Quebec History Marianopolis College


Date Published:
2004

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

S. E. Monseigneur Joseph-J.-B. Hallé

Évêque de Pétrée

 

 

Après de nombreuses et fécondes années employées aux études personnelles, à l'instruction et à la formation de la jeunesse; après l'apprentissage des oeuvres catholiques et sociales avec des maîtres très sûrs de la pensée et de l'action, partir pour la fondation, en pleine forêt, de nouveaux diocèses et de nouvelles paroisses, dresser des clochers nombreux dans des solitudes où les tentes gîtaient misérablement, c'est en chaque siècle, le privilège de quelques rares hommes spécialement choisis et préparés par la Providence pour ces oeuvres très difficiles et très importantes. Représentant de l'Église Catholique, ayant pour principale mission de sauver les âmes, il se trouve que ces fondateurs méritent en même temps, la grande reconnaissance de la Société civile à qui ils battent les durs chemins, les très durs chemins des commencements. Tels nous paraissent les traits saillants de celui que nous avons aujourd'hui à présenter au public lecteur des Biographies Canadiennes-Françaises .

 

C'est à Lévis, au village de Sorosto, P.Q., que naquit, le 10 décembre 1874, celui qui devait devenir le premier évêque de cet immense district du Nord-Ontario, du mariage de Odule Hallé et de Rose de Lima Carrier, fille d'Eugène Carrier.

 

Après ses études classiques poursuivies au Collège de Lévis pendant sept années, de 1887 à 1894, il séjourna une année au Grand Séminaire de Québec et deux comme professeur à son Alma Mater. C'est le 19 septembre 1897 qu'il était ordonné prêtre. Dès lors, son Ordinaire le dirigea sur les Universités romaines, le Collège Canadien et l'Université de la Propagande où il passa trois années. Revenu au pays en 1900, il retourne à sa maison de toujours, celle qui 1'a éduqué et où il éduquera à son tour, le Collège de Lévis. Nommé professeur de philosophie, il remplira cette fonction quatre années durant, jusqu'en 1904, alors qu'il sera nommé directeur des élèves, et ce sera pour huit ans. De 1912 à 1915, il est professeur de théologie. Entre temps, en 1914, i1 sert de secrétaire particulier au Cardinal Bégin, lors de son voyage à Rome pour assister au Consistoire. Créé chanoine de l'Archevêché en 1915, il y demeure jusqu'en 1919, année de sa nomination (le 19 mai) comme Préfet Apostolique du Nord-Ontario, dont il prit possession le 21 juin suivant. Nommé Vicaire Apostolique le 4 décembre 1920, il était élu évêque de Pétrée le 18 suivant et consacré le 14 avril 1921.

 

À cette fonction, Mgr Hallé y était tout préparé. Spécialisé en matière de législation éducationnelle et vu sa large expérience pédagogique, il avait été, au cours des années 1917-1918, délégué pour exposer à Sa Sainteté Benoit XV personnellement, la question scolaire ontarienne comme elle se présentait alors dans sa diversité inextricable de son acuité douloureuse. Le jugement du Saint-Siège se formula par la lettre Litteris Apostolici du 7 juin 1918, qui a confirmé les droits des pères de famille dans les questions de langue et qui se trouve un peu comme la grande charte des Canadiens-français en cette matière. Par le résultat de ce voyage à Rome, par ses activités multiples dans l'Ontario, sa psychologie du personnel politique, Mgr Hallé a joué une part considérable dans l'abolition du fameux Règlement XVII. Depuis son début dans la vie active, Mgr Hallé s'était d'ailleurs toujours mêlé d'oeuvres sociales. Avec feu Mgr Roy, feu l'abbé Stanislas Lortie et l'hon. juge Adjutor Rivard, il avait contribué à la fondation vers 1904 de "l'Action Sociale Catholique", et de son grand journal quotidien l'Action Catholique . Avec le Com. Alphonse Desjardins, il travailla dans ses loisirs aux règlements de fondation des Caisses populaires. Dans le champ de l'Action sociale proprement dite, il se consacra spécialement à tout ce qui a trait à la question ouvrière et à la campagne de tempérance. Comme oeuvre apostolique, il se livra, en compagnie du Père Lelièvre et de l'abbé Alfred Langlois, aujourd'hui évêque de Valleyfield, à l'extension du règne du Sacré-Cceur.

 

Depuis au delà de onze années, il va sans dire, Mgr Hallé a appliqué tout son esprit et mis tout son coeur dans le Vicariat apostolique dont il a la charge. Il a fondé un diocèse, il en continue l'élaboration incessante et il dirige les missions de la Baie James. Dans le territoire qui lui est assigné, il a l'espace, sinon la population, d'au moins deux diocèses, qui s'organiseront avec les années à venir. L'élément qui manque le plus à son développement rapide, c'est de véritables agriculteurs comme la vieille province de Québec sut tant en produire et en façonner. Le gage de stabilité sociale que comporte une classe agricole ordonnée comme la nôtre, solidement ancrée au sol, voilà ce qu'il faut au Nord-Ontario, qui s'offre comme un riche filon à nos agriculteurs du Québec, impatients d'agrandir leur domaine et d'établir convenablement leurs fils nombreux. La récréation favorite de Mgr Hallé consiste à s'entretenir des problèmes de sociologie, de l'avenir économique, social et surtout religieux, de notre grand Canada. En résidence à Hearst. Ont.

 

Source : Raphaël OUIMET, éd., Biographies canadiennes françaises, treizième édition, Montréal, 1937, 461p., p. 291. Le texte a été reformaté et les erreurs typographiques ont été corrigées.

 

 

 

 
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