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L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia
David RAJOTTE, Les Jeunes Laurentiens. Jeunesse, militantisme et nationalisme dans le Canada français des années 1940, Mémoire de M. A. (Histoire), Université de Montréal, 2006, xxvi-215p.
Chapitre 3Le fonctionnement des Jeunes Laurentiens
Les Jeunesses laurentiennes furent d’abord créées pour servir tout un système de pensée. Elles n’étaient toutefois pas que des idées. Elles formaient un groupe qui avait ses propres besoins en plus de toute une série d’objectifs idéologiques. C’est pourquoi elles se dotèrent dès leur création d’une structure à même de leur être utile. Les Jeunes Laurentiens étaient une association qui fut toujours dirigée par un nombre limité d’individus réunis en conseil. C’est ce dernier qui orientait le mouvement selon ses désirs. Le conseil central n’aurait cependant été d’aucune utilité si ce n’avait été des membres de la base. Généralement regroupés en section, ceux-ci formaient la force agissante du groupement. Leur nombre s’accroissant, l’association grandit certes en puissance et efficacité, mais également en complexité. Ce sont éventuellement des problèmes organisationnels qui seront en partie responsables de la disparition du mouvement nationaliste.
Celui-ci évoluait évidemment dans un univers social défini. Quantité d’individus et d’organisations partageaient des idées et des objectifs en tout ou en partie similaires aux siens. Les Jeunesses laurentiennes ne purent pas faire abstraction de ces entités. Elles prirent différents contacts avec plusieurs d’entre elles. On offrit aux laurentiens un appui et de l’aide sous différentes formes. L’organisation entretint évidemment plusieurs liens avec divers groupes de jeunes. Les principaux mouvements nationalistes de l’époque s’intéressèrent également aux Jeunes Laurentiens.
On s’attardera donc plus spécifiquement dans ce chapitre au fonctionnement des Jeunesses laurentiennes. C’est d’abord le mouvement tel qu’en lui-même qui nous intéressera. On verra comment il s’est doté d’une structure relativement élaborée censée répondre à tous ses besoins. Les problèmes financiers sont toutefois venus peu à peu miner l’efficacité du départ. On parlera également du fonctionnement social des Jeunesses laurentiennes. Nous étudierons les liens qui les unissaient avec plusieurs organisations de l’époque. Nous verrons alors leurs actions envers certains groupements et les actions de ceux-ci envers les laurentiens.
1. L’association telle qu’en elle-même
Les Jeunes Laurentiens étaient structurés de façon pyramidale. Un conseil central prenait les décisions et veillait aux destinées du mouvement. C’est également lui qui contrôlait les moyens de propagande. Il revenait aux sections d’accomplir les tâches plus prosaïques. Ce sont finalement des problèmes financiers qui feront disparaître le groupe de jeunes.
On reconnaît qu’il y a généralement deux types de participants dans une association: les membres et les dirigeants. Ce sont ces derniers qui agissent au nom du groupement (1). Dans les Jeunes Laurentiens, les dirigeants étaient d’abord regroupés dans le conseil central (2). Comme plusieurs organisations, les Jeunesses laurentiennes avaient une direction oligarchique. De fait, le conseil central était la tête pensante du mouvement. C’est à lui qu’incombait les tâches de gestion et d’organisation. On disait qu’il «interprète les règlements […], voit à la préparation, à la diffusion et à la réalisation des directives et du programme des Jeunes Laurentiens, et contrôle les initiatives de caractère public (3)». Le conseil central décidait également de la naissance ou de la mort d’une section et proposait les nouveaux règlements (4).
Les dirigeants d’une association ont généralement des titres qui expriment leurs différentes responsabilités. Le conseil central était de fait composé d’une série de personnes ayant des fonctions et des devoirs différents. Si on consulte l’annexe A, on peut voir que ces derniers évoluèrent tout au long de l’existence des Jeunesses laurentiennes. Le mouvement eut toujours un président, un secrétaire et un trésorier. D’autres fonctions s’ajoutèrent ou disparurent toutefois avec le temps. Il semble en fait que toute association tende à spécialiser ses structures afin qu’elles soient le plus efficaces possibles (5). C’est précisément ce qui arriva avec les Jeunes Laurentiens. Avec l’accroissement du mouvement en nombre d’adhérents et d’activités, il fallut déléguer des fonctions à d’autres. On créa donc éventuellement divers postes de responsables. Au départ, il y en avait de toute sorte. Une personne pouvait par exemple plus particulièrement s’occuper des soirées publiques. À partir de 1944, on commença toutefois à les limiter. On conserva les responsables social, national, économique et celui des loisirs. Ceux qui occupaient ces fonctions avaient essentiellement pour tâche de décider et de voir au bon fonctionnement des activités et des questions à l’étude dans leur domaine respectif. À mesure que le mouvement grandissait, certaines fonctions devinrent par ailleurs des postes salariés. C’est en novembre 1943 que le secrétariat permanent fut créé (6) . Il arrivait ainsi qu’on vote en réunion une augmentation de salaire pour le secrétaire général (7).
Dans les premières années du mouvement, le conseil central était composé des anciens directeurs des Jeunesses Saint-Eusèbe et des présidents des sections les plus influentes. Il finit toutefois par être choisi au scrutin secret lors du congrès général annuel des Jeunesses laurentiennes (8). Était éligible tout membre qui avait œuvré plus de deux ans dans l’association. Le président des laurentiens devait être choisi parmi les membres du central par les délégués du congrès (9).
L’expansion du groupe de jeunes s’accompagnait évidemment aussi d’un accroissement des ressources disponibles. C’est ce qui donna l’idée au conseil central de créer et de prendre possession d’organismes pouvant servir les objectifs des Jeunesses laurentiennes. Début 1946, le central se rendit notamment propriétaire du Comité de propagande du drapeau. Cette association était divisée en sections et avait pour but de vendre et répandre le fleurdelisé (10). Le central déboursa 400$ pour en prendre le contrôle. Il plaça ses membres les plus influents à la tête du comité et les profits obtenus devaient directement aller dans ses coffres (11). Quelques mois après la prise de possession du Comité de propagande du drapeau, pour mieux servir celui-ci, les laurentiens créèrent l’Agence Dollard. Celle-ci était en fait un organe vendant différents accessoires patriotiques liés au drapeau national. Elle proposait une quarantaine d’articles allant de la promesse de fidélité à la banderole (12). Il était prévu dans les règlements des Jeunes Laurentiens que l’Agence soit dirigée par quatre membres du conseil central. Ces quatre personnes devaient faire un rapport annuel et verser les profits nets à l’organisation (13).
