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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
Chapitre 4.2Les Jeunes Laurentiens en tant que groupe d’intérêt
Le groupe de jeunes nationalistes ne se contenta pas seulement de mettre en pratique les éléments de son idéologie dont il pouvait s’occuper d’abord seul. L’avancement ou la protection de certains points de doctrine ne dépendaient en fait pas nécessairement de lui-même ou d’associations amies. Les différentes autorités publiques étaient souvent les seules à avoir le pouvoir de défendre certaines causes ou de réaliser tel ou tel but. Les Jeunesses laurentiennes en étaient parfaitement conscientes. C’est pourquoi elles tentèrent toujours d’influer sur les organes de pouvoir lorsqu’elles le jugeaient nécessaire. Elles devenaient alors un groupe d’intérêt. On entend précisément par celui-ci une association qui tente d’influencer les décisions gouvernementales. Cette organisation peut être formée spécifiquement dans ce but ou, comme les Jeunes Laurentiens, le faire de façon ponctuelle lorsque ça s’avère utile (137).
Un groupe d’intérêt peut influer sur les pouvoirs de plusieurs façons. Il peut agir indirectement et tenter de convaincre la population et d’autres organisations d’appuyer ses demandes. Il peut également bien sûr faire directement pression sur les autorités. Ce sont parfois ces dernières qui demandent un avis au groupe avant de prendre une décision (138). Durant les années 1940, les Jeunes Laurentiens et les organisations qui leur étaient proches n’eurent la chance d’employer que les deux premières méthodes. Plusieurs stratégies s’offraient à eux pour ce faire. Michel Offerlé, sociologue spécialiste des groupes d’intérêts, explique qu’il existe essentiellement trois types d’action utilisés par ceux-ci. Ils peuvent se servir du nombre et tenter d’obtenir l’appui du plus grand nombre de personnes possible. Cela confère bien sûr une représentativité et une légitimité aux demandes. Le groupe peut également faire un appel à l’expertise. Des intellectuels ou des savants peuvent dès lors s’engager dans une mobilisation ou plus simplement y prêter leur nom pour en augmenter la crédibilité. Une association peut enfin utiliser la scandalisation. On tente alors d’attirer l’attention du public sur une réalité jugée scandaleuse ou de faire soi-même scandale pour faire connaître sa cause. On dit que la scandalisation est surtout l’apanage de groupes qui n’ont pas les ressources nécessaires pour utiliser le nombre ou l’expertise (139).
Les laurentiens utilisèrent de fait beaucoup plus les deux premières stratégies que la troisième. C’était en outre un mélange de pression directe et indirecte qu’ils employèrent généralement. Sauf dans le cas de la conscription, c’est pratiquement toujours la même méthode qui fut utilisée. La plupart des actions collectives que lancèrent les groupes nationalistes dans les années 1940 étaient en fait menées de la même façon (140). On écrivait aux autorités, en plus d’essayer de convaincre un maximum d’individus et d’organisations. Il était souvent demandé à ces derniers d’agir à leur tour. Ce rassemblement d’organismes et de personnes créait bien sûr une force du nombre qui formait un poids supplémentaire. D’autant plus qu’on le constituait en bonne partie avec des personnalités ou des associations largement en vue, qu’on peut considérer comme des «experts». Les laurentiens lancèrent parfois de tels mouvements. Ils y prirent le plus souvent le rôle de relayeur ou de meneur. Les campagnes auxquelles ils participèrent furent dans tous les cas menées conjointement avec d’autres associations. Ils n’agirent de fait jamais seuls.
Il faut aussi bien voir que le Canada français des années 1940 comptait des organisations qui pouvaient chapeauter, superviser ou aider les actions collectives nationalistes. L’Ordre de Jacques-Cartier constituait un formidable moyen de mobilisation. Quand la chancellerie envoyait un mot d’ordre c’est plusieurs milliers de personnes réparties à travers tout le pays qu’on mettait au courant des campagnes en cours (141). Le Comité des œuvres catholiques était aussi fort utile aux groupes de l’époque. Cet organisme fut fondé en 1932 par une série de groupements qui avaient offert leurs services à Mgr Gauthier pour lutter contre le communisme. Du rôle temporaire qui devait le caractériser, on élargit éventuellement son mandat. Son but en vint à être de grouper les principales associations catholiques. Des réunions étaient régulièrement tenues pour discuter de problèmes et trouver des mesures adéquates. On suggérait bien que les décisions prises soient ensuite adoptées par les associations membres (142). C’est en juin 1943 que les Jeunes Laurentiens votèrent un appui au Comité (143). Ils envoyèrent une lettre pour demander de collaborer officiellement avec lui (144). Un délégué fut dès lors nommé pour assister à ses réunions.
Une fois les relations officiellement établies, les Jeunesses laurentiennes travaillèrent très tôt sur divers dossiers d’intérêt pour le Comité des œuvres catholiques. Le mouvement fit des enquêtes sur les mauvaises lectures vendues dans les paroisses Saint-Georges et Saint-Jean-Baptiste à Montréal. Il fit pression sur les marchands récalcitrants et rapporta toutes les actions entreprises à l’organisation aînée (145). Les laurentiens s’intéressèrent bien sûr aussi au communisme. Leurs premières démarches concernant cette idéologie datent en fait d’avant la prise de contact avec le Comité. En janvier 1940, il fut demandé aux quelques sections existantes d’écrire à Ernest Lapointe, alors ministre fédéral de la justice, pour qu’il interdise la propagande communiste (146). Il fut par la suite exigé de contacter Mackenzie King et Louis St-Laurent pour qu’ils ne lèvent pas l’interdit sur le parti du même nom (147). Les laurentiens furent également d’une délégation qui tenta de faire annuler par la ville de Montréal des assemblées prévues par celui-ci (148). Après avoir établi les liens, Rosaire Morin fit des enquêtes sur le «péril rouge» à Montréal qu’il envoya au Comité (149). Il se proposa même de créer une organisation chargée de surveiller les activités du parti honni (150). Le respect mutuel s’installa graduellement entre le Comité et les laurentiens. En 1945 et 1946, ceux-ci furent parmi les quatre ou cinq organisations qui étaient le plus souvent présentes aux réunions du Comité (151). Tout était en œuvre pour que ce dernier aide le groupe de jeunes. On connaît dès lors les méthodes d’actions à la portée des Jeunesses laurentiennes et les moyens de coordination dont elles bénéficièrent. Il reste à voir comment cela se traduisit dans les différentes campagnes qui les occupèrent au cours de leur existence.
La «crise» de la conscription nous est relativement bien connue. Le Canada français avait en fait vécu des émeutes et des manifestations à ce sujet durant le premier conflit mondial. Ce sont des souvenirs qui étaient encore très présents dans les esprits et ce, dès avant la nouvelle guerre qui s’annonçait. C’est ce qui fit qu’une certaine effervescence se manifesta dans une partie de la population peu de temps après le déclenchement des hostilités. André Laurendeau rappela que des assemblées pour demander de ne pas imposer la conscription furent tenues dans les jours suivant l’entrée en guerre du Canada (152). Les Jeunesses Saint-Eusèbe prévirent de telles réunions quelques mois avant que l’Allemagne n’attaque la Pologne (153). Elles votèrent une lettre à Duplessis pour lui demander de s’opposer à l’enrôlement obligatoire et envoyèrent certains des leurs rencontrer leur député pour faire de même (154). En septembre 1939, les Jeunes Laurentiens qui venaient à peine d’être formés, organisèrent bien sûr des manifestations. Une publicité dans le Chez nous dans l’est du mois invitait à un «festival» qu’elles tenaient «tous les soirs (155) ». Fin septembre, des élections provinciales furent toutefois annoncées. Le Parti libéral, par l’entremise d’Ernest Lapointe, rappela alors sa promesse de ne pas imposer la conscription. Cela créa un certain calme pour quelques mois et permit à Adélard Godbout de prendre le pouvoir.
En janvier 1942, Mackenzie King et son parti décidèrent cependant de revenir sur leur idée. Ils annoncèrent un plébiscite fin avril pour demander aux Canadiens de les délier de leur promesse. Un mouvement pour convaincre la population de voter non fut très vite mis sur pied dans le Canada français. On usa donc d’un moyen de pression indirecte, le peuple étant le seul à vraiment pouvoir influer sur les gouvernants. La Ligue pour la défense du Canada, association comptant plusieurs membres répartis en sections, fut créée (156). Nous avons déjà dit que les Jeunes Laurentiens prirent contact avec elle. Il semble que c’est Paul-Émile Robert qui établit les liens. Il demanda ainsi aux membres du conseil central d’assister à une des premières assemblées anticonscriptionnistes de l’organisation aînée (157). Les laurentiens entamèrent alors une collaboration qui se manifesta à plusieurs reprises durant la campagne. Paul-Émile Robert et Marcel Caron firent des discours à une soirée de la Ligue pour la défense du Canada dès le 10 mars (158). Des organismes tel l’Ordre de Jacques-Cartier furent aussi de la partie (159). Nous avons déjà dit que des laurentiens participèrent à une demi-douzaine d’assemblées de la Ligue au cours des mois de mars et avril 1942. Ils en organisèrent eux-mêmes au moins une. Des conférenciers aînés, tel Louis-Athanase Fréchette et Fernand de Haerne, furent alors présents (160). Le groupe de jeunes participa en outre à des prières collectives à l’Oratoire Saint-Joseph pour demander «d’éclairer» les gouvernants lors du scrutin (161). Il vota aussi l’envoi de lettres à Radio-Canada pour protester du parti pris de la société d’État pour le camp du oui (162).
