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Documents in Quebec History

 

Last revised:
19 February 2001


Documents sur l’affaire Yves Michaud / Documents on the Yves Michaud Affair

Réponse de Lucien Bouchard à la lettre d’Yves Michaud

[Note de l’éditeur : Le 21 décembre, le journal La Presse, publia de larges extraits des commentaires faits lors d’une conférence publique par Lucien Bouchard. Ces commentaires répondaient à la lettre ouverte qu’Yves Michaud avait adressée à Lucien Bouchard le 20 décembre, 2000.]

Est-ce qu’on peut prétendre représenter le Parti québécois, devenir député et nous annoncer – parce qu’il nous a dit qu’il maintiendrait ses propos – continuer à dire que c’est de l’intolérance – que c’est de l’intolérance – de la part des communautés ethniques de voter contre la souveraineté ? Est-ce qu’on peut ? Est-ce que le Parti québécois considère que – je m’adresse aux membres du Parti québécois, là – est-ce qu’ils font de la politique et de l’engagement au sein du Parti québécois pour que ce soit ça, le genre d’argument qu’on va invoquer pour convaincre nos concitoyens et concitoyennes de voter pour la souveraineté ? Est-ce que c’est comme ça qu’on va pouvoir jeter des ponts et obtenir des allégeances dans les communautés culturelles au soutien de la société ?C’est elle, la question fondamentale. Est-ce qu’on peut considérer, par exemple, qu’un mouvement des droits et des libertés qui origine des milieux juifs est assimilable à un mouvement extrémiste anti-québécois ? C’est de ça qu’il est question. Et moi comme membre du Parti québécois, comme chef du Parti québécois, je me pose la question.

Comme parlementaire, j’ai conclu avec tout le monde qu’il fallait appuyer cette résolution qu’il ne faut que personne pense que les parlementaires québécois, de quelque parti qu’ils soient, entérinent ce genre de propos. D’ailleurs, je n’ai pas entendu beaucoup de monde endosser les propos de M. Michaud. Ça a été beaucoup à la marge, les interventions qui sont venues. Je n’ai pas entendu beaucoup de monde dire avec lui, ou dire qu’il avait raison d’avoir le ras-le-bol d’entendre le peuple juif se plaindre, se targuer d’être le seul à avoir souffert. Je n’ai pas entendu beaucoup de monde l’appuyer là-dedans. Je n’en ai pas entendu, à vrai dire, même dans ceux qui l’ont supporté. Je n’ai pas entendu personne non plus l’appuyer lorsqu’il fustige l’intolérance des communautés ethniques parce qu’elles votent contre la souveraineté.

Alors, moi, je suis dans la même situation maintenant, comme chef de parti et comme membre du Parti québécois, et je demande aux membres du Parti québécois […] de réfléchir : souhaitent-ils que le discours d’un député du Parti québécois soit celui-là ? Parce qu’il nous dit qu’il maintient. Il va répéter !C’est elle la question […]

Deuxièmement – ça c’est la question de fond – il y a des impacts aussi. Est-ce que c’est tenable, ça, dans la vie interne du parti que de tenir ce genre de discours là ? Est-ce que ç va être tenable dans la vie politique interne du Québec […]

Et puis, qu’est-ce qu’on va dire dans le monde, sur la scène internationale ? Qu’est-ce qu’on va dire d’un parti politique porteur de la souveraineté du Québec, qui veut construire un pays démocratique si dans son discours il y a attaque contre […] les communautés ethniques québécoises – c’est des citoyens québécois – qui votent contre la souveraineté ? Comme si c’était de l’intolérance de voter contre la souveraineté. Il y a 40% des francophones qui ont voté contre la souveraineté en 1995, est-ce qu’on a fustigé leur intolérance ?

Source : La Presse, le 21 décembre, 2000, p. A-14.