Si le conseil central contrôlait la bonne marche de l’association, il n’était rien sans les membres de base. Ceux-ci étaient regroupés en sections, qu’on qualifiait parfois de «notre champ naturel d’action (14)». Les rôles de la section étaient d’abord la formation de ses adhérents. Dans la section, ce sont les équipes qui occupaient toute la place. Chaque cercle avait théoriquement un certains nombres d’équipes. Chacune d’entre elles devait comprendre entre cinq ou six membres, dont un directeur et un secrétaire, et se réunir à toutes les semaines ou au moins chaque quinzaine. Elle avait pour tâche «d’étudier le programme et les mots d’ordre du conseil central et d’adopter [sic] le tout au milieu paroissial (15)». L’équipe nationale de la section étudiait par exemple les questions du même type et agissait en conséquence. Les équipes correspondirent toujours aux principaux secteurs de responsabilités du conseil central.
Une section avait plusieurs façons de s’adonner à l’étude. Elle devait bien sûr s’attarder à tout ce qui provenait du centre. Différents documents sur des sujets bien définis pouvaient être envoyés aux sections. Il arrivait même qu’on prévoit les questions qu’il fallait étudier à chaque semaine pendant un mois (16). Une des fonctions de Lisons! Construisons! et de La Vérité, bulletins officiels des Jeunes Laurentiens, était précisément l’étude. On disait que ces bulletins devaient être lus en entier et appliqués aux particularités de la section (17). Outre ces documents, les membres étaient encouragés à faire des travaux sur des sujets divers et à les présenter en réunion (18). Il existait des bibliothèques relativement bien garnies dans certaines sections (19). On organisait également des parlements écoles et des débats. Les premiers servaient à faire comprendre toutes les subtilités de la politique aux laurentiens (20). Les seconds permettaient d’exercer ses capacités à défendre ses idées tout en faisant de la publicité pour le mouvement. Il semble bien que la plupart des cercles s’adonnaient aux débats. Les Jeunes Laurentiens de Longueuil lancèrent ainsi une série de joutes oratoires à l’Hôtel de ville de leur municipalité, alors qu’une section de la capitale provinciale en organisa aussi (21). Des cellules se donnaient en outre des cours sur différents sujets, tels la coopération (22). Ailleurs c’est plutôt des conférences qui servaient à l’instruction (23). N’étant pas en reste, le conseil central institua à partir de 1946 des semaines de formation. Il y en eut une annuellement au moins jusqu’en 1948 (24).
La section devait être parfaitement intégrée dans une paroisse et agir sur elle. «Bâtir réellement et efficacement une paroisse nouvelle (25)» était un de ses objectifs. Les cercles prenaient donc souvent des initiatives qui n’avaient de l’intérêt que pour une communauté locale. En 1944, la section Lafontaine fit, par exemple, pression pour obtenir un terrain de jeux dans les limites de sa paroisse. Elle organisa aussi une collecte pour les œuvres de charité de cette dernière (26). À Québec, c’est plutôt des activités publiques pour le temps des fêtes qu’on tenait dans une salle paroissiale (27). Dans le but d’animer une certaine vie dans la paroisse et la localité immédiate, les Jeunes Laurentiens s’adonnaient par ailleurs à des activités sociales ou sportives. Celles-ci permettaient également de créer un esprit de fraternité dans la cellule. La section Lafontaine avait ainsi son équipe de hockey, sa ligue de quilles et son cercle de bicyclette (28). D’autres cercles organisaient plutôt des partis de cartes ou des «soirées familiales» (29). Ce sont en fait des choses auxquelles s’intéressaient déjà les Jeunesses Saint-Eusèbe, qui louèrent un camp pour l’été 1940 (30). Il fut éventuellement demandé aux sections de former «un club de balle molle afin d’aider au recrutement des membres (31)».
À l’instar du central, la section contenait un président, un secrétaire et un trésorier. Ces dirigeants devaient voir à ce que tout se passe conformément à ce qui était demandé par l’autorité centrale. Les sections étaient en principe parfaitement soumises à cette dernière. Il fallait que le secrétaire du cercle transmette régulièrement des rapports d’activités. Il était même suggéré qu’il fasse parvenir des procès-verbaux au conseil central (32). Il fut en outre éventuellement interdit aux sections d’intervenir dans le domaine public sans l’autorisation préalable des dirigeants du mouvement (33). Toute nouvelle cellule devait prêter un serment d’allégeance (34). Quand il y avait des problèmes avec un membre ou une section, on n’hésitait pas, par ailleurs, à le ou la rayer de l’association. Lorsqu’un cercle était dissous, on pouvait même envoyer des membres du central pour tenter de le reformer selon les principes souhaités (35). La conformité et le respect de l’autorité étaient bien sûr des éléments qui revenaient souvent dans les écrits ou les discours des dirigeants. On disait par exemple à un public laurentien que «vous devez faire bon accueil aux directives des responsables […] (36)».
Les membres avaient quand même divers moyens à leur disposition pour s’exprimer quant à la marche de l’organisation. On a vu que ce sont eux qui élisaient le conseil central. C’était aussi généralement le cas des différents dirigeants de section. À partir de 1943, alors que les Jeunes Laurentiens avaient commencés à se répandre en dehors de Montréal, on sentit le besoin de tenir des congrès généraux (37). On y étudiait les questions les plus diverses. Certains congrès s’intéressaient à des problèmes idéologiques. On essayait alors de les solutionner, mais aussi d’établir les différents programmes d’étude les concernant (38). D’autres réunions pouvaient se consacrer à l’organisation du secrétariat, au développement du mouvement ou au bulletin La Vérité (39). Si le conseil central déterminait théoriquement le contenu des congrès, les sections et les membres avaient quand même leur mot à dire. Elles pouvaient en effet transmettre des résolutions ou des éléments à étudier un mois avant l’assemblée (40). Il arrivait malgré tout que des décisions du central fussent contestées assez durement. L’ordre de dissoudre la section de Sudbury fut ainsi commenté très négativement dans L’Ami du peuple, journal de la région (41).
Il est possible de savoir pourquoi et comment des sections se fondèrent. Les premières sont évidemment nées des Jeunesses Saint-Eusèbe. On sait que cette organisation, implantée dans la paroisse Saint-Eusèbe à Montréal, essaima dans les paroisses avoisinantes pour former les Jeunes Laurentiens. Les paroisses Sainte-Marguerite et Saint-Vincent à Montréal sont les premières à s’être organisées après Saint-Eusèbe (42). D’autres sections furent fondées à mesure que le mouvement se fit connaître. Maurice Côté décida par exemple de créer la section Kénogami après avoir entendu parler des Jeunes Laurentiens durant le plébiscite (43). Morin affirma que le seul nom de Lionel Groulx, lié au mouvement, avait permis de former certaines cellules (44). Quand les Jeunes Laurentiens étaient présents dans une localité, il arrivait aussi qu’ils aillent s’implanter dans une commune avoisinante (45). Parfois, c’est un religieux sympathique aux laurentiens qui réunissait quelques jeunes pour fonder une section. Après avoir fait étudier le manifeste, c’est ainsi que le R.F. Donald contribua à la naissance d’un cercle à Loretteville (46). C’est enfin des dirigeants du mouvement qui allaient eux-mêmes créer des sections dans certaines régions. Morin fit ainsi un voyage dans le Bas-du-Fleuve pendant lequel il organisa quelques groupes de laurentiens (47). Il semble que c’est à Raymond Berthiaume qu’on doive la création de plusieurs sections ontariennes. Il a apparemment fait le tour de l’Ontario sur le pouce et à pied pour instaurer des antennes laurentiennes (48).