Nous avons parlé de Paul-Émile Robert qui eut des problèmes à la suite d’une déclaration faite durant une assemblée tenue à cette époque. Il avait affirmé que «de petits réfugiés, âgés de 18 ans et plus, arrivaient en gare à Montréal (163) » et étaient logés à l’hôtel Viger. Ces propos lui valurent une arrestation et un procès (164), qui sont un des moments forts de la campagne. Robert créa en fait, très involontairement il faut le dire, un sorte de scandale le concernant. C’est la seule arrestation de ce type qui eut lieu lors de la «crise» de la conscription. André Laurendeau s’en rappelait encore une vingtaine d’années plus tard. «Nous sommes restés persuadés […] qu’il avait dénoncé une pratique réelle (165)», avoua-t-il. Il expliqua avoir reçu un appel du père de Paul-Émile Robert l’informant de l’arrestation et s’être senti révolté (166). Le procès démontra que c’était des marins naufragés qui furent logés à l’hôtel en question (167). Robert fut cependant condamné à une amende somme toute assez bénigne (168), mais fit grandement connaître les laurentiens par son «aventure». Cette dernière fut de fait transformée en une forme de scandalisation par le groupe de jeunes. Claude Bélanger, seul historien à avoir vraiment étudié celui-ci, expliqua que dans le contexte de la guerre, […] cette condamnation équivalait à une consécration officielle de l’importance de l’homme et du mouvement ; les Jeunesses laurentiennes allaient en profiter pour faire du recrutement intensif et se manifester plus ouvertement (169). C’est ainsi que, comme nous l’avons mentionné au chapitre précédent, Maurice Côté créa une section à Kénogami parce qu’il avait entendu parler de l’association lors du plébiscite.
On sait que la campagne fut à la fois un succès et un échec. Une majorité de Canadiens français votèrent non, alors que les Canadiens anglais optèrent en bloc pour le contraire (170). Le gouvernement put donc aller de l’avant avec la conscription, mais sans avoir obtenu un véritable aval des francophones. Cela ne diminua pas l’ardeur des Jeunes Laurentiens. En novembre 1942, ils écrivirent à Mackenzie King pour lui dire qu’ils s’opposaient à l’enrôlement obligatoire des jeunes de 17 et 18 ans (171). Ils continuèrent à tenir des assemblées avec la Ligue pour la défense du Canada, souvent pour protester contre ce qu’ils considéraient comme étant des abus du conflit. Les deux organisations cherchèrent notamment à obtenir des gouvernements qu’ils légifèrent sur le travail féminin de nuit dans les usines de guerre (172). Les laurentiens écrivirent des lettres au procureur général de la province pour ce faire (173). Ils organisèrent bien sûr aussi des réunions pour protester contre l’imposition de la conscription pour service outre-mer en 1944. C’est en décembre de la même année qu’ils déclarèrent s’y opposer catégoriquement (174). La Fédération des Chambres de commerce des jeunes adopta une résolution semblable environ au même moment (175). Les Jeunes Laurentiens tinrent notamment une manifestation de protestation à Sherbrooke (176). Comme on a vu au premier chapitre, tout cela ne les empêcha toutefois pas de fournir leur effort de guerre. C’est d’ailleurs ce que plusieurs autres organisations firent également. L’ACJC tenta notamment d’obtenir le droit d’aider les soldats dans les camps militaires au même titre que les Chevaliers de Colomb par exemple (177). C’est aussi l’OJC qui agit (178).
La fin de la guerre ne fut toutefois pas fêtée dans l’allégresse par les Jeunes Laurentiens. La section Shawinigan s’opposa à l’érection d’un monument aux morts dans sa ville, prétextant que cela servait l’impérialisme. Elle demanda plutôt qu’on utilise l’argent nécessaire à cette statue pour le repos spirituel des morts et le secours temporel des blessés (179). On fit parvenir cette requête à la SSJB de Montréal (180), mais elle eut relativement peu d’impact.Même la Société Saint-Jean-Baptiste locale aida à la mise en place du projet (181). Le sort réservé à ceux qui s’étaient opposés à la conscription en désertant préoccupa également beaucoup le mouvement. Il participa en fait à une campagne pour que le gouvernement cesse de persécuter ces individus qui, comme on l’a vu, étaient pour lui des héros. Ayant adopté une résolution envoyée au gouvernement en ce sens, c’est la Société Saint-Jean-Baptiste qui attira d’abord l’attention sur le sort des déserteurs (182). Ce sont toutefois les Jeunesses laurentiennes qui tentèrent d’ameuter l’opinion. La technique qui fut utilisée est celle dont on a déjà parlé. Des lettres circulaires furent envoyées pour tenter d’embrigader le plus d’associations sœurs possible (183) et on fit parvenir des communiqués aux journaux (184). Le conseil central entama ensuite une correspondance avec plusieurs députés fédéraux. Une vingtaine donnèrent rapidement leur appui et l’amnistie fut décrétée le 15 août 1946 (185). Cette victoire ne marqua pas la fin des actions des Jeunes Laurentiens envers les activités du gouvernement face à la guerre. Ils décidèrent en effet de s’opposer publiquement au service militaire en temps de paix. Ils protestèrent entre autres contre l’intrusion du fédéral dans les écoles par l’entremise des corps de cadets (186). On vota donc l’envoi de lettres aux évêques pour qu’ils exigent un cours de culture physique adapté à «l’âme» canadienne-française (187).
L’immigration est un sujet qui préoccupa plusieurs Canadiens français tout au long de l’existence des Jeunes Laurentiens. Nous avons vu au premier chapitre ce que ces derniers en pensaient: ils étaient très critiques sur ce sujet. Un courant s’y opposa en fait autant dans les années 1930 que 1940. À la fin de 1938, la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec avait ainsi lancé une pétition pour interdire l’entrée des juifs d’Europe au pays. Les Jeunesses Saint-Eusèbe et plusieurs autres organisations décidèrent d’appuyer officiellement l’idée (188). La SSJB de Montréal envoya des délégués rencontrer le ministre Cardin et plusieurs députés fédéraux se prononcèrent contre l’entrée des juifs au pays (189). C’est ce genre de support qui fit que Wilfrid Lacroix, député libéral de Québec, finit par déposer une pétition de 127 364 noms au parlement fédéral (190). Le groupe alors dirigé par Raphaël Beaudette envoya le jour même une lettre de félicitations au parlementaire (191). Il décida également de lancer lui-même sa propre pétition. Elle fut finalement remise au député fédéral représentant la paroisse Saint-Eusèbe (192), mais ne connut pas, à notre connaissance, d’autre suite. Les Jeunesses Saint-Eusèbe continuaient à se tenir informées et assistèrent à des conférences sur l’immigration. À la suite de l’une d’entre elles, elles décidèrent d’écrire à certains ministres pour en demander l’arrêt ou solliciter des explications (193). C’était la dernière fois que le mouvement s’intéressait à la question avant encore quelques années.
En octobre 1943, les Jeunes Laurentiens prévirent un débat public sur l’immigration (194). À ce moment, c’était encore une question d’actualité parmi tant d’autres. Ils ne savaient pas qu’une véritable tempête allait se déclencher quelques semaines plus tard, avant même la tenue du débat. Le deux novembre, le gouvernement fédéral annonça son intention d’accueillir un certain nombre de réfugiés venant de la péninsule ibérique (195). Maurice Duplessis, alors en mode préélectoral, saisit l'occasion et déclara avoir en main une lettre d’un rabbin disant financer la prochaine campagne électorale des libéraux en échange de l’accueil de 100 000 juifs au Québec (196). Sa déclaration fut bien sûr suivie de démentis d’organisations et de députés juifs (197). Il venait toutefois de lancer un des plus importants mouvements d’intérêt que connut le Canada français pendant les années 1940. Il fallut peu de temps pour que plusieurs organisations décident de s’opposer à l’immigration massive. La plupart s’intéressèrent de fait très peu à l’immigration juive en tant que telle.
La campagne contre l’immigration fut menée par plusieurs voix sur différents fronts à la fois. Relations et Le Devoir consacrèrent des éditoriaux à ce sujet (198). On fit des sondages pour savoir ce que les étudiants d’universités pensaient de tout cela. À l’Université de Montréal, il semble que près de 61% disait ne pas vouloir d’immigration après la guerre (199). La Ligue nationale, organe lié à l’Union nationale (200), présenta une résolution que les municipalités qui s’opposaient à l’immigration étaient invitées à adopter (201). Des listes de localités qui agirent de la sorte furent souvent publiées par Le Devoir (202). La Société Saint-Jean-Baptiste de Québec lança quant à elle une pétition à peu près au même moment. Elle fut signée par 162 889 personnes réparties à travers le diocèse de Québec (203). Les SSJB de Rouyn et de Hull réagirent en adoptant des résolutions de protestation et en faisant envoyer des lettres à Mackenzie King et Adélard Godbout (204). Les Chevaliers de Colomb réunis en conseil d’état exigèrent pour leur part une immigration restreinte (205).
Les Jeunes Laurentiens ne prirent part à aucune de ces démarches. On comprend cependant dans quel contexte ils se trouvaient. Ils n’hésitèrent pas à tenir le débat qu’ils avaient prévu. Il se déroula dans les règles et fut clos par Lionel Groulx. Le compte-rendu officiel ne fit aucune mention des juifs (206). Des observateurs extérieurs affirmèrent toutefois que le public émit alors quelques remarques antisémites et que certains débattants demandèrent de combattre la venue en masse de ces derniers (207). C’est dans les jours où était tenu le débat que la section Lafontaine décida de faire quelque chose contre l’immigration. Elle envoya une lettre au ministre des Mines et des Ressources et en fit parvenir une copie à la SSJB de Montréal (208). Le conseil central décida quelques jours plus tard de suivre cet exemple (209). C’est toujours la même méthode du nombre lié à l’expertise qui était donc employé.
La Société Saint-Jean-Baptiste adopta une résolution contre l’immigration début décembre (210). Elle décida bientôt de lancer sa propre pétition. Une réunion fut tenue spécifiquement sur le sujet. Il fut décidé d’envoyer des feuillets de pétition à toutes les sections de la SSJB et aux associations amies. Un système fut mis en place pour savoir qui avait fait signer qui (211). Les Jeunes Laurentiens firent leur part dans cette campagne. Le mot d’ordre d’aider à faire signer fut donné en réunion des présidents de section (212). On sait que la section Lafontaine recueillit près de 500 noms (213). L’Ordre de Jacques-Cartier fut également mis à contribution. Le comité permanent de Montréal émit une circulaire pour attirer l’attention sur la démarche (214). La chancellerie usa de ses pouvoirs pour dénicher des signataires un peu partout au Canada français. Elle réussit apparemment à en trouver presque 114 000 (215). Tous ces efforts ne menèrent toutefois à rien. La pétition déposée en chambre par Maxime Raymond fut en effet refusée pour vice de forme (216).
