Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Février 2007

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Histoire de la littérature canadienne-française

Histoire

[Ce texte a été publié en 1954. Pour la référence bibliographique précise, voir la fin du document]

 

«Ils sont un peuple sans histoire », avait écrit lord Durham dans son rapport de 1839. Cette affirmation est presque vraie, si on l'applique aux essais qui avaient paru jusque-là, ceux de Bibaud et de Labrie.

JACQUES LABRIE (1783-1831), ardent patriote, s'intéressa particulièrement à l'éducation comme à la première des causes nationales. Labrie avait été l'un des fondateurs du Canadien et, plus tard, du Courrier de Québec. A la fermeté et à l'énergie, il joignait la modération. Ses écrits portaient l'empreinte de son noble caractère.

L'HISTORIEN. — Jacques Labrie composa une Histoire générale du Canada depuis les origines de la colonie jusqu'à 1812. Malheureusement, il mourut soudainement, sans avoir publié son Histoire. Elle demeura en manuscrit, sous la garde de M. Girouard, de Saint-Benoît, et périt dans l'incendie de ce village en 1837.

Il est permis de conjecturer, par les quelques extraits publiés dans le Courrier de Québec (p. 371) et par l'appréciation des hommes compétents qui ont lu cette Histoire, qu'elle eût été « exacte et originale ». La disparition en a été généralement jugée comme une perte pour les lettres et la nationalité canadiennes. Depuis Charlevoix, plus d'un siècle s'était écoulé sans que le Canada eût véritablement son historien. Labrie semblait destiné à ce rôle par ses travaux sur notre constitution et notre histoire.

MICHEL BIBAUD (1782-1857) se voua à l'enseignement, mais la carrière des lettres l'attirait davantage. Il publia successivement plusieurs revues littéraires ou scientifiques : L'Aurore des Canadas, de 1815 à 1819 ; la Bibliothèque canadienne, de 1825 à 1830; l'Observateur canadien, qui ne dura qu'un an ; le Magasin du Bas-Canada, de 1832 à 1834 ; l'Encyclopédie canadienne, en 1842.

L'HISTORIEN. — Son oeuvre la plus considérable est son Histoire du Canada, la première imprimée par un Canadien ; elle va des origines du pays jusqu'à 1837, et comprend trois volumes. Le dernier a été publié, après la mort de l'auteur, par son fils le docteur J.-G. Bibaud.

Cette Histoire, oeuvre d'un esprit hostile au parti nationaliste, pleine d'admiration pour l'Angleterre, n'a jamais été populaire. Les réclama­tions, les griefs de nos pères, leurs luttes constitutionnelles ardentes ne trouvent pas en Bibaud d'écho favorable. Il est constamment opposé aux patriotes, incrimine leur conduite et loue toutes les mesures de la politique anglaise. La critique lui reproche, entre autres choses, de manquer d'art dans la composition de l'ouvrage ; de narrer de façon brève et sèche les événements du régime français, en y décalquant Charlevoix. Aussi les enquêteurs de Durham ont-ils pu considérer son précis comme inexistant et lui inspirer le mot fameux : « peuple sans histoire ». Le démenti à Durham allait bientôt venir.

FRANÇOIS-XAVIER GARNEAU (1809-1866), que le Canada français appelle à juste titre son historien national, est né à Québec d'une famille d'artisans établie au pays depuis près de cent cinquante ans.

FORMATION. — Après avoir acquis des connaissances élémentaires de grammaire et d'arithmétique dans une petite école de faubourg, il fréquenta une institution tenue par Joseph-François Perrault, qui remplissait aussi les fonctions de greffier à la cour du Banc du roi.

Le manque de ressources de ses parents empêcha Garneau de recevoir la formation classique ; il lui fallut chercher un emploi. M. Perrault, qui l'estimait à cause de son amour du travail et de ses talents, le prit dans son bureau de greffier où il lui donna des leçons de grammaire et de littérature. M. Perrault, né avant la cession du Canada, avait été le témoin oculaire des événements tragiques qui marquèrent la fin du régime français; il se plaisait à en faire le récit à son jeune employé. Celui-ci, sans s'en douter peut-être, se préparait ainsi à sa vocation d'historien.

Vers l'âge de seize ans, Garneau entra dans l'étude du notaire Campbell pour y faire sa cléricature. Son patron lui ouvrit sa biblio­thèque; le jeune clerc en profita pour meubler son esprit et acquérir des connaissances étendues en littérature, en poésie, en philosophie et en histoire. Il apprit, en outre, l'anglais et le latin.

VOYAGE EN EUROPE. — Admis au notariat en 1830, il partit pour l'Europe en 1831. Il séjourna deux ans à Londres comme secrétaire de Denis-Benjamin Viger, délégué de la Chambre d'Assemblée auprès du gouvernement anglais. Ce poste lui fournit l'occasion de rencontrer des personnages politiques anglais et canadiens. Il passa aussi quelques semaines à Paris et y connut des hommes célèbres. Ce séjour en Europe marqua sa carrière d'une durable empreinte.

De retour à Québec en 1833, il n'exerça guère sa profession. Après avoir été comptable dans une banque, il accepta avec empressement le poste de traducteur à la Chambre d'Assemblée.

L'HISTORIEN. — C'est vers 1840, au lendemain de la tourmente de 1837-38, que Carneau commence la composition de l'Histoire du Canada. Le motif qui l'a poussé à l'écrire, il le révèle dans une lettre adressée à lord Elgin, en 1849 : « J'ai entrepris ce travail dans le but de rétablir la vérité si souvent défigurée et de repousser les attaques et les insultes dont mes compatriotes ont été et sont encore journellement l'objet de la part d'hommes qui voudraient les opprimer et les exploiter tout à la fois. J'ai pensé que le meilleur moyen d'y parvenir était tout simplement d'exposer leur histoire.

L'ŒUVRE. — La première édition, qui comportait trois volumes, s'arrêtait à 1791. Le premier volume, paru en 1845, et le deuxième, en 1846, portent sur le régime français. Le troisième volume raconte la guerre de Sept Ans, la cession du Canada et aborde ensuite la domina­tion anglaise. Une seconde édition paraît en 1852. À l'aide de nouveaux documents, Garneau corrige son premier travail et y ajoute un volume qui se clôt à l'Acte d'Union.

CRITIQUE. — L'Histoire du Canada, dont l'apparition fut un événement national, suscita un véritable enthousiasme, surtout parmi les jeunes, et des sentiments de légitime fierté chez tous les Canadiens français. Garneau renvoyait à Durham son insulte et prouvait magni­fiquement que nous ne sommes pas « un peuple sans histoire ».

Ces deux premières éditions furent, toutefois, vivement critiquées. On reprochait notamment à Garneau de ne pas assez mettre en lumière le rôle de l'Église dans la colonisation de la Nouvelle-France; de prétendre qu'on aurait dû admettre des colons huguenots au même titre que des colons catholiques ; de se montrer hostile à Mgr de Laval et au clergé, particulièrement aux Jésuites ; d'affirmer qu'en cas de conflit entre l'autorité ecclésiastique et l'autorité civile, c'est à celle-ci qu'appartient le droit de juger en dernier ressort.

Ces erreurs de doctrine et de jugement proviennent, en grande partie, de la formation de Garneau qui avait puisé sa science historique dans les ouvrages de Thierry, de Guizot, de Michelet, de Sismondi; or, ce ne sont pas des maîtres d'objectivité et d'impartialité à l'égard de l'église catholique. Garneau finit par s'en rendre compte. Dans l'édition de 1859, la troisième, il modifie quelques-unes de ses appréciations, atténue certaines condamnations, en supprime d'autres, rectifie ses jugements ; il fait aussi quelques additions et établit un texte que l'on peut considérer comme définitif. Il continue pourtant d'accumuler des notes. Ces notes seront utilisées dans une quatrième édition, qui ne paraîtra que seize ans après sa mort, en 1882, par les soins de son fils, Alfred Garneau.

L'oeuvre de F.-X. Garneau n'est pas parfaite, mais elle possède de si précieuses qualités de structure et de style, l'accent patriotique y est si vibrant et si sincère, qu'elle restera toujours une de nos richesses nationales.

COMMÉMORATION DU CENTENAIRE DE L'OEUVRE DE F.-X. GARNEAU. — À l'occasion du centenaire de la publication du premier volume de l'Histoire du Canada (1845-1945), M. Hector Garneau, qui avait déjà lancé trois autres éditions (1915-28), publia une nouvelle édition, la huitième, de cette oeuvre magistrale. L'ouvrage comprend 9 volumes et reproduit le texte de la quatrième édition.

Reconnue comme un travail de première valeur, cette édition, promise depuis 1929, a été unanimement louée. Elle révèle l'actualité de Garneau, dont l'Histoire demeure encore aujourd'hui le meilleur et le plus complet tableau d'ensemble que nous possédions sur les deux premiers siècles de notre histoire.

Par certains remaniements et d'opportunes suppressions, par les additions précieuses et l'abondante bibliographie dont il a enrichi l'oeuvre de son grand-père, M. Hector Garneau est non seulement éditeur, mais historien.

De son côté, la Société historique de Montréal consacra à Garneau (avril 1945) toute une semaine d'études publiées depuis en volume (1946).

COLLECTIONNEURS DE DOCUMENTS. — D'autres écrivains ont apporté leur contribution, modeste mais précieuse quand même, à l'histoire de notre pays. Ils se sont faits collectionneurs de documents, laissant à ceux qui viendraient après eux le soin de mettre à profit ces compilations.

Parfois ces collectionneurs se sont groupés sous l'empire d'un même sentiment national : ainsi se sont constituées les Sociétés historiques qui ont enrichi nos archives, développé le goût des recherches et publié d'intéressants mémoires sur les choses anciennes du pays.

LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE DE QUÉBEC, fondée en 1824, sous le patronage de lord Dalhousie, se fusionna en 1829 avec la Société pour l'encouragement des sciences et des arts, créée en 1827. La Chambre la favorisa d'une allocation annuelle. Elle fut bientôt en mesure d'acheter un musée, une collection de minéraux et bon nombre de documents se rapportant aux antiquités canadiennes. L'incendie du parlement en 1849 entraîna la perte du cabinet d'histoire naturelle et des manuscrits et archives relatifs à notre histoire ; 1,600 volumes furent brûlés.

LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE MONTRÉAL, fondée en 1858, eut pour premier président le Commandeur Jacques Viger.

Elle a publié jusqu'ici douze mémoires volumineux. Sans ostraciser les faits généraux de notre histoire, elle est plus nettement orientée vers les choses qui intéressent la région de Montréal. Elle a créé trois comités : le Comité d'Art héraldique, le Comité de Généalogie et le Comité de Folklore.

La Société historique de Montréal compte plus de cent membres réguliers et plusieurs membres correspondants dans la province, aux États-Unis et en Europe.

GEORGES-BARTHÉLEMY FARIBAULT (1789-1866), secrétaire perpétuel de la Société historique et littéraire de Québec, dont il est l'un des fondateurs, a enrichi cette Société d'une collection de mémoires et de relations sur l'histoire ancienne du Canada, d'après des manuscrits obtenus des archives et bureaux en France. Après l'incendie de 1849, sans perdre courage, il recommença une seconde collection. Pour compléter ce long travail, la Chambre le députa en Europe en 1851.

Grâce à l'activité intelligente et dévouée de Faribault, la nouvelle bibliothèque nationale avait atteint le chiffre de 20,000 volumes lorsque l'incendie du parlement à Québec, en 1854, en réduisit encore une partie en cendres. Près de 7,000 volumes périrent, parmi lesquels se trouvaient un nombre considérable de publications du XVIe et du XVIIe siècle, dont plusieurs ne pourront jamais être remplacées.

JACQUES VIGER (1787-1858) fut le premier maire de Montréal, sa ville natale. Il n'a presque rien écrit pour le public, mais il a recueilli, avec un zèle infatigable, des matériaux pour l'histoire de son pays. Pendant cinquante ans, il a collectionné des notes, des manuscrits, des récits inédits, des mémoires, des lettres, des cartes, tout ce que sa prévoyante activité a pu découvrir d'utile à l'histoire. Il a annoté et ordonné tous ces documents, en a formé de volumineux cahiers, qu'il a appelés ma Saberdache (1). Il y a là de l'ironie, parce que ces cahiers, au nombre de 44, sont d'un poids à charger un wagon plutôt que le léger porte-feuille d'un hussard.  

               

APPRÉCIATION. — « Jacques Viger n'a pas fait imprimer un seul livre d'archéologie ou de critique historique, et il est connu au delà de nos frontières : des savants d'Amérique et d'Europe le consultent sur les faits les plus anciens et les plus obscurs de notre histoire. Archiviste volontaire, il n'a demandé ni au gouvernement ni à la Chambre de rassembler nos titres de gloire et de lui en confier la garde ; il en a exercé les fonctions gratuitement pour le Trésor, onéreusement pour sa bourse, en attendant ou plutôt sans attendre le titre qui lui serait légitimement dû. Ajoutez à cela une correspondance de quarante ans, pétillante d'esprit et de gaieté, dans laquelle se reflète tout le mouve­ment de notre société contemporaine » (Répertoire national, vol. I).

Jacques Viger laissait volontiers les écrivains canadiens puiser dans sa Saberdache. Il refusa toujours de vendre ses manuscrits à des étrangers, qui parfois lui offrirent de fortes sommes ; il ne voulait les léguer qu'au Canada. Cette immense collection de précieux mémoires sur l'histoire de notre pays a été léguée aux archives du Séminaire de Québec par l'héritier littéraire de Viger, l'abbé Hospice Verreau.

A la fin du XIXe siècle, les historiens, dont quelques-uns se sont acquis une réputation méritée, jouirent d'un avantage dont leurs prédécesseurs n'avaient pu bénéficier : l'accès aux Archives du Canada organisées par le Gouvernement fédéral en 1872. Cependant aucun de ces auteurs n'a raconté toute l'histoire de notre pays, depuis la période des découvertes jusqu'à l'époque contemporaine, comme l'a fait Garneau. Son principal disciple est l'abbé Antoine Ferland.

L'ABBÉ ANTOINE FERLAND (1805-1865), encore enfant, alla demeurer à Kingston avec sa mère. Il y apprit les rudiments de la langue anglaise et de sa langue maternelle, les deux par les soins de l'abbé Gaulin, plus tard évêque de Kingston ; il compléta ses études au Collège de Nicolet. En 1855, il devint professeur d'histoire du Canada à l'Université Laval.

L'abbé Ferland manifesta son talent littéraire dans une vigoureuse réplique. Ses Observations répondaient aux insinuations malveillantes, aux données inexactes, contenues dans l'Histoire du Canada de l'abbé Brasseur de Bourbourg, un jeune prêtre français qui, en 1852, visitait le Canada. La réfutation obtint un grand succès ; elle révéla un polémiste sûr et fit pressentir, par la connaissance profonde qu'elle manifestait de notre histoire, le futur historien.

L'HISTORIEN. — L'oeuvre capitale qui illustre la mémoire de l'abbé Ferland, c'est son Cours d'Histoire du Canada, donné d'abord en une série de conférences à l'Université Laval. De ce cours, publié en partie dans un premier volume en 1861, le second volume ne parut qu'en 1867, par les soins de l'abbé Laverdière, après la mort de l'auteur. Ces deux tomes, qui ne traitent que du régime français, font regretter que l'auteur n'ait pas eu le temps de pousser plus loin son ouvrage.

L'abbé Ferland publia en outre : Notes sur les Registres de Notre-Dame de Québec, Journal d'un voyage sur les côtes de la Gaspésie, Le Labrador, Louis-Olivier Gamache, Notice biographique de Mgr Joseph-Octave Plessis.

APPRÉCIATION. — « Quand Ferland aborde des questions contro­versées, il se tient dans la région des principes. Il réduit ses adversaires à force de dialectique serrée. Il se garde de descendre aux personnalités. Lui qui avait les qualités du polémiste, on ne le voit pas se départir du calme qui convient à l'historien. Son jugement tempère sa sensibilité (Henri d'Arles).

L'abbé Ferland a hérité du titre d'Historien national, donné de son temps à Garneau.

L'ABBÉ HENRI-RAYMOND CASGRAIN (1831-1904) appartient à l'une des plus anciennes familles du pays. Au cours de ses études, il se passionna pour Chateaubriand et Lamartine. Ces deux maîtres exercèrent sur sa formation littéraire une notable influence ; à leur école, il s'éprit de belles formes et de sentiments lyriques. L'Histoire du Canada de Garneau et les vers de Crémazie suscitaient partout des enthousiasmes et des espérances : pour notre littérature nationale, une grande ère s'annonçait. Plus que tout autre, Casgrain ambitionnait de suivre ces nobles devanciers.

Professeur au Collège de Sainte-Anne, puis vicaire à Beauport, il consacrait le jour aux devoirs de sa charge et, le soir, il travaillait à des pages d'histoire.

Mais il usa bientôt ses yeux à lire de vieux papiers ; il fut obligé d'interrompre son ministère sacerdotal et ses études pour aller s'enfermer dans une chambre obscure au domaine de sa famille. Cette infirmité douloureuse, dont il souffrit toujours, ne l'empêcha pourtant pas de continuer ses travaux littéraires. Avec l'aide d'un secrétaire, lorsqu'il composait son Histoire de l'Hôtel-Dieu, il étudia les pièces dont il avait besoin. Devenu tout à fait aveugle, il se retira au monastère du Bon-Pasteur, mais y travailla jusqu'à la fin. Quelques semaines seulement avant sa mort, il déposait sa plume et laissait inachevée une étude de moeurs canadiennes intitulée : La Vie de famille.

L'ÉCRIVAIN. — L'abbé Casgrain débuta par les Légendes cana­diennes, composées de trois récits : Le Tableau de la Rivière-Ouelle, Les Pionniers et La Jongleuse. Dans la première légende, l'auteur décrit les poétiques beautés de la rive sud du Saint-Laurent ; dans les deux autres, il raconte les scènes dramatiques des premières années de la colonie et appuie ces récits légendaires sur un fonds d'histoire vraie.

Les Légendes contiennent de fort belles pages ; elles sont remplies de courts tableaux où se trouvent fixés en couleurs vives les menus détails de la vie des gens du peuple. On reproche cependant à l'auteur d'avoir chargé son style de paillettes et de clinquant.

L'abbé Casgrain publia ensuite son Histoire de la Mère Marie-de-l'Incarnation (1864), qui est peut-être son meilleur ouvrage, puis des Biographies canadiennes, l'Histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec (1876), Pèlerinage au pays d'Évangéline (1885), Montcalm et Lévis (1891), Une seconde Acadie (1894), Histoire de l'Asile du Bon-Pasteur de Québec, Les Sulpiciens et les Prêtres des Missions Étrangères en Acadie (1897).

THÉOPHILE-PIERRE BÉDARD (1844-1900) a publié Histoire de cin­quante ans (1791 à 1841), dédiée à sir Narcisse Belleau, premier lieutenant-gouverneur de la province de Québec. Ce livre manque de profondeur dans les appréciations et de chaleur dans le style ; l'auteur reste froid dans les passages mêmes où il pouvait exhaler les plus nobles sentiments en racontant les plus beaux faits. Mais, parce que cet ouvrage renfermait beaucoup de détails et même de documents jusqu'alors inédits, il fut apprécié pour son utilité.