Il est difficile de savoir combien les Jeunes Laurentiens comptèrent de sections à leur apogée. Il existe relativement peu d’informations sur le nombre de membres et de cellules. Ce qu'on sait c’est qu’il y en eut de l’Alberta jusqu’au Nouveau Brunswick (49). Il existait par ailleurs certaines sections dans des institutions d’enseignement. Il y en avait apparemment à l’Université d’Ottawa, au Collège du Sacré-Cœur de Sudbury, au Collège de Beauharnois, au Séminaire de Valleyfield et au Séminaire de Rimouski (50). L’abbé Léonce Bouchard fut notamment Jeune Laurentien lorsqu’il étudiait au Séminaire de Québec et Jean-Marc Léger approcha le mouvement lorsqu’il était encore au collège (51). Le nombre le plus élevé de cercles que nous avons rencontré fut donné par Paul-Émile Robert en 1945. Il dit alors qu’il y avait 200 sections, dont 35 en milieu rural (52). À peu près à la même époque, Lorenzo Gauthier affirmait que le mouvement avait 5000 adhérents (53). Cela nous apparaît plausible dans la mesure où certains cercles avaient plus de trente membres (54). Au 31 décembre 1948, alors que l’association était sur son déclin, Morin disait qu’il y avait 2557 membres dans 138 sections (55). C’est ce nombre assez important de cellules qui incita le conseil central à créer des comités régionaux en 1944. Ceux-ci avaient pour but de veiller aux bon fonctionnement des sections et de voir aux problèmes locaux (56). Fin 1945, l’association comptait 17 de ces intermédiaires entre le central et les cellules (57).
Les Jeunes Laurentiennes fonctionnaient de la même façon que leurs confrères. Deux différences importantes existaient cependant. Puisqu’étant de jeunes filles, elles ne s’adonnaient pas nécessairement aux mêmes loisirs que les garçons. Ceux-ci jouaient au hockey, alors que les laurentiennes organisaient plutôt des activités comme des cercles de couture (58). Cela en plus d’avoir certains objets d’étude, tel le domaine familial, auxquels ne s’attardait pas la branche masculine. L’autre grande différence est que le conseil central féminin était plus ou moins subordonné à son «grand frère». On expliquait qu’il ne pouvait agir en public sans l’assentiment du central masculin. Cela dans la mesure où les Jeunes Laurentiennes existaient en vertu de la même charte provinciale que ce dernier. On disait également que les hommes avaient autorité absolue sur le fonctionnement et l’administration des sections féminines (59). C’est notamment pourquoi des garçons contribuaient à la fondation de ces dernières (60).
Les deux conseils centraux tenaient toutefois souvent des réunions mixtes. Il était en fait prévu que chaque mois ils se rencontrent «pour définir l’étude et l’action des prochains trente jours (61)». Il semble qu’au départ ces réunions donnaient lieu à des désaccords entre les deux sexes. L’idée de rendre La Vérité mixte mena à des débats houleux. On dit alors que les filles étaient pour ou contre une idée, alors que c’était le contraire pour les garçons (62). C’est pourquoi on finit par adopter le règlement d’un vote en bloc avec rejet de la proposition si un des deux sexes s’y opposait complètement (63). Comme on a déjà dit, la mixité était mal vue au sein des laurentiens. Outre La Vérité et les réunions des conseils centraux, il y a seulement les congrès généraux qui étaient mixtes (64). De temps à autres, les sections pouvaient bien collaborer sur des sujets précis, telle une campagne de charité (65). On peut certes penser que des contacts plus chaleureux et moins officiels existaient également. Les femmes qu’épousèrent Rosaire Morin et Léon Patenaude étaient ainsi de Jeunes Laurentiennes (66).
Ce qu’on sait de l’entité féminine c’est aussi qu’elle connut beaucoup moins de succès que les Jeunes Laurentiens. Elle vécut en fait des difficultés quelque temps après sa création durant le congrès de septembre 1943. La première présidente des laurentiennes décida en effet d’affilier tout son groupe à l’Éveil féminin, une association de jeunes filles nationalistes basée à Ottawa (67). C’est ce qui fit qu’au congrès de 1944, il y avait seulement six noyaux de Jeunes Laurentiennes (68). Le fait que les deuxième et troisième présidentes générales se marièrent et quittèrent le mouvement (69) n’aida certainement pas non plus.
Pour être membre des Jeunes Laurentiens, on devait suivre un processus défini. Il fallait avoir assisté à trois réunions, avoir prêté un serment d’allégeance, payer ses cotisations et s’être soumis à une enquête (70). Plusieurs raisons pouvaient pousser un individu à passer à travers cela pour entrer dans les Jeunesses laurentiennes. Rosaire Morin expliqua que s’il a voulu faire partie du mouvement, c’était pour se former et servir sa communauté. Il rencontra un individu qui l’orienta vers l’association (71). Léo Gagné, qui fut président régional de Québec, nous confia s’être joint aux Jeunes Laurentiens par intérêt pour le coopératisme (72). D’autres étaient déjà militants dans des organisations neutres ou communistes, mais étaient insatisfaits des résultats obtenus. Après les avoirs connus, ils décidèrent de s’affilier aux laurentiens parce que c’était le groupement le plus efficace selon eux (73). Le fait d’avoir un frère, un cousin ou un voisin dans le mouvement encourageait aussi à en faire partie. Des listes d’adhérents avec adresses, nous permettent par exemple de noter que plusieurs membres des familles Petit, Cusson et Bélair ont fait partie de la section Lafontaine. C’était également le cas de quelques personnes domiciliées dans la rue De Normanville (74).
Certaines données nous permettent de voir quels types de personnes faisaient partie des Jeunes Laurentiens. Des listes pour les retraites organisées par le mouvement à Montréal de 1943 à 1945 donnent ainsi la profession des participants. On peut constater qu’environ le tiers des laurentiens étaient alors des cols blancs et travaillaient dans des bureaux. Un autre tiers occupaient des emplois manuels, tels électricien ou boucher. Le reste était essentiellement composé à moitié d’étudiants et à moitié de gens travaillant dans la vente (75). Nous croyons que ces constatations peuvent être appliqués à l’ensemble du mouvement. Ce qui est à noter c’est aussi que les dirigeants étaient soient des cols blancs ou des vendeurs. Il y a seulement Bertrand Beaulac qui était machiniste. Plusieurs des responsables du mouvement étaient également impliqués dans d’autres organisations. Il existe une liste des associations dont faisaient partis les membres du conseil central de 1945-1946 (76). Il appert que près des deux tiers étaient membres de la JOC (77), de la SSJB ou d’un syndicat d’épargne. Un tiers faisait partie des Lacordaire ou des ligues du Sacré-Cœur. Certains étaient également impliqués dans les Chevaliers de Colomb ou des associations de commerce (78). Il n’existe malheureusement que très peu d’informations sur les Jeunes Laurentiennes.