Les Jeunesses laurentiennes ne firent pas que participer à la diffusion de cette pétition. Ils organisèrent également plusieurs activités contre l’immigration. La section Lafontaine, pionnière sur le sujet à Montréal (217), organisa une conférence conjointe avec les Jeunes Laurentiennes de sa paroisse. Ernest Laforce, ancien président de la SSJB et ancien sous-ministre de la colonisation (218), Salluste Lavery, président de l’Ordre des Canadiens de naissance (219), Paul-Émile Robert et Léon Patenaude y prirent la parole (220). La section Saint-Eusèbe prévit quant à elle treize parlements écoles sur le sujet durant l’année 1944. Le conseil central en tint quatorze, en plus de six conférences de protestation (221).
Tout le mouvement lancé contre l’immigration en 1943 et 1944 n’eut qu’un faible écho au gouvernement fédéral. En tant que chef de l’opposition, Maurice Duplessis fit passer une motion pour que les ministres provinciaux produisent tout document échangé avec leurs homologues d’Ottawa sur le sujet. Une lettre d’Adélard Godbout à Louis St-Laurent disant que l’Assemblée législative s’opposait en bloc à l’immigration fut éventuellement déposée en chambre (222). Le «cheuf» mena par la suite sa campagne électorale en partie sur le thème (223), mais finit par s’en désintéresser. Se disant adversaire de l’immigration massive, Adélard Godbout le lui reprocha d’ailleurs quelques années plus tard (224). L’ensemble des autorités publiques délaissèrent en fait peu à peu le «problème».
Plusieurs organisations continuèrent cependant à s’opposer à l’entrée d’étrangers au pays. La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal adopta une autre résolution contre l’immigration en novembre 1946 (225), qui fut suivie de peu par une déclaration du même type des Jeunes Laurentiens (226), mais aucune autre démarche ne fut entreprise. Les deux associations nationalistes commençaient en fait à s’intéresser à d’autres questions. C’est en effet aussi en 1946 que la SSJB cofonda le Comité pour la défense de la citoyenneté canadienne, organisme panconfessionnel luttant entre autres contre la déportation abusive des Canadiens d’origine japonaise (227). Rosaire Morin confia être allé visiter ce Comité durant la même année (228). L’opinion des nationalistes concernant l’immigration commença en fait à évoluer peu à peu. C’est en partie grâce à eux si le Québec se dota d’un ministère de l’Immigration en 1968 (229).
Nous avons vu au premier chapitre toute la place qu’accordaient les Jeunes Laurentiens à la religion. Celle-ci devait pour eux être vécue pleinement et respectée en tout point. C’est pourquoi ils s’engagèrent dans des campagnes contre le travail de certaines entreprises le dimanche. Le conseil central n’hésita pas à organiser une «semaine du dimanche» où on demanda à l’ensemble des sections de faire de la propagande pour l’observance du précepte dominical (230). C’est peu après cette semaine que les laurentiens s’intéressèrent au Gayety, un théâtre et un cinéma qui offrait des représentations «immorales» le jour saint. Ils écrivirent au secrétaire du maire de Montréal pour attirer son attention sur ce cas (231). Aucune suite ne fut toutefois donnée à cela avant quelques mois.
Les démarches furent reprises après que le mouvement eut décidé de collaborer avec le Comité des œuvres catholiques. Fin 1943, plusieurs associations liées à ce dernier se mirent à l’œuvre (232). Rosaire Morin écrivit au procureur général et au trésorier provincial du Québec pour demander de révoquer la licence du théâtre. L’assistant du premier lui répondit qu’on avait souvent imposé des amendes, mais que le Gayety ne semblait plus donner dans l’immoralité. Rien ne pouvait donc être tenté (233). Le directeur du service des licences répondit pour sa part à Morin qu’il n’était pas en son pouvoir de révoquer des permis (234). Des copies de tout cela furent évidemment envoyées au Comité, lequel ne put globalement rien faire de plus. Le problème du théâtre se rendit toutefois jusqu’à l’Assemblée législative puisque René Chaloult posa des questions à ce sujet (235). Aucun véritable résultat ne se fit cependant sentir. On décida alors d’attaquer le cœur même du fameux cinéma: son public. Le Comité des œuvres catholiques engagea ses membres à faire cesser les publicités le concernant. Plusieurs lettres furent donc envoyées à la compagnie du tramway pour qu’elle retire celles-ci de ses wagons (236). Rosaire Morin expliqua quelques mois plus tard que cette initiative fut couronnée de succès (237).
Les Jeunesses laurentiennes imitèrent et reproduisirent ce genre de démarche. Les agissements contre le Gayety donnèrent en fait des idées. Morin choisit d’écrire au propriétaire canadien-français de Mary Morgan, boutique de lingerie qui ouvrait le septième jour de la semaine. Devant la réponse peu enthousiaste qu’il lui fit, le futur directeur de L’Action nationale décida de s’en remettre à la Ligue du dimanche (238). Son secrétaire envoya une lettre au magasin fautif (239), mais aucune suite ne fut vraiment donnée à l’échange résultant de cette missive. Les Jeunes Laurentiens délaissèrent éventuellement les actions pour faire respecter le précepte dominical. Il est probable qu’ils se rendirent compte que seulement très peu pouvait être fait. La promotion d’autres intérêts les préoccupait par ailleurs davantage. Ils protestèrent néanmoins de manière très ponctuelle contre certains cas d’abus. Une lettre fut éventuellement envoyée à Duplessis toujours pour tenter de fermer le Gayety (240). On écrivit aussi aux sulpiciens pour protester «contre la vente de terrains à la Côte des neiges [sic] le dimanche (241) ». Les laurentiens se rendaient en même temps compte que le congé dominical créait parfois des problèmes. C’est pourquoi ils votèrent une lettre à plusieurs marchands pour qu’ils laissent alors les pompes à essence ouvertes (242).
Au début des années 1940, le Canada était un des rares pays occidentaux à ne pas avoir d’ambassade au Saint-Siège. Plusieurs Canadiens français catholiques le savaient parfaitement bien. Relations publia ainsi un entrefilet expliquant qu’il serait grandement temps d’en établir une (243). Début 1946, une rumeur se propagea selon laquelle un ambassadeur serait très prochainement nommé. C’est Le Droit qui avait avancé cette information, laquelle fut relayée par nombre de périodiques (244). Des organisations adoptèrent vite des résolutions pour que la rumeur ne s’évanouisse pas dans le brouillard. Il semble que la première à l’avoir fait est l’APCV. Rosaire Morin fit voter un appui à cette dernière lors d’une réunion du conseil central (245).
Wilfrid Lacroix, député libéral de Québec, posa éventuellement des questions en chambre et se vit répondre qu’il n’existait aucun projet pour une ambassade au Vatican (246). Les Jeunes Laurentiens décidèrent alors de lancer une campagne pour que cela soit fait. C’était toujours la méthode du plus grand nombre comprenant tous les «experts» possibles qu’on privilégia. Un communiqué fut envoyé «à tous les journaux du Canada français (247) » et une lettre circulaire fut transmise aux organisations nationalistes (248). Les laurentiens remercièrent alors ces dernières pour l’appui dans les démarches entreprises pour qu’on amnistie les déserteurs. Ils expliquaient également leur idée de faire pression pour que des relations diplomatiques officielles soient effectivement établies. L’Ordre de Jacques-Cartier envoya un mot d’ordre à ses membres disant que tous devraient agir notamment en contactant leurs différents députés (249). Puisqu’on croyait malgré tout encore à la rumeur, on tarda toutefois à se mettre à l’ouvrage.
Il devint clair au bout de quelques mois que le gouvernement fédéral n’avait absolument pas l’intention de bouger. Les Jeunes Laurentiens décidèrent alors de se relancer à fond dans les actions entreprises (250). Ils firent imprimer un tract tentant de vendre l’idée (251). Les associations avec lesquelles ils entretenaient déjà des liens furent rapidement recontactées (252). On écrivit aussi à des personnes influentes qu’on ne connaissait pas vraiment. Les laurentiens tentèrent notamment d’embrigader des prélats. Plusieurs donnèrent leur appui. Mgr Vandry fit ainsi savoir à Morin que le projet était pour lui d’une importance exceptionnelle et qu’il priait pour qu’il se réalise (253). Des présidents d’associations locales reçurent eux aussi des demandes de collaboration (254). Le président des Jeunesses laurentiennes confia quelque temps plus tard que plusieurs villes avaient adopté des résolutions exigeant une ambassade. Il y eut une vingtaine d’évêques qui appuyèrent apparemment la cause (255).
Plusieurs organisations décidèrent évidemment de collaborer à la campagne lancée par les Jeunes Laurentiens. La SSJB de Montréal adopta une résolution qu’on voulut envoyer au fédéral (256). Les membres de l’Ordre de Jacques-Cartier finirent bien par suivre le mot d’ordre de la chancellerie. Dans la commanderie Louis-Riel, on envoya ainsi plusieurs lettres aux autorités et on fit passer des articles «dans quelques revues que nous avons la chance d’influencer (257)». Malgré tous les efforts, il fallut encore quelques années avant que les autorités ne s’intéressent à une ambassade. On discuta bien sûr entre temps encore du sujet. La «Patente» consacra ainsi un article de son bulletin officiel à tenter de relancer l’idée parmi les siens (258). C’est en 1949 que René Chaloult présenta une motion pour que le gouvernement du Québec réclame des relations diplomatiques officielles avec le Saint-Siège. L’Assemblée législative l’adopta bien (259), mais ce fut somme toute inutile puisque le fédéral n’écouta pas la voix du Québec. C’est vingt ans plus tard, soit en 1969, qu’un ambassadeur fut finalement nommé (260).
Nous avons vu au chapitre précédent que les Jeunes Laurentiens se sont éventuellement dotés d’organes pour diffuser le fleurdelisé. Cela leur permit bien sûr d’en devenir d’ardents propagandistes. Les premières actions pour que le Québec adopte un drapeau officiel débutèrent toutefois bien avant que les plus vieux laurentiens ne viennent au monde. C’est en 1902 que Elphège Filiatrault, un curé de la Montérégie, hissa le premier ancêtre du fleurdelisé sur son presbytère. On lui rajouta bien vite un Sacré-Cœur et le drapeau devint le «Carillon Sacré-Cœur» (261). Ce pavillon fut employé à plusieurs reprises au cours des décennies qui suivirent et son usage commença à se généraliser. Une controverse s’instaura cependant, dans la mesure où plusieurs disaient ne pas apprécier un symbole spécifiquement catholique sur un emblème national. Au cours des années 1930, la Ligue d’action nationale décida de choisir et de propager un drapeau n’en comportant aucun, mais conservant les fleurs de lys inclinées. Elle en laissa la confection à la Ligue de propagande du drapeau (262), qui se transforma plus tard en comité. Cet étendard fit autorité et il fut adopté officieusement par les groupes nationalistes du Canada français. Plusieurs se mirent donc à le répandre.
