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Documents in Quebec History

 

Last revised:
19 February 2001


Documents sur l’affaire Yves Michaud / Documents on the Yves Michaud Affair

Le Robin de la Race

La seule façon de décrire l'idéologie politique de M. Yves Michaud est de dire que c'est un homme d'extrême-droite. Ses allusions récurrentes et obsessionnelles aux Juifs et à Israël, ses références inacceptables au «vote ethnique», son admiration, étonnante de nos jours, pour le chanoine Lionel Groulx le placent très nettement aux extrêmes de notre échiquier politique.

Plus encore, son discours, à la limite du racisme et de l'antisémitisme ferait en sorte qu'il serait, dans la plupart des pays occidentaux, rejeté par les grands partis traditionnels. En France par exemple, un pays qu'il connaît si bien, seul le Front national de Jean-Marie Le Pen tolérerait ses dérapages. Même sa façon populiste de dénoncer le grand capital trouve des échos dans d'autres courants politiques qui n'avaient rien de socialiste.

Nous respectons le Parti québécois, un pôle essentiel de notre vie politique, et nous respectons le gouvernement Bouchard. Et nous savons que M. Michaud n'y a pas sa place. La question se pose d'autant plus que sa candidature dans Mercier est appuyée unanimement par l'exécutif du comté, et que la possibilité est donc forte pour que le «Robin des banques» devienne le candidat du PQ aux élections complémentaires et qu'il siège à l'Assemblée nationale dans les rangs gouvernementaux.

Ce problème trouve son origine dans le fait qu'en raison du débat national, les partis politiques du Québec sont des coalitions parfois hétérogènes. Comme ce qui cimente le Parti québécois, c'est l'attachement au projet de souveraineté, ce parti attirera aussi les tenants d'un nationalisme réactionnaire, porteur d'exclusion, comme celui de Yves Michaud. Cela peut mener à d'étranges paradoxes, comme dans Mercier, où la gauche militante s'allie à un homme de droite parce qu'ils partagent une même vision pure et dure de la souveraineté.

Loin de nous l'idée de condamner par association le Parti québécois pour les dérives d'un de ses «loose cannon». Le PQ a déployé, au fil des ans, des efforts constants pour faire du projet souverainiste un courant moderne et ouvert sur les autres. Mais ce parti, pour rester fidèle à ses principes, doit définir des balises pour que des excès qui lui sont extérieurs ne lui portent pas ombrage.

L'Assemblée nationale a unanimement condamné M. Michaud pour ses propos. Tant mieux. Le ministre Bernard Landry lui a demandé de se retirer de la course. Encore là, tant mieux, mais c'est la moindre des choses, le ministre des Finances étant l'un de ses amis et qui, après avoir subventionné les activités du Robin des banques, avait encouragé son retour à la vie politique. «Ce sont les militants de Mercier qui décideront, ils sont souverains, mais si Yves Michaud revenait en politique, je serais le plus heureux des hommes», avait dit le ministre il y a moins de deux mois. À notre connaissance, il y a deux mois, M. Michaud était tout autant réactionnaire que maintenant.

Il faudra donc plus. Pour le bien du PQ, pour le bien du gouvernement, mais aussi pour la santé de la vie politique et sociale de tous les Québécois, le PQ doit prendre les moyens qu'il faut pour clairement écarter Yves Michaud.

Source : Alain Dubuc, "Le Robin de la race", La Presse