Les Jeunes Laurentiens ressentirent bien sûr le besoin de propager leurs idées et de se faire de la publicité. C’est pourquoi ils se dotèrent de différents moyens de propagande. Ils créèrent un journal nommé Osons pratiquement dès leur création (79). Il est difficile de voir ce qu’il advint de ce périodique (80). Quelque temps plus tard, le mouvement s’intéressa plutôt à la rédaction d’un manifeste. Il fut au départ imprimé à 5000 exemplaires (81) et fut reproduit en entier dans Le Devoir le lendemain de son lancement (82). Il connut éventuellement une seconde édition et on le réimprima. 5000 exemplaires furent ainsi réservés à la seule diffusion dans la région d’Ottawa (83). C’est entre-temps qu’on commença à faire paraître des feuilles mimographiées contenant les mots d’ordre et les directives d’études du conseil central. Cela fut suivi par le bulletin Lisons! Construisons! qui fut éventuellement remplacé par La Vérité (84). D’abord destiné au mouvement, le bulletin était quand même distribué à des gens de l’extérieur. Son tirage était apparemment de 12 000 exemplaires (85). Les Jeunes Laurentiennes avaient au départ leur propre bulletin: Les Jeunes Laurentiennes qui fut remplacé par Les Glaneuses. On lui substitua cependant La Vérité qui devint mixte à partir de mars 1946 (86). La Vérité perdura jusqu’à la disparition des Jeunes Laurentiens (87). Ceux-ci publièrent cependant aussi plusieurs brochures sur des sujets divers. Le discours de Groulx lors du banquet en son honneur fut par exemple édité. En 1947 et 1948, on fit paraître Les Jeunesses laurentiennes qui présentaient les œuvres et les idées du mouvement pour l’année (88). Certaines sections publièrent également leur propre revue (89). Des laurentiens de certains endroits furent en outre impliqués dans des journaux locaux. C’est notamment ce qui arriva à Sudbury avec L’Ami du peuple (90).
Le mouvement tenta également de prendre possession ou de profiter de certains périodiques amis. Marcel Caron avait son propre journal et cela même avant que l’organisation ne soit créée. Dès février 1939, il faisait de la publicité pour Chez nous dans l’est devant les Jeunesses Saint-Eusèbe (91). Des laurentiens, tel Noël Thibault et Jean-Paul Auclair, y participaient aussi. Ce dernier finit même par le diriger (92). On a déjà dit que Chez nous fit paraître plusieurs articles antisémites. Les thèmes qu’il développait tournaient cependant surtout autour du nationalisme et de l’achat chez nous (93). On ne reproduisit que quelques fois des communiqués et publicités pour les activités des Jeunes Laurentiens. Il n’y eut jamais vraiment d’accord entre ces derniers et Caron (94). Chez nous fut éventuellement interdit et fut remplacé par L’Union (95). À l’instar de son prédécesseur, ce dernier fit paraître quelques éléments concernant les Jeunes Laurentiens. À partir d’octobre 1942, on proposa que le mouvement s’occupe de L’Union (96). On ne réussit toutefois pas à s’entendre avec Auclair, si bien que son journal ne traita pratiquement plus des Jeunes Laurentiens (97). À peu près à la même époque ceux-ci participèrent à l’aventure du Congrès des Canadiens français, sorte de concentration d’efforts de groupes nationalistes. Il est cependant difficile de voir ce qu’ils y firent exactement (98). Quelques temps après L’Union, l’organisation nationaliste approcha La Boussole, bihebdomadaire créé par l’Ordre de Jacques-Cartier en 1935 (99). Du 1er avril au 8 juillet 1944, les Jeunes Laurentiens tinrent ainsi une chronique dans le journal. Début novembre 1945, le conseil central disait attendre des développements sur son contrôle absolu (100). Les premières pages des deux numéros du mois sont ainsi des articles de Rosaire Morin (101). La Boussole échappa toutefois aux mains de l’association (102). C’est cependant à partir de 1944 et 1945 que des journaux, tel Le Devoir, se mirent à publier les communiqués de cette dernière de manière régulière.
Le conseil central organisait bien sûr des soirées strictement pour faire de la propagande. Une des activités qu’il préférait était le débat. Il en planifiait assez souvent et le public y était invité (103). C’était l’occasion de faire connaître les idées laurentiennes, tout en faisant de la publicité. À partir de 1945, le mouvement tint également des «semaines de propagande». Durant celles-ci, il était demandé aux sections de tenir des activités publiques et d’intensifier le recrutement. En 1945, 53 manifestations furent ainsi organisées à travers le Canada français (104). Certaines sections firent alors aussi passer des communiqués en première page de journaux locaux (105). Des cellules pouvaient par ailleurs «imprimer 800 papillons-collants (106)» pour faire connaître l’association.
Une des grandes théories dans l’étude des organisations dit qu’un des buts d’un mouvement finira tôt ou tard par être la maintenance organisationnelle (107). Les Jeunes Laurentiens n’échappèrent pas à la règle. Dès 1944, alors qu’ils prenaient de l’ampleur, ils voyaient les dettes s’accumuler. Au départ, c’est à l’interne qu’on tenta de régler le problème. On passa un contrat avec un publicitaire professionnel qui était chargé de trouver des annonceurs canadiens-français pour les œuvres du mouvement (108). On écrivit aussi aux sections pour leur demander d’acquitter les sommes dues (109). C’était toutefois insuffisant. Le «problème finance» fut donc soulevé à une réunion générale d’avril 1945. On interrogea alors les membres de la base pour qu’ils donnent des idées (110). Des lettres furent envoyées à des organisations aînées pour qu’elles offrent une contribution (111). Ce n’est évidemment pas que pour des raisons idéologiques qu’on prit possession du Comité de propagande du drapeau et qu’on créa l’Agence Dollard. On croyait bien que cela allait générer des profits intéressants, mais ce fut cependant toujours insuffisant. En septembre 1946, on se résolut donc à faire passer la cotisation annuelle de 1$ à 3,50$ (112).
