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Documents in Quebec History

 

Last revised:
19 February 2001


Documents sur l’affaire Yves Michaud / Documents on the Yves Michaud Affair

Ce qu’a dit Yves Michaud : Première partie : Extraits de son livre Paroles d’un homme libre

Dans le chapitre intitulé, « La chasse aux sorcières » :

« Des inquisiteurs d'un groupe d'extrême droite au service du B'Brith (sic), organisme relié au Congrès juif du Canada, réclament que l'on débaptise la station de métro Lionel-Groulx, en raison de propos malveillants que le maître à penser de deux générations de Québécois aurait tenus dans les années 1930 sur le peuple juif. »

Dans la foulée d'une campagne de haine aussi grotesque, le B'Brith (sic) pourrait peut-être suggérer que l'on débaptise la place Charles-de-Gaulle-Étoile à Paris et les milliers de rues et d'avenues qui portent son nom illustre dans les six coins de l'Hexagone et à travers le monde parce qu'il a déjà qualifié le peuple juif de « peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur » en faisant allusion à l'implantation des Juifs au Proche-Orient.

En plus de débaptiser la station Lionel-Groulx, on pourrait y donner le nom de cet excellent ami des Québécois, Mordecai Richler. Une autre suggestion intéressante serait que l'on donne le nom de Howard Galganov à la place Jacques-Cartier, d'Ariel Sharon au boulevard René-Lévesque, et tout le reste à l'avenant. On ferait ainsi preuve de « tolérance », mot commode pour excuser tous les abandons et effacer tous les repères de notre histoire.

Pour revenir au chanoine Lionel Groulx, ses détracteurs se gardent bien de citer les propos de ce dernier invitant les Québécois « à posséder comme les Juifs leur âpre volonté de survivance, leur invincible esprit de solidarité, leur impérissable armature morale ». L'historien donnait alors l'exemple du peuple juif comme modèle à suivre pour que les Québécois affirment leur propre identité nationale et assument pleinement l'héritage de leur histoire, ajoutant que « l'antisémitisme était une attitude antichrétienne et que les chrétiens sont en un sens spirituellement des sémites ». Avouez que comme propos antisémites, l'on pourrait facilement trouver mieux!

Il y a dans cette cabale du B'Brith (sic), qui heureusement n'est pas représentative de la totalité de nos concitoyens de religion juive, des relents de haine, des ferments d'intolérance, des graines de discorde et de division semées à tous vents contre le peuple québécois et les valeurs qu'il attache à son passé et à ses racines. Cette sorte de terrorisme intellectuel vise à nous culpabiliser d'être ce que nous sommes, à nous faire nous sentir honteux de parler la langue que nous parlons et à laisser entendre aux quelque deux millions et plus de Québécois qui souhaitent devenir maîtres chez eux qu'ils commettent un « crime contre l'histoire de l'humanité », reprenant ainsi les paroles insensées d'un ancien premier ministre du Canada.

Il est temps que ce genre de chasse aux sorcières cesse, et le plus tôt sera le mieux. On botte les fesses du peuple québécois depuis deux siècles et demi. Ce n'est pas tellement long en comparaison de deux millénaires d'errance du peuple juif, mais cela fait mal tout de même... »

Dans le chapitre s'intitulant « Le vote ethnique »

« Un document officiel du Directeur général des élections au Québec relativement aux résultats du référendum du 30 octobre 1995 explique beaucoup de choses: notamment, la réaction de Jacques Parizeau le soir du référendum, au sujet de l'argent et des votes ethniques, et ultérieurement cette sorte d'activisme qui voisine parfois l'hystérie collective dans des coins du Québec à forte majorité autre que de langue française. »

Dans la municipalité de Côte Saint-Luc, encore elle! où les membres du conseil municipal ont adopté une résolution visant à tenir un référendum local dans l'éventualité d'un « oui » majoritaire à un scrutin sur la souveraineté, douze bureaux de votation n'ont enregistré aucun « oui » au scrutin populaire de 1995.

Dans certains bureaux des villes de Hampstead, de Montréal-Ouest, de Dollard-des-Ormeaux, c'est du pareil au même avec des sections de vote de plus de deux cents électeurs où il n'y a pas un seul vote en faveur du oui!

Certes, chacun est libre de voter comme il l'entend, mais il me semble que la démocratie doit reposer sur un certain équilibre des forces et des opinions qui sous-tendent le débat public. Les circonscriptions québécoises de majorité de langue française ont manifesté cet équilibre en votant à 60 % pour le « oui » et 40 % pour le « non ». On ne peut pas dire devant ces résultats, à moins d'être d'une absolue mauvaise foi, qu'il y eu un vote ethnique chez les Québécois de « souche ».

Alors que c'est à l'évidence le contraire dans certaines communautés autres que de langue française. Qu'il n'y ait pas un seul vote favorable au « oui » dans 12 bureaux de votation sur un total de 2275 votants, on peut raisonnablement constater qu'il y eut un vote ethnique contre la souveraineté. Ce n'est pas le plus bel exemple d'exercice démocratie à citer. »

Source : La Presse, le 19 décembre, 2000, p. A 15.