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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
David RAJOTTE, Les Jeunes Laurentiens. Jeunesse, militantisme et nationalisme dans le Canada français des années 1940, Mémoire de M. A. (Histoire), Université de Montréal, 2006, xxvi-215p.
Chapitre premier1.2 Les influences des Jeunes Laurentiens
Les Jeunesses laurentiennes n’établirent pas leur idéologie sans emprunter à d’autres. Plusieurs idéologues et courants les influencèrent. Il faisait partie de la formation des Jeunes Laurentiens que d’étudier divers penseurs. C’est pour cette raison qu’on publia parfois des suggestions de livre destinées à certaines sections (249). La consolidation du système de pensée laurentien passait par la compréhension et l’assimilation de produits d’intellectuels en vue. «Ils t’aideront à devenir un Canadien-Français complet», affirmait-on (250). On chercha même à ce que des penseurs offrent des conseils et des mots d’ordre précis au mouvement. La création d’un «comité d’aviseurs techniques» fut ainsi proposée à un certain moment. On expliquait que les laurentiens ne sont pas toujours qualifiés «pour donner la juste orientation sur les questions de principes (251) ». La composition de ce comité aurait été tenue secrète, mais on proposa entre autres Lionel Groulx, Émile Bouvier, Esdras Minville et François-Albert Angers (252). Plusieurs idéologues étaient en fait appréciés par les laurentiens.
S’il y eut un intellectuel dont les Jeunes Laurentiens se réclamaient plus que de tout autres, c’est bien Lionel Groulx. Il est la seule personne à être mentionnée dans le manifeste du mouvement. On y dit que l’organisation adhère à sa doctrine (253). Un brouillon du manifeste fut en fait soumis au chanoine pour qu’il le bonifie (254). Groulx se rappela quelques années plus tard que ce fut son premier contact avec l’organisation (255). C’est pratiquement tout ce qu’il avait écrit ou dit qu’appréciaient les Jeunesses laurentiennes. Autant ses travaux d’historien que son œuvre «d’éveilleur d’âmes» étaient encensés. On le qualifiait de «maître de la recherche historique, maître de pensées et d’énergies patriotiques (256) ». Il était celui dont on était le plus à même de tirer des connaissances et compétences nationales. C’est Groulx qui avait par exemple le mieux délimité les rôles et devoirs des étudiants (257).
La liste de lectures suggérées aux Jeunes Laurentiens de Québec ne contenait pas sans raison 18 titres du prêtre-historien (258) . Certains de ses écrits étaient en outre étudiés en réunion (259). Pourquoi nous sommes divisés fut notamment adapté à l’étude par Alphonse Bourdon, alors président de la section Saint-Vincent de Paul (260). La brochure fut alors décortiquée et analysée dans La Vérité, bulletin officiel du mouvement. Celui-ci, par l’entremise de son secrétariat général, vendait par ailleurs certaines œuvres de Groulx: Faites-nous des hommes, Directives et Pourquoi nous sommes divisés (261) . Les laurentiens diffusèrent aussi gratuitement la brochure Le Drapeau canadien-français, ce qu’il est et pourquoi ? (262). Pas étonnant, dans ce contexte, que les citations de Lionel Groulx foisonnent dans les publications du mouvement. Il est en fait rare de trouver un document laurentien qui ne contient pas au moins une mention du chanoine. Celui-ci était cité pour toutes les raisons. Voulait-on illustrer un propos, appuyer une affirmation, se donner des mots d’ordre ou légitimer l’organisation qu’on faisait appel à lui. Ce fut même parfois de ses articles qui furent reproduits en entier. Les Jeunes laurentiennes publièrent ainsi «La mère canadienne» (263) auparavant paru dans 20e siècle.
