Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juin 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Naufrage de l'Auguste

 

AUGUSTE (L'), voilier naufragé sur les parages du Cap-Breton et portant des passagers de familles nobles de France et du Canada (16 nov. 1761).

 

Ce vieux navire mal équipé partit de Québec, le 15 octobre 1761. « Le chevalier de Saint-Luc de la Corne avant le départ, a écrit l'abbé Casgrain, fit des obser­vations au général Murray sur l'inexpérience du capitaine. Au mouillage de l'Ile-aux-Coudres, l'Auguste perdit une de ses ancres et courut le risque de se briser sur les récifs. A trois reprises, le feu se déclara dans la cambuse et ne fut éteint en dernier lieu qu'après avoir consumé une partie du gaillard d'avant. La société frivole, qui donnait le ton parmi les passagers, se livrait à un dévergondage dont se montra scandalisé le chevalier. Les derniers accidents avaient détruit la meilleure part des provisions et réduit les passagers et l'équipage au biscuit sec. Une tourmente, qui dura trois jours, poussa le voilier en vue de Terre-Neuve, d'où il fut rejeté par une autre tempête sur les parages du Cap-Breton. Les matelots, à bout de forces, perdirent entièrement courage et allè­rent se jeter dans les hamacs; ni supplica­tions, ni menaces, ni coups ne les en pou­vaient arracher. II ne restait plus d'autre espoir que de se jeter à la côte, en face d'une anse où se déversait une rivière. Tout le monde était accouru sur le pont et, au milieu des cris, des pleurs, des invocations, l'Auguste alla s'échouer sur un banc de sable où les vagues le renversèrent sur le flanc, emportant l'un après l'autre les infortunés naufragés et l'une des chaloupes.

 

« M. de La Corne se tenait accroché aux cordages, avec un de ses enfants enlacé autour du cou, quand il aperçut la dernière chaloupe, montée par le capitaine et un domestique, s'éloigner du navire. D'un bond prodigieux il s'y élança, mais perdit son enfant en voulant s'y accrocher. Un coup de mer emplit l'embarcation et la poussa sur le sable du littoral. Sept des naufragés seulement l'atteignirent : le capitaine du navire; Laforet, caporal du Roussillon; Monier, caporal du Béarn; Etienne, domestique; Pierre, domestique; Laforce, soldat; M. Saint-Luc de La Corne. Deux ou trois heures après, l'Auguste se brisa, jonchant toute l'anse de ses épaves. Sur la grève gisaient 144 cadavres, parmi lesquels le chevalier reconnut ses enfants et son frère. Leur ayant donné la sépulture, il se mit en marche pour gagner les habitations. Pendant 18 jours, il erra dans les montagnes couvertes de neige, au bord des lacs et des rivières, sans savoir où il était, sans rencontrer un seul être humain. Quelques Sauvages micmacs, faisant la chasse dans ces parages, lui fournirent des raquettes et lui indiquèrent des guides acadiens. Il fit ainsi le trajet du Cap-Breton à Québec. »

 

Les noms de presque tous les naufragés ont été conservés :

 

Capitaines : Louis-Luc-François de La Corne, Bécancour de Portneuf;

Lieutenants : Jean-Hippolyte Gautier de Varennes, Pierre Gautier ou chevalier de La

Vérendrye, Godefroy de Linctot, Saint-Paul de Senneville, de Saint-Blin, Marolle du régiment du Languedoc, Pécody de Contrecoeur;

 

Enseignes en pied : Villebon de Sourdis, Groschaine Raimbault, Boucher de la Perrière, de La Durantaye, de l'Epervanche jeune;

Cadets à l'aiguillette : de la Corne Saint-Luc, chevalier de La Corne de Chaptes, de La Corne Dubreuil, Senneville de Saint-Paul fils, Desjordis, de Villebon fils;

Bourgeois : Paul et François Héry, Lechelle, Louis Hervieux;

Femmes : Dames de Saint-Paul, de Mézière, de Villebon; demoiselles de Sourdis, de Senneville, de Mézière;

Autres: Delivier, négociant anglais, le second capitaine, trois officiers de l'équipage, le maître d'hôtel et le cuisinier, 8 matelots et 2 mousses; 12 femmes de bourgeois et de soldats, 16 enfants; 8 artisans ou habitants; 32 soldats.

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Source : Louis LE JEUNE, «L’Auguste», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. I, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931,  862p., pp. 97-98.

 
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