Fin 1946, il y avait toujours près de 3000$ de dette (113). On décida donc d’organiser une grande campagne de souscription publique pour les premiers mois de 1947. Rosaire Morin commença par écrire à Onésime Gagnon, trésorier de la province de Québec, afin de demander des subsides (114). On émit en outre des lettres de créance autorisant le porte-à-porte pour les Jeunes Laurentiens (115). Des feuillets publicitaires et près de 20 000 lettres furent envoyées à quantité de particuliers (116). Le Devoir fut mis à contribution, si bien qu’il publiait régulièrement tous les noms des souscripteurs (117). À la fin de la campagne, 178 prêtres et 1151 personnes avaient donné. Très peu d’entreprises avaient par contre aidé et c’est pourquoi on se disait quand même déçu (118). D’autant plus que le gouvernement ne fit rien pour le mouvement (119).
Les sommes amassées permirent aux Jeunes Laurentiens de survivre pour un temps, mais les dettes n’étaient pas disparues (120). Cela ne les empêcha pas de se lancer corps et âme dans la campagne pour le fleurdelisé. Si ce fut un total succès sur le plan idéologique (121), ce ne fut pas le cas sur le plan financier. Les laurentiens avaient quantité de drapeaux où les fleurs de lys étaient en diagonales. Or, lorsqu’il adopta officiellement le fleurdelisé, Duplessis fit redresser les fleurs pour qu’elles pointent vers le haut. Il semble que le mouvement resta alors pris avec des dizaines de milliers de drapeaux (122). Cela se traduisit concrètement par des pertes de 12 000$ (123). C’était le début de la fin pour les Jeunesses laurentiennes. Elles se lancèrent bien dans la vente de la pensée de Dollard en 1948 et 1949 (124), mais cela ne permit pas de redresser la situation.
(1) David Knoke, Organizing for Collective Action: the Political Economies of Associations, New York, Aldine de Gruyter, 1990, p. 51. (2) L’annexe A décrit la composition des différents conseils centraux que connurent les Jeunesses laurentiennes. (3) CRLG, «Les Jeunes Laurentiens: règlements de l’association», p. 1, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,1. (4) Voir: CRLG, «Règlements des Jeunesses laurentiennes», p. 8, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,22.
(5) Jacques-A. Basso, Les groupes de pression, Paris, Presses Universaires de France, 1983, p. 27, coll. «Que sais-je ?». (6) «Les Jeunesses laurentiennes», Le Devoir, 3 juillet 1947, p. 9. (7) Voir, par exemple: CRLG, «Procès-verbaux des réunions de l’exécutif des Jeunes Laurentiens», 25 septembre 1944, Fonds Rosaire Morin, P16/C,7. (8) Voir: CRLG, «Règlements des Jeunesses laurentiennes», p. 3, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,22. (9) Ibid., p. 7. (10) Nous reparlerons plus longuement des activités entreprises par les Jeunes Laurentiens avec ce comité au prochain chapitre. (11) Voir: CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1945-1946», 1er mai 1946 et feuille sans date brochée à la fin du cahier, Fonds Rosaire Morin, P16/C,11. (12) On peut consulter une liste des éléments vendus par l’Agence Dollard dans: Les Jeunesses laurentiennes, 1948, p. 22. (13) CRLG, «Règlements des Jeunesses laurentiennes», p. 17, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,22. (14) ANQM, «Discours de Rosaire Morin, “1945-1946: les Jeunes Laurentiens’’, 5 octobre 1946», p. 3, Fonds Société Saint-Jean Baptiste de Montréal, P82/119-1830. (15) CRLG, «Message du président général, septembre 1946», p. 5, Fonds Rosaire Morin, P16/C,3. (16) C’est notamment ce qu’on fait pour les domaines social et national dans: «Manifeste du responsable social», Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,1. (17) «Les directives d’études», Lisons ! Construisons !, vol. 2, n° 2, avril 1944, p. 7. (18) Pendant l’année 1944-1945, 10 travaux furent ainsi effectués par des membres de la section Lafontaine. Voir: CRLG, «Deuxième rapport annuel de la section Lafontaine», p. 2, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,12. (19) Fin 1943, la section Saint-Vincent-de-Paul avait par exemple 40 volumes dans la sienne. Voir: CRLG, «Procès-verbaux des réunions des présidents de sections, 1943-1944», 3 décembre 1943, Fonds Rosaire Morin, P16/C,8. (20) La section Lafontaine s’adonna à cette activité à au moins une reprise. Voir: CRLG, «Procès-verbaux des réunions de la section Lafontaine, 1943-1945», 13 février 1944, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,4. (21) Voir: Michel Pratt, Longueuil au temps du maire Pratt, 1894-1967, Longueuil, Société Historique du Marigot inc., 1993, p. 104 et Fête des Canadiens français, 24 juin 1948: quartier Limoilou, Québec, Québec, s.e., 1948, p. 20. (22) Les Jeunes Laurentiens de Drummondville se donnèrent de tels cours. Voir: «La Jeunesse laurentienne», Le Devoir, 8 mars 1947, p. 9. (23) La section Kénogami planifia ainsi une conférence de Philippe Hamel. Voir: AUL, «Les Jeunes Laurentiens (section de Kénogami) présentent le docteur Philippe Hamel», Fonds Philippe Hamel, P160/B,20. (24) «Les Jeunesses laurentiennes: clôture de la semaine de formation tenue à Québec du 21 au 27 juin», Le Devoir, 8 juillet 1948, p. 9. (25) CRLG, «Un mouvement d’action nationale, 10 octobre 1945», p. 1, Fonds Rosaire Morin, P16/C,12. (26) CRLG, «Rapport annuel de la Section Lafontaine, 1943-1944», p. 3, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,12. (27) Voir: AUL, Lettre de Léo Gagné à Philippe Hamel, 12 décembre 1948, Fonds Philippe Hamel, P160/B,13. (28) CRLG, «Rapport annuel de la section Lafontaine, 1943-1944», p. 3, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,12. (29) Voir: Rosaire Morin, «La vie laurentienne», La Vérité, vol. 4, n° 