C’est bien évidemment ce que firent les Jeunes Laurentiens. Déjà les Jeunesses Saint-Eusèbe se donnèrent comme consigne de toujours avoir un fleurdelisé sur la table à leurs assemblées (263). À la fin de 1942, la publicité obtenue lors de la campagne du plébiscite aidant, le conseil central décida de faire écouler 25 000 drapeaux par les sections (264). Il semble que le mot d’ordre fut respecté puisque ce genre d’action fut repris les années suivantes. Le mouvement avait «diffusé plus de deux cent mille drapeaux collants, plus de 50 000 circulaires, plus de mille boutons-insignes du drapeau national (265) » dans la seule année 1943, affirma Rosaire Morin. Pour ce faire, on fit bien sûr affaire avec le Comité de propagande du drapeau. Des sections lui commandèrent par exemple plusieurs pavillons (266). Les activités pour les ventes de fanions furent renouvelées en 1944. La section Lafontaine se vanta d’en avoir vendu 60 dans les trois premiers mois de l’année (267).
Orphir Robert, propriétaire du Comité de propagande du drapeau, décéda et c’est à ce moment que les Jeunesses laurentiennes en prirent le contrôle (268). L’organisme avait apparemment des sections dans quatorze régions du Québec (269). Créant ensuite l’Agence Dollard, les laurentiens devinrent très vite les chefs de file dans la campagne pour propager l’étendard. On s’en remit d’abord à l’Ordre de Jacques-Cartier. Une circulaire fut émise par le CPR de Montréal demandant aux autres CPR d’accueillir des représentants du Comité (270). Les Jeunes Laurentiens se donnèrent ensuite le mot d’ordre de créer des cellules de celui-ci à leur congrès général de 1946 (271). Rosaire Morin décida d’écrire à la chancellerie pour solliciter la publication de deux circulaires.Une devait exiger la propagation du drapeau et l’autre, publiée quelques mois plus tard, de faire des pressions aux bons endroits (272). La direction de la «Patente» reçut en même temps plusieurs historiques du drapeau écrits par André Robitaille, responsable national des laurentiens (273). Elle fit donc paraître une première circulaire demandant de diffuser le fleurdelisé. Un document comprenant presque mot pour mot les explications de Robitaille l’accompagnait (274). La CX répondit alors parfaitement aux directives du président des Jeunesses laurentiennes.
C’est environ deux semaines plus tard, soit le 19 mars 1947, que René Chaloult déposa une motion pour demander à l’Assemblée législative un drapeau pour la province. Il fut décidé de créer un comité parlementaire pour calmer les débats que cela suscita (275). Les associations du Québec se mirent très vite à la tâche pour que ce soit alors le fleurdelisé qu’on choisisse. Plusieurs adoptèrent des résolutions en ce sens. Il semble que la première à l’avoir fait est la SSJB de Beauport (276). Les Jeunesses laurentiennes suivirent évidemment de peu (277). La Ligue d’action nationale, la Société du bon parler français et d’autres Société Saint-Jean-Baptiste finirent également par réagir (278). C’est donc toujours la même méthode de pression qui était employée. Les Jeunes Laurentiens tentèrent en plus d’influencer les membres du comité parlementaire dans le «bon sens». Chacun d’entre eux reçut une lettre de la part du mouvement qui incitait évidemment à choisir le fleurdelisé (279). Les laurentiens firent aussi part de leur démarche aux deux députés les plus favorables à celui-ci: André Laurendeau et René Chaloult. Ils leur demandèrent alors des conseils pour rendre leur action la plus efficace possible (280). Des sections envoyèrent même leur résolution en faveur de l’étendard préféré à la première des deux personnalités (281). Le comité parlementaire finit cependant par statuer qu’il faudrait un drapeau «ne comportant aucun signe de séparatisme (282)». Chaloult et Laurendeau votèrent contre cette idée.
Cette défaite momentanée n’empêcha pas de continuer à propager le fleurdelisé. C’est en fait à cette époque que l’Agence Dollard offrait gratuitement sur demande une brochure de Lionel Groulx vantant ce dernier (283). En octobre 1947, on confiait que les Comités de propagande du drapeau avaient vendu des milliers de fanions (284). D’autres organisations avaient aussi aidé. L’Agence Duvernay, c’est-à-dire l’Agence Dollard de la SSJB de Montréal, tenta de vendre des étendards jusqu’en Ontario (285). Des commanderies de l’Ordre Jacques-Cartier affirmèrent en avoir arboré à toutes les occasions possibles (286). C’est notamment ce qui fit que René Chaloult décida de représenter sa motion en décembre 1947 (287).
On se lança alors corps et âme dans une intense campagne pour que le fleurdelisé passe enfin. La pression par le nombre et l’expert fut portée à son paroxysme. L’OJC continua à suivre la suggestion de Rosaire Morin et émit une circulaire réclamant de faire signer des pétitions, d’adopter des résolutions et de convaincre le plus de gens possible (288). Les Jeunes Laurentiens furent les meneurs de ce mouvement. Ils firent adresser quantité de lettres à des particuliers (289). Rosaire Morin confia des années plus tard que la campagne leur avait coûté 1200$ seulement en timbre (290). Les laurentiens firent en outre imprimer un tract et une circulaire à 10 000 exemplaires chacun pour l’occasion (291). Quantités d’associations emboîtèrent le pas. Des groupes aussi divers que les ligues du Sacré-Cœur, la JOC et des collèges classiques adoptèrent des résolutions. Il leur fut demandé de les envoyer à Maurice Duplessis avec copie à L’Action catholique (292). L’ACJC adopta une résolution pour propager le drapeau (293), alors qu’une pétition fut signée par près de 130 000 personnes, dont 52 608 dans la seule région de Québec (294). Des organisations furent bien sûr plus actives que d’autres dans cette campagne. La section Limoilou de la Société Saint-Jean-Baptiste recueillit ainsi près de 7000 signatures en plus d’envoyer 600 télégrammes et 500 lettres pour la «cause» (295).
Les jours précédant le 21 janvier 1948, moment supposé de la reprise des débats sur la motion Chaloult à l’Assemblée (296), furent marqués par une intensification des actions. Une branche du comité du drapeau provincial fut formée à Montréal. Cette organisation était au départ composée de personnalités influentes provenant de Québec. Elle avait d’ailleurs coordonné les pressions en cette ville. C’est Rosaire Morin qui en étendit l’action dans la métropole (297). Le 19 janvier, Léo Gagné président régional des Jeunes Laurentiens de Québec, fit une conférence à la radio pour promouvoir le fleurdelisé (298). Le lendemain, Morin décida d’écrire aux députés et à plusieurs évêques toujours pour les mêmes raisons. Les réponses lui parvinrent cependant après que Duplessis eut enfin opté pour le drapeau (299). Contre toute attente, le premier ministre choisit en effet de hisser le fleurdelisé sur la tour de l’Assemblée législative le 21 janvier en après-midi. Il le fit cependant après bien des tergiversations et en se disant que l’appui de la population au projet pouvait avoir des retombées politiques et électorales en sa faveur. René Chaloult confia des années plus tard que le «cheuf» le consulta avant d’agir. C’est lui qui, après avoir pris conseil de Lionel Groulx, recommanda de faire redresser les fleurs de lys (300). On sait que c’est ce qui ruina les Jeunes Laurentiens, même s’ils gagnèrent par la même occasion la bataille dans laquelle ils s’étaient le plus engagés (301). Des sections n’hésitèrent pas malgré tout à organiser des célébrations pour le premier anniversaire du fleurdelisé (302).
Les différentes campagnes d’intérêt décrites précédemment sont celles pour lesquelles les Jeunes Laurentiens fournirent un effort substantiel. Elles ne sont cependant pas les seules causes qu’ils défendirent ou promurent au cours des années 1940. Les laurentiens de Montréal agirent notamment pour améliorer la qualité de vie de leur ville. C’est entre autres le relâchement des moeurs qui les dérangeait. Au congrès de 1943, ils demandèrent ainsi une grande enquête sur le «vice organisé». Ils tinrent par la suite plusieurs assemblées publiques en guise de protestation contre ce dernier. Ils se contentèrent de cela, puisqu’ils se dire satisfaits du nombre de maisons closes qui furent fermées peu après (303). Deux ans plus tard, ils s’attardèrent à la moralité dans les parcs. On vota l’envoi de quelques lettres aux autorités municipales, mais cela demeura sans suite (304). Au début de 1950, Rosaire Morin et Paul-Émile Robert furent de ceux qui signèrent la demande qui mena à l’enquête Caron sur la moralité publique (305).
En 1945, les laurentiens montréalais s’inquiétèrent aussi des problèmes que connaissaient le tramway. Morin écrivit au président du comité exécutif de la ville pour protester contre «l’empaquetage» croissant des usagers et le mauvais service en général (306). Rien ne fut cependant fait puisqu’une controverse sur ce moyen de transport éclata quelques années plus tard. La compagnie du tramway voulait renflouer ses coffres en augmentant entre autres le prix du billet et cela choqua plusieurs personnes. Une sorte de scandale public naquît. Duplessis songea à nommer une commission d’arbitrage pour régler le problème à l’avantage de tous (307). Les Jeunes Laurentiens profitèrent de l’occasion pour rappeler les griefs qu’ils avaient contre les «trains électriques» (308). Tentant de donner de l’eau au moulin au scandale déjà existant, c’est une forme de scandalisation qu’ils privilégièrent donc. Cela eut un certain écho à court terme. On interdit finalement à la compagnie du tramway d’augmenter ses prix, mais il lui fut permis de réduire le taux d’intérêt sur ses obligations (309).
