de l’Île du Prince Édouard, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau Brunswick, de l’Ontario, du Manitoba, de l’Alberta, de la Saskatchewan et de la Colombie Britannique possèdent le vote provincial et le vote fédéral. Cela a-t-il du sens commun?

 

La conclusion qui peut être tirée de cette situation c’est que les femmes du Québec sont inférieures en intelligence, en éducation, en morale, ou en d’autres matières aux femmes des autres provinces canadiennes. Cela a-t-il du sens commun?

 

Contre ces arguments nous avons la croyance de M. Taschereau qui dit que les femmes ne veulent pas voter, et la terrible menace de M. Perron qui quittera la vie publique quand les femmes y entreront.

 

C’est tout.

 

Le Herald croit que M. Taschereau est mal renseigné lorsqu’il dit que les femmes du Québec ne veulent pas du vote. Il est possible que dans certains comtés lointains, n’ayant aucun contact avec les progrès politiques modernes, les femmes âgées soient apathiques sur cette question. Quelques-unes peuvent même y être hostiles.

 

Mais il y a dans Québec des milliers de femmes cultivées, intelligentes, progressives, parlant anglais ou français, pratiquant la religion catholique ou la religion protestante, ayant une politique libérale ou conservatrice, qui non seulement veulent le vote mais qui l’exigent.

 

Toutes les femmes institutrices veulent le vote.

 

Toutes les mères intelligentes veulent le vote.

 

Toutes les femmes, et elles sont légion, qui ont souffert de l’injustice du code civil qui prive la femme du droit de contrôler ses propres propriétés, son propre salaire, et qui ne lui donne pas un contrôle égal à celui de son mari sur ses propres enfants, veulent le vote.

 

Si M. Taschereau ignore réellement combien l’opinion publique est en faveur du suffrage, il le saura bientôt. Les femmes lui feront part de leur désir.

 

Quant à la menace de M. Perron de se retirer de la vie publique quand les femmes y entreront, le Herald croit qu’il est plus important pour la province que femmes obtiennent le vote que de garder M. Perron dans la politique.

 

Ce qui intrigue le journal c’est d’entendre M. Perron qui professe les idées les plus tory sur la question du vote des femmes, avoir la témérité de se dire libéral.

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Source: « Should Women Vote? » Montreal Herald, 26 février, 1930, p. 3. Article transcrit par Leynna Feigenbaum. Révision par Claude Bélanger.

 

 
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