Lionel Groulx influença par ailleurs le mouvement par des conférences ou des discours. Il fut présent à chacun des congrès généraux des Jeunes Laurentiens, sauf à ceux de 1943 et de 1947. C’est toutefois durant ce dernier qu’il fut nommé aumônier général (264). L’historien national allait aussi aux semaines de formation. Il resta trois jours à celle de 1946. C’est lui qui la clôtura en faisant un petit discours sur les raisons de demeurer Canadien français et catholique (265). Le chanoine assistait à des manifestations les plus diverses organisées par le mouvement, comme la fête de Dollard. Devenu aumônier des Jeunes Laurentiens, il semble en outre qu’il prit part à certaines réunions du conseil central (266). À toutes ces occasions, il en profita pour parler d’histoire ou donner des directives à l’organisation. C’était évidemment bien apprécié par les laurentiens. Il arrivait ainsi qu’on lui demande de reprendre ou préciser certains mots d’ordre (267). Au congrès général de 1946, le prêtre-historien parla des liens entre action catholique et action nationale. Il expliqua alors que l'action catholique doit se faire, pour bien réussir, dans un cadre naturel, celui-ci pouvant fort bien être la nation (268). Cela intéressa tellement les Jeunes Laurentiens, que Morin lui suggéra de reprendre cette idée dans un périodique devant paraître fin 1947 ou début 1948 (269). Pas étonnant que certaines directives de Groulx furent distribuées en outre en brochures par le mouvement (270).
Esdras Minville, économiste de réputation et directeur des Hautes Études Commerciales, étaient également très apprécié par les Jeunes Laurentiens. Ce sont d’abord ses idées concernant l’économie qui intéressèrent ces derniers. Il arrivait ainsi qu’on pose des questions d’études sur ceux qui possédaient réellement l’économie du Québec. On conseillait alors de lire et relire «les enquêtes […] d’Esdras Minville et vous trouverez les réponses aux interrogations posées (271) ». Les laurentiens se penchèrent notamment sur L’homme d’affaires (272) . Ce dernier tentait d’expliquer ce qu’est un homme d’affaires et d’intéresser les Canadiens français à ce type de carrière. Il semble bien que chacun des chapitres de cet ouvrage fut analysé et résumé. Le chapitre deux du livre présente les qualités de l’homme d’affaires. En avril 1948, Henri-Paul Ouellette, alors directeur économique, décrivit brièvement chacune d’entre elles. Cela était présenté aux membres afin qu’ils assimilent bien l’essence du propos. Le but était évidemment d’intéresser certains laurentiens aux carrières des affaires (273). En 1943, les Jeunes Laurentiens de Longueuil voulurent publier Le Canadien français et l’économique, conférence de Minville. Dans celle-ci, l’économiste parle des caractéristiques d’un homme d’affaires et explique que les Canadiens français peuvent très bien les avoir. L’orateur ajoute ensuite qu’il faut précisément former ce type d’individu (274).
Les Jeunesses laurentiennes lurent très certainement aussi les«études sur notre milieu». Celles-ci formaient une analyse détaillée de certains secteurs de l’économie. C’est après avoir pris connaissance de ces «études», qu’on pouvait par exemple citer Minville sur le revenu des paroisses rurales (275) . C’est dans une moindre mesure Invitation à l’étude que les laurentiens apprécièrent. Cela parce qu’il parlait notamment d’éducation nationale (276), élément fondamental pour eux. Ceux-ci expliquaient que «nous avons tant besoin d’hommes instruits sur leur pays», en parlant des enseignements de l’opuscule de Minville (277). Les Jeunes Laurentiennes étudièrent, quant à elles, en détail Invitation à l’étude. Il pouvait être demandé à certaines d’avoir lu tel chapitre pour la réunion suivante (278). Le directeur des Hautes Études commerciales fut également présent à de nombreux congrès organisés par les Jeunes Laurentiens. En 1946, il fit ainsi une conférence intitulée «La culture français et catholique, motif de notre activité nationale (279) ». Il y développa notamment le thème de l’éducation nationale. Il expliqua par ailleurs que la culture canadienne-française est héritière des civilisations gréco-latines, mais n’est rien sans le catholicisme (280). Minville alla apparemment aussi au congrès de 1947 à Trois-Rivières (281) .