2, décembre 1945, p. 8. (30) Voir: CRLG, «Procès-verbaux des réunions des Jeunesses Saint-Eusèbe, 1939», 15 mai 1939, Fonds Rosaire Morin, P16/C,4. (31) CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1942-1945», 4 juin 1943, Fonds Rosaire Morin, P16/C,6. (32) «Les Directives», La Vérité, vol. 3, n° 2, février 1945, p. 6. (33) C’est ce qui fut décidé le 19 novembre 1943. Voir: CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1942-1945», 19 novembre 1943, Fonds Rosaire Morin, P16/C,6. (34) C’est bien évidemment ce que fit la section Lafontaine. Voir: CRLG, «Serment d’allégeance de la section Lafontaine», Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,3. (35) C’est ce qui arriva notamment avec la section Immaculée-Conception au début 1944: CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1942-1945», 25 janvier 1944, Fonds Rosaire Morin, P16/C,6. (36) CRLG, «Discours de Rosaire Morin, sans titre, 17 octobre 1944», p. 2, Fonds Rosaire Morin, P16/C,33. (37) On trouvera une liste des principales réunions tenues par les Jeunesses laurentiennes tout au long de leur existence à l’annexe E. (38) Cela fut notamment l’objet des congrès nationaux de 1945 et 1946. Voir: CRLG, «Les Jeunesses laurentiennes: 3ème congrès national tenu à Montréal les 21-22-23 septembre 1945», p. 5-6, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,23 et CRLG, «Les Jeunesses laurentiennes: laisser-passer pour le congrès de 1946», p. 4, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,23. (39) Ce sont des thèmes développés au comité général d’avril 1945. Voir: ANQM, «Les Jeunesses laurentiennes: comité général le 8 avril 1945», p. 2, Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/119-1828. (40) CRLG, «Règlements des Jeunesses laurentiennes», p. 7, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,22. (41) Arthur Quesnel, président régional, fut qualifié de véritable tyran. On dit même qu’il s’était adonné à un «cérémonial cabalistique qui a effrayé plusieurs initiés». On ajouta que les membres ne purent s’exprimer sur la décision et qu’on espérait que Rosaire Morin changerait d’avis. Voir: Adolphe Proulx, «Au sujet des Jeunes Laurentiens», L’Ami du peuple, 20 mai 1948, p. 2. (42) Voir: CRLG, «Procès-verbaux des réunions des Jeunesses Saint-Eusèbe, 1939», 23 août 1939, Fonds Rosaire Morin, P16/C,4. (43) «Les “Jeunes Laurentiens’’ en pleine activité (leurs communiqués)», L’Union, vol. 1, n° 17, 13 novembre 1942, p. 6. (44) Voir: CRLG, Lettre de Rosaire Morin à Lionel Groulx, 28 mars 1945, Fonds Lionel Groulx, P1/A,2762. (45) C’est par exemple la présence d’une section à Shawinigan qui poussa Gérard Turcotte à fonder une section à Trois-Rivières. Voir: Rosaire Morin, «Des nouvelles à retenir», La Vérité, vol. 3, n° 4, avril 1945, p. 10. (46) CRLG, «Bonjour, bonjour Loretteville», Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,11. (47) Il raconte avoir alors fondé des sections notamment à Trois-Pistoles et Rimouski dans: CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1945-1946», 20 août 1946, Fonds Rosaire Morin, P16/C,11. Notons que Morin était natif de la région. C’est peut-être ce qui explique que plusieurs laurentiens du Bas St-Laurent se retrouvèrent éventuellement au conseil central. (48) CRLG, « Discours de Rosaire Morin, “Un mouvement d’action’’, 20 septembre 1944», p. 5, Fonds Rosaire Morin, P16/C,33. (49) Il y eu une section de Jeunes Laurentiens à Winnipeg et une autre à Moncton. Voir: Lisons! Construisons!: Mémoire sur les «Jeunes Laurentiens», s.l., s.e., 1944, p. 2. (50) Voir: CRLG, «Rapport de l’assemblée des présidents, 15 novembre 1944», Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,5. Nous avons contacté ou sommes allés visiter les Archives de l’Université d’Ottawa, des Clercs de Saint-Viateur, du diocèse de Valleyfield et de la corporation du séminaire de Rimouski et il n’existe à peu près aucune information sur les activités des Jeunes Laurentiens dans ces institutions. Il n’y a que dans l’annuaire du Collège du Sacré-Cœur qu’on trouve une mention du mouvement: Annuaire du Collège du Sacré-Cœur: 1945-1946, Sudbury, Université Laval, 1945, p. 67. Il est alors dit que les Jeunesses laurentiennes participèrent à un débat avec les étudiants de la classe de rhétorique. (51) Entrevue de l’auteur avec Léonce Bouchard, 3 avril 2006 et entrevue de l’auteur avec Jean-Marc Léger, 7 février 2005. Ce dernier alla à seulement quelques réunions, ce qui ne nous permet pas de dire qu’il fut membre à part entière des Jeunes Laurentiens. (52) Voir: CRLG, «Procès-verbaux des réunions de la section Lafontaine, 1943-1945», 20 août 1945, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,4. (53) ACSV, Lettre de Lorenzo Gauthier au père Fafard, 2 juillet 1945, Fonds Lorenzo Gauthier. (54) Lors de la réunion régionale de Montréal-Centre en février 1946, deux sections avaient 35 membres. Si on fait la moyenne du nombre de membres des sections présentes à cette réunion, on arrive par ailleurs à 22. Cela si on exclut cependant un cercle en formation ne contenant que 6 membres. Voir: CRLG, «Assemblée régionale du comité régional de Montréal-Centre», p. 5, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,7. (55) Voir: ANC, Lettre de Rosaire Morin au secrétaire de la CX, 8 novembre 1949, Fonds Ordre de Jacques-Cartier, MG 28 I98, vol. 45, dossier «Jeunes Laurentiens, 1943-1949». (56) Voir: CRLG, «Les Jeunes Laurentiens: règlements de l’association», p. 1, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,1. (57) ANQM, «Discours de Rosaire Morin, “1945-1946: les Jeunes Laurentiens’’, p. 2, Fonds Société Saint-Jean Baptiste de Montréal, P82/119-1830.