BENJAMIN SULTE (1841-1923) s'est acquis une excellente réputation dans les lettres canadiennes. Cet écrivain n'a dû qu'à lui seul sa formation intellectuelle ; il fut véritablement un autodidacte. Obligé de gagner sa vie par suite de la mort de son père, il fut employé, à 10 ans, dans une épicerie. Plus tard, il sera petit marchand, teneur de livres à bord d'un vapeur, puis aide-comptable chez un marchand de bois, dans sa ville natale.

Il devint rédacteur en chef du Canada d'Ottawa en 1866 et, l'année suivante, traducteur aux Communes. Fonctionnaire au ministère de la milice en 1870, il garda son poste jusqu'à sa retraite en 1903.

L'ÉCRIVAIN. — Benjamin SuIte a écrit sur l'histoire du Canada environ cinquante volumes et brochures, outre plusieurs centaines d'articles dans les revues et journaux. Son ouvrage capital est l'Histoire des Canadiens français, livre où les appréciations sont souvent aventu­reuses et même fausses, mais riche en documents sur nos origines et notre développement. Il a écrit encore : Mélanges d'histoire et de littérature, Le Coin du feu, Chronique trifluvienne, Pages d'histoire du Canada, Histoire de la Milice canadienne, de 1870 à 1897, La Bataille de Châteauguay, etc. Son style, bien qu'original et concis, est parfois étonnamment négligé.

Cet écrivain a bien mérité de ses compatriotes en leur révélant, de leur histoire, surtout les petits détails. C'était d'ailleurs, d'après son propre aveu, toute son ambition.

NARCISSE-EUTROPE DIONNE (1848-1917) a écrit : Jacques Cartier, La Nouvelle-France de Cartier à Champlain, Samuel de Champlain, son oeuvre capitale ; Vie de C.-F. Painchaud, prêtre, fondateur du Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière ; Les Ecclésiastiques et royalistes français réfugiés en Canada lors de la Révolution française, etc. Cet écrivain intéresse parce qu'il instruit, mais son style manque de grâce et de souplesse.

Nommé bibliothécaire de la Chambre de Québec en 1892, il publia la Bibliographie de nos journaux, qui est une mine pour les chercheurs.

JOSEPH-EDMOND ROY (1858-1913) a publié l'Histoire de la Seigneu­rie de Lauzon, résultat de très minutieuses recherches. A l'aide de documents manuscrits : papiers de famille, archives de paroisses, greffes de notaires, dossiers des tribunaux, il a reconstitué l'organisation, le genre de vie, les idées, les croyances des habitants de la Seigneurie de Lauzon. Cette monographie, en cinq volumes, est une oeuvre conscien­cieuse, originale et forte. On ne peut qu'y louer, comme dans l'Histoire du notariat canadien en quatre volumes, la clarté du style, la justesse habituelle de l'expression.

Dans un genre plus intime, J.-E. Roy a publié le premier volume d'une histoire de sa classe sous le titre : Souvenirs d'une classe au Séminaire de Québec (1867-1877). Cet ouvrage est à la fois l'histoire contemporaine du Séminaire de Québec et une apologie des méthodes pédagogiques suivies par la doyenne des maisons d'éducation classique au Canada.

LAURENT-OLIVIER DAVID (1840-1936) a écrit : Biographies et Portraits (1876), galerie nationale où figurent les hommes qui ont illustré le nom canadien dans les lettres, les arts et la politique ; Mes Contempo­rains (1894), Les deux Papineau (1897), L'Union des Deux Canadas (1898), l'Histoire du Canada sous la Confédération, histoire des vingt premières années du régime actuel, où l'auteur donne une idée juste du mouvement de l'opinion publique pendant cette période; Mélanges historiques et littéraires, Les Patriotes de 1837-38, Au soir de la vie (1924) qui renferme « des souvenirs historiques, des études religieuses, patriotiques et morales, des observations sur notre situation politique et nationale et sur nos destinées » (Avant-propos).

L'ABBÉ CHARLES-HONORÉ LAVERDIÈRE (1826-1873), bibliothécaire à l'Université Laval en 1858, a collectionné, mis en ordre, annoté et réédité les Oeuvres de Champlain, Les Relations et le Journal des Jésuites. Ces éditions offraient des difficultés sans nombre : dates à vérifier, faits à apprécier, points à éclairer, noms à corriger ou à authentiquer. Aucun historien de chez nous n'a apporté plus d'exacti­tude dans ses investigations ; aucun archéologue n'a jeté un jour plus lumineux sur les parties obscures de l'histoire primitive du Canada. Les tables des Relations des Jésuites, au dire de l'historien Ferland, rappellent l'infatigable patience des Bénédictins.

Outre ses travaux historiques, l'abbé Laverdière a publié un Abrégé de l'histoire du Canada à l'usage de l'enseignement primaire.

L'ABBÉ HOSPICE VERREAU (1828-1901) consacra les loisirs de sa longue et laborieuse carrière à des recherches dans les annales cana­diennes. Son' livre l'Invasion du Canada en .1775 (1873) témoigne d'un travail consciencieux et soutenu. Les notes du savant annaliste, les lettres et autres pièces justificatives ajoutées au volume forment un appendice de grande valeur.

L'abbé Verreau a laissé en outre plusieurs études remarquables : Les commencements de Montréal, Les commencements de l'Église du Canada, La Chronologie des voyages de Jacques Cartier.

Il succéda au Commandeur Jacques Viger comme président de la Société historique de Montréal, à laquelle ses recherches ont donné beaucoup de relief. Docteur ès lettres de l'Université Laval, membre de la Société royale du Canada, Officier d'Académie de France, l'abbé Verreau alliait à une érudition profonde une très grande modestie. Principal de l'École normale Jacques-Cartier pendant 44 ans (1857-1901), il fut un véritable prêtre éducateur ; on peut même le considérer comme l'un des plus ardents pionniers de la pédagogie au Canada.

3. Histoire

 

Ceux qui, durant cette période, ont écrit la grande histoire ne sont pas nombreux ; au contraire, les auteurs de monographies et les annalistes y abondent. Grâce à de nouvelles sources de renseignements, on a renouvelé les études historiques. Nos historiens peuvent consulter les archives des parlements, des séminaires ou des paroisses, les greffes de notaires, lettres, contrats, mémoires, actes civils, actes religieux. etc. En plus, les Sociétés historiques, intelligentes et infatigables chercheuses, exhument d'excellents matériaux jusque-là enfouis dans l'oubli ; les bibliothèques publiques ou privées sont beaucoup plus riches en livres qu'autrefois.

L'Université Laval et l'Université de Montréal projettent une bienfaisante lumière sur notre passé historique, par les cours publics d'histoire du Canada qu'elles ont chacune institués. Les titulaires des deux chaires sont des hommes d'un mérite supérieur, d'une solide érudition et d'une grande noblesse de langage : le sénateur Thomas Chapais à Québec et le chanoine Lionel Groulx à Montréal.

Rien ne saurait donner une idée plus juste de nos grands historiens que le jugement porté sur eux, par Mgr Émile Chartier, dans l'une de ses études sur la Vie de l'esprit au Canada français (1941, pp. 251-252).

« Avec sa documentation exacte et sa rédaction si vivante, l'Histoire de Garneau est encore la meilleure vue d'ensemble sur notre évolution nationale, notre meilleure œuvre philosophique et littéraire à la fois.

« Les successeurs de Garneau devaient d'ailleurs combler les insuffi­sances de son exposé. Celui de M. Chapais, partant de la même idée, enveloppe la pensée dans une draperie oratoire : il est notre historien orateur comme Garneau est notre historien philosophe. Mieux documentée en ce qui concerne l'Angleterre, d'un ton plus ému, la dissertation de M. Chapais garde pourtant le sens éminemment grec de la mesure. C'est que, s'il blâme les mauvais gestes du passé, il appuie d'abord ses condamnations sur la découverte et l'examen des motifs qui les ont provoqués.

« Avec M. Groulx, nous entrons dans une autre forme d'histoire; il est notre historien poète. S'il est dur dans les antithèses qu'il établit entre les seigneurs et les paysans du régime français ou les irrédentistes et les conciliateurs du régime anglais, il tempère ce réquisitoire par l'évocation des vertus de cette foule à laquelle ses prédécesseurs avaient porté assez peu d'attention.

« En lisant les oeuvres de ce triumvirat d'historiens, on dégage cette conclusion consolante que les Canadiens français ont accompli au Canada l'oeuvre qui leur était assignée par la Providence. Et l'on exprime le voeu qui termine la lettre de Garneau au gouverneur : qu'à cette oeuvre de la survivance chez eux ils sachent « rester fidèles » pour le grand bien de la pensée humaine, pour le bonheur de leur patrie canadienne et pour le profit de l'Angleterre elle-même. »

THOMAS CHAPAIS a publié, en 1904, l'Intendant Talon, ouvrage qui a été couronné par l'Académie française et, en 1911, le Marquis de Montcalm. Henri d'Arles écrit au sujet de ce dernier livre : « Je ne sais rien de plus beau que cette oeuvre, où les documents officiels alternent avec le journal intime et la correspondance de famille, où l'histoire particulière, et comme la vision d'une âme, se détache avec un charmant relief sur le fond des grands événements publics, où les mouvements des armées, la complexité des batailles sont reconstitués en d'admirables fresques ».

Dans son Cours d'histoire du Canada, qu'il a publié en huit volumes, M. Chapais continue l'oeuvre de l'abbé Ferland. C'est donc le régime anglais (1760-1867) qu'il raconte, analyse et juge pour la postérité. Maître de son sujet, il le traite de façon supérieure.