Richard Arès était encore un tout jeune intellectuel lorsque les Jeunes Laurentiens naquirent. Il fut ordonné le 13 août 1944 et obtint son doctorat quelque quatre ans plus tard (282). C’est en 1943 qu’il publia le premier tome de Notre question nationale (283). Dans ce volume, le jésuite étudie en long et en large les problèmes du Canada français, du «problème des races» jusqu’au «problème culturel». Les laurentiens ne purent absolument pas passer à côté de cet ouvrage. Il fut étudié pendant plus d’un an par le mouvement. À la réunion du comité général d’avril 1945, on expliqua en fait que la table des matières du livre devait constituer «l’étude pour les deux prochaines années» dans le domaine national (284). C’est à partir du volume 3, numéro 4 de La Vérité que Notre question nationale fut mise à l’honneur. Pendant plusieurs mois, on posa des questions sur certaines parties de l’ouvrage. Le problème politique pouvait par exemple susciter des questions du type:«l’auteur distingue trois formes d’impérialisme: politique, économique et militaire. Définissez-en la nature et montrez-en les conséquences ? [sic] (285) » On expliquait que nous «n’aurons qu’à lire et relire “Notre question nationale’’ pour y trouver les réponses précises (286) ». On suggéra même de poser les interrogations du bulletin en assemblée de section. «Ce sera un travail d’éducation en profondeur et les membres sortiront des assemblées contents, parce qu’ils auront appris quelque chose», fit-on savoir (287). Le secrétariat général du mouvement ne vendait pas sans raison des exemplaires du volume (288). Il proposait même des réductions sur son achat (289). Une promotion impliquait par ailleurs que trois abonnements d’un an à La Vérité soit récompensé par Notre question nationale donnée gratuitement (290) . Quand La Vérité devint mixte en 1946, l’étude fut reprise du début (291). Cela même s’il avait été suggéré aux Jeunes Laurentiennes de lire le volume (292). Pas étonnant dans ce contexte que Rosaire Morin se rappela 45 ans plus tard avoir connu et étudié Arès chez les Jeunes Laurentiens (293) . Les deuxième et troisième volumes de Notre question nationale, respectivement publiés en 1945 et 1947, ne suscitèrent pas le même engouement chez ces derniers. On se contentait tout au plus d’en suggérer leur lecture, sans les étudier en tant que tels (294).
François-Albert Angers était également encore tout jeune lorsque les Jeunesses laurentiennes étaient en activité. Il venait à peine de commencer une carrière de professeur aux Hautes Études commerciales. Le groupe de jeunes le présentait non seulement comme tel, mais aussi comme un «collaborateur à l’Action nationale, propagandiste du système coopératif (295)». C’est d’abord ce dernier élément qui intéressait les Jeunes Laurentiens. Au cours des années 1940, Angers donna des cours sur la coopération, lesquels étaient organisés par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Angers y parlait des «grandes lignes de l’économie» et de la «philosophie de la coopération (296) ». Le mouvement encouragea plusieurs fois ses membres à y aller. On expliquait qu’il n’en coûtait qu’un dollar par année, ce qui était moins qu’une entrée au théâtre. «Nous comptons que plusieurs profiteront de ce cours», espérait-on (297). Il fut même demandé que les sections y envoient chacune quelques membres (298). Cela sembla toutefois plus ou moins bien fonctionner. À l’instar de Groulx et de Minville, Angers était en fait considéré comme un de «ces excellents maîtres en matière d’économie (299) ». C’est notamment pourquoi il participa à certains congrès des Jeunes Laurentiens. Ce fut entre autres le cas en 1947 (300). En 1943, lors du premier congrès, il présida des séances d’études sur les «problèmes économiques (301) ». Il fit de même en 1944 (302). Ailleurs, on citait aussi ses travaux sur la place des Canadiens français dans l’économie. On voulait alors notamment montrer que les compatriotes n’occupaient pas la place qui leur était due (303). Les Jeunesses laurentiennes apprécièrent certainement François-Albert Angers parce qu’il leur permettait d’affermir leurs idées sur la coopération. Pour Angers, le coopératisme permettrait au Québec de reprendre «le contrôle de son économie (304) ». Cela rejoignait essentiellement les idées des Jeunes Laurentiens. Ces derniers affermirent en fait leur pensée sur la coopération par une multitude de moyens. On organisa des conférences sur le sujet avec Victor Barbeau (305). Mesure de notre taille, étude de ce dernier sur les Canadiens français en général et leur économie en particulier, était bien sûr cité par le mouvement (306). Des sections s’abonnèrent par ailleurs à Ensemble, organe du Conseil supérieur de la coopération. Elles pouvaient aussi acheter l’Inventaire du mouvement coopératif publié par celui-ci (307). Ensemble fut également recommandé aux Jeunes Laurentiennes (308). Des numéros spéciaux sur la coopération de certains périodiques, tels Mes fiches, intéressèrent par ailleurs. C’est pourquoi la section Lafontaine en commanda 40 numéros (309). Les Jeunes Laurentiens lurent et apprécièrent très certainement le Manifeste du Conseil supérieur de la coopération (310) .