(58) C’est ce que fit notamment la section Marie-Rollet. Voir: «Procès-verbaux des réunions de la section Marie-Rollet, 1943-1946», 7 novembre 1945, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,21. (59) CRLG, «Les Jeunes Laurentiens: règlements de l’association», p. 8, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,1. (60) Paul-Émile Robert et Léon Patenaude étaient ainsi présents à la première réunion de la section Marie-Rollet. Voir: «Procès-verbaux des réunions de la section Marie-Rollet, 1943-1946», 15 décembre 1943, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,21. (61) «Réponses aux inquiets», La Vérité, vol. 3, n° 4, avril 1945, p. 28. (62) CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1945-1946», 15 janvier 1946, Fonds Rosaire Morin, P16/C,11. Il est à noter que La Vérité devint quand même mixte. (63) Ibid., 19 février 1946. (64) Dans ces congrès, même si on s’attardait aux mêmes éléments, les réunions étaient toutefois séparées. Voir: «Le congrès des Jeunesses laurentiennes», Le Devoir, 9 juin 1947, p. 2. (65) C’est ce qui arriva avec les laurentiens et les laurentiennes de la paroisse Saint-Ambroise. Voir: CRLG, «Procès-verbal d’une réunion mixte des Jeunesses laurentiennes de la paroisse Saint-Ambroise, 4 février 1945», Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,4. (66) Rosaire Morin épousa Jeannine Demers, qui milita encore dans les Jeunes Laurentiennes après son mariage. Léon Patenaude rencontra Gisèle Cusson, alors qu’elle était membre des Jeunes Laurentiennes de la paroisse Saint-Ambroise. Cela leur valut d’ailleurs quelques blagues de la part de Rosaire Morin. Voir: CRLG, « Discours de Rosaire Morin, “Un mouvement d’action’’, 20 septembre 1944», p. 6, Fonds Rosaire Morin, P16/C,33. Notons toutefois que le couple sa maria après avoir quitté le mouvement. (67) CRLG, «Procès-verbaux de l’exécutif des Jeunes Laurentiens, 1943-1944», 21 novembre 1943, Fonds Rosaire Morin, P16/C,7. Pour un bref historique de l’Éveil féminin on pourra consulter: Hector Legros et sœur Paul-Émile, Le diocèse d’Ottawa: 1847-1948, Ottawa, Le Droit, 1949, p. 842-843. (68) Voir: CRLG, « Discours de Rosaire Morin, “Un mouvement d’action’’, 20 septembre 1944», p. 11, Fonds Rosaire Morin, P16/C,33. (69) «En glanant», Les glaneuses, janvier 1946, p. 16. (70) CRLG, «Les Jeunes Laurentiens: règlements de l’association», p. 1, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,1. (71) Voir: CRLG, «Discours de Rosaire Morin, sans titre, 17 février 1943», p. 2, Fonds Rosaire Morin, P16/C,32. (72) Entrevue de l’auteur avec Léo Gagné, 15 mars 2006. (73) Deux anonymes expliquent dans La Vérité que c’est de cette façon et pour cette raison qu’ils ont rejoint le groupement. Voir: «Un bluet [sic] du Témiscouata», La Vérité, vol. 3, n° 1, septembre 1944, p. 22 et Jean-Baptiste, «Le domaine économique: coopératisme ou communisme», La Vérité, vol. 3, n° 5, juin-juillet 1945, p. 10-13. (74) Voir, entre autres: CRLG, «Liste des membres de la section, 11 mars 1944», Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,10. On pourra consulter l’annexe C pour voir combien de gens provenant de ces familles ont fait partie des Jeunes Laurentiens. (75) Voir: CRLG, «Listes de retraitants, 1943-1945», Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,13. Ces listes ne précisent pas d’où provenaient les étudiants. Nous croyons cependant qu’ils devaient soit étudier à l’université, dans un collège classique ou suivre des cours commerciaux ou techniques. (76) On pourra consulter l’annexe A pour savoir qui était alors membre du conseil. (77) Bertrand Beaulac était apparemment président du comité de vie nationale de cette organisation. Nos recherches dans le fonds Jeunesse Ouvrière Catholique aux Archives nationales du Québec n’ont pas permis de comprendre ce qu’était ce comité. Pas plus qu’un dépouillement du Front ouvrier de décembre 1944 à janvier 1948. (78) Voir les dernières pages de: CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1945-1946», Fonds Rosaire Morin, P16/C,11. (79) En février 1940, Paul-Émile Robert disait que le premier numéro venait d’être publié. Voir: ANQM, Lettre de Paul-Émile Robert à Athanase Fréchette, 3 février 1940, Fonds Société Saint-Jean Baptiste de Montréal, P82/119-1828. (80) Il ne subsiste à notre connaissance aucun exemplaire de ce journal. Nous savons cependant qu’il connut une certaine renommée puisque La Boussole en parla positivement. Voir: Germain Duluth, «Billet de la quinzaine: Osons», La Boussole, 17 février 1940, p. 8. (81) CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1942-1945», 18 septembre 1942, Fonds Rosaire Morin, P16/C,6. (82) «Manifeste des Jeunes Laurentiens», Le Devoir, 3 décembre 1942, p. 6. (83) Rosaire Morin, «Nos sections», La Vérité, vol. 3, n° 5, juin-juillet 1945, p. 7. (84) Rosaire Morin fait cet historique du bulletin dans: CRLG, «Discours de Rosaire Morin, “Pour la vérité’’, 23 septembre 1945», p. 5, Fonds Rosaire Morin, P16/C,34. (85) Voir: Ibid. (86) Rosaire Morin, «La vie laurentienne», La Vérité, vol. 4, n° 4, mars-avril 1946, p. 5. (87) Plusieurs numéros sont aujourd’hui introuvables. Le dernier numéro que nous avons noté est celui d’avril 1949 : ANC, «La Vérité, vol. 5, n° 3, avril 1949», Fonds Ordre de Jacques-Cartier, MG 28 I98, vol. 45, dossier «Jeunes Laurentiens, 1943-1949». (88) Voir: Message aux Jeunesses Laurentiennes, s.l., 1946, 11 p. et Les Jeunesses laurentiennes, 1947 et 1948. (89) La section de Loretteville publiait ainsi un journal titré Grincheux. Voir : «Bonjour, bonjour Loretteville», Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,11. Il ne semble plus subsister d’exemplaire de ce périodique. Il est donc difficile de dire à quoi il ressemblait. (90) Lucien Proulx en fut en effet brièvement directeur et André Leclerc publiciste en 1947-1948. Voir: Serge Dignard, Camille Lemieux et L’Ami du peuple, 1942-1968, Sudbury, Société historique du Nouvel-Ontario, 1984, p. 18. Coll. «Documents historiques», nº 80. (91) CRLG, «Procès-verbaux des réunions des Jeunesses Saint-Eusèbe, 1939», 12 février 1939, Fonds Rosaire Morin, P16/C,4. (92) «Chez nous: organe bi-mensuel indépendant», Chez Nous, vol. 2, n° 7, 6 octobre 1941, p. 2. Notons qu’au cours de l’année 1940 on raccourcit le titre Chez nous dans l’est pour Chez nous. (93) Voir, par exemple: Marcel Caron, «L’amour national», Chez nous, vol. 2, n° 6, 1er septembre 1941, p.3. (94) On proposa bien lors d’une réunion de faire passer des annonces dans le journal. À la réunion suivante, sans qu’on sache trop pourquoi, on vota la destitution de Marcel Caron qui fut éventuellement réintégré dans les rangs de l’association. Voir: CRLG, «Procès-verbaux des réunions des Jeunesses Saint-Eusèbe, 1939», 17 et 24 avril 