Les Jeunesses laurentiennes agirent aussi pendant quelque temps pour que le Canada ait un drapeau distinctif. En novembre 1945, un comité fédéral fut formé pour tenter de trouver un tel étendard. Plusieurs associations canadiennes-françaises demandèrent alors un drapeau intégralement canadien. La SSJB et la Fédération des amicales maristes canadiennes adoptèrent des résolutions en ce sens, alors que Relations publia un article sur le sujet (310). Près de 2400 modèles furent éventuellement soumis (311). Une proposition qui retint alors l’attention est celle de la Ligue du drapeau national: un fanion diagonalement à moitié rouge et blanc avec une feuille d’érable verte au centre. Cette Ligue était née à Québec, mais reçut l’appui de plusieurs Canadiens anglais, notamment les Native Sons of Canada (312). C’est elle que les Jeunes Laurentiens décidèrent de favoriser. Ils contactèrent plusieurs associations et écrivirent à tous les membres du comité fédéral (313). En juillet 1946, ce dernier décida finalement d’opter pour le Red Ensign modifié, drapeau rouge avec l’Union Jack dans le coin supérieur gauche et une feuille d’érable dorée au centre (314). Ce choix déplut à plusieurs personnes qui y voyaient un symbole impérial encore trop présent. La Société du bon parler français et même la Jeunesse libérale de Québec-Est protestèrent (315). La Ligue pour le drapeau national décida pour sa part de poursuivre ses pressions. Les laurentiens continuèrent à appuyer son projet (316), mais sans vraiment agir. Ce soutien leur fut d’ailleurs reproché par certains individus. Un curé écrivit ainsi à Lionel Groulx pour lui dire qu’il voulait bien aider ses protégés, mais qu’il regrettait leur choix pour l’étendard canadien. Le fait que le rouge, couleur de l’Angleterre, en occupait le coin supérieur était selon lui signe de sujétion (317). On sait que c’est en 1965 que l’unifolié apparaîtra officiellement (318).
Fin 1948, le Canada français fut secoué par «l’affaire Bernonville». Celui-ci était un milicien français réfugié au Canada, qu’on disait impliqué dans des crimes de guerre. Certains essayaient de le faire déporter, alors que d’autres essayaient de le protéger (319). Les Jeunes Laurentiens appuyèrent ce dernier camp, mais sans s’engager activement. Ils eurent peu de contact avec les principaux défenseurs de Bernonville comme Philippe Hamel et Robert Rumilly. Le premier confia éventuellement au second que «nous essayons de faire marcher de nos momies, comme la Société St-Jean-Baptiste (320)». C’est à notre sens bien en «momies» que les Jeunesses laurentiennes firent leur part dans cette campagne. Les laurentiens de Québec cherchaient un moyen de célébrer leur cinquième anniversaire, alors que les défenseurs du milicien voulaient organiser une conférence de Rumilly dans leur ville. On eut donc l’idée de faire d’une pierre deux coupset la fête fut le prétexte de la causerie (321). Philippe Hamel acquitta le déficit que le groupe de jeunes avait contracté pour la soirée et paya L’Action catholique pour qu’elle reproduise le texte entier de la conférence (322). C’est bien ce qu’avait fait le journal (323), offrant alors aux Jeunes Laurentiens l’occasion où ils firent le plus parler d’eux. À cause de la soirée, ils furent en effet mentionnés dans un communiqué du Congrès juif canadien et aussi loin qu’à la Radio nationale d’Espagne (324). C’était cependant la seule action qu’ils entreprirent en faveur de Bernonville en tant que mouvement. En 1950, alors que l’association était en pleine dissolution, Rosaire Morin signa bien une pétition en faveur du milicien (325), mais rien de plus ne fut tenté.
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Les Jeunes Laurentiens furent une organisation extraordinairement active. Ils se lancèrent dans l’action à plusieurs niveaux. Ils ont mis en application tout ce qui était réalisable dans leur idéologie, en prenant souvent appui sur des organisations déjà en place. Ils agirent évidemment aussi parfois seuls. Ce sont eux qui lancèrent les idées d’une Saint-Jean-Baptiste des jeunes et de la pensée de Dollard et en firent de véritables succès. L’association tenta en outre souvent de faire pression sur divers paliers gouvernementaux. Elle fut en fait un groupe d’intérêt plutôt efficace. Ses activités concernant la conscription contribuèrent à la faire connaître et elle prit par la suite peu à peu le rôle de meneur dans différentes campagnes d’intérêt que connut la décennie 1940. Elle a certainement formé l’organisation la plus active pour que le Québec adopte le fleurdelisé. On sait que c’est ce qui la ruina, même si elle obtint là en même temps son succès le plus éclatant. C’est d’ailleurs la seule cause dans laquelle elle fut engagée qui connut un dénouement rapide et positif. Ce fut une des quelques rares fois où on s’adressa au gouvernement provincial. Les autres cas concernaient plutôt le fédéral qui ne s’occupait que médiocrement des revendications des nationalistes canadiens-français. Leurs demandes les plus importantes furent en effet rarement prises en considération.
(137) Voir: David Knoke, «Associations and Interest Groups», Annual Review of Sociology, vol. 12, 1986, p. 2. et Graham K.Wilson, Interest Groups, Cambridge/Oxford, B. Blackwell, 1990, p. 9. Coll. «Comparative Politics». (138) C’est ce qu’explique Philippe Braud dans: Philippe Braud, Sociologie politique, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1992, p. 222-224. (139) Michel Offerlé, Sociologie des groupes d’intérêt, Paris, Montchrestien, 1998, p. 110, 118-119 et 122-123. Coll. «Clef politique». (140) C’est ce que fit dire à Roger Cyr, traitant alors de l’Ordre de Jacques-Cartier, que «le procédé fut toujours le même». Voir: Roger Cyr, La Patente: tous les secrets de la “maçonnerie” canadienne-française, l’Ordre de Jacques-Cartier, Montréal, Les éditions du jour, 1964, p. 52.
(141) Entre 1943 et 1950 près de 12 000 personnes furent initiés dans l’Ordre de Jacques-Cartier. Voir: Marie-Josée Lévesque et Lucie Pagé dir., Répertoire numérique du Fonds Ordre de Jacques-Cartier, Ottawa, CRCCF, 2000, p. 43, Coll. «Documents de travail du CRCCF», n° 42. (142) Voir: ASJCF, «Le Comité des œuvres catholiques, 1ère année», Fonds Joseph-Papin Archambault, R3/46,4,1. (143) CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1942-1945», 4 juin 1943, Fonds Rosaire Morin, P16/C,6. (144) ASJCF, Lettre de Marcel Lanouette à Roland Germain, secrétaire du Comité des œuvres catholiques, 5 juin 1943, Fonds Joseph-Papin Archambault, R3/47, 2, 4. (145) ASJCF, Lettre de Rosaire Morin à Roland Germain, 24 août 1943, Fonds Joseph-Papin Archambault, R3/47, 2, 69. (146) Voir: CRLG, «Procès-verbaux des réunions de la section Saint-Eusèbe, 1939-1942», 22 janvier 1940, Fonds Rosaire Morin, P16/C,4. (147) CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1942-1945», 19 février 1943, Fonds Rosaire Morin, P16/C,6. (148) «Protestations contre l’assemblée communiste de ce soir», Le Devoir, 3 mai 1943, p. 3. (149) ASJCF, Lettre de Rosaire Morin à Roland Germain, 25 mai 1944, Fonds Joseph-Papin Archambault, R3/50,2,53. Voir aussi: CRLG, « Rapport de l’assemblée CCF, 25 mai 1944» et «Rapport d’assemblée du club communiste, 25 mai 1944», Fonds Rosaire Morin, P16/C,18. (150) ASJCF, Lettre de Rosaire Morin à Roland Germain, 8 septembre 1944, Fonds Joseph-Papin Archambault, R3/49,15,56. Cette idée ne fut jamais concrétisée. (151) Une quinzaine d’associations, allant des ligues du Sacré-Cœur aux syndicats catholiques, étaient représentés au Comité durant ces deux années. Voir: ASJCF, «Comité des œuvres – années 1945 – présences», Fonds Joseph-Papin Archambault, R3/50,6,18 et ASJCF, «Comité des œuvres – années 1946 – présences», Fonds Joseph-Papin Archambault, R3/50,6,19. Il ne semble malheureusement pas subsister d’informations sur les présences aux réunions des autres années de la décennie 1940. (152) Voir: André Laurendeau, La crise de la conscription, 1942, Montréal, Éditions du jour, 1962, p. 27. (153) En mars 1939, on disait en fait organiser une soirée de propagande contre la conscription pour novembre suivant: CRLG, «Procès-verbaux des réunions des Jeunesses Saint-Eusèbe, 1939», 27 mars 1939, Fonds Rosaire Morin, P16/C,4. (154) Ibid. (155) «Contre la conscription», Chez nous dans l’est, vol. 1, n° 5, septembre 1939, p. 7. (156) Voir: La Ligue pour la défense du Canada: ce qu’elle a fait, son attitude présente, ce qu’elle fera, Montréal, s.e., 1942, 28 p. La Ligue pour la défense du Canada tint sa première manifestation le 22 février 1942. (157) À la réunion du 1er mars 1942, il exhorta ses confrères d’aller à une réunion de la Ligue tenue le soir même: CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1942-1945», 1er mars 1942, Fonds Rosaire Morin, P16/C,6. (158) «À l’école Meilleur: troisième assemblée de la Ligue pour la défense du Canada», Le Devoir, 11 mars 1942, p. 4. (159) L’Ordre