M. Chapais, historien, relie l'époque actuelle aux fortes traditions des lettres canadiennes de jadis ; il a pris place à côté de Garneau et de Ferland, mais les a dépassés par la valeur de la documentation et la supériorité de l'expression.

LE CHANOINE LIONEL GROULX, né à Vaudreuil en 1878, appartient à une famille de souche paysanne, où les traditions vigoureuses de nos ancêtres furent amoureusement respectées. Il alla étudier à Rome et passa un an à l'Université de Fribourg. En 1915, l'Université de Montréal l'appela à la chaire d'histoire du Canada, dont il est demeuré jusqu'ici (1949) le titulaire. Il est membre de la Société royale du Canada et de la Société historique de Montréal.

Son cours à l'Université a enrichi la littérature canadienne d'une magnifique synthèse de notre histoire nationale : Nos luttes constitu­tionnelles (1916), histoire des débats politiques qui ont accompagné la conquête de nos droits et de nos libertés ; La Confédération canadienne (1918), étude sereine et clairvoyante des origines de la Confédération, de ses causes et de sa nature ; La Naissance d'une race (1919), essai sur notre évolution, d'où se dégagent nettement les traits acquis successivement par la personnalité nationale du Canadien français ; Lendemains de conquête (1920), récit émouvant de la résistance opiniâtre opposée par une poignée de vaincus à la politique d'assimilation du vainqueur ; Vers l'émancipation (1921), succès graduel de nos ancêtres dans la conquête de leurs libertés religieuses et nationales.

Outre ses cours à l'Université, le chanoine Groulx a publié plusieurs autres volumes ; tous se rattachent plus ou moins directement à l'histoire : L'Enseignement français au Canada I — Dans le Québec (1931, réimprimé en 1934) ; L'Enseignement français au Canada II — Les Écoles des minorités (1933) ; La Découverte du Canada — Jacques Cartier (1934) ; Le Français au Canada (1931), cours en Sorbonne ; Orientations (1935), Directives (1937), L'Avenir de notre bourgeoisie (en collaboration — 1940), L'indépendance du Canada (1949).

Aux yeux du chan. Groulx, la tâche de l'historien est capitale ; il la tient en haute estime. L'histoire est pour lui un magistère qui fait revivre le passé, éclaire le présent et prépare l'avenir. Ce qu'elle est en soi, cette tâche l'est aussi dans sa vie : un de nos critiques, Olivar Asselin, a salué dans le chan. Groulx un maître de la recherche historique, un maître du style, un maître de la vie spirituelle, un maître de réflexion et d'énergie patriotique. La tâche de l'historien est capitale pour le chan. Groulx, même quand il fait oeuvre rie poète, comme dans la Chanson des Érables où quelques vers expriment la préoccupation fondamentale de sa vie :

Ils gardent l'avenir, ceux qui gardent l'histoire,

Ceux dont la souvenance est sans mauvais remords,

Et qui, près des tombeaux où sommeille la gloire,

A l'âme des vivants mêlent l'âme des morts.

Le chanoine Groulx n'est pas toutefois un simple historien, un curieux du passé ; c'est un homme d'oeuvres que captivent les problèmes de l'heure actuelle et les inquiétudes de l'avenir. Sur ce double terrain, il est devenu l'animateur de la jeunesse. Il a réédité en 1938 son premier ouvrage, Une Croisade d'adolescents, volume qu'il publiait en 1912 en vue d'un relèvement écolier. Cet ouvrage contenait en substance les méthodes et les fins de l'organisme que nous appelons aujourd'hui la J.E.C. ; réadapté en vue des luttes du moment, il est destiné à faire beaucoup de bien, beaucoup plus que des ouvrages étrangers.

Entraîné par cette passion de l'apostolat religieux et patriotique, le chanoine Groulx a publié une série d'opuscules, dont le premier, L'éducation de la volonté en vue du devoir social, date de 1906 ; Petite histoire de Valleyfield, Ceux qui vivent, L'histoire acadienne, Pour l'Action française, Si Dollard revenait, Méditation patriotique : la France d'Outre-mer, conférence prononcée à Paris en 1922 ; Quelques causes de nos insuffisances, Le Dossier de Dollard, L'Éducation nationale à l'école primaire, Ville-Marie, joyau de l'histoire coloniale, Vers l'indépendance politique (1942).

Il a réuni en volumes plusieurs autres conférences de même nature, sous les titres : Notre Maître, le Passé, 3 vol. (1936, 1937, 1941) et Dix ans d'Action française (1926). Il a été enfin le grand promoteur de la Fête de Dollard au Canada français, l'un des plus actifs collaborateurs de l'ancienne Action française et même longtemps son directeur.

De nos hommes d'oeuvres, c'est peut-être celui chez qui s'unifient le mieux la doctrine et les actes, celui qui offre l'exemple le plus parfait du désintéressement.

AUTEURS DE BIOGRAPHIES ET DE MONOGRAPHIES. — Quantité d'écrivains méritent d'être classés parmi les historiens, bien que leurs oeuvres : biographies de personnages mêlés de loin ou de près à notre histoire, monographies de régions, de paroisses, d'institutions, histoire d'une époque, d'une collectivité, d'un groupe, soient plutôt en marge de la grande histoire.

L'ABBÉ AUGUSTE GOSSELIN (1843-1918) n'a cessé d'étudier et de faire connaître l'histoire de l'Église du Canada. Son oeuvre est considé­rable. Il a publié : La Vie de Mgr de Laval (2 vol.), Le docteur Labrie, Le Journal d'un voyage en Europe et en Terre-Sainte, Au pays de Mgr de Laval, lettres de voyage, Henri de Bernières, Jean Bourdon, Jean Nicolet, La Mission du Canada avant Mgr de Laval, Mgr de Saint-Vallier, Mgr de Mornay, Mgr Dosquet, Mgr de l'Auberivière, Mgr de Pontbriand. En 1916, il fit paraître L'Église du Canada après la conquête, de 1760 à 1775. En 1917, un second volume continuait le premier, sous le même titre, jusqu'à 1789. Malgré certaines imperfections qui accusent un travail trop hâtif, l'abbé Gosselin se signale par une documentation abondante, par un souci constant d'impartialité et de vérité, par la clarté dans l'exposition, l'aisance et la sobriété du style.

ALFRED DE CELLES (1844-1925) entra à vingt-trois ans au Journal de Québec ; il collabora ensuite à la Minerve de Montréal. En 1885, il devint bibliothécaire au parlement d'Ottawa. Par son esprit largement cultivé, ses principes chrétiens, ses manières courtoises et affables, De Celles fit constamment honneur à sa charge importante.

Il a publié des études historiques : Les États-Unis : origines, institu­tions, développements (1896) ; Papineau (1905), Lafontaine et son temps, Cartier et son temps, Laurier et son temps (1920), courtes monographies politiques. Son style est clair et sobre, mais il s'arrête trop aux vues générales et néglige les détails parfois si lumineux.

MGR AMÉDÉE GOSSELIN (1863-1941) publia, en 1911, l'Instruction au Canada sous le régime français ; il était alors archiviste et professeur d'histoire du Canada au séminaire de Québec et à l'Université Laval.

Son livre manifeste un véritable esprit scientifique. « On n'y trouve pas une affirmation qui ne s'appuie sur un texte original et authentique toutes les assertions sont contrôlées, discutées et pesées grâce à un sens critique assez rare chez nous » (Mgr Émile Chartier).

Mgr Gosselin était membre de la Société royale du Canada ; il y a présenté différents travaux également historiques : biographies ; rappels de traditions, de moeurs, de coutumes locales ; étude historico-biblio­graphique.

MGR OLIVIER MAURAULT, p.s.s., suivit pendant un an les cours de l'Institut catholique à Paris ; il fut professeur au Collège de Montréal et est actuellement (1950) recteur de l'Université de Montréal.

Son premier ouvrage fut : Le Petit Séminaire de Montréal (1918). Depuis il écrivit diverses monographies historiques, fit de la critique d'art, même de la critique littéraire dans Brièvetés (1928).

Dans Marges d'histoire, il réunit plusieurs des travaux historiques et artistiques qu'il avait publiés séparément. Le premier volume a pour sous-titre : L'Art au Canada ; le deuxième, Montréal ; le troisième, Saint-Sulpice. Son oeuvre comprend encore : Nos Messieurs (1936), Propos et portraits (1941).

Mgr Maurault se renseigne exactement sur les sujets qu'il traite. Ses appréciations sont remarquables de pondération ; sa phrase est claire et d'une élégante sobriété.

Orateur de la circonstance, sa parole vibrante s'harmonise toujours à de fines et justes pensées.

L'ABBÉ ÉLIE AUCLAIR (1866-1946) était membre de la Société royale du Canada, de la Société historique de Montréal et de la Société du Parler français de Québec.

Outre ses nombreux articles dans la Revue canadienne, qu'il a dirigée de 1908 à 1922, dans la Semaine religieuse de Montréal, dont il a été le principal rédacteur de 1900 à 1923, l'abbé Auclair a écrit plusieurs volumes : Vie de Mère Caron (1908), Histoire des Soeurs de Sainte-Anne (1922), Mère Catherine-Aurélie-du-Précieux-Sang (1923), Histoire de Saint-Jean-Baptiste de Montréal (1925), Histoire de Verdun de Montréal (1925), Histoire des Cèdres (1927), Histoire des Soeurs de Miséricorde (1928), Vie de Mgr John Forbes (1929), Le Curé Labelle (1930), Figures canadiennes, 2 vol. (1933), Saint-Jérôme de Terrebonne (1934), Histoire de Châteauguay (1935), Sainte-Rose-de-Laval (1940), Prêtres et religieux du Canada, 2 vol. (1914 et 1924).

Mgr Camille Roy fait ainsi l'éloge de l'abbé Élie Auclair : « On admire son souci de la doctrine, sa pensée fine et déliée, son érudition, sa verve, son style d'une aisance et d'une tenue toujours élégante.

L'ABBÉ GEORGES DUGAS (1833-1928) vécut une vingtaine d'années au Manitoba, d'où il revint en 1888. Dans Mgr Provencher et les Missions de la Rivière Rouge (1889), Légendes du Nord-Ouest (1890), L'Ouest canadien : sa découverte par la Vérendrye, son exploitation jusqu'en 1822, Histoire de l'Ouest canadien de 1822 à 1869, l'abbé Dugas raconte le développement lent et laborieux du premier noyau de colonisation française jeté dans cette partie encore inconnue de l'Amérique du Nord, au milieu des tribus sauvages. On y suit pas à pas l'oeuvre de civilisation chrétienne fondée au Nord-Ouest par Mgr Provencher. L'auteur, historien bien documenté, a fait passer dans ces pages toute sa foi d'apôtre.

Nous avons encore de l'abbé Dugas : Un voyage aux Pays d'En-Haut (1904), le Mouvement des Métis à la Rivière-Rouge en 1869 (1905). Ce sont là des livres où la sincérité de l'auteur ajoute à l'intérêt de la narration.

L'ABBÉ IVANHOË CARON (1875-1941) fut missionnaire colonisateur, puis sous-archiviste de la province de Québec. Il a publié : La colonisa­tion du Canada sous la domination française (1916) et La colonisation de la province de Québec : débuts du régime anglais 1760-1791 (1923). Dans ce dernier volume, les tableaux vivement tracés sont d'un intérêt exceptionnel. L'abbé Caron a aussi édité Le Journal du Chevalier de Troyes à la Baie d'Hudson en 1666, avec une introduction historique et de nombreuses notes explicatives. En 1927, il fit paraître le second volume de La colonisation de la province de Québec, de 1791 à 1815. L'ouvrage porte en sous-titre : Les Cantons de l'Est. Il offre un vif intérêt à cause de son allure de drame ; il possède une grande autorité, appuyé qu'il est sur les meilleurs renseignements, comme on peut le voir par la liste des sources.

 

L'ABBÉ AZARIE-ÉTIENNE COUILLARD-DESPRÉS (1876-1939) est l'auteur de plusieurs monographies historiques où l'érudition se joint au charme d'un style animé, souple et coloré.

En 1907, il a publié La Première famille française au Canada. Il s'agit, dans ce livre, de Louis Hébert et des nombreux personnages qui encadrent le premier colon canadien, entre autres Guillaume Couillard.

Il a fait paraître en outre : Autour d'une auberge, roman destiné à combattre l'alcoolisme; Histoire des Seigneurs de la Rivière-du-Sud et de leurs alliés canadiens et acadiens ; ce livre rappelle le souvenir des descendants de Louis Hébert qui ont fondé les seigneuries de la Rivière-­du-Sud, de Beaumont, de L'Islet-Saint-Jean, de Lespinay ; Louis Hébert et sa famille (1917) ; Manifeste en faveur du monument Hébert (1916) ; Histoire de la famille et de la seigneurie de Saint-Ours, 2 vol. (1915 et 1917) ; Observations sur l'histoire de l'Acadie française de M. Moreau, réfutation et mise au point (1919) ; En Marge de la Tragédie d'un peuple de M. Émile Lauvrière ou Erreurs historiques (1925) ; Histoire de Sorel, de ses origines à nos jours (1926) ; Charles de Saint-Étienne de la Tour (1930).

L'ABBÉ JEAN-BAPTISTE ALLAIRE (1866-1943) a publié en 1915 l'Histoire de la paroisse de Saint-Denis-sur-Richelieu. Cet ouvrage judicieux et documenté touche spécialement à une période très mouvementée, l'une des plus critiques qu'ait traversées notre pays sous le régime anglais : l'insurrection de 1837-38. Le livre devient ainsi d'un intérêt non seulement local, mais vraiment canadien.

On doit aussi à l'abbé Allaire un Dictionnaire biographique du clergé canadien-français depuis les premiers jours de la colonie jusqu'à 1920.

Missionnaire agricole, auteur de plusieurs livres pratiques de socio­logie, il à été le fondateur et le rédacteur du journal hebdomadaire La Coopération agricole, pendant toute sa durée de 1916 à 1921.

LE PÈRE ÉDOUARD LECOMPTE, s.j. (1856-1929), depuis 1914 jusqu'à sa mort, mena une vie retirée, mais féconde en ouvrages de l'esprit : Les Jésuites au Canada au XIXe siècle de 1842 à 1872 (1920) ; Sir Joseph Dubuc (1923), biographie d'un Canadien français appartenant à une modeste mais très chrétienne famille et qui parvint aux plus hautes charges de son pays par la force de sa volonté persévérante, secondée par de profondes convictions religieuses. Ce livre est plein d'utiles leçons d'énergie, de piété et de patriotisme.

Les autres ouvrages du Père Lecompte sont : Une vierge iroquoise, Catherine Tekakwitha (1927) ; Les Anciennes Missions de la Compagnie de Jésus dans la Nouvelle-France de 1611 à 1800 ; Les Missions modernes de la Compagnie de Jésus au Canada, 1842-1924 (1925) ; Le Père Louis Leboeuf, s.j., missionnaire canadien de la brousse africaine ; Nos Voyageurs (1920), étude sur les voyageurs de commerce. On a de lui en plus des tracts : Le premier Patron du Canada, les Retraites fermées au Canada, Notre-Dame-de-Liesse, la Y.M.CA., Mgr François de Laval, Saint Pierre Canisius.

LE FRÈRE ANTOINE BERNARD, c.s.v., né à Maria sur la Baie des Chaleurs, diplômé d'histoire et de géographie de l'Institut catholique de Paris, professeur d'histoire de l'Acadie à l'Université de Montréal, docteur ès lettres de la même Université, a fait paraître La Gaspésie au soleil en 1925. Cette monographie régionale, qui relève à la fois de la géographie, de l'histoire, du folklore et de la littérature, mérita à l'auteur le prix Thérouanne de l'Académie française.

Le Frère Bernard a publié en 1922, sous le pseudonyme Marius, un recueil de chroniques, Coquillages. Tout le menu bruit de la vie circule dans ces pages alertes, remplies de saines réflexions et de sûre observa­tion. En 1935, il fit paraître Histoire de la survivance acadienne (1755-1935) et en 1936, Le Drame acadien (1604-1755), deux volumes formant, dans l'ordre inverse de leur publication, une histoire complète de l'Acadie. Les Clercs de Saint-Viateur au Canada (1947) « constituent un chapitre de l'évolution et du progrès de l'enseignement au Canada français ». Un dernier ouvrage publié en 1949, Nos pionniers de l'Ouest, réunit en un volume les biographies de dix explorateurs canadiens de l'Ouest américain.

MGR ÉMILE DUBOIS a publié : Chez nos frères les Acadiens (1920), livre qui abonde en récits émus ; Autour du Métier (1922), l'auteur se fait professeur d'énergie et de fierté nationale ; Histoire du petit séminaire de Sainte-Thérèse (1925), à l'occasion du centième anniversaire de la fondation de ce collège, solide monographie et oeuvre vivante ; Souvenirs térésiens, où se trouve pieusement réuni tout ce qui touche aux fêtes, aux anniversaires et aux souvenirs de son Alma Mater ; Le Feu de la Rivière-du-Chêne (1937), sur le mouvement insurrectionnel de 1837 au nord de Montréal, étude bien documentée sur les causes officielles et populaires de la rébellion. (2)

L'ABBÉ LOUIS-ADÉLARD DESROSIERS fut principal de l'École normale Jacques-Cartier de 1913 à 1937. Il publia, en 1909, Les Écoles normales primaires de la province de Québec, étude sur les débuts et les vicissi­tudes de l'enseignement primaire. En marge des événements passe sons nos yeux toute une galerie de nos plus remarquables éducateurs : J.-F. Perrault, l'un des plus grands zélateurs de l'éducation au Canada ; le docteur Labrie, les surintendants Meilleur et Chauvreau, l'abbé Pierre Lagacé, principal de l'École normale Laval à Québec de 1871 à 1884, et l'abbé Verreau.

En 1911, l'abbé Desrosiers fit paraître, en collaboration avec l'abbé Fournet, sulpicien français, La Race française en Amérique. Les auteurs étudient, dans cet ouvrage, la formation, le développement et l'état actuel des six groupes canadiens-français de l'Amérique du Nord : Québec, l'Acadie, l'Ontario, l'Ouest canadien, la Nouvelle-Angleterre et l'Ouest américain. Ce livre, amplement documenté, est une revue de nos forces nationales et catholiques. On doit en plus à l'abbé Desrosiers Histoire de la musique de l'antiquité à nos jours (1939) ainsi qu'un manuel d'Histoire du Canada écrit en collaboration avec le professeur Bertrand.

LE CHANOINE HENRI-ARTHUR SCOTT (1858-1931) fit paraître Histoire de Notre-Dame-de-Sainte-Foy (1902). « Cet ouvrage est plus qu'une simple monographie paroissiale, c'est une étude historique de première importance où revit toute une période de notre histoire de 1540 à 1670. »

Le chanoine Scott y ajouta, en 1916, une excellente monographie de Mgr de Laval et, en 1918, Grands Souvenirs, recueil d'études historiques et d'allocutions de circonstance. À diverses reprises, il donna, dans les Mémoires de la Société royale du Canada, des études de critique historique et littéraire qu'il réunit, en 1929, sous le titre de Nos anciens historiographes.

PÈRE PAUL-VICTOR CHARLAND, o.p. (1858-1931) fit paraître en 1884, pendant qu'il était professeur au collège Lévis, Questions d'histoire littéraire, présentées sous une forme nouvelle. « Peu de place pour la biographie », écrivait-il, « presque tout pour l'étude des idées et du style. » Son oeuvre la plus remarquable comprend, sous un titre général, Les Trois Légendes de Madame Saincte Anne : La Légende hagio­graphique (la vie) ; La Légende historique : Madame Saincte Anne et son culte an moyen âge, 2 vol. (1911-1913) ; Le Culte de Saincte Anne en Occident (1921). La Légende iconographique (les arts) n'a paru qu'en partie par chapitres détachés. C'est là un véritable monument que le Père Charland a élevé à la gloire de sainte Anne ; tout ce qui intéresse le culte de la grande thaumaturge est signalé et décrit avec un soin touchant.

En 1923, le Père Charland publia La Grande Artiste ou Le Zèle artistique de l'Église, pages d'une haute valeur apologétique ; l'auteur, artiste lui-même, met son talent au service de l'Église.

L'ABBÉ ARISTIDE MAGNAN (1863-1929) a publié l'Histoire  la Race française aux Etats-Unis, démonstration éloquente du devoir de maintenir la langue française dans la famille, à l'école et à l'église, en Amérique; Notre-Dame-de-Lourdes de Fall River, témoignage du rôle bienfaisant de la paroisse franco-américaine, conservatrice de la langue et de la foi.

PÈRE GEORGES SIMARD, o.m.i. membre de la Société royale du Canada, professeur d'histoire de l'Église à l'Université d'Ottawa, a fait paraître : l'Université d'Ottawa (1915); Tradition et Évolution dans l'enseignement classique (1923), vigoureux travail où l'auteur met à profit une vaste expérience et une abondante documentation ; Saint Augustin, éducateur idéal, Saint Thomas, sa mission intellectuelle (1925), esquisses substantielles ; Qu'est-ce que l'histoire de l'Église du Canada ? essai philosophique sur les caractères de notre histoire religieuse ; La physionomie de saint François d'Assise (1926) ; Un centenaire : le Père Tabaret, o.m.i. et son oeuvre éducatrice à l'Uni­versité d'Ottawa (1928) ; La Question romaine (1929) ; Les Maîtres chrétiens de nos pensées et de nos vies (1937) ; Études canadiennes : Éducation, Politique, Choses d'Église (1938) ; Les Universités catho­liques — leurs gloires passées, leurs tâches présentes ; Maux présents et Foi chrétienne, (1940) recueil de conférences radio-diffusées ; Les États chrétiens et l'Église (1942).

Dans tous ces écrits, la pensée élevée est servie par un style alerte, harmonieux, sobrement imagé.

GUSTAVE LANCTÔT, membre de la Société Royale du Canada, ancien directeur des Archives fédérales, a publié des études d'histoire et de critique historique : Dernier effort de la France au Canada ; Débuts du Christianisme en Louisiane ; Brefs Essais sur la Confédération. Sa thèse sur l'Administration de la Nouvelle-France (1929) lui valut le doctorat de l'Université de Paris. En 1934, M. Lanctôt fait paraître Le Canada d'hier et d'aujourd'hui, pour aider les voyageurs de la Mission française, venus à l'occasion du 4e centenaire de la découverte, « à mieux voir le Canada et à en mieux comprendre le passé et le présent ».

L'ouvrage Les Canadiens français et leurs voisins du Sud (1941), écrit en collaboration, « a pour but et pour domaine l'étude des relations entre deux pays nord-américains, qui furent au début la Nouvelle-France et les colonies anglaises, et qui devinrent ensuite le Québec et les États-Unis » (G. Lanctôt — Introduction).

M. Lanctôt a publié en 1946, dans la collection Artisans de notre histoire, une étude sur Garneau, historien national ; en 1947, Jacques Cartier devant l'histoire ; dans cet ouvrage, il « démontre des qualités de chercheur patient et perspicace, servi par une plume alerte et vigoureuse » ( Rodolphe Laplante — Lectures, mai 1948, p. 242). Faussaires et faussetés en histoire canadienne (1948) « s'attaque à des erreurs courantes et surtout à certains auteurs qui, sciemment ou non, ont introduit dans Ieurs livres une quantité ... de faussetés historiques, reproduites encore par des écrivains de tout ordre » (La Revue de l'Université Laval, mai 1949, p. 822).

PIERRE-GEORGES ROY, chargé par le gouvernement de Québec de classer les documents et les vieux papiers de la province, fonda à cette fin le Bureau des Archives de la Province de Québec en 1920. Il en est resté le directeur jusqu'en 1941. Il a publié vingt Rapports de l'Archiviste et cinquante-trois volumes d'Inventaires d'Archives afin de « faire connaître le trésor de nos archives pour le profit des chercheurs et des amateurs d'histoire ». M. Roy s'est plu à reconstituer l'histoire des familles nobles qui nous vinrent de France, dans les premières années du régime français.

Voici les titres de quelques ouvrages dus à la plume extraordinairement féconde de M. Roy : Les Noms géographiques de la province de Québec (1906) ; Les Petites Choses de notre Histoire, 5 vol. (1919, 1922, 1923) ; Le Vieux Québec (1923) ; La Ville de Québec, 2 vol. (1930) ; Les rues de Québec (1932) ; Fils de Québec, 4 vol. (1933) ; Dates lévisiennes, 6 vol. (1932, 1933) ; Les Juges de la province de Québec (1933) ; Les Avocats de la province de Québec (1936) ; Les mots qui restent, 2 vol. (1940).

M. Roy a aussi publié sous les auspices de la Commission des Monuments historiques, laquelle a pour objet de préserver et de restaurer toutes les vieilles choses du régime français : Monuments commémoratifs de la province de Québec, 2 vol. (1923) ; Vieilles églises de la province de Québec (1925) ; Vieux Manoirs et vieilles Maisons de la province de Québec (1927) ; L'île d'Orléans (1928).

Pierre-Georges Roy a fondé en 1895 Le Bulletin des Recherches historiques ; il en a fait l'organe du Bureau des Archives et l'a dirigé jusqu'en 1949. Son fils, M. Antoine Roy, lui a succédé comme archiviste en 1941 et à la direction du Bulletin en 1949.

En 1926, l'Académie française accordait une médaille d'honneur à Pierre-Georges Roy pour son oeuvre historique et les services rendus à la langue française.

ÉDOUARD-ZOTIQUE MASSICOTTE, (1867-1947) archiviste du Palais de justice à Montréal, s'adonna avec une ferveur bénédictine à la recherche des documents. Outre des milliers d'articles de revues et de journaux, il a publié : Cent fleurs de mon herbier, Anecdotes canadiennes, Conteurs canadiens-français du XIXe siècle, Dollard des Ormeaux et ses compagnons, Faits curieux de l'histoire de Montréal, Sainte-Geneviève de Batiscan, Armorial du Canada en collaboration avec Régis Roy, Chants populaires du Canada en collaboration avec Marius Barbeau.

AEGIDIUS FAUTEUX (1876-1941) fut notre plus sûre autorité en histoire canadienne et américaine. Il occupa, de 1912 jusqu'à sa mort, le poste de conservateur de la Bibliothèque Saint-Sulpice, puis de la Bibliothèque de la Ville de Montréal.

Il a publié : Les Bibliothèques canadiennes (1916), La Famille d'Ailleboust (1917), Le Journal du Siège de Québec (1922), document anonyme qu'il a soigneusement annoté ; Monsieur Lecoq (1927), Le Duel au Canada (1934), Les Chevaliers de Saint-Louis en Canada (1940). La Faculté des lettres de l'Université de Montréal; à l'occasion d'un doctorat honorifique qu'elle lui décernait en même temps qu'à E.-Z. Massicotte, a porté sur lui ce jugement élogieux : « Par l'étendue de ses connaissances dans le domaine non seulement de nos archives nationales, mais de l'histoire générale, par l'exactitude et la distinction littéraire de ses exposés historiques, par les services qu'il a rendus aux chercheurs en leur ouvrant libéralement le trésor de ses propres archives et en les mettant sur la piste d'heureuses découvertes, M AEgidius Fauteux est devenu une autorité qui s'impose à l'étranger autant que parmi nos compatriotes. »

PÈRE LÉON POULIOT, s.j., docteur en histoire de l'Église de l'Uni­versité pontificale grégorienne, est un spécialiste de l'histoire religieuse du Canada. Il le prouve sans conteste dans les trois volumes qu'il a publiés en ces dernières années : Trois grands artisans du diocèse de Montréal (1936), Premiers ouvriers de Nouvelle-France : les Pères Ennemond Massé et Anne de Nouë (1940), Étude sur les Relations des Jésuites de la Nouvelle-France, 1632-1672 (1940).

Dans le premier ouvrage, écrit à l'occasion du centenaire du diocèse de Montréal (1836-1936), le Père Pouliot « essaie de dire le mérite qui revient à nos trois premiers évêques ... dans la vie et les progrès du diocèse » (page 5). Mgr Lartigue, que l'auteur n'hésite pas à placer parmi nos plus grands évêques, « en fut le fondateur sans peur et sans reproche, le fondateur héroïque». Mgr Bourget, héritier de l'esprit de son prédécesseur, sera l'organisateur du diocèse. Mgr Édouard-Charles Fabre obtiendra l'érection de Montréal en archevêché et inaugurera la cathédrale.

Le second ouvrage met à l'honneur deux Jésuites missionnaires : le Père Massé et le Père Anne de Nouë ; ils mourront tous deux dans leur pays d'adoption.

Enfin, dans son troisième ouvrage, le Père Pouliot présente un travail d'ensemble sur Les Relations des Jésuites de la Nouvelle-France, «documents authentiques et dignes de foi », selon le mot de l'historien protestant Parkman, mais qui sont à peu près inconnus même de notre public lettré. Dans la préface, le Père Pouliot indique la manière dont il a procédé : « Après avoir raconté l'origine des Relations, nous en établissons la valeur historique. Ce premier pas franchi, nous abordons le contenu des Relations : contenu accessoire, comme sont les faits divers, les notations scientifiques, les renseignements fournis sur la Colonie française ; contenu essentiel, et il faut entendre par là l'apostolat missionnaire, méthodes, apôtres, résultats. Nous signalons enfin quelques initiatives dues à la lecture des Relations et qui sont encore aujourd'hui le légitime orgueil du Canada catholique» (page IX).

LÉO-PAUL DESROSIERS, après avoir fait du journalisme, devint fonctionnaire au parlement fédéral. En mai 1941, il fut nommé conservateur de la Bibliothèque municipale de Montréal. Dans ces deux derniers postes, M. Desrosiers a pu et peut encore satisfaire son goût pour l'étude et les recherches historiques. En 1937, il a publié L'Accalmie, brochure d'environ cent cinquante pages, dans laquelle il raconte le séjour et la mission de lord Durham au Canada ; dans Commencements (1939), il fait le récit des débuts de la colonie.

M. Desrosiers inaugura, en 1947, la série des publications de l'Institut d'Histoire de l'Amérique française. Dans Iroquoisie, il entreprend de raconter l'histoire des guerres franco-iroquoises. Cet ouvrage comprendra plusieurs volumes. On peut s'étonner qu'un tel sujet, que l'on serait tenté de croire secondaire, puisse fournir matière à une oeuvre de si grande envergure. Par ailleurs, les autorités en science historique affirment que ces luttes tragiques ont entravé, dans une large mesure, la colonisation de la Nouvelle-France, et qu'elles ont même « tenu pendant un demi-siècle la balance du destin entre les puissances coloniales de notre portion du continent » (Chan. Lionel Groulx, Revue d'Histoire de l'Amérique française, sept. 1947, p. 278).

Et dans la Préface, l'auteur se justifie ainsi d'avoir abordé cette étude : En lisant tout ce détail, peut-être se dira-t-on que les guerres franco-iroquoises sont si peu connues qu'elles ont tout l'intérêt de l'inédit. »

GUY FRÉGAULT, de l'Académie canadienne-française, directeur de l'Institut d'Histoire de l'Université de Montréal, a fait paraître, en 1944, Iberville le conquérant et La Civilisation de la Nouvelle-France, en 1948, François Bigot, en deux volumes.

Iberville le conquérant est un fort volume de 420 pages, dont les seize premières mentionnent les documents, les sources et les ouvrages consultés. Cette étude, strictement historique, démontre que l'auteur possède des qualités remarquables d'historien. L'oeuvre est solide, bien construite et définitive. M. Frégault nous présente d'Iberville comme « l'une des gloires les plus éclatantes de la Nouvelle-France » ... « Sa grande aventure s'intègre dans une aventure plus grande encore : l'histoire de l'empire français d'Amérique. » (p. 26 et 27)

La conclusion de l'ouvrage (pp. 409-415), d'un style sobre, net et précis, met sous les yeux du lecteur « les aspects essentiels de la vie ardente du héros de l'Amérique française ». Ces quelques pages offrent non seulement la synthèse de la vie d'Iberville, mais nous font pénétrer au coeur de notre histoire, qui « est à la fois un phénomène d'enracine­ment et un prodige d'expansion. Elle est en même temps une folle audace et une longue patience ».

M. Frégault ne prétend pas offrir, dans La Civilisation de la Nouvelle-France, l'histoire exhaustive des cent cinquante ans que dura le régime français. Il choisit « la période de paix qui s'étend entre 1713 et 1744 » et justifie ce choix dans l'Introduction : « Notre propos est donc de ressaisir la civilisation de la Nouvelle-France au seul moment de son histoire où elle peut vraiment s'épanouir. Au bout des transformations vivantes point l'aube de la prise de conscience, de la cohérence intérieure et de l'accomplissement. » (p. 22) Et sa conclusion est optimiste : « Le Canada (en 1744) s'est réalisé. Il est devenu une entité morale, un être complet, une nation nouvelle appuyée sur un passé dont la puissance irréductible le projette vers l'avenir. »

François Bigot, Administrateur français, est le second ouvrage édité par l'Institut d'Histoire de l'Amérique française. Cet ouvrage de plus de 850 pages est la biographie du dernier intendant de la Nouvelle France. Pour détruire la légende qui entourait le nom de Bigot et présenter cet énigmatique personnage sous son vrai jour, M. Frégault a consulté une si abondante collection de documents qu'il semble bien qu'il ait épuisé la matière.

M. le chanoine Groulx caractérise ainsi la méthode de l'auteur : « Il ne cherche point l'histoire dans les sommets ; il la cherche dans le détail des faits ; il ne vulgarise point, il analyse, retourne, interroge, selon une méthode rigoureuse, les documents, les faits petits et grands, persuadé, comme dit Thibaudet, que la critique seule en histoire laisse bénéfice net et résultat définitif ». (Action nationale, fév. 1949, p. 52)

Dans les dernières pages de son livre, M. Frégault trace en quelques lignes le portrait moral de l'« escroc d'élite » que fut François Bigot, administrateur français : « Commencée dans la médiocrité, la vie de Bigot s'achevait dans l'opprobre ... sa fortune avait été brillante et sa chute retentissante ; il avait été généreux et malhonnête, délicat et dur, heureux et malheureux ; il avait eu beaucoup de pouvoir, accordé beaucoup de faveurs et fait beaucoup de mal ; il avait transformé son existence en une suite de fêtes galantes, évolué dans une société délicieuse et légère . . . et déployé toujours un faste éblouissant ... Bigot est un homme de son temps ... Le dernier intendant du Canada participe à l'avilissement de son siècle. » (pp. 389 et 395)

JEAN BRUCHESI a déjà bon nombre de volumes à son crédit, bien qu'il ne soit pas exclusivement écrivain. Coups d'ailes, poésies (1922) Jours éteints (1929) ; Aux Marches de l'Europe (1932) ; Histoire du Canada pour tous, 2 tomes couronnés par l'Académie française ; L'Épopée canadienne, album illustré pour la jeunesse; Rappels (1941) Les Canadiens français et leurs voisins du Sud (1941) en collaboration ; De Ville-Marie à Montréal (1942) ; Le Chemin des écoliers (1943) Évocations (1947) renferme six tableaux intéressants d'histoire cana­dienne : La Salle, Madeleine de Verchères et ses procès, George Heriot et le système de la poste canadienne, trois siècles d'histoire économique, la situation politique au temps de Garneau, quelques épisodes de la vie de Mgr Bruchesi.

M. Bruchesi vient de publier, sous le titre de Canada, Réalités d'hier et d'aujourd'hui (1948), ses conférences à la Sorbonne, au printemps de 1948. Le volume compte plus de 400 pages. Chacun des dix chapitres qui le composent étudie une étape de la vie canadienne depuis la découverte du pays jusqu'au lendemain de la guerre de 1939-45. Cette vue d'ensemble de l'évolution du Canada à travers quatre siècles d'histoire est loyale, objective, bien documentée, comme en font foi les treize pages de bibliographie qui terminent le volume. M. Étienne Gilson de l'Académie française, qui en a écrit la préface, apprécie, dés les premières lignes, la formation intellectuelle de l'auteur et la valeur de l'oeuvre. « L'auditoire parisien qui l'a si fidèlement suivi à la Sorbonne, n'oubliera pas le maître canadien dont la parole ferme, élégante, toujours pleine d'allant, d'humour et parfois de poésie, l'a tenu sous le charme au printemps de 1948 (... ) Engagé tout entier dans son sujet, animé d'un profond amour pour son pays, il avait le coeur chaud et la tête lucide. ( ...) Telle est la vertu de l'histoire, lorsqu'elle est ce qu'elle doit être. Ni attaque ni plaidoyer, mais vue juste et raisonnée des événements, elle sait ici choisir les faits significatifs et les situer dans une perspective qui en découvre la valeur exacte. »

La production d'oeuvres historiques continue sans cesse. Chaque année, chaque mois en voit paraître une ou plusieurs ; il est donc à peu près impossible d'en faire la recension complète.

Citons-en quelques-unes :

 

Histoire de la population canadienne-française : Georges Langlois ;

Histoire du Collège-Séminaire de Nicolet : Mgr Joseph-Antoine Douville ;

Histoire du Séminaire de Saint-Hyacinthe: Mgr Philippe Choquette ;

Histoire du Séminaire des Trois-Rivières : Mgr Richard ;

Histoire de Montréal, 2 volumes : Camille Bertrand ;

Le Chevalier des mers : Lemoyne d'Iberville : l'abbé Pascal Potvin ;

La grande aventure de Lemoyne d'Iberville, Le baron de Saint-Castin, chef abénaquis : Pierre Daviault ;

La merveilleuse aventure de Jacques Cartier : Marius Barbeau ;

Trois-Rivières, 1535-1935, Ceux qui firent notre pays : Mgr Albert Tessier ;

Nos chefs d'Ottawa, Silhouettes du monde politique : Léopold Richer ;

La vie inspirée de Jeanne Mance : Pierre Benoît ;

Douze ans chez les sauvages : Clermont Bourget ;

La Naissance d'une nation : Gérard Filteau ;

La pénétration du continent américain par Ies Canadiens français : Benoît Brouillette ;

Une Nouvelle-France en Nouvelle-Angleterre : Alexandre Goulet ;

Jeanne Leber, première recluse du Canada, 1662-1714 : Marie Beaupré ;

Nos ancêtres à l'oeuvre à la Rivière-Quelle : Mme E. Croff ;

La carrière épique du pionnier du Témiscamingue : Le Frère Joseph Moffet. o.m.i.: Père Eugène Nadeau, o.m.i.

Des SOCIÉTÉS HISTORIQUES se sont constituées en vue d'étudier l'histoire d'une région : la Mauricie, le Saguenay, les Cantons de l'Est, Joliette, Saint-Hyacinthe, Sainte-Thérèse-de-Blainville. Les travaux qu'elles publient, intéressants pour les habitants de l'endroit d'abord, enrichissent l'histoire générale à laquelle ils apportent des documents inconnus.

Une SOCIÉTÉ CANADIENNE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE s'est fondée en 1933. Elle comprend une section française et une section anglaise, et admet comme membres des laïcs tout comme des prêtres et des religieux. La Société fait paraître en brochures les travaux que ses membres ont lus à la réunion annuelle tenue tantôt dans une ville, tantôt dans une autre.

La SOCIÉTÉ DES DIX existe depuis 1935. Comme son nom l'indique, elle ne compte que dix membres. Ces sociétaires ont tous le culte de l'histoire et particulièrement de l'histoire du Canada. Pour lui apporter leur contribution, ils publient chaque année un volume intitulé Cahier des Dix, composé de dix essais historiques. Chaque auteur traitant le sujet qui correspond à ses goûts personnels, l'on a ainsi « une publication non seulement de fond mais de tour inédit dans notre littérature canadienne-française ».

Le Canada est devenu le pays d'adoption d'un bon nombre d'écrivains français de naissance. Leurs noms trouvent tout naturellement leur place ici, à cause des ouvrages historiques qu'ils lui ont consacrés.

MGR PIERRE-ÉMILE GROUARD (1840-1931), illustré par L'Épopée blanche (1937) de F. Rouquette comme le prototype du missionnaire et évêque dans l'Ouest canadien, a raconté ses travaux dans un volume intitulé Soixante ans d'apostolat.

LE PÈRE LOUIS LE JEUNE, o.m.i. (1857-1935), naturalisé canadien en 1908, a publié Tableaux synoptiques de l'histoire du Canada et de l'Acadie en 4 volumes et Le chevalier Pierre Le Moyne, sieur d'Iberville. Mais son oeuvre capitale, comme historien, fut la compila­tion et la publication du Dictionnaire général du Canada, en 2 volumes de près de 900 pages chacun. L'ouvrage contient au delà de 3000 articles sur nos hommes illustres, l'histoire de notre littérature, sur le commerce, l'industrie, les arts, les sciences, les moeurs et coutumes, les institutions politiques et religieuses du Canada. Le mélange des patronymes et des surnoms territoriaux ou nobiliaires rend seul difficile la consultation de cette encyclopédie de haute valeur.

LE PÈRE ADRIEN MORICE, o.m.i. (1859-1938), missionnaire chez les Indiens de la Colombie canadienne pendant plus de vingt-cinq ans, a écrit des récits de mission Au pays de l'Ours Noir. Plusieurs ouvrages racontent l'histoire de l'Église catholique dans l'Ouest canadien:

Dictionnaire historique des Canadiens et des Métis de l'Ouest ; Aux sources de l'histoire manitobaine ; Histoire abrégée de l'Ouest canadien Edmonton et l'Alberta français ; Vie de Mgr Langevin, o.m.i.; Essais sur l'origine des Dénés de l'Amérique du Nord ; Histoire de l'Église catholique dans l'Ouest canadien, 4 volumes. Ce dernier ouvrage a été couronné par l'Académie française.

LE PÈRE PIERRE DUCHAUSSOIS, o.m.i. (1878-1941) a vécu quelques années à Ottawa et dans les missions indiennes de l'Ouest canadien. « Je reçus un jour de mon Supérieur général », nous dit-il dans un avant-propos, « le paternel commandement de délacer ma raquette de course sur les neiges pour me mettre à transcrire quelques récits d'un apostolat dont j'avais été le témoin.» Ces récits émouvants et pitto­resques sont intitulés : Aux glaces polaires, ouvrage couronné par l'Académie française ; Apôtres inconnus, Femmes héroïques, Les Soeurs Crises dans l'Extrême Nord, Sous les feux de Ceylan. Sous le titre gracieux de Rose du Canada, le Père Duchaussois a aussi raconté la vie de la fondatrice de la Congrégation des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie.

DONATIEN FRÉMONT, qui habite le Canada depuis 1904, a publié quelques volumes : Mgr Taché et la naissance du Manitoba ; Sur le ranch de Constantin Weyer ; Pierre Radisson, roi des coureurs de bois; Mgr Provencher et son temps.

ROBERT RUMILLY, fixé en Canada depuis plusieurs années, a écrit de nombreuses biographies : Sir Wilfrid Laurier, La Vérendrye, découvreur canadien, Papineau, Chefs de file, Kateri Tekakwitha, Marie Barbier, mystique canadienne, Mercier, Artisans du miracle canadien (2 vol.) Marguerite Bourgeoys, Mgr Laflèche et son temps. La monumentale Histoire de la Province de Québec (23 vol. en 1950) [maintenant 41 volumes] prétend n'être qu'une chronique ; mais elle pose les jalons, tirés des sources les plus diverses, d'une synthèse qui sera on ne peut plus facile.

L'Autonomie provinciale (1948) se rattache tout naturellement à l'Histoire de la Province de Québec. L'auteur y emploie les mêmes procédés de composition : il entre en matière immédiatement ; sans artifice de style, avec des mots simples et des phrases claires, il se met à la portée du lecteur moyen qu'il renseigne objectivement et sans parti-pris. Il montre les centralisateurs commençant, au lendemain de 1867, leur travail de sape. On en suit le cheminement jusqu'à nos jours, donc pendant quatre-vingts ans. Et l'on se rend compte que les saboteurs de l'autonomie provinciale ne laissent passer aucune occasion d'empiéter sur les droits des provinces ; et c'est ainsi que « la formidable administra­tion fédérale étend ses tentacules et travaille sans bruit et sans arrêt » (p. 209).

La Plus Riche Aumône (1946) porte en sous-titre : Histoire de la Société de Saint-Vincent-de-Paul au Canada. Rumilly remonte aux origines de la fondation de la Société qui prit naissance à Paris en 1833. La Société canadienne fut créée à Québec en 1846. Et c'est l'histoire de ce siècle d'oeuvres de miséricorde spirituelle et temporelle, accomplies avec la plus grande modestie et discrétion, que nous raconte Robert Rumilly. En regard de ces multiples oeuvres de charité, l'auteur a dû faire connaître les plaies sociales et les misères qui les appellent.

Dans Le Frère Marie-Victorin et son temps (1949), Rumilly se montre biographe compréhensif du personnage et de son oeuvre, qualifiée par un critique d'« épopée scientifique merveilleuse » (Th. Bertrand, Lectures, mai 1949, p. 530). Si l'auteur admire le savant de réputation internationale, il ne manque pas, par ailleurs, de noter discrètement, chaque fois que l'occasion se présente, quelque trait de la physionomie morale du religieux qui n'ambitionna jamais d'autre titre que celui de Frère enseignant ».

L'INSTITUT D'HISTOIRE DE L'AMÉRIQUE FRANÇAISE « est né le 13 décembre 1946. Ses lettres patentes portent la date du 10 avril 1947 ». Dès le mois de juin suivant paraissait la première livraison de la Revue d'Histoire de l'Amérique française. M. le chanoine Lionel Groulx, fondateur et président (1951) de l'Institut, fait connaître dans Pages liminaires et dans la Vie de l'Institut, page 152, la genèse et les fins de l'Institut. « L'histoire du Canada et surtout du Canada français, dépasse les frontières canadiennes d'aujourd'hui. Presque les trois quarts de l'Amérique du Nord portent des empreintes françaises (...) Il y eut donc un temps, et dans le sens précis du mot, une Amérique française (...) L'Institut s'appellerait donc l'Institut d'Histoire de l'Amérique française ( . . . )

La Revue (...) constituera (...) le principal lien entre les ouvriers de la même tâche. Elle leur fournira un centre, un foyer où exposer, échanger le fruit de leurs travaux et de leurs recherches (...) Pendant un an ou deux, deux spécialistes écriront à tour de râle un chapitre de méthode historique, plus spécialement destinée à l'étudiant ou au chercheur canadiens (...) Suivront deux, trois ou quatre études aussi fouillées que possible sur quelques points de l'histoire de l'Amérique française. Puis la Revue accordera un large espace à la recension des ouvrages ou des articles historiques parus pendant le trimestre ( ... ) A chaque livraison, la Revue publiera aussi quelques documents inédits qui feront la joie des chercheurs. Elle y ajoutera cieux ou trois biblio­graphies sur divers sujets d'histoire canadienne à l'adresse des étudiants en préparation de thèse. »

(1) Le mot Saberdache est la francisation du mot allemand sabeltache, poche de sabre. On écrit aujourd'hui sabretache pour désigner un sac long et plat qui pendait au ceinturon de certains uniformes, de cavalerie. Ce titre serait donc un souvenir de sa campagne de 1812.

(2) La meilleure somme que nous possédions, sur cette période d'agitation, est l'Histoire des Patriotes de Gérard Filteau (3 vol. 1938, 1939, 1942).

 

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Source: SŒURS DE SAINTE-ANNE, « Histoire », Histoire des littératures française et canadienne, Lachine, procure des Missions Mont Sainte-Anne, 1954, 602p., pp. 386-392, 409-414, 463-484.

 

 
© 2007 Claude Bélanger, Marianopolis College