1939, Fonds Rosaire Morin, P16/C,4. (95) Les deux périodiques étaient dirigés par Jean-Paul Auclair. Le premier numéro de L’Union contient un article sur l’interdiction de Chez Nous, ce qui laisse croire qu’il créa le premier parce que le second devait disparaître. Voir: «Le journal “Chez nous’’ est interdit», L’Union, vol. 1, nº 1 , 10 novembre 1941, p. 2. (96) On discuta de cette idée à la réunion du 2 octobre 1942. Voir: CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1942-1945», 2 octobre 1942, Fonds Rosaire Morin, P16/C,6. (97) L’Union finit par s’intéresser surtout au Bloc populaire. Lorsqu’un conflit survint entre Philippe Hamel, Paul Gouin, René Chaloult et ce parti, l’Union devint la voix des trois dissidents. Jean-Paul Auclair organisa même des conférences avec ceux-ci sous l’égide du journal. Voir: AUL, Lettre de Jean-Paul-Auclair à Philippe Hamel, 17 mars 1943, Fonds Philippe Hamel, P160/B,20. (98) C’est Marcel Fournier qui note la participation des laurentiens à cet organisme. Voir: Marcel Fournier, Communisme et anticommunisme au Québec (1920-1950), Laval, éditions coopératives Albert Saint-Martin, 1979, p. 90-91. Nous n’avons trouvé aucune information permettant d’étayer ces propos. On aura cependant noté que le local de Chez nous était dans le même édifice que celui de La Voix du peuple, organe du Congrès. Voir: Ibid. et «Le journal “Chez nous’’ est interdit», L’Union, vol. 1, nº 1 , novembre 1941, p. 2. (99) Dans le Fonds Ordre de Jacques-Cartier aux Archives nationales du Canada, on trouve ainsi des documents comme le contrat d’enregistrement du nom «Boussole». D’après d’autres éléments du même fonds, ce sont des gens très liés à l’Ordre, tel Fernand de Haerne, qui contrôlèrent longtemps le périodique. Il y a notamment un acte passé devant notaire donnant à de Haerne la direction du journal. Voir: ANC, Fonds Ordre de Jacques-Cartier, MG 28 I98, vol. 32, dossier «La Boussole». Le fonds ne contient aucun document indiquant qui dirigeait le périodique au moment où les Jeunes Laurentiens l’ont approché. (100) Voir: CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1945-1946», 2 novembre 1945, Fonds Rosaire Morin, P16/C,11. (101) Rosaire Morin, «Une éducation nationale», La Boussole, 10 novembre 1945, p. 1et 4 et Rosaire Morin, «Les jeunesses Laurentiennes», La Boussole, 24 novembre 1945, p. 1. (102) L’Ordre finit également par perdre tout pouvoir sur le journal. Dans le dossier «LaBoussole» du fonds Ordre de Jacques-Cartier aux Archives nationales du Canada, on retrouve le premier numéro de La Voix du Québec. Une note est insérée dans celui-ci disant qu’il remplace La Boussole et que les abonnements seront honorés en conséquence. Une lettre du secrétaire adjoint de l’Ordre suit, disant qu’il ne veut pas recevoir La Voix du Québec. Voir: ANC, Lettre du secrétaire adjoint de la CX à La Voix du Québec, 14 août 1946, Fonds Ordre de Jacques-Cartier, MG 28 I98, vol. 32, dossier «La Boussole». (103) Voir, par exemple: «Les Jeunes Laurentiens au Gésu», Le Devoir, 11 janvier 1944, p. 4 et «Chez les Jeunes Laurentiens», Le Devoir, 25 mars 1944, p. 4. (104) CRLG, «Discours de Rosaire Morin, “Pour la vérité’’, 23 septembre 1945», p. 6, Fonds Rosaire Morin, P16/C,34. (105) Ce fut notamment le cas à Sudbury: «Chez les Jeunes Laurentiens», L’Ami du peuple, 5 avril 1945, p.1. (106) CRLG, «Deuxième rapport annuel de la section Lafontaine», p. 3, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,12. (107) Voir: M.N. Zald et R.A. Garner «Social Movement Organizations: Growth, Decay and Change», dans: M.N. Zald et J.B. MacCarthy, Social Movements in an Organizational Society: collected essays, New Brunswick, Transaction Books, 1987, p. 121-122. (108) Cela est rapporté dans: CRLG, «Procès-verbaux des réunions du Conseil central, 1942-1945», 29 septembre 1944, Fonds Rosaire Morin, P16/C,6. (109) Voir, par exemple: CRLG, Lettre de J.L. Chamberland à Léon Patenaude, 30 novembre 1944, Fonds J.Z. Léon Patenaude, P30/4,17. (110) ANQM, «Les Jeunesses laurentiennes: comité général, le 8 avril 1945», p. 18-19, Fonds Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, P82/119-1828. (111) Une telle lettre parvint à l’École sociale populaire: ASJCF, Lettre de Rosaire Morin à “chers compatriotes’’, 25 avril 1945, Fonds Joseph Papin Archambault, R3,48,6,81. (112) Voir: CRLG, «Procès-verbaux des réunions du conseil central, 1945-1946», 20 septembre 1946, Fonds Rosaire Morin, P16/C,11. Pour avoir une idée de ce que cela pouvait représenter, notons que Joseph Rajotte, notre grand-père, gagnait alors 0,70$ de l’heure comme ouvrier dans une usine. (113) C’est la conclusion qu’on peut tirer de: ANQM, «Les Jeunes Laurentiens, budget 1946-1947», Fonds Société Saint-Jean Baptiste de Montréal, P82/119-1832. (114) CRLG, Lettre de Rosaire Morin à Onésime Gagnon, 26 décembre 1946, Fonds Rosaire Morin, P16/C,26. Nous verrons plus loin dans ce chapitre comment l’Ordre de Jacques-Cartier aida Morin dans sa démarche. (115) Voir: ANC, Lettre de créance, 1er février 1947, Fonds Ordre de Jacques-Cartier, vol. 45, dossier «Jeunes Laurentiens, 1943-1949». (116) ANC, Lettre de Rosaire Morin, 1er février 1947, Ibid. (117) Onze listes de noms avec des messages de Morin furent ainsi publiés entre le 25 janvier et le 24 février 1947. (118) «Les jeunesses laurentiennes», Le Devoir, 19 avril 1947, p. 9. (119) Voir: Lettre de Rosaire Morin au secrétaire du C.P.R. 3, 5 mai 1947, Fonds Rosaire Morin, P16/C,24. (120) En septembre 1947, Morin disait qu’il y avait près de 4000$ de dette et demandait à certains créanciers d’attendre un peu. Voir, par exemple: ANQM, Lettre de Rosaire Morin à Thomas Bertrand, 12 septembre 1947, Fonds Société Saint-Jean Baptiste de Montréal, P82/119-1832. (121) Nous reparlerons plus longuement de cette campagne au prochain chapitre. (122) C’est ce que nous raconta Gilles Rhéaume, ancien président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, qui connut très bien Rosaire Morin, Gérard Turcotte et Paul-Émile Robert, trois Jeunes Laurentiens d’importance. Entrevue de l’auteur avec Gilles Rhéaume, 19 septembre 2005. (123) Rosaire Morin rappelle ce fait dans: Clément Trudel, «Il y a 25 ans, le fleurdelysé», Le Devoir, 20 janvier 1973, p. 6. (124) On traitera de ces campagnes au prochain chapitre. Notons quand même pour l’instant que les Jeunes Laurentiens vendirent près de 480 000 pensées en 1948, mais furent incapables de réitérer l’exploit l’année suivante.
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Source: David RAJOTTE, Les Jeunes Laurentiens. Jeunesse, militantisme et nationalisme dans le Canada français des années 1940, Mémoire de M.A. (Histoire), Université de Montréal, 2006, xxvi-215p., pp. 98-114. |
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