En tant que catholiques croyants et pratiquants, les Jeunes Laurentiens ne pouvaient certes pas passer outre les enseignements de l’Église. Le manifeste du mouvement spécifie bien que les laurentiens «s’inspirent de la doctrine sociale de l’Église catholique (311) ». C’est en particulier les encycliques Rerum Novarum et Quadragesimo Anno qui intéressaient l’organisation. Cette dernière proposa donc quelquefois d’étudier la première de ces encycliques (312) . Cela parce qu’elle «analyse la situation du monde ouvrier, définit la doctrine sociale de l’Eglise, illustre les devoirs de l’Etat et des associations professionnelles (313) ».À notre connaissance, on ne proposa jamais directement d’étudier Quadragesimo Anno en tant que telle. Elle pouvait toutefois bien être mentionnée à côté d’une trentaine de titres religieux dans une liste de livres à lire (314). Les laurentiens étaient de fait intéressés par toute lecture religieuse conforme à la pensée catholique. C’est cet intérêt pour la doctrine sociale de l’Église qui mena certainement les Jeunesses laurentiennes à travailler avec l’École sociale populaire. On a vu qu’elles proposèrent Émile Bouvier (315) comme un de leur aviseurs techniques. En février 1947, le R.P. J.F Richard vint aussi donner une conférence aux sections de Montréal. Il définit notamment alors les notions de nation, état et patrie (316). Certains dirigeants du mouvement furent également des élèves de l’École de formation sociale. Celle-ci fonctionnait une fois par année pendant une semaine. On y donnait des cours sur tous les sujets: de la nationalisation des entreprises au salaire familial. En soirée, on formait les participants à défendre et exposer leurs idées. On pouvait alors organiser des débats ou demander à certains de redonner une leçon (317). En 1944, Léonard Lessard et Maurice Savaria assistèrent à de telles formations. En 1945, ce fut plutôt Paul-Émile Robert et Léon Patenaude (318). Les responsables de l’organisation allèrent également à certaines semaines sociales, sans nécessairement participer à l’École de formation. Rosaire Morin fut ainsi présent à la semaine de 1946 sur la jeunesse (319) . René Bergeron, laïc et vice-président de l’École sociale populaire, intéressa grandement le groupe de jeunes. Bergeron était en fait reconnu pour ses conférences. Il en prononça apparemment 6000 durant sa carrière (320) . Les laurentiens assistèrent à certaines d’entre elles. Les Jeunes Laurentiens et Laurentiennes de la paroisse Saint-Ambroise allèrent notamment à une de ses causeries sur le communisme (321). La section masculine consacra par ailleurs Le premier péril, opuscule de Bergeron dénonçant ce système, un des «livres du mois» en mai 1944 (322) . Quant à elle, la section de Jonquière organisa elle-même une conférence de Bergeron (323).
Les personnalités et mouvements mentionnés ci-dessus sont ceux qui influencèrent le plus les Jeunes Laurentiens. Ces derniers tirèrent également des enseignements de maints autres endroits. Ils laissèrent, par exemple, certains dirigeants des Cercles Lacordaire écrire dans La Vérité. David Levack, c.ss.r., aumônier du diocèse de Montréal des Lacordaire, écrivit en effet plusieurs articles pour le bulletin officiel du mouvement. Il est le seul non-laurentien à avoir écrit dans celui-ci. Dans ses articles il traitait du problème alcoolique, de tempérance et d’abstinence (324). Toute une série de périodiques influencèrent également les laurentiens. Le Devoir, Relations, L’Action nationale, Notre Temps, La Boussole, étaient encouragés et lus par le mouvement. Certains dirigeants assistèrent également à des cours du Centre d’information pro-Deo en 1945. Ce dernier était un mouvement international qui travaillait à «la pénétration des idées religieuses dans le public (325) ». Les laurentiens allèrent notamment à une leçon sur la nature de l’état donné par Louis Lachance, O.P. (326) C’est aussi certains documents qui intéressèrent l’association. Morin fit par exemple adresser 300 brochures d’Anatole Vanier aux présidents de sections (327) . Léon Patenaude commanda quant à lui des pamphlets sur les Chevaliers de Colomb et la franc-maçonnerie. Il souhaitait les mettre à la disposition de sa cellule (328) .
