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Documents of Quebec History / Documents de l'histoire du Québec
Women's Right to Vote in QuebecLe droit de vote des femmes au Québec
Deuxième article
[Série de 10 articles du Montreal Herald sur le droit de vote des femmes (17 février 1930 au 27 février 1930). Ces articles furent publiés par le journal en anglais et en français.] [English version of the article] Les politiciens réactionnaires qui conduisent la guerre qui se fait contre le suffrage féminin dans la province de Québec, se basent sur deux arguments.
Ils disent que les femmes de Québec ne veulent pas du vote.
Ils disent que si les femmes du Québec possédaient le droit de voter elles ne s’en serviraient pas et ne joueraient pas un rôle politique bien important.
Le premier argument est simplement l’opinion personnelle de ces messieurs. Nous avons déjà discuté et réfuté cet argument qui ne tient pas debout. Parce que s’il n’y avait pas un très grand nombre de femmes actives et anxieuses d’obtenir le vote et qui ne craignent nullement de le proclamer hautement au public en protestant contre l’injuste situation actuelle, les politiciens ne combattraient pas avec tant de véhémence toute idée de changement.
Des politiciens intelligents ne se battent pas contre des moulins à vent.
Tant qu’au second argument, il est démenti par l’énergie que déploient les femmes du Québec pour l’obtention du suffrage. Tout nous fait prévoir, au contraire, que la femme aura une très grande influence dans les affaires publiques le jour où on lui en donnera la chance.
Il est certain que la femme emploiera son droit de suffrage et l’influence politique que ce droit lui confèrera pour inscrire dans nos statuts certaines lois qui l’intéressent comme femme.
Elles sont prêtes à dire à leurs adversaires quel genre de lois elles exigeront le jour où elles auront le droit de voter.
Elles s’intéressent particulièrement à la législation sociale. Elles proclament avec raison que les questions d’éducation, de santé publique, de logement, de travail féminin, de statut légal de la femme affectent la femme plus directement qu’elles affectent l’homme. Elles disent qu’il est raisonnable de s’attendre à ce que l’émancipation politique de la femme ait comme résultat un intérêt plus grand dans les questions de cette nature.
De plus elles disent qu’avec le présent système qui permet aux hommes seulement d’exercer une influence politique, tous ces problèmes ont été négligés, et l’on ne s’est occupé que des questions de bonnes routes, de ponts, d’agriculture et de commerce qui constituent un intérêt primordial pour l’homme, mais qui ne sont pas d’intérêt général plus important que par exemple la santé publique.
Il a été démontré à plusieurs reprises que la province de Québec n’a aucune raison d’être fière de ses conditions hygiéniques. Les fonctionnaires du bureau de la santé publique provincial, eux-mêmes l’admettent.
Québec n’a pas de pensions aux vieillards, pas de cliniques pour les mères ni de pensions pour les mères.
Les salaires des institutrices rurales sont tellement infimes qu’ils leur permettent à peine de vivre.
Les femmes ne peuvent exercer aucune profession libérale à l’exception de la médecine. Il n’y a pas de femmes admises à la pratique du droit par exemple, dans Québec, tandis que dans les autres provinces et dans les autres pays elles peuvent êtres juges et magistrats. La femme n’a rien à dire dans la législation qui la concerne directement et qui concerne ses propres enfants.
En 1920 le Gouvernement de Québec a créé une Commission du Salaire Minimum de la femme. Cette Commission n’a pas siégé avant 1926, six années après son établissement. Les femmes ne font pas partie de cette Commission. La Commission a réussi à considérer cinq industries seulement depuis son existence. Tandis que dans l’Ontario une organisation similaire a adopté des règlements affectant quarante industries ou maisons de commerce.
Les femmes du Québec insistent pour faire comprendre que ces questions les concernent plus qu’elles ne concernent les hommes, et qu’elles s’y intéressent fortement.
Elles réclament le droit de s’occuper de ces questions et elles s’en occuperont si jamais elles obtiennent le droit de voter.
Elles sont convaincues que l’extension du droit de vote aux femmes aurait pour résultat la réduction du taux des mortalités de la province, l’amélioration des conditions d’éducation, et l’adoption d’une législation sociale qui favoriserait la mère et les enfants et leur donnerait des avantages qui leur sont actuellement refusés et dont jouissent pourtant les femmes des autres provinces du Dominion.
Ceci est un programme défini et un programme progressif. Les chefs du mouvement féministe l’ont adopté. Il y a tout de même encore des chefs politiques qui s’opposent au vote des femmes et qui ont la témérité de soutenir que les femmes ne s’intéressent pas à la politique. Retour à la page sur le vote des femmes
Source :« Should Women Vote? », Montreal Herald, 18 février, 1930, p. 3. Article transcrit par Leynna Feigenbaum. Révision par Claude Bélanger.
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© 2005
Claude Bélanger, Marianopolis College |