Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juillet 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Emmanuel-Auguste de Cahideuc

Comte Du Bois de La Motte

 

LA MOTTE (Emmanuel-Auguste de Cahideuc, comte Du Bois de) (1683-1764), enseigne de vaisseau, lieutenant, capitaine, vice-amiral, chef d'escadre, grand-croix de Saint-Louis. — La Motte, bourg actuel dans les Côtes-du-Nord (Bretagne).

 

Né à Rennes en 1683 il était le troisième fils de Jean-François, premier du nom, et de Gillonne-Charlotte de Langan. Entré dans la marine en 1698, il conquit successivement tous ses grades au service du roi, devint vice-amiral de la flotte et servit avec distinction en Amérique.

 

Les Anglais avaient fait de grands préparatifs pour prendre Louisbourg. Le 3 mai 1757, le roi de France donna ordre au comte Du Bois de La Motte de sortir de Brest avec une escadre de neuf vaisseaux et de deux frégates. Le chevalier de Beauffremont, qui était parti de Brest, le 30 janvier précédent, pour Saint-Domingue, eut ordre de se rendre à Louisbourg avec cinq vaisseaux et une fré­gate. Le roi avait fait armer à Toulon quatre autres vaisseaux sous le commandement du capitaine Du Revest. Ils arrivèrent à Louisbourg, le 25 mars. Le comte Du Bois de La Motte y était le 20 juin, et il y avait trouvé deux frégates, parties avant lui de Brest; il avait donc sous son commandement 18 vaisseaux et 3 frégates. Cependant, ayant fait passer deux vaisseaux à Québec, il n'en avait plus que 16 et 5 frégates (V. M. Graincourt, Les Hom. ill.).

 

Mante (Hist. de la dern. guerre en Amér.) donne ainsi la liste des vaisseaux et frégates à Louisbourg :

 

Sous les ordres de M. Du Revest : le Hec­tor, 74 canons; l'Achille, 64; le Vaillant, 64; le Sage, 64.

 

Sous les ordres du chevalier de Beauffremont : l'Etonnant, 80 canons; le Défenseur, 74; le Diadème, 74; l'Inflexible, 64; l'Eveillé, 64.

 

Sous les ordres de M. de La Motte : le Duc de Bourgogne, 80 canons; le Formidable, 84; le Superbe, 74; le Glorieux, 74; le Héros, 74; le Dauphin-Royal, 70; le Belliqueux, 64; le Célèbre, 64; le Bizarre, 64.

 

Les frégates étaient : la Brune, 36 canons; l'Abénaquis, 40; la Comète, 30; l'Hermione, 26; la Fochine, 36; la Fleur-de-Lys, 36.

 

La flotte anglaise, amiral Holburne, joignit le général Loudoun à Halifax. Elle apparut, le 20 août 1757, par le travers du Cap-Noir et n'y resta que peu de temps; elle consistait en 22 voiles, dont 16 gros vaisseaux, quatre frégates, une galiote et un brûlot.

 

M. Du Bois donna le signal du combat; et l'amiral anglais de même, mettant toutes voiles dehors et suivi de tous ses vaisseaux, tint le vent le plus qu'il put. Il survint alors un brouillard fort épais, qui dura toute la journée. Les Anglais en profitèrent pour retourner à Halifax. Le général français, ne pouvant les attaquer dans ce port, s'occupa, avec le gouverneur de la colonie, des nou­velles précautions à prendre pour en assurer la défense.

 

Les ennemis reparurent, le 16 septembre, à quatre lieues de Louisbourg et se tinrent en observation, affectant pendant quelques jours de faire avancer tantôt un vaisseau, tantôt une frégate, pour examiner la disposition de l'escadre française, qui se tenait toujours prête à agir suivant les circonstances. La nuit du 24 au 25, le vent augmenta avec une telle violence que l'escadre ennemie fut dispersée. Celle de France courut de très grands risques, malgré les précautions prises par M. Du Bois avant la tempête. Les ancres de tous les vaisseaux et de toutes les frégates cassèrent et l'escadre souffrit beaucoup de dommages.

 

Peu après ce coup de vent, le vaisseau an­glais Tilbury de 60 canons (V. Knox's Journ., t. I) se perdit sur la côte; une partie de son équipage put atterrir. Les Français envoyèrent un détachement pour les garantir contre les Sauvages et les conduire à Louisbourg, où ils reçurent toutes sortes de secours. M. Du Bois les mena à Brest, le 23 novembre, au nombre de 700 (Knox's Journ. dit 400) (V. Graincourt, ibid.).

 

M. Mac Lennan affirme que l'amiral de La Motte avait convoyé des troupes de France à Louisbourg, le 14 juin 1755, deux ans auparavant, quand l'amiral Boscawen s'empara traîtreusement de l'Alcide et du Lys; qu'il visita Québec et s'en retourna par le détroit de Belle-Isle par un coup d'audace. En 1757, ajoute-t-il, M. Du Bois ne sortit point du port de Louisbourg, devant les provocations de Holburne, qu'en raison des instructions du ministre, qui lui consignait de se borner à la défense de la place; c'est le motif de l'inaction qu'on lui a reprochée (V. E. Lauvrière, La Trag. d'un Peuple, t. II). Néanmoins, M. de La Motte se persuada qu'il avait mérité le bâton de Maréchal; on lui accorda une pension de 12.000 livres et le titre de vice-amiral, en 1762. En toute jus­tice, conclut l'historien de Louisbourg, il convient de reconnaître que M. Du Bois se vit affaibli par la maladie répandue dans ses troupes, car il ramena à Brest environ 4.000 contaminés du typhus et du scorbut. Il mourut en 1764.

 

Source : Louis LE JEUNE, «Emmanuel-Auguste de Cahideuc, comte Du Bois de La Motte», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. II, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931,  829p., pp. 54-55.

 
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