fit en effet paraître une circulaire pour demander de voter non: CRLG, «circulaire n° 415, “Sujet: manifeste de la CX au sujet du plébiscite’’, 21 mars 1942», Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/2,3. (160) «L’assemblée des “Jeunes Laurentiens”», Le Devoir, 25 avril 1942, p. 3. (161) Voir: CRLG, Lettre de Rosaire Lefebvre à André Laurendeau, 10 avril 1942, Fonds Ligue pour la défense du Canada, P6/C,8. (162) CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1942-1945», 6 avril 1942, Fonds Rosaire Morin, P16/C,6. (163) «Le plébiscite: l’assemblée d’hier soir à la salle paroissiale Ste-Marguerite-Marie», Le Devoir, 9 avril 1942. (164) Voir: «Comparution de M. Paul-Émile Robert», Le Devoir, 22 avril 1942, p. 3. (165) André Laurendeau, op. cit., p. 103. (166) Ibid. Notons que la caution de Paul-Émile Robert était de 200$ et non pas de 2000$ comme l’affirme Laurendeau. (167) Voir: «Le procès de M. Paul-Émile Robert», Le Devoir, 29 avril 1942, p. 3. (168) «Paul-Émile Robert condamné à 25$ d’amende et aux frais», Le Devoir, 3 juin 1942, p. 3. (169) Claude Bélanger, L’encyclopédie de l’histoire du Québec: Jeunesse Laurentienne [1936-1945], [En ligne], http://www2.marianopolis.edu/quebechistory/encyclopedia/Jeunesselaurentienne.html (Page consultée le 25 février 2006) . Claude Bélanger avait commencé la rédaction d’un doctorat traitant de l’ensemble des groupes de jeunes nationalistes canadiens-français des années 1932 à 1945. Il perdit l’essentiel de sa documentation dans un incendie, mais demeure un spécialiste de l’histoire de la jeunesse. Nous lui sommes reconnaissant de nous avoir laissé consulter ce qu’il possède encore. (170) Voir: J.L. Granatstein, et J.M. Hitsman, Broken Promises: a History of Conscription in Canada, Toronto, Oxford University Press, 1977, p. 169. (171) «Les “Jeunes Laurentiens’’ en pleine activité (leurs communiqués)», L’Union, vol. 1, n° 17, 13 novembre 1942, p. 6. Les laurentiens endossaient en ce sens une résolution de la ville de Chicoutimi, reprise par la SSJB de Montréal. Voir: Robert Rumilly, Histoire de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal: des Patriotes au Fleurdelisé, 1834-1948, Montréal, L’Aurore, 1975, p. 523. (172) Voir: «Les “Jeunes Laurentiens’’ contre le travail féminin de nuit», Le Devoir, 22 février 1943, p. 2 et «La Ligue pour la défense du Canada à l’école Baril, ce soir», Le Devoir, 4 mars 1943, p. 3. (173) C’est ce que rapporte Rosaire Morin dans: CRLG, «Discours de Rosaire Morin, “Un mouvement d’action’’, 20 septembre 1944», p. 10, Fonds Rosaire Morin, P16/C,33. (174) Voir : CRLG, «Discours de Rosaire Morin, “Pour la vérité’’, 23 septembre 1945», p. 5, Fonds Rosaire Morin, P16/C,34. (175) «La Chambre des jeunes et la conscription», La Revue de Granby, 6 décembre 1944, p. 2. (176) «Assemblée de protestation à Sherbrooke», Le Devoir, 4 décembre 1944, p. 10. (177) Elle fit cela alors même qu’elle avait tenue des réunions contre la conscription en avril 1942. Voir: AHEC, «Activités de l’ACJC depuis le Conseil Suprême, tenu le 2 février 1942, jusqu’au 16 octobre 1943», p. 3, Fonds Esdras Minville, P35. Cette demande demeura évidemment sans réponse. (178) L’Ordre donna en fait des directives concernant les frères conscrits deux jours seulement après avoir demandé à ses membres de voter non au plébiscite. Il fut ordonné aux XC d’exempter les soldats de cotisation, de maintenir avec eux des relations fraternelles et de leur envoyer des «douceurs» quand c’était possible: CRLG, «Circulaire n° 416, “Membres de l’O. conscrits’’, 23 mars 1942», Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/2,10. L’histoire de l’OJC durant la Seconde Guerre mondiale reste en fait largement à faire. Nous croyons qu’il n’est pas certain qu’il adopta une position de compromis pour le plébiscite comme l’affirme Marcel Martel dans: Marcel Martel, Le deuil d'un pays imaginé: rêves, luttes et déroute du Canada français : les rapports entre le Québec et la francophonie canadienne : (1867-1975), Ottawa, Les presses de l’Université d’Ottawa, 1997, p. 45. Si la chancellerie envoya une lettre disant aux membres d’agir selon leur conscience concernant la conscription, il faut bien voir que cette missive fut écrite une semaine après la tenue du scrutin. Le mot d’ordre du 21 mars prévalait donc lors de ce dernier. (179) Voir: «Les Jeunes Laurentiens s’opposent à l’érection de ce monument», Les Chutes de Shawinigan, 1er août 1945, p. 5. (180) ANQM, «Résolutions par les Jeunes Laurentiens de Shawinigan», Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/119-1828. (181) «La St-Jean-Baptiste a souscrit», Les Chutes de Shawinigan, 19 septembre 1945, p. 5.
(182) ANQM, «Vœu adopté au congrès général du 14 mars 1946: l’amnistie aux conscrits», Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/17-121. (183) Une telle missive parvint donc à l’Ordre de Jacques-Cartier : ANC, Lettre de Rosaire Morin à “monsieur, madame’’, 3 avril 1946, Fonds Ordre de Jacques Cartier, MG 28 I98, vol. 45, dossier «Jeunes Laurentiens 1943-1949». (184) «Les Jeunes Laurentiens demandent l’amnistie», Le Devoir, 3 avril 1946, p. 6. (185) C’est ce qu’explique Rosaire Morin dans: ANQM, «Discours de Rosaire Morin, “1945-1945: les Jeunes Laurentiens’’, 5 octobre 1946», p. 7-8, Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/119-1830. (186) «La Jeunesse laurentienne:déclaration sur le militarisme à l’école », Le Devoir, 29 novembre 1946, p.6. (187) CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1945-1946», 20 septembre 1946, Fonds Rosaire Morin, P16/C,6. (188) «Contre l’immigration juive: protestation des Jeunesses Saint-Eusèbe» et «L’ACV s’oppose à l’immigration juive», Le Devoir, 9 décembre 1939, p. 9. (189) Robert Rumilly, op. cit. , p. 475-476. (190) «Tuesday, 31st January, 1939», Journals of the House of Commons of the Dominion of Canada, session 1939, p. 49. (191) CRLG, «Procès-verbaux des réunions des Jeunesses Saint-Eusèbe, 1939», 30 janvier 1939, Fonds Rosaire Morin, P16/C,4. (192) Ibid., 6 mars 1939. (193) Ibid., 17 avril 1939. (194) CRLG, «Procès-verbaux des réunions du Conseil central, 1942-1945», 8 octobre 1943, Fonds Rosaire Morin, P16/C,6. (195) Voir: Valerie Knowles, Stranger at our Gates: Canadian Immigration and Immigration Policy, 1540-1990, Toronto et Oxford, Dundurn Press, 1992, p. 114. (196) «L’internationale juive financera la prochaine campagne électorale des libéraux», Le Devoir, 8 novembre 1943, p. 7. (197) «L’immigration juive», Le Devoir, 9 novembre 1943, p. 7. La lettre est de fait certainement un faux, même si le «cheuf» en publia des photos dans Le Temps, journal de l’Union nationale: «Photographie de l’originale de la lettre de Roscovitz à Schawartz», Le Temps, 25 février 1944, p. 1. Des historiens contemporains la qualifient de «Quebec variation on the Reichstag fire»: Irving Abella et Harold Troper, None is Too Many: Canada and the Jews of Europe, 1933-1948, Toronto, Lester et Orgen Dennys, 1986, p. 114. (198) «Keep Canada Canadian», Relations, n° 38, février 1944, p. 29-30 et Omer Héroux, «Contre l’immigration massive», Le Devoir, 11 février 1944, p. 1. (199) Voir: «Les étudiants sont opposés à l’immigration, même sélectionnée», Le Devoir, 3 avril 1944, p. 3. (200) Nos recherches n’ont pas permis de comprendre ce qu’était exactement la Ligue nationale. Ce qu’on sait, c’est qu’il s’agissait d’un organe lié à l’Union nationale. Son président était Omer Côté, lequel devint secrétaire d’État dans le cabinet Duplessis à l’été 1944. Côté bénéficia de fait de pages entières dans Le Temps pour parler contre l’immigration juive. Voir, par exemple: «Omer Côté dénonce les manigances des sociétés qui travaillent en faveur de l’immigration juive», Le Temps, 24 mars 1944, p. 5. Côté était un ancien président de l’ACJC qui s’était entre autres fait connaître pour ses activités contre la conscription: «Contre toute immigration dans Québec», Le Guide, 17 février 1944, p. 1. (201) «La Ligue Nationale et l’immigration», Le Devoir, 22 janvier 1944, p. 2. (202) Mentionnons entre autres: «La Ligue Nationale», Le Devoir, 4 février 1944, p. 4 ; «Municipalités qui s’opposent à l’immigration», Le Devoir, 11 février 1944, p. 2 et «Résolution contre l’immigration», Le Devoir, 22 février 1944, p. 4. (203) «Friday, 3rd March, 1944», Journals of the House of Commons of the Dominion of Canada, session 1944-1945, p. 146. Pour avoir une idée de la répartition des signataires dans le diocèse, voir: ANC, «Chez-nous: organe de la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec, 15 mars 1944», p. 4-5, Fonds Ordre de Jacques-Cartier, MG 28 I98, vol. 126, dossier «semaine de la fierté nationale, 1944-1957». (204) «L’immigration et la S.J. Baptiste», La Frontière, 16 mars 1944, p. 1 et «Résolution de la St-Jean-Baptiste sur l’immigration», Le Droit, 19 février 1944, p. 3. (205) «L’immigration à restreindre», La Presse, 22 mai 1944, p. 13.
