Quebec History Marianopolis College


Date Published:
2004

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

L'honorable Honoré Mercier (fils)

Ex-Ministre des Terres et Forêts

 

Le souvenir de nos grands hommes, surtout lorsqu'ils ont connu et souffert avec sérénité l'injustice constitue dans notre histoire un joyau précieux. Les grands noms qui évoquent ces souvenirs sont toujours lourds à porter, mais Honoré Mercier, le fils, porte le sien allègrement et dignement. Une carrière politique d'un quart de siècle ne peut qu'aider un nom à se perpétuer, et l'Honorable Honoré Mercier, Ministre des Terres et Forêts dans le Cabinet Taschereau, a cette longue carrière à son crédit.

 

Par le maintien prestigieux d'une probité bien connue, l'acquis d'une popularité indiscutée, une affabilité sans égale, l'aménité de son commerce, son sens inné de justice, de franchise et d'équité, sa sobriété et droiture de jugement, il a réussi à maintenir à l'honneur I'illustre nom de sou père. Honoré Mercier, à cause d'inappréciables qualités qui sont de bonne race et qu'il doit à l'atavisme, bien qu'homme politique, ne se connaît pas d'ennemi, ni d'irréductible adversaire. Ces ressources d'homme public, il sait les apporter partout : sur la plate-forme comme sur le parquet. II sait reconnaître le mérite et le fondement d'une critique, parce qu'il se sent capable de lui prêter, avec indulgence au besoin, des motifs désintéressés. Orateur disert et courtois, patient, jouteur tenace et confiant, qui ne parle qu'à son heure et quand l'appui de sa parole peut avoir un effet durable. Il est généreux devant la critique parce qu'il sait que nul n'est parfait, et parce qu'il a le sens de la modération et de la mesure.

 

Chargé de la double administration des forêts et des forces hydrauliques de la province, le premier lieutenant de l'honorable M. Taschereau y apporte tout son tact, sa probité et son intégrité. L'on sait que la gestion des ressources naturelles d'un pays est une tâche difficile et semée d'embûches, parce que sur elle vient se greffer une politique qu'il faut maintenir constructive, prudente et prévoyante : elle exige un grand souci de la chose publique. Lorsque le développement de ces ressources nationales est laissé à l'initiative privée, leur gardien doit forcément assumer un contact assidu avec la classe capitaliste et industrielle. Gouverner, c'est prévoir, et pour prévoir, il faut être capable de donner des directives, une orientation. L'homme à qui l'on a confié pareille tâche, parfois bien passive et ingrate, doit être à la hauteur de son mandat. Monsieur Mercier apporte à son chef un concours désintéressé et fiable, et nul n'a encore mis en doute son honnêteté de dessein.

 

Honoré Mercier, bachelier en loi, Conseil du Roi, Comte Romain, Commandeur de l'Ordre de St-Grégoire le Grand, Commandeur de la Légion d'Honneur, est né en mars 1875, à St-Hyacinthe, la virulente petite ville mascoutaine qui donna à son père tant de témoignages de confiance, et le site mémorable d'âpres luttes politiques du passé. Il est le premier fils de l'honorable Honoré Mercier et de Virginie (St-Denis) Mercier. Il fit ses études au Collège Sainte-Marie de Montréal et à l'Université Laval. Admis au Barreau en 1900, il pratiqua tout d'abord en société avec M. Camille Piché, et plus tard avec M. Béique. Il y a quelques années il ré-ouvrit son étude légale sous la raison "Mercier et Fauteux". Cette firme, après deux nouvelles additions, porte maintenant le nom de "Mercier, Blain, Bissonnette et Fauteux". Comme la politique recherche une constante alliance avec la littérature, il épouse en 1903, Jeanne Fréchette, fille du poète Lauréat Louis Fréchette. De cette union sont nés cinq fils et cinq filles qui font le bonheur de son foyer, et au milieu desquels il éprouve les joies les plus durables.

 

M. Mercier débuta dans la politique par le municipal, comme échevin du quartier Centre, à Montréal, où il fut élu en 1906 et en 1908. On se souvient encore qu'il se fit alors le champion de l'enfouissement des fils électriques, de l'amélioration du système de protection de la métropole, de l'établissement d'une grande bibliothèque.

 

Dès l'âge de 32 ans, c'est-à-dire en 1907 le vieux comté de Chateauguay l'élit comme son député à Québec. II n'a pas eu lieu de le regretter puisqu'il lui continua sa confiance depuis cette date, avec des majorités croissantes. Il a abandonné la vie publique en 1936. Il est présentement Président de la Commission des Eaux Courantes.

 

Ministre de la Colonisation, des Mines et Pêcheries dans le cabinet Gouin, le 29 avril 1914, où il fut I'initiateur d'une excellente législation sur les mines, la chasse et la pêche. Il passa ensuite ait Ministère des Terres et Forêts, le plus important de l'administration provinciale, où il opéra la séparation définitive entre la forêt proprement dite et les terrains de colonisation, diverses réformes dans la régie et la gestion du domaine public, dans l'exploitation des ressources qui lui furent confiées.

 

Directeur de la première Corporation de l'École des Hautes Études Commerciales de Montréal, à la suggestion de la Chambre de Commerce, il en fut aussi le secrétaire-trésorier. Il a eu l'insigne honneur d'être délégué officiellement à Rome par son gouvernement à la béatification, en 1925, et à la canonisation, en 1930, de nos martyrs canadiens.

 

Monsieur Mercier est membre de nombreux clubs sportifs et sociaux dont : Club Chapleau, l'A.A.A. Nationale, Club du Lac d'Argent, Woodlands Boating Club, Montreal Press Club, Club Canadien, Club Universitaire, Club St-Denis, Club de Réforme, Union Interalliée de Paris, Ligue Maritime et Coloniale Française, à vie, Lumbermen's and Hoo-Club.

 

Ses loisirs les plus chers sont les voyages, la lecture et la chasse, bien qu'il ne se cache pas, en excellent père de famille, d'aimer par-dessus tout à voir fourmiller sa nombreuse progéniture, dans l'intimité de son foyer où il passe la majorité de ses heures libres. Libéral en politique. Résidence : Ville de Léry.

 

[A consulter la biographie de Mercier au site de l'Assemblée nationale]

 

Source : Raphaël OUIMET, éd., Biographies canadiennes françaises, treizième édition, Montréal, 1937, 461p., p. 397. Le texte a été reformaté et les erreurs typographiques ont été corrigées.

 

 

 
© 2004 Claude Bélanger, Marianopolis College