Les Jeunes Laurentiens s’abreuvèrent surtout à des sources idéologiques canadiennes-françaises. Ils ne se réfèrent de fait que très rarement à des penseurs étrangers. La liste de livres suggérés aux Jeunes Laurentiens de Québec ne contient que quatre références à des idéologues européens. Cela si on exclut évidemment les ouvrages à caractères strictement religieux. On propose en fait des opuscules de Salazar, Pétain, Alexis Carrel et Jacques Bainville (329). Seul le premier est mentionné ailleurs dans la documentation laurentienne que nous avons amassée. Rosaire Morin le cite en effet dans un de ses discours. C’est une pensée de Salazar sur la nécessité de travailler d’abord sur les individus qui intéressa alors l’orateur (330). Ailleurs, c’est également Charles Péguy qui retint l’attention (331). Ce fut toutefois, à notre connaissance, la seule fois où le groupe de jeunes y fit allusion.
Le seul penseur étranger dont les Jeunesses laurentiennes parlèrent à plusieurs reprises est Louis Veuillot. Deux citations de ce dernier ornent en fait certains numéros de La Vérité. C’était précisément des citations sur la vérité qui étaient alors mises de l’avant (332). Veuillot pouvait également être cité lorsque venait le temps de défendre la religion. On le mentionnait par exemple lorsqu’on fustigeait le catholicisme libéral (333). Il pouvait aussi renforcer des argumentations sur le respect du dimanche (334). Il était bien vu de terminer un discours en rappelant une pensée du grand journaliste catholique. On disait notamment que«les causes qui meurent sont celles pour lesquelles on ne meurt pas (335)».
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La pensée des Jeunes Laurentiens avait pour fondement le nationalisme traditionaliste et une foi vécue et pratiquée. Leur lecture de l’histoire soulignait le devoir de survivance et la mission civilisatrice de leur nation, qui leur apparaissait menacée de tout côté. Le Canada anglais bafouait l’esprit de 1867, alors qu’américanisme et individualisme dévoyaient les mentalités. La domination étrangère sur l’économie aggravait ces problèmes au point que les Jeunesses laurentiennes faisaient de la reconquête économique l’article premier de leur programme de relèvement national. Même la réappropriation de la culture et les loisirs sains passaient par cette reprise en main. L’idéologie du groupe de jeunes s’inspirait par ailleurs de penseurs surtout canadiens-français, en particulier Lionel Groulx. Venaient ensuite Esdras Minville, François Albert-Angers et Richard Arès. Ces idées furent complétées par l’élément jeunesse et, pour les Jeunes Laurentiennes, par la féminitude. Ces deux caractères faisaient d’eux, pensaient-ils, des serviteurs de premier plan de la cause nationale.