(206) «Les Jeunes Laurentiens et l’immigration», Le Devoir, 20 novembre 1943, p. 10. (207) Voir: Irving Abella et Harold Troper, op. cit., p. 114-115. (208) CRLG, Lettre de André Bélair au secrétaire général des Jeunes Laurentiens, 18 novembre 1943, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,17. (209) CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil exécutif, 1943-1944», 21 novembre 1943, Fonds Rosaire Morin, P16/C,7. (210) Voir: «Vœux adoptés au dernier congrès de la Saint-Jean-Baptiste de Montréal», Le Devoir, 3 décembre 1943, p. 2. (211) ANQM, Lettre de Roger Duhamel aux présidents de sections, 28 janvier 1944, Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/44-451. On retrouve par ailleurs des formulaires de pétitions vierges dans ce fonds: ANQM, «Pétition contre l’immigration massive au Canada, n° 698», Ibid. (212) CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil des sections, 1944», 30 janvier 1944, Fonds Rosaire Morin, P16/C,9. (213) Voir: CRLG, Lettre de Maurice Petit à Rosaire Morin, 31 mars 1944, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,12. (214) CRLG, «Circulaire 43-44 n° 10, “Sujet: Immigration’’, 7 février 1944», Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/2,10. (215) ANC, Lettre du secrétaire adjoint de la CX au président de la Société Saint-Jean-Baptiste, 14 avril 1944, Fonds Ordre de Jacques-Cartier, MG 28 I98, vol. 166, dossier « Immigration, 1944-1951». (216) «Wednesday, 21st March, 1945», Journals of the House of Commons of the Dominion of Canada, session 1945, p. 37. (217) Elle se vantait en effet d’être la première organisation de la ville à avoir protesté contre l’immigration: CRLG, «Rapport annuel de la section Lafontaine, 1943-1944», p. 2, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,12. (218) Le fait qu’il occupa ce poste dans le premier cabinet Duplessis est la seule chose qui permette de penser qu’il a pu exister une certaine cohésion entre les efforts de la Ligue nationale et celles des SSJB. Laforce écrivit d’ailleurs quelques articles contre l’immigration dans Le Temps. Voir, par exemple: Ernest Laforce, «L’immigration et l’après-guerre au Canada français», Le Temps, 15 septembre 1944, p. 4. (219) L’Ordre des Canadiens de naissance était la branche francophone des Natives Sons of Canada, association nativiste vouée à la défense des intérêts canadiens. Voir: Lucien Duchaine, « L’Ordre des Canadiens de naissance», Le Passe-temps, vol. 3, n° 864, août 1933, p. 45-46 et Pierre Lavery, Une page de petite histoire: familles Lavery et Lasnier (Longueuil 1930), Longueuil, Société historique du Marigot, 1992, p. 67, 74-75. (220) CRLG, «Rapport annuel de la section Lafontaine, 1943-1944», p. 2, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,12. (221) C’est ce qu’affirme Rosaire Morin dans: CRLG, «Discours de Rosaire Morin, “Un mouvement d’action’’, 20 septembre 1944», p. 6 et 11, Fonds Rosaire Morin, P16/C,33. (222) AANQ, Lettre de Adélard Godbout à Louis St-Laurent,13 mars 1944, documents déposés n° 72, 1944. (223) Des pages entières dénonçant l’immigration juive avec des caricatures stéréotypées se retrouvent ainsi dans certains numéros du Temps publiés durant la campagne électorale: «Je suis natif de Palestine, mais j’ai toujours préféré vivre dans “ma’’ belle province de Québec», Le Temps, 14 juillet 1944, p. 5. (224) Voir: ANQQ, «Message aux gens de la municipalité de Delage, 25 janvier 1948», Fonds Adélard Godbout, P712/D65. (225) ANQM, «Vœu adopté au congrès général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal le 24 novembre 1946: Immigration», Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/18-128. (226) «En marge de l’immigration: la Jeunesse laurentienne», Le Devoir, 17 décembre 1946, p. 7. (227) Voir: Patricia Roy et al., Mutual Hostages: Canadians and Japanese During the Second World War, Toronto, University of Toronto Press, 1990, p. 178. (228) ANQM, «Discours de Rosaire Morin, “1945-1946: les Jeunes Laurentiens’’, 5 octobre 1946», p. 6, Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/119-1830. (229) Voir: Martin Pâquet, Tracer les marges de la cité: étranger, immigrant et état au Québec, 1627-1981, Montréal, Boréal, 2005, p. 176-199. (230) Cette semaine eut lieu du 31 janvier au 7 février 1943: CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1942-1945», 27 janvier 1943, Fonds Rosaire Morin, P16/C,6. (231) Ibid., 2 avril 1943. (232) C’est notamment la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et l’Alliance catholique des professeurs de Montréal qui agirent alors. Voir les différentes lettres envoyées par ces dernières dans: ASJCF, Fonds Joseph-Papin Archambault, R3/50,2. (233) ASCJF, Lettre de l’assistant procureur général suppléant à Rosaire Morin, 22 décembre 1943, Fonds Joseph-Papin Archambault, R3/50,2,37. (234) ASCJF, Lettre du directeur du services des licences de la province de Québec à Rosaire Morin, 16 décembre 1943, Fonds Joseph-Papin Archambault, R3/50,2,36. (235) «1er février 1944», Journaux de l’Assemblée législative de la province de Québec, session 1944, 1944, p. 45-46. (236) Voir, par exemple: ASJCF, Lettre de l’Alliance catholique des professeurs de Montréal au directeur de la publicité de la compagnie du tramway, 15 mai 1944, Fonds Joseph-Papin Archambault, R3/50,2,48 et Lettre de Rosaire Morin au même, 16 mai 1944, Fonds Joseph-Papin Archambault, R3/50,2,49. (237) CRLG, «Discours de Rosaire Morin, “Un mouvement d’action’’, 20 septembre 1944», p. 10, Fonds Rosaire Morin, P16/C,33. (238) ASJCF, Lettre de Rosaire Morin à la Ligue du dimanche, 6 décembre 1943, Fonds Joseph-Papin Archambault, R3/36,4,23. La Ligue du dimanche était une autre entreprise jésuite qui avait évidemment pour but de regrouper des gens désirant faire respecter le jour saint. Voir: Joseph-Papin Archambault, Contre le travail le dimanche: la Ligue du dimanche, Montréal, l’œuvre des tracts, 1924 , 16 p. Les Jeunes Laurentiens n’en firent à notre connaissance jamais officiellement partie. (239) ASJCF, Lettre du secrétaire de la Ligue du dimanche à C.O. Bousquet, 11 janvier 1944, Fonds Joseph-Papin Archambault, R3/36,4,22. (240) CRLG, «Rapport du congrès du 11 février 1945», p. 5, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,4. (241) CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1945-1946», 2 novembre 1945, Fonds Rosaire Morin, P16/C,11. (242) Ibid. (243) «Le Canada au Vatican», Relations, n° 59, novembre 1945, p. 282-283. (244) C’est ce qu’on explique dans: «Le Canada serait représenté au Vatican», Le Front ouvrier, vol. 2, n°14, 2 mars 1946, p. 2. (245) CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1945-1946», 12 mars 1946, Fonds Rosaire Morin, P16/C,11. (246) «Ambassadeur au Vatican», L’Action populaire, 11 avril 1946, p. 6. (247) ANQM, «Une ambassade au Vatican, 24 avril 1946», Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/119-1832. Ce communiqué des Jeunes Laurentiens est certainement celui qui connut le plus de diffusion. Il fut publié dans plusieurs journaux régionaux. Voir, par exemple: «Une ambassade au Vatican», L’Écho du nord, 3 mai 1946, p. 4 ; La Frontière, 2 mai 1946, p.9 ; L’Ami du peuple, 9 mai 1946, p. 3 et 6 ; L’Action populaire, 2 mai 1946, p. 1 et Le Progrès du Saguenay, 2 mai 1946, p. 9. (248) ANQM, Lettre de Rosaire Morin à “messieurs les présidents, mesdames les présidentes’’, 22 avril 1946, Ibid. (249) CRLG, «Circulaire n° 448, “sujet: ambassade canadienne au Vatican’’, 2 mai 1946», Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/2,3. (250) C’est effectivement ce qui fut voté lors d’une réunion du conseil central: CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1945-1946 », 25 juillet 1946, Fonds Rosaire Morin, P16/C,11. (251) Voir: ASQ, «Une ambassade au Vatican», Fonds Université, Université 313, n° 79. (252) La Ligue du dimanche et la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal reçurent donc des lettres leur enjoignant d’agir. Voir: ASCJF, Lettre de Rosaire Morin au président de la Ligue du dimanche, 21 août 1946, Fonds Joseph-Papin Archambault, R3/37,1,27 et ANQM, Lettre de Rosaire Morin à Roger Varin, 21 août 1946, Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/119-1830. (253) ASQ, Lettre de Mgr Ferdinand Vandry à Rosaire Morin, 5 septembre 1946, Fonds Université, Université 313, n° 81. (254) Le président de la SSJB de Chicoutimi reçut, par exemple, une lettre de Rosaire Morin: ANQC, Lettre de Rosaire Morin à R. Lessard, 21 août 1946, Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Chicoutimi, P233/1,27. (255) ANQM, «Discours de Rosaire Morin, “1945-1946: les Jeunes Laurentiens’’, 5 octobre 1946», p. 10, Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/119-1830. (256) ANQM, «Vœu adopté au congrès général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal le 24 novembre 1946: une ambassade au Vatican», Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/18-128. (257) CRLG, «Rapport annuel 1946-1947 XC Louis-Riel n° 90», p. 3, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/2,39. (258) «Le Canada devrait avoir un représentant au Vatican», L’Émérillon, vol. 17, n° 9, 9 novembre 1948, p.12 -13. (259) «L’Assemblée législative réclame une ambassade au Vatican», L’Action catholique, 24 février 1949, p.9. (260) Voir: Frederick J. McEvoy, « The Establishment of Diplomatic Relations Between Canada and the Vatican, 1969», Canadian Catholic Historical Association: Historical Studies, n° 68, 2002, p. 