Quebec HistoryMarianopolis College
 HomeAbout this siteSite SearchMarianopolis College Library
 


Documents in Quebec History

 

Last revised:
19 February 2001


Documents sur l’affaire Yves Michaud / Documents on the Yves Michaud Affair

Lettre ouverte de Jean-Marc Léger sur l’affaire Michaud

Dans la précipitation et avec une unanimité suspecte, l'Assemblée nationale a condamné sans l'avoir entendu un citoyen québécois bien connu pour ses convictions et sa franchise d'expression. Serions-nous ramenés au temps de l'Inquisition, à celui de la Terreur ou des tribunaux staliniens? Jadis, on convoquait les «accusés» à la barre de l'Assemblée: les Jules Fournier, Olivar Asselin, par exemple, eurent tout loisir de s'expliquer. Cette formule est apparemment dépassée.

Yves Michaud était déjà condamné avant la comédie ubuesque du vote par appel nominal pour adopter la résolution qui, en deux lignes, travestissait ses propos et dénaturait sa pensée. Le but était essentiellement d'écarter le trublion qui pouvait se glisser parmi eux, «ce pelé, ce galeux» d'où venait tout le mal.

Or Yves Michaud ne s'en est aucunement pris à la communauté juive, tenant au contraire des propos laudatifs pour le peuple juif, mais il a en revanche dénoncé le comportement du seul B'nai Brith, qui n'est d'ailleurs aucunement porte-parole de la communauté juive. Par ailleurs, il a souligné à la fois la nécessité et l'apport culturel de l'immigration, tout en rappelant qu'il y a une sorte de contrat moral entre l'immigrant et la société d'accueil, et il a déploré que certains comportements lors du référendum de 1995 aient illustré l'échec de l'intégration dans certains quartiers de Montréal.

En somme, on reproche à Yves Michaud (comme à Jacques Parizeau avant lui) d'avoir dit ou rappelé certaines vérités. La frousse inspirée par le terrorisme de la rectitude politique et la crainte des «empêcheurs de légiférer en rond» font que ce nouveau Camisard a été conduit au bûcher. A quoi bon l'entendre? Le spectacle était notamment pénible du côté du parti gouvernemental. La précipitation, l'ignorance, l'oubli de la justice et la pusillanimité sont à l'origine d'une mauvaise action dont Yves Michaud, ses convictions et la vérité sont également victimes.

Jean-Marc Léger
Montréal

 

Source : Le Devoir, le 22 décembre, 2000.