(249) Une liste d’une centaine de livres conseillés fut ainsi offerte aux sections de Québec. Voir: ARSV, «Jeunes Laurentiens, prière pour la nation Canadienne-française», p. 4-5, Fonds Simon Arsenault. (250) Ibid., p. 4. (251) ANQM, «Les Jeunesses laurentiennes, comité général, 8 avril 1945», p. 4, Fonds Société St-Jean-Baptiste de Montréal, P82/119, 1828. (252) Voir: Ibid. (253) Manifeste des Jeunes Laurentiens, s.l. s.d., p. 8. (254) CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1942-1945», 2 octobre 1942, Fonds Rosaire Morin, P16/C,6. (255) Lionel Groulx, Message aux Jeunesses Laurentiennes, Montréal, Les Jeunes Laurentiens, 1946, p. 3. (256) Rosaire Morin, «La vie laurentienne», La Vérité, vol. 4, n° 4, mars-avril 1946, p. 8. (257) C’est ce qu’affirme Jean-Claude Benoit dans: Jean-Claude Benoit, «Cité étudiante», La Vérité, vol. 4, n° 3, février 1946, p. 20. (258) Voir: ARSV, op. cit., p. 4. (259) Orientations et Directives furent ainsi commentés à la réunion du Conseil central du 29 janvier 1946. Voir: CRLG, «Procès-verbaux du Conseil central, 1945-1946», 29 janvier 1946, Fonds Rosaire Morin, P16/C,11. (260) La direction, «Collaboration !», La Vérité, vol. 3, n° 1, septembre 1944, p. 6. (261) Lisons!, Construisons!, vol. 2, n° 2, avril 1944, p. 23. (262) Voir la publicité concernant cette brochure à la page 10 de Les Jeunesses laurentiennes, 1947. (263) Voir: «Vive la canadienne», Les Jeunes Laurentiennes, mars 1945, p. 9. (264) «M. le chanoine Groulx, aumônier général des Jeunesses laurentiennes», Le Devoir, 7 octobre 1947, p.9. (265) CRLG, «Première semaine d’étude de la Jeunesse laurentienne[…] du 25 au 30 juin 1946 », p. 10, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,23. (266) Lionel Groulx assista notamment à la réunion mixte du 12 février 1948. Voir: CRLG, «Directives économiques, avril 1948, Henri-Paul Ouellette», p. 4, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,11. (267) Nous traiterons plus longuement des opinions et des actions de Lionel Groulx envers les Jeunes Laurentiens au chapitre 3. (268) «Le 4e congrès national des Jeunesses laurentiennes», Le Devoir, 7 octobre 1946, p. 6. (269) CRLG, Lettre de Rosaire Morin à Lionel Groulx, 20 octobre 1947, Fonds Lionel Groulx, P1/A,2762. Nous n’avons pas retrouvé ce périodique qui devait faire 60 pages selon Morin. À moins qu’il s’agisse de Les Jeunesses laurentiennes, publié début 1948. La revue ne fait pas cependant pas plus de 30 pages. Groulx y publie toutefois un article où il «justifie» le nationalisme, notamment parce qu’il laisse place au catholicisme. Voir: Lionel Groulx, «Directives de notre aumônier général», Les Jeunesses laurentiennes, 1948, p. 14-15. (270) C’est ce qui arriva avec : Lionel Groulx, Message aux Jeunesses laurentiennes, Montréal, 1946, Les Jeunes Laurentiens, 11 p. (271) ANC, «“Équipe économique: notre situation économique’’, La Vérité, vol. 5, n° 3, avril 1949», p. 2, Fonds Ordre de Jacques-Cartier, MG 28 I98, vol. 45, dossier «Jeunes Laurentiens (1943-1949)». (272) Esdras Minville, L’homme d’affaires, Montréal, Fides, 1944, 184 pages. (273) Voir: CRLG, «Directives économiques, avril 1948, Henri-Paule Ouellette», p. 1, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,11. (274) Voir: AHEC, Lettre de Adrien Lalumière à Esdras Minville, 2 novembre 1943, Fonds Esdras Minville, P35 Z99.6 dossier 11. Notons que Minville refusa qu’on fit paraître cette conférence en brochure. (275) C’est ce que fait Rosaire Morin dans: CRLG, «Discours de Rosaire Morin, sans titre, 8 septembre 1942», p. 2, Fonds Rosaire Morin, P16/C,31. (276) Voir: Esdras Minville, Invitation à l’étude, Montréal, Fides, 1948, p. 29-30. (277) Voir: Jean-Claude Benoit, «Cité étudiante», La Vérité, vol. 4, n° 3, février 1946, p. 21. (278) Voir: CRLG, « Procès-verbaux des Jeunes