66-84. (261) Le drapeau national: historique et protocole d’utilisation, Québec, Gouvernement du Québec, 2001, p.9. Ce drapeau ressemblait au fleurdelisé, mais avait un Sacré-Cœur en son centre avec les fleurs de lys qui pointaient vers celui-ci et un fond bleu poudre. (262) «Pour le drapeau national», L’Action nationale, mars 1936, p. 128-131. (263) CRLG, «Procès-verbaux des réunions des Jeunesses Saint-Eusèbe, 1939», 9 janvier 1939, Fonds Rosaire Morin, P16/C,4. (264) CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1942-1945», 18 septembre 1942, Fonds Rosaire Morin, P16/C,6. (265) CRLG, «Discours de Rosaire Morin, sans titre, 8 mars 1943», p. 8, Fonds Rosaire Morin, P16/C,32. (266) Certaines retardaient d’ailleurs à payer le Comité : CRLG, Lettre de Rosaire Morin à Jean-Marie Massicotte, 2 novembre 1943, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,17. (267) CRLG, Lettre de Maurice Petit à Rosaire Morin, 31 mars 1944, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,12. (268) C’est ce qu’explique Rosaire Morin dans: «Le drapeau des Canadiens-Français est devenu le drapeau du Québec», L’Action nationale, vol. 84, n° 6, juin 1994, p. 751. (269) Clément Trudel, «Il y a 25 ans, le fleurdelisé», Le Devoir, 20 janvier 1973, p. 6. (270) CRLG, «Circulaire 1945-1946 n° 11 à tous les C.P., 1er février 1946», p. 1, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/7,36. (271) CRLG, «Laisser passer pour le congrès général de 1946», p. 5, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,23. (272) ANC, Lettre de Rosaire Morin au secrétaire de la CX, 27 novembre 1946, Fonds Ordre de Jacques-Cartier, MG 28 I98, vol. 126, dossier «Fleurdelisé, 1943-1958». (273) Cet historique se retrouva en fait à plusieurs endroits: CRLG, «Le drapeau national des Canadiens français par André Robitaille», Fonds Rosaire Morin, P16/E,137. (274) ANC, «Circulaire général n° 473, “Sujet: Le drapeau des Canadiens français’’, 3 mars 1947», Fonds Ordre de Jacques-Cartier, MG 28 I98, vol. 126, dossier «Fleurdelisé, 1943-1958». (275) Voir: Jean-Guy Labarre, Non au drapeau canadien, Montréal, Éditions actualité, 1962, p. 53-55. (276) «La question du drapeau», Le Devoir, 28 mars 1947, p. 12. (277) ANQQ, «“On réclame le fleurdelisé’’, coupure d’un journal non identifié», Fonds René Chaloult, P659/2,1,3. (278) C’est ce qu’affirme Jean-Guy Labarre dans: Jean-Guy Labarre, op. cit., p. 58 (279) Voir, par exemple: ANQQ, Lettre de Rosaire Morin à Maurice Bellemare, 26 mars 1947, Fonds René Chaloult, P659/2,1,3. (280) ANQQ, Lettre de Rosaire Morin à René Chaloult, 26 mars 1947, Ibid. et CRLG, Lettre de Rosaire Morin à André Laurendeau, 26 mars 1947, Fonds André Laurendeau, P2/A,655. (281) Voir: CRLG, Lettre de Julien Chevalier à André Laurendeau, 1er mai 1947, Ibid. (282) «24 avril 1947», Journaux de l’Assemblée législative de la province de Québec: session 1947, p. 437. (283) Voir la publicité dans: Les Jeunesses laurentiennes, 1947, p. 10. (284) «Le 5e congrès national des Jeunesses laurentiennes», Le Devoir, 7 octobre 1947, p. 10. (285) CRCCF, Lettre de l’Agence Duvernay à la Fédération des SSJB de l’Ontario, juin 1947, Fonds Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste de l’Ontario, C19/12/11. (286) CRLG, «Rapport annuel 1946-1947 XC Louis-Riel n° 90», p. 4, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/2,39. (287) «Motion de M. René Chaloult sur le drapeau québécois», Le Devoir, 3 décembre 1947, p. 3. (288) CRLG, «Aux XC de la Province de Québec, “Sujets: Conseil provincial, drapeau provincial’’, 11 décembre 1947», Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/2,3. (289) CRLG, «Le comité du drapeau provincial: à tous nos compatriotes», Fonds Anatole Vanier, P29/K,596. (290) Clément Trudel, «Il y a 25 ans, le fleurdelisé», Le Devoir, 20 janvier 1973, p. 6. (291) C’est ce qu’on explique dans: «Les Jeunesses laurentiennes», Le Devoir, 5 juillet 1948, p. 9. (292) Ce journal publia donc plusieurs listes d’organisations qui avaient agi de la sorte. Voir: L’Action catholique, 12 janvier 1948, p. 14 ; 15 janvier 1948, p. 20 ; 16 janvier 1948, p. 22 ; 19 janvier 1948, p. 18 ; 20 janvier 1948, p. 16 ; 21 janvier 1948, p. 8 et 18. (293) «Le drapeau provincial», La Feuille d’érable, 13 janvier 1948, p. 2. (294) Jean-Guy Labarre, op. cit., p. 71 et «52,608 signatures», L’Action catholique, 21 janvier 1948, p. 18. (295) Fête des Canadiens-français, 24 juin 1948: quartier Limoilou, Québec, Québec, secrétariat général, 1948, p. 19. (296)Il était en effet connu que les débats se poursuivraient autour de cette date. C’est ce qu’on explique dans: CRLG, «Un mot d’ordre unique en janvier: il nous faut un drapeau provincial !», Fonds Rosaire Morin, P16/E,137. Contrairement à ce que suggère RaymondLaliberté dans Raymond Laliberté, Une société secrète : l’Ordre de Jacques Cartier, Montréal, Hurtubise HMH, 1983, p. 241, la «Patente» n’avait donc pas prévu que le fleurdelisé flotterait sur la tour du parlement précisément le 21 janvier 1948. D’autant plus que Duplessis ne fut à notre connaissance jamais un intime de l’Ordre. (297) «Un comité du drapeau provincial», L’Action catholique, 19 janvier 1948, p. 3. (298) «Le drapeau, symbole d’autonomie», L’Action catholique, 21 janvier 1948, p. 3. (299) Voir: CRLG, Lettres de députés et d’évêques à Rosaire Morin, fin janvier 1948, Fonds Rosaire Morin, P16/E,141. (300) René Chaloult, Mémoires politiques, Montréal, éditions du jour, 1969, p. 281-295. (301) Certains laurentiens, tel Léo Gagné, furent bien sûr agréablement surpris de cette adoption rapide. Entrevue de l’auteur avec Léo Gagné, 15 mars 2006. (302) ANQQ, «L’anniversaire du drapeau provincial», coupure d’un journal non identifiécollé dans un cahier, p. 105, Fonds Pierre Gravel, P404/05. (303) Lisons! Construisons!: mémoire sur «les Jeunes Laurentiens», s.l., 1944, p. 4. (304) CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1945-1946», 9 juillet 1946, Fonds Rosaire Morin, P16/C,11. (305) «Des citoyens courageux: ils ont pris le risque des procédures», Le Devoir, édition spéciale, 16 octobre 1954, p. 2. Nous remercions Mathieu Lapointe de nous avoir fait découvrir cet article. Notons que Léon Patenaude, ancien Jeune Laurentien, s’impliqua par ailleurs beaucoup dans le comité de moralité publique qui fut fondé quelque temps plus tard. (306) CRLG, Lettre de Rosaire Morin à J.-O. Asselin, 30 novembre 1945, Fonds Rosaire Morin, P16/C,22. (307) Paul Sauriol, «Le problème du tramway: les arbitres auront-ils le pouvoir nécessaire ?», Le Devoir, 22 janvier 1948, p. 1. (308) «Le “trust’’ du tramway et les Jeunesses Laurentiennes», Le Devoir, 26 janvier 1948, p. 7. (309) Voir: «Le billet du tramway à 5¢», Le Front ouvrier, vol. 3, n° 19, 29 mars 1947, p. 19. (310) ANQM, «Vœux à Groulx», p. 2, Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/17-121 ; «Résolution relative au drapeau», La Voix des mille îles, 28 juin 1946, p. 6 et «Enfin un drapeau canadien ?…», Relations, n° 59, novembre 1945, p. 282. (311) George F.G. Stanley, The Story of Canada’s Flag : a Historical Sketch, Toronto, Ryerson Press, 1965, p. 54-55. (312) Rick Archbold, I Stand for Canada: the Story of the Maple Leaf Flag, Toronto, Macfarlne Walter and Ross, 2002, p. 92. (313) C’est ce que dit Rosaire Morin dans: ANQM, «Discours de Rosaire Morin, “1945-1946: les Jeunes Laurentiens’’, 5 octobre 1946», Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/119-1830. (314) George F.G. Stanley, Ibid. (315) «La question du drapeau à la Société du Bon Parler français», Le Guide, 18 juillet 1946, p. 1 et «La jeunesse lib. proteste auprès de M. St-Laurent», L’Action populaire, 25 juillet 1946, p. 3. (316) Voir: «Les Jeunesses Laurentiennes: pourquoi deux drapeaux ?», Le Devoir, 31 mars 1947, p. 12. (317) CRLG, Lettre de Joseph Ferland, curé de Saint-Roch, à Lionel Groulx, 15 février 1948, Fonds Lionel Groulx, P1/A, 1335. (318) Voir: Alistair B. Fraser, «A Canadian Flag for Canada», Journal of Canadian Studies, vol. 25, n° 4, hiver 1990-1991, p. 78. (319) On consultera à ce sujet: Yves Lavertu, L’affaire Bernonville: le Québec face à Pétain et la collaboration (1948-1951), Montréal, VLB éditeur, 1944, 217 p. Coll. «Études Québécoises». (320) ANQM, Lettre de Philippe Hamel à Robert Rumilly, 24 septembre 1948, p. 2, Fonds Robert Rumilly, P303, S6, SS9, D1. (321) ANQM, «Conférence-concert de monsieur Robert Rumilly, historien et des chanteurs du Vieux-Moulin sous les auspices des Jeunes Laurentiens de Québec», p. 1-2, Ibid. (322) AUL, Lettre de Philippe Hamel à Léo Gagné, 17 décembre 1948, Fonds Philippe Hamel, P16/B,13 et ANQM, Lettre de Philippe Hamel à Robert Rumilly, 13 décembre 1948, Ibid. (323) «La France est un immense pénitencier, toute une élite est au bagne, dit Rumilly», L’Action catholique, 30 novembre 1948, p. 3, 9, 13 et 19. (324) ACJCM, «Anti-Semitic Agitation Following Deportation Proceedings, 8 décembre 1948», ZA/1948/6/73 et ANQM, «Chronique diffusée le 22 février 1949 par “Radio nationale d’Espagne’’», Fonds Robert Rumilly, P303, S6, SS9, D1. (325) «Pétition pour le comte de Bernonville», La Presse, 19 avril 1950, p. 37.
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Source: David RAJOTTE, Les Jeunes Laurentiens. Jeunesse, militantisme et nationalisme dans le Canada français des années 1940, Mémoire de M.A. (Histoire), Université de Montréal, 2006, xxvi-215p., pp. 157-183. |
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Claude Bélanger, Marianopolis College |