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on Public Immorality in Quebec in the Duplessis Era / Documents sur l'immoralité
publique sous Duplessis [1956]
Commentaires
de M. l'abbé Louis O'Neill Une élection n ' est pas une joute de hockey
Entrevue donnée au journal Le Devoir, Mercredi le 15 août 1956 M.
l'abbé Louis O'Neill, l'un des deux professeurs qui ont publié une dénonciation
des méthodes électorales dans la province de Québec, a déclaré hier que quelques
politiciens semblent croire qu'une campagne électorale est quelque chose du genre
d'une joute de hockey ou d'un match de lutte. M.
l'abbé O'Neill, professeur de morale au Séminaire de Québec, a dit qu'il se demande
si les gens engagés dans la politique songent aux conséquences de certaines de
leurs actions. Dans
une entrevue publiée dans le quotidien québecois Le Soleil, M. l'abbé O'Neill
demande : "Est-ce que vraiment, par exemple, l'on pense à la conséquence de certaines
attitudes, quand on fait fonctionner un système électoral où des jeunes gens sont
témoins de procédés répréhensibles ou encore entendent des mensonges éhontés de
la part d'hommes qui constituent officiellement l'élite ? "Que
feront ces jeunes à leur tour dans 15 ou 20 ans ? Il ne faut pas oublier qu'il
est très facile d'abaisser le niveau de conscience civique mais qu'il faut par
contre un temps extrêmement long pour le relever. L'histoire politique des peuples
est là pour nous le montrer." Cette
entrevue fait suite à la publication d'un texte de 4,000 mots dénonçant les méthodes
électorales dans le Québec. Le texte a pour auteurs M. l'abbé O'Neill et M. l'abbé
Gérard Dion, professeur à la faculté des sciences sociales à l'Université Laval.
La critique a paru dans "Ad Usum Sacerdotum" et a été reproduite au texte, à deux
reprises, dans LE DEVOIR. Les
deux prêtres ont accusé les partis politiques québécois d'avoir, au cours de la
dernière élection provinciale, utilisé le communisme comme un épouvantail; acheté
des votes, corrompu les officiers électoraux et recouru à la violence, enfin de
s'être servis des méthodes modernes de publicité pour répandre systématiquement
des mensonges et des mythes. L'article
n'attaque aucun groupe politique en particulier. Les deux professeurs blâment
les membres du clergé et les citoyens qui ont trouvé des excuses à ces abus. Moralité
publique M.
l'abbé O'Neill a déclaré que la ligue de moralité serait "un organisme indépendant
qui aurait pour but de rappeler au public les valeurs morales en vue d'aider les
hommes politiques à travailler dans une atmosphère plus saine. "La
moralité publique concerne tous les citoyens. Les implications techniques, en
d'autres termes, les méthodes à employer dans la mise en oeuvre sont de la compétence
des laïques dans un domaine où ils ont un rôle spécifique à jouer. "Par
ailleurs, le prêtre est l'homme qui rappelle les principes théologiques sûrs et
signale les implications spirituelles des problèmes. Quand
il fait cela, il remplit son rôle et personne n'a le droit de l'accuser de faire
de la politique." M.
l'abbé O'Neill a ajouté qu'une campagne de moralité pourrait servir à expliquer
aux gens ce qu'est un système parlementaire en pays démocratique et leur faire
comprendre l'importance "d'un vote libre et éclairé". "Ce
qu'il faut aussi, dit-il, c'est montrer aux citoyens qu'ils peuvent quelque chose
pour le bien commun en décidant de faire leur part, en acceptant d'analyser les
problèmes qui se posent autour d'eux et d'en chercher eux-mêmes les solutions
plutôt que de se fier à des jeux de coulisses ou au bon vouloir des chefs ... "Quand
on aura fait appel au très grand nombre de citoyens compétents de tous les milieux
en vue d'une action consciente, il y a des chances que ce jour-là l'influence
des démagogues et des fabricants de mythes aura cessé de s'exercer." Rôle
de la presse M.
l'abbé O'Neill a rappelé que le "rôle de la presse est majeur dans la formation
de la conscience civique. C'est pourquoi le problème de la liberté de presse est
sérieux. Les citoyens tolèrent trop facilement que les journalistes soient gênés
dans leurs fonctions à cause de la pression d'intérêts mesquins. "Celui-là
manifeste une attitude sûrement très nuisible au bien commun, qui entrave trop
fortement la liberté de la presse par sa puissance financière ou politique." |