Laurentiennes, section Marie-Rollet, 1943-1946», 3 décembre 1943, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,21. (279) «Congrès général des Jeunesses laurentiennes», Le Droit, 26 août 1946, p. 12. (280) Voir: «Le 4e congrès national des Jeunesses laurentiennes», Le Devoir, 7 octobre 1946, p. 6. (281) «Le congrès des Jeunesses laurentiennes», Le Devoir, 9 juin 1947, p. 2. (282) Pierre Trépanier, «Richard Arès», L’Action nationale, vol. 82, n° 2, février 1992, p. 169. (283) Richard Arès, Notre question nationale: tome 1: les faits , Montréal, Éditions de l’Action nationale, 1943, 237 p. (284) ANQM, «Les Jeunesses laurentiennes, le comité général, le 8 avril 1945», p. 11, Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/119, 1828. (285) «Notre question nationale», La Vérité, vol. 3, n° 5, juin-juillet 1945, p. 22. (286) «Notre question nationale», La Vérité, vol. 3, n° 4, avril 1945, p. 22. (287) Ibid. (288) «Notre question nationale», La Vérité, vol. 3, n° 5, juin-juillet 1945, p. 22. (289) Voir: CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1945-1946», 20 novembre 1945, Fonds Rosaire Morin, P16/C,11. (290) Voir la publicité dans: La Vérité, vol. 3, n° 5, juin-juillet 1945, p. 26 (291) Voir: «Le domaine national: Notre question nationale», La Vérité, vol. 4, n° 4, mars-avril 1946, p. 10. (292) CRLG, « Procès-verbaux des Jeunes Laurentiennes, section Marie-Rollet, 1943-1946», 3 février 1944, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,21. (293) C’est ce qu’il affirme dans la notice nécrologique qu’il consacre au père Arès: Rosaire Morin, «Richard Arès, s.j.», L’Action nationale, vol. 79, n° 7, septembre 1989, p. 815. (294) Voir, par exemple: Jean-Claude Benoit, «Cité étudiante», La Vérité, vol. 4, n° 3, février 1946, p. 21. (295) ANQM, «Dimanche, le 23 mai 1943: les Jeunes Laurentiens présentent “Veillée d’Armes’’», p. 2 , Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/119, 1828. (296) Voir: ANQM, «Cours de coopération 1943-1944» et «Cours de coopération 1944-1945», Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/44, 451. (297) «Réponse aux inquiets», La Vérité, vol. 4, n° 1, novembre 1945, p. 27. (298) CRLG, «Procès-verbaux des réunions des présidents de sections, 1943-1944», 17 décembre 1943, Fonds Rosaire Morin, P16/C,8. (299) Alphonse Bourdon, «Domaine économique», La Vérité, décembre 1946-janvier 1947, p. 11. (300) «Le congrès des Jeunesses Laurentiennes», Le Devoir, 9 juin 1947, p. 2. (301) «Congrès des Jeunes Laurentiens», Le Devoir, 27 septembre 1943, p. 2. (302) Voir: CRLG, Lettre de Rosaire Morin à Lionel Groulx, 28 août 1944, Fonds Lionel Groulx, P1/A,2762. (303) Voir: «Le domaine économique: “porteurs d’eau et scieurs de bois’’», La Vérité, vol. 3, n° 1, septembre 1944, p. 15. (304) Jean-Marc Léger, «Oublier l’histoire et mettre en cause l’identité nationale, c’est courir à sa perte: entretien avec François-Albert Angers», Les cahiers d’histoire du Québec au XXe siècle, n° 5, printemps 1996, p. 50. (305) Voir: ANQM, Lettre de Louis Chamberland au président de la SSJB, 14 novembre 1948, Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/119,1832. À propos de Victor Barbeau, on pourra consulter: Pierre Trépanier, «Victor Barbeau, anarchiste de droite», Les cahiers des dix, n° 59, 2005, p. 55-87. (306) Voir, par exemple: CRLG, «Discours de Rosaire Morin, “Notre problème économique’’, 24 mai 1945», p. 2, Fonds Rosaire Morin, P16/C,34. (307) C’est notamment ce que fit la section Lafontaine. Voir: CRLG, Lettre de Maurice Petit au Conseil supérieur de la coopération, 27 janvier 1945, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,17. (308) La direction,«Domaine Économique», Les Jeunes Laurentiennes, avril 1945, p. 4 (309) CRLG, Lettre de Maurice Petit à Paul Poirier, 31 mars 1944, Fonds J.Z Léon Patenaude, P30/4,17. (310) Manifeste du Conseil supérieur de la coopération, Québec, Conseil supérieur de la coopération 1940, 7p. (311) Manifeste des Jeunes Laurentiens, s.l., s.d., p. 7. (312) Voir, par exemple: CRLG, «Première semaine d’étude de la Jeunesse laurentienne», p. 4, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,23. (313) «Domaine social», Les Jeunesses laurentiennes, 1947, p. 17. (314) ARSV, «Jeunes Laurentiens: prière pour le Canada français», p. 5, Fonds Simon Arsenault. (315) Le père Bouvier était un spécialiste de la doctrine sociale de l’Église. Pour sa thèse de doctorat, il analysa et compara les deux encycliques mentionnées ci-dessus. On pourra consulter à son sujet: Jean Genest, «Le père Émile Bouvier, s.j., (1906-1985)», L’Action nationale, vol. 74, n° 10, juin 1985, p. 967-975. (316) «Les Jeunesses laurentiennes», Le Devoir, 4 février 1947, p. 2. (317) Richard Arès, Le père Joseph-Papin Archambault, s.j., (1880-1966), sa vie, ses œuvres, Montréal, Bellarmin, 1983, p. 137-138. (318) Voir: ASJCF, «École de formation sociale, 12e session, Boucherville, 21-27 juillet 1944» et «École de formation sociale, juillet 1945», Fonds Émile Bouvier, BO-195-231. (319) Voir: CRLG, Lettre de Rosaire Morin au secrétaire du C.P.R. 3, 16 septembre 1946, Fonds Rosaire Morin, P16/C,24. (320) C’est ce qu’affirme Jean-Noël Jacob dans: Jean-Noël Jacob, René Bergeron (1904-1971): polémiste, écrivain, peintre, Saint-Nazaire, les éditions JCL inc., 1985, p. 68. (321) CRLG, «Rapport annuel de la Section Lafontaine, 1943-1944», p. 3, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,12. (322)CRLG, «Les Jeunes Laurentiens, section Lafontaine, circulaire n. 1», Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,11. (323) Rosaire Morin, «La vie laurentienne», La Vérité, vol. 4, n° 2, décembre 1945, p. 8. (324) Voir,par exemple: David Levack, «Le problème alcoolique existe», La Vérité, vol. 3, n° 3, mars 1945, p. 18. Nous avons contacté les archives des rédemptoristes et il ne semble malheureusement pas y subsister de traces des liens qu’entretinrent Levack et les Jeunesses laurentiennes. Nous n’avons pas non plus trouvé mention de Levack dans Réaction, bulletin des Cercles Lacordaire. Nous ne savons donc pas pourquoi il est le seul individu extérieur au groupe de jeunes qui écrivit dans La Vérité. (325) ANQM, «Cours CIP», p. 3, Fonds Société St-Jean-Baptiste de Montréal, P82/119, 1828. (326) Voir Ibid, p. 4. et ANQM, Lettre de Rosaire Morin à Roger Duhamel, 30 mars 1945, Fonds Société St-Jean-Baptiste de Montréal, P82/119, 1828. (327) CRLG, Lettre de Rosaire Morin à Anatole Vanier, 15 janvier 1946, Fonds Anatole Vanier, P29/F,90. (328) Voir:Montréal, CRLG, Lettre de J.Z. Léon Patenaude à Gérard Langlois, 31 janvier 1948, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,17. (329) ARSV, «Jeunes Laurentiens: prière pour le Canada français», p. 4-5, Fonds Simon Arsenault. (330) CRLG, «Discours de Rosaire Morin, sans titre, 8 mars 1943», p. 3, Fonds Rosaire Morin, P16/C,32. (331) «Les Jeunesses laurentiennes», Le Devoir, 3 juillet 1947, p. 9. (332) Voir, par exemple: La Vérité, vol. 4, n° 3, février 1946, couverture et page 3. (333) CRLG, «Discours de Rosaire Morin, sans titre, février 1943», p. 3, Fonds Rosaire Morin, P16/C,32. (334) «Pour ou contre Dieu ?…», La Vérité, vol. 3, n° 4, avril 1945, p. 19. (335) CRLG, «Discours de Rosaire Morin, “Pour la vérité’’, 23 septembre 1945», p. 10, Fonds Rosaire Morin, P16/C,34.
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Source: David RAJOTTE, Les Jeunes Laurentiens. Jeunesse, militantisme et nationalisme dans le Canada français des années 1940, Mémoire de M.A. (Histoire), Université de Montréal, 2006, xxvi-215p., pp. 45-56. |
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Claude Bélanger, Marianopolis College |