Quebec HistoryMarianopolis College
 HomeAbout this siteSite SearchMarianopolis College Library
 


Documents in Quebec History

 

Last revised:
23 August 2000


Documents on Public Immorality in Quebec in the Duplessis Era / Documents sur l'immoralité publique sous Duplessis [1956]

Commentaires de M. l'abbé Louis O'Neill
Une élection n ' est pas une joute de hockey
Entrevue donnée au journal Le Devoir, Mercredi le 15 août 1956

M. l'abbé Louis O'Neill, l'un des deux professeurs qui ont publié une dénonciation des méthodes électorales dans la province de Québec, a déclaré hier que quelques politiciens semblent croire qu'une campagne électorale est quelque chose du genre d'une joute de hockey ou d'un match de lutte.

M. l'abbé O'Neill, professeur de morale au Séminaire de Québec, a dit qu'il se demande si les gens engagés dans la politique songent aux conséquences de certaines de leurs actions.

Dans une entrevue publiée dans le quotidien québecois Le Soleil, M. l'abbé O'Neill demande : "Est-ce que vraiment, par exemple, l'on pense à la conséquence de certaines attitudes, quand on fait fonctionner un système électoral où des jeunes gens sont témoins de procédés répréhensibles ou encore entendent des mensonges éhontés de la part d'hommes qui constituent officiellement l'élite ?

"Que feront ces jeunes à leur tour dans 15 ou 20 ans ? Il ne faut pas oublier qu'il est très facile d'abaisser le niveau de conscience civique mais qu'il faut par contre un temps extrêmement long pour le relever. L'histoire politique des peuples est là pour nous le montrer."

Cette entrevue fait suite à la publication d'un texte de 4,000 mots dénonçant les méthodes électorales dans le Québec. Le texte a pour auteurs M. l'abbé O'Neill et M. l'abbé Gérard Dion, professeur à la faculté des sciences sociales à l'Université Laval. La critique a paru dans "Ad Usum Sacerdotum" et a été reproduite au texte, à deux reprises, dans LE DEVOIR.

Les deux prêtres ont accusé les partis politiques québécois d'avoir, au cours de la dernière élection provinciale, utilisé le communisme comme un épouvantail; acheté des votes, corrompu les officiers électoraux et recouru à la violence, enfin de s'être servis des méthodes modernes de publicité pour répandre systématiquement des mensonges et des mythes.

L'article n'attaque aucun groupe politique en particulier. Les deux professeurs blâment les membres du clergé et les citoyens qui ont trouvé des excuses à ces abus.

Moralité publique

M. l'abbé O'Neill a déclaré que la ligue de moralité serait "un organisme indépendant qui aurait pour but de rappeler au public les valeurs morales en vue d'aider les hommes politiques à travailler dans une atmosphère plus saine.

"La moralité publique concerne tous les citoyens. Les implications techniques, en d'autres termes, les méthodes à employer dans la mise en oeuvre sont de la compétence des laïques dans un domaine où ils ont un rôle spécifique à jouer.

"Par ailleurs, le prêtre est l'homme qui rappelle les principes théologiques sûrs et signale les implications spirituelles des problèmes.

Quand il fait cela, il remplit son rôle et personne n'a le droit de l'accuser de faire de la politique."

M. l'abbé O'Neill a ajouté qu'une campagne de moralité pourrait servir à expliquer aux gens ce qu'est un système parlementaire en pays démocratique et leur faire comprendre l'importance "d'un vote libre et éclairé".

"Ce qu'il faut aussi, dit-il, c'est montrer aux citoyens qu'ils peuvent quelque chose pour le bien commun en décidant de faire leur part, en acceptant d'analyser les problèmes qui se posent autour d'eux et d'en chercher eux-mêmes les solutions plutôt que de se fier à des jeux de coulisses ou au bon vouloir des chefs ...

"Quand on aura fait appel au très grand nombre de citoyens compétents de tous les milieux en vue d'une action consciente, il y a des chances que ce jour-là l'influence des démagogues et des fabricants de mythes aura cessé de s'exercer."

Rôle de la presse

M. l'abbé O'Neill a rappelé que le "rôle de la presse est majeur dans la formation de la conscience civique. C'est pourquoi le problème de la liberté de presse est sérieux. Les citoyens tolèrent trop facilement que les journalistes soient gênés dans leurs fonctions à cause de la pression d'intérêts mesquins.

"Celui-là manifeste une attitude sûrement très nuisible au bien commun, qui entrave trop fortement la liberté de la presse par sa puissance financière ou politique."