Quebec History Marianopolis College


Date Published:
Juin 2006

L’Encyclopédie de l’histoire du Québec / The Quebec History Encyclopedia

 

Chouaguen

(Oswego)

 

CHOUAGUEN (Oswego), poste et fort anglais, établi en 1727-28, sur la rivière Oswego et sur la côte méridionale du lac Ontario, en face du fort Frontenac, dans le pays des Iro­quois.

 

Il était, en réalité, une menace pour notre colonie au point de vue militaire, politique et commercial. Il commandait le lac Ontario, séparait la Louisiane du Canada en un certain degré et coupait en deux la Nouvelle-France. M. de Beauharnois, invité par le ministre à l’attaquer, se borne à sommer les An­glais de le détruire : il n’organise contre lui aucune expédition. Mais M. de la Jonquière porta toute son attention, en 1750, à trouver les moyens d'arriver à sa destruction. Aussi il se proposa d'établir un ou plusieurs fortins à proximité des lacs Erié et Ontario, afin d'empêcher les Anglais d'être les maîtres des rivières qui, de Chouaguen, se déversent dans ces lacs. Il recommanda de faire entendre aux Iroquois de la mission de l'abbé Picquet à la Présentation (Ogdensburg aujourd'hui), que le seul moyen de s'affranchir des prétentions des Anglais sur eux et sur leurs terres, c'était de détruire Chouaguen. Il n'organisa non plus aucune ex­pédition à mains armées.

 

Le 13 juillet 1756, M. de Vaudreuil se dé­cida à en faire le siège sous les ordres de M. de Montcalm. Dès l'année précédente, cette opération avait été discutée dans un conseil de guerre tenu à Québec. Le 24 juillet 1755, M. de Vaudreuil avait écrit au ministre : « J'agis avec confiance, et j'ose me flatter de faire raser Chouaguen. Ce poste est, depuis l'instant de son établissement le rendez-vous des différentes nations sauvages, c'est de là que sortent tous les colliers et les paroles que les Anglais font répandre chez les nations du pays d’en-haut. Ça toujours été à Choua­guen qu'ils ont tenu conseil avec les nations et que, à force de présents, principalement en boissons enivrantes, ils les ont déterminés à assassiner les Français. Enfin, c'est par con­séquent Chouaguen qui est la cause directe de tous les troubles survenus dans la colonie et des dépenses infinies qu'ils ont occasionnées au Roi. De la destruction de Chouaguen, il s'en suivra, d'un côté, le parfait attachement de tous les Sauvages du pays d'en haut et, de l'autre, une diminution considérable des dépenses que le Roi fait annuellement pour la colonie.» En 1755, les Anglais firent une diversion sur le lac George, où ils firent subir une défaite à Dieskau.

 

On sait que le premier exploit au Canada du général Montcalm fut la prise des trois forts de Chouaguen, le 14 août 1756 : tous furent rasés et nivelés. Trois ans après, le colonel Haldimand y rétablit un fortin ou redoute avec 1.300 hommes. Le général Gage y vint commander une armée : le capitaine de La Corne échoua dans une attaque pour l'en déloger.

 

Oswego est aujourd'hui [1931] la capitale du comté du même nom dans l'Etat de New-York, ayant une population de 25.000 habi­tants environ.

 

Source : Louis LE JEUNE, «Chouaguen», dans Dictionnaire général de biographie, histoire, littérature, agriculture, commerce, industrie et des arts, sciences, mœurs, coutumes, institutions politiques et religieuses du Canada, Vol. I, Ottawa, Université d’Ottawa, 1931,  